Après un Year Walk de très bonne facture, le folklore nordique nous revient entre les mains d'un autre studio : Grimnir Media. Les deux jeux semblent partager énormément de points communs : ce sont des point'n clicks visuellement impeccables, explicitement glauques ; mais surtout séduisants. Seulement, partagent-ils la qualité ?

Que vous soyez un fervant fan de la série Vikings ou simplement en ayant acheter une seule fois dans votre vie un meuble Ikea : tout le monde a déjà été en contact avec la mythologie et le folklore scandinave. Il s'est, avec le temps, fait une place importante dans la culture populaire puisqu'il est à tout point de vue intéressant. Rappelant les grandes étendus enneigés de la Laponie ou plus globalement le froid, cette culture a toujours été entourée d'un certain mysticisme à même de développer horreurs et autres légendes urbaines. Et voici qu'entre en scène The Frostrune.

une histoire venue du froid

Le scénario de The Frostrune pourrait tenir sur un post-it : vous êtes mis dans la peau d'un charmant bambin de treize ans venant de s'échouer sur une île abandonnée. Si cela ne suffisait pas, l'enfant a perdu ses deux parents durant le naufrage et se retrouvre donc livré à lui-même. Les premiers pas sont à tatons, mais après quelques minutes d'exploration, un camp de fortune fait son apparition : seul petit défaut, il n'y a pas âme qui vive. Que s'est-il donc passé ? Où sont passés tous ces gens ? Pourquoi y a-t-il des cadavres à certains endroits de l'île ? Voilà pas mal de questions qui vont apparaître petit à petit dans votre esprit d'enfant perdu. Et là, premier bon point, l'histoire est intéressante et les twists et autres découvertes sont plutôt bien amenés, donnant clairement envie d'en savoir plus. Maintenant, il faut être sensible à ce genre d'univers et à ce type de jeu ; car s'il y a une chose sur laquelle je veux bien miser un billet c'est que beaucoup le trouveront d'un ennui mortel. En majeure partie puisque The Frostrune compte beaucoup (voire un peu trop) sur son ambiance et sa plastique. Malgré cela, le scénario reste plaisant à suivre.

Quand l'élève essaye de dépasser le maître

Quitte à prendre Year Walk comme exemple, autant aller jusqu'au bout. En son temps, ce fameux Year Walk avait épuré le gameplay du point'n click pour le réduire à sa plus simple expression : un tableau sans aucune fioriture. Les actions y étaient discrètes et souvent contextuelles. The Frostrune respecte peu ou prou ce schéma : les actions à réaliser sont extrêmement simples et on sent clairement l'envie du jeu de ne pas dénaturer ses magnifiques visuelles avec une surcharge d'encarts. Seulement, là où Year Walk se la jouait 100% minimaliste (avec quelques casses-têtes, mais rien de bien compliqué), ce n'est pas le cas ici. Les développeurs ont décidé de complexifier la recette en implémantant beaucoup d'énigmes - plutôt malignes par ailleurs - , afin de dynamiser l'ensemble. Et que dire si ce n'est que cela fonctionne bien. Cependant, ne vous attendez pas à l'expérience de l'année, puisqu'il faut quand même remarquer quelques baisses de régimes. Ce qui rattrape par ailleurs la réflexion développée dans le paragraphe précèdent : le jeu se repose un peu trop souvent sur son attrait graphique. Après, au vu des prétentions affichées, il serait stupide de descendre un titre pour quelques chipotages.

Une bien belle scandinavie

Après l'avoir plusieurs fois évoqué, il est temps d'en parler clairement : le jeu est beau. En vérité, il n'y aurait pas grand chose à rajouter ; les images parlent d'elles-même. Donnant l'impression d'être des tableaux, les divers lieux étonnent souvent par leurs choix de couleurs et leurs dispositions ; en bref : visuellement, c'est une franche réussite. Nous pouvons adjoindre également certaines remarques quant à l'effort sonore. Très glaçant, le sound design sert très habilement le jeu et appuie avec justesse les moments de révélations. Mais finalement, The Frostrune est-il la claque tant attendue ? Et surtout tient-il la comparaison avec Year Walk ? La réponse n'est pas complètement positive. Il reste un bon jeu à parcourir, et procure toutes les sensations auxquelles on s'attend en y jouant, mais ça s'arrête là. A aucun moment je n'ai ressenti la profondeur de Year Walk et, clairement, les fins des deux jeux sont à mille lieues de s'égaler. Dit de manière plus simple, ce que The Frostrune ne propose pas en termes de profondeur, il le compense en termes ludique avec des énigmes intelligentes et bien troussées.