CONNEXION
  • RetourJeux
    • Tests
    • Soluces
    • Previews
    • Sorties
    • Hit Parade
    • Les + attendus
    • Tous les Jeux
  • RetourActu
    • French Days
    • Culture Geek
    • Astuces
    • Réalité Virtuelle
    • Rétrogaming
    • Toutes les actus
  • French Days
  • RetourHigh-Tech
    • French Days
    • Actus JVTECH
    • Bons plans
    • Tutoriels
    • Tests produits High-Tech
    • Guides d'achat High-Tech
    • JVTECH
  • RetourVidéos
    • A la une
    • Gaming Live
    • Vidéos Tests
    • Vidéos Previews
    • Gameplay
    • Trailers
    • Chroniques
    • Replay Web TV
    • Toutes les vidéos
  • RetourForums
    • Hardware PC
    • PS5
    • Switch
    • Xbox Series
    • Overwatch 2
    • FUT 23
    • League of Legends
    • Genshin Impact
    • Tous les Forums
  • PC
  • PS5
  • Xbox Series
  • PS4
  • One
  • Switch
  • Wii U
  • iOS
  • Android
  • MMO
  • RPG
  • FPS
En ce moment Genshin Impact Valhalla Breath of the wild Animal Crossing GTA 5 Red dead 2
Etoile Abonnement RSS

Sujet : [Fantasy] Les frasques d'un baladin en maraude - tome 1 : La marque

DébutPage précedente
123
Page suivanteFin
LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
03 avril 2017 à 11:11:20

La rosée du matin imbibait encore les lieux quand Charles se réveilla. Quelques braises brillaient dans les restes calcinés du feu. Tout engourdi par l’humidité, il rassembla ses affaires. Aure geignit dans son sommeil. Les hommes ronflaient tandis que le monde s’éveillait petit à petit. Charles s’éclipsa avant que le premier marchand ne se réveille.

Il poursuivit sur la route des Oliviers sur quelques lieues, puis s’orienta vers le Val-Bréneux. Il voulait prendre la température, et éventuellement faire un rapport à Edmond. Si d’aventure le seigneur de Cenelle lui proposait le fief en échange de sa victoire sur les renégats, Charles comblerait sa maison d’honneur, et personne ne viendrait douter de ses qualités de chevalier. Il arriva en fin de journée au Val-Bréneux. Quelques masures se détachaient de la lisière de la Forêt de Brume. Leurs toits, faits d’une multitude de petites tuiles brunes, se confondaient avec la frondaison des arbres, dévorés par la mousse. De la fumée s’échappait de leurs cheminées, attestant de l’heure du repas.
Les rues de la bourgade demeuraient aussi désertes que des ruines. Du salpêtre s’accrochait aux murs des maisons, faits d’un torchis plus au moins défoncé. Le bourg méritait son nom : le caniveau s’embourbait d’excréments, une odeur nauséabonde s’en dégageant. Des centaines de mouches bourdonnaient et tourbillonnait autour de lui. Les voraces insectes attaquaient les yeux de Sire Grogneur, qui agitait la tête en tous sens, et donnait du fouet de sa queue. Maudissant les parasites qui rendaient fou son cheval, Charles se hâta vers la taverne, où un palefrenier bossu s’occupa de Sire Grogneur.

« Veille à lui fournir une litière fraiche, prévint le chevalier. Mon destrier m’est très précieux.
— Bien monsire, mais l’vieux Pierre va mettre salé sur la note.
— J’ai de quoi payer, assura Charles.
— Passez par la petite porte, y a toujours l’gros Tom qui cherche des noises, sinon.
— Je te remercie, autre chose ? » s’enquit le chevalier.

Le chevalier se devait de rester alerte ; ainsi, sa main ne s’éloignait pas trop de sa garde. Charles se targuait d’avoir la dégaine rapide.

« Pas qui vous coûtera rien, monsire. »

Sire Millepertuis soupira et lui lâcha une piécette. Comme s’il répétait un geste qu’il avait vu sans le comprendre, le coquebert mordit dans la pièce de cuivre. Dubitatif, il enfuit le précieux bout de métal dans ses guenilles.

« Y a souvent des lascars que personne connait qui viennent écluser le gorgeon. L’genre de types qui aiment la castagne. Mais vous vous devrez pas avoir de problème, si j’peux m’permettre.

Encore du baragouinage, songea Charles. Il poussa la porte indiquée par le garçon d’écurie. Une flopée de chandelles éclairait les lieux, sombres et crasseux. Une servante déposait en silence les choppes, et aucune musique n’accompagnait le repas des visiteurs. Dans le fond de la salle commune, un groupe de reîtres buvait en silence. Aucun d’eux ne portait quoique ce soit qui puisse trahir leur appartenance à un quelconque seigneur. Des brigands. En proie à la colère, Charles s’avança d’un pas sûr vers leur table voisine. Dans sa précipitation, il entra en collision avec la serveuse, qui tomba le cul sur le sol, sous les regards mornes des habitués. Empourpré, Charles lui tendit la main, mais la jeune fille s’écarta avec peur de lui. Quelque peu refroidit, le chevalier Taureau s’installa calmement à la table.

La petite serveuse ne revint pas. Charles commença à se demander ce qu’il était venu faire là. Val-Bréneux ne semblait être qu’un repère de miséreux, de braconniers et de voleurs indignes d’intérêt. Alors que le chevalier songeait à partir, un vieillard se traina en boquillonnant devant lui. Édenté, ses cheveux clairsemés et neigeux volaient dans son sillage comme de fins filaments, semblables à de la toile d’araignée. Il ne faisait aucun doute qu’il s’agissait du vieux Pierre.

« C’est vous qui effrayez ma Lavande ?
— Si la demoiselle veut bien m’excuser, je ne l’avais pas aperçue.
— Si fait. La pauvre petite grelotte dans la cuisine. »

Charles haussa les sourcils de surprise. La jouvencelle avait sans conteste connu pire, dans ce repère de malfrats. Pour éviter le conflit, Charles glissa quelques pièces.

« Voici pour la dédommager de sa terreur.
— Elle a encore son pucelage, vous pourriez l’épouser.
— Cessez de jouer au pitre, et apportez-moi du grog. » le houspilla-t-il.

Sire Charles Millepertuis, héritier des Craffeux, marié à Lavande la gueuse du Val-Bréneux. L’idée paraissait tellement saugrenue qu’il se surprit à sourire. Le vieux Louis lui déposa le cruchon sans un regard. Charles gouta la piquette. Infecte.

« Si le cygne l’apprend, il nous tuera ! »

Le chevalier sursauta et détourna son attention du liquide grenat. Celui qui avait parlé trop fort se rétracta sous les regards meurtriers de ses compagnons. L’un d’eux, le nez crochu et les cheveux gras tombant jusqu’aux épaules tripotait nerveusement la garde d’un poignard. Charles porta toute son attention aux chuchotements, bien qu’il n’en saisît que quelques bribes éparses.

« Le vieil Ours … pardonnera …
— Une sortie… condamne… Brume.
— Rappelle-toi … les chauvesouris…
— Médérick, tu dois rentrer. » articula un des quatre hommes.

Les larrons étaient penchés les uns vers les autres, jetant une œillade discrète à leur voisinage de temps en temps. Nez crochu répliqua quelque chose tellement bas que Charles n’en entendit rien. Qu’importait. Un non initié à l’art de l’héraldique aurait pensé à une conversation de demeurés. Cependant, les animaux énumérés par les bandits correspondaient aux meubles de tous aux blasons du fief déchu de Neufcâstel. Chauvesouris Melian, Ours Arthis, Cygne Ebroïn…

Tout d’un coup, Nez crochu dégaina sa lame et égorgea net celui qui lui faisait face. Le pauvre soudard roula au sol, sa gorge déversant des flots de sang. Son voisin s’empara de son tabouret et le souleva pour le fracasser sur leur agresseur. Au même moment, Charles tira sa lame au clair, et quelques badauds se mirent à crier, se ruant vers la sortie dans le chaos le plus total. Déjà, Nez crochu transperçait la panse à lard de l’homme au tabouret. Son dernier adversaire, désarmé, lui sauta au cou et tous deux tombèrent à la renverse. Nez crochu se prit un revers de poing et cracha un glaviot ensanglanté. Comme pris dans une danse mortelle, les deux combattants ne se quittaient pas des yeux, se jaugeant tout en exécutant les pas préparatoires à leur gigue. La haine virevoltait dans les prunelles d’un brun vaseux de l’assassin, tandis que la peur se lisait dans celles de son compagnon. Bondissant tel un chat, Nez crochu passa sous la garde du reitre et lui planta son poignard dans l’œil. Le cadavre tomba mollement sur le sol.

« Tu es habile avec un couteau. » déclara Charles.

Son épée pointait l’homme ahanant qui lui tournait le dos, accroupis sur la dépouille de sa dernière victime. Le parquet de l’auberge se nimbait de sang, sous les râles des fripouilles agonisantes. D’un geste preste, Nez crochu pivota et porta son poignard vers le chevalier, qui fit un bond en arrière. Le bandit était acculé. D’un simple coup de taille, Charles se débarrasserait de l’homme comme un paysan aurait fauché une gerbe de blé. Cependant, son épée ne partit pas, comme animée par d’autres desseins.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
09 avril 2017 à 16:35:24

RECHERCHES EN FORÊT DE BRUME

ÉRIC

Éric grommelait. Ses compagnons ne prenaient pas garde à demeurer discrets. Leurs lourdes bottes fourrageaient les feuilles mortes, leurs rires et éclats de voix avaient chassé les oiseaux. Ce genre de lascars n’aurait pas tenu une minute contre les Felseweisern. Suites aux batailles rangées, remportées avec brio par le jeune Alexander - Éric l’admettait à contrecœur - les troupes de Bérenger Ebroïn avaient dû adopter de toutes nouvelles méthodes. Embuscades aux carrefours des grandes routes, sabotages, petites escouades d’archers harcelant encore et encore les troupes des nordiques. Une danse périlleuse qui dura de longues années.

« Tu traines, l’ancien ! » se gaussa Valère.

Éric toisa le rouquin avec amertume. Dans ses beaux jours, il aurait cassé le misérable à mains nue comme du bois sec. Désormais, sire Arthis tenait plus d’un jambon que du grand et fort gaillard qu’il fût jadis, engoncé dans une armure de plate trop étroite pour lui. Un véritable ours, s’enorgueillissait-il lui-même, dès qu’il repensait à ce temps béni. Digne du blason Arthis, l’ours noir sur champ de sinople.

« Je suis à l’affut du moindre indice, se défendit Éric, haletant. Je donnerai ma main à couper que vous y voyez aussi clair qu’une taupe.
— Bien rubicond pour quelqu’un qui traque des traces d’écureuil. » remarqua Valère, son habituel air de malice étirant ses lèvres.

Le vieil Ours imagina ses mains se refermer sur la gorge de l’impudent. Les autres s’en étaient déjà allés, seul le coquebert semblait s’amuser à le regarder s’échiner à gravir le talus.

« Tu payeras tôt ou tard ton insolence, le prévint-il.
— Comme tu payes tes gourmandises aujourd’hui ?
— Mais… que ! En quelque sorte ! » explosa Éric, prit au dépourvu par tant d’irrévérence.

Valère lui agrippa les épaules et l’aida à se hisser au sommet de la butte. Une mer d’arbres les entourait, les lieux plongés dans une rumeur verte et dorée.

« Où sont les autres ? s’enquit sire Arthis en époussetant son armure.
— Pas trop loin, j’en entends un qui s’esbaudit, pas toi ? »

Éric tendit l’oreille, mais ne capta que le chant joyeux des oiseaux.

« Te voilà dur de la feuille, l’ancêtre ?
— Ferme-la, grogna Éric. C’est encore loin ?
— Demande à Yannick. J’étais trop ivre ce soir-là pour me rappeler du chemin exact. »

Éric fronça les sourcils. Nul n’ignorait l’interdiction de boire en dehors des occasions spéciales. Le jeune homme avait trop vite franchi la ligne de la camaraderie. Pour la première fois, le vieil Arthis décela de l’inquiétude dans le regard de Valère. Privé de l’éclat malicieux de ses yeux, le rouquin ne cassait pas des briques. Dégingandé et frêle, ses yeux bruns et fades lui donnaient un air benêt, quand d’ordinaire il y recelait la ruse d’un renard.

« Si Dame Déotéria l’apprends, elle me fera sauter la tête, annonça Valère, penaud.
— Même écimé, tu cracherais tes sottises. Une tête qui parle n’est utile que si elle a des mains. Même une sale trogne comme la tienne. »

Valère adressa un sourire au chevalier. Aussitôt, il sembla reprendre vie.

« Les autres ne sont pas loin, Jacques vient de sortir la pitance, assura-t-il à Éric.
— Comment le sais-tu ? » se méfia le vieil Arthis. Il soupçonnait le jeune homme de se gausser de lui, encore une fois.

« J’ai un flair de limier. »

En réalité, le soleil indiquait midi. Comme annoncé, ils retrouvèrent leur petit groupe adossé à des troncs, se passant une outre de vinasse. William du Groin du Porc lambinait, allongé dans son long bouclier en forme de goutte d’eau, sans doute pour ne pas salir son tabard blanc. Le vêtement, tout crasseux et élimé cachait presque la licorne Hellébore. Éric ne comprenait pas ce qui avait motivé dame Déotéria à l’envoyer avec eux. Ils ne manquaient pas d’effectifs : Valère, Jacques, Yannick et Alaric prenaient part aux recherches. Les trois premiers étaient ceux qui avaient ramené la fille au camp, et le dernier semblait avoir reçu la bénédiction d’Ildibad pour cette expédition. Quand on lui avait demandé pourquoi, Alaric s’était targué du choix de leur seigneur, qui, selon ses dires aurait déclaré qu’il fallait des hommes intelligents pour ce genre de mission. Perché sur une branche d’arbre, le favori d’Ildibad taillait d’un air morose un bout de bois, son nez crochu plongé dans son travail.

« Eul v’la à couorcheu d’halène ! claironna Jacques en désignant Éric. À fène forche il va finin à ventrillouns ! »

Valère explosa de rire, et dut s’accrocher à un arbre pour ne pas tomber.

« Qu’est-ce qu’il baragouine encore ? » rouscailla Éric, taxant d’un regard noir le goujat.
Entre deux hoquets, Valère prit le temps d’articuler :
« J’n’en sais rien, mais il me fait bien rire l’ahuri !
— De mon temps, nous n’avions pas de temps à perdre pour des pitreries. » fulmina Éric.
Yannick, le plus mesuré d’entre eux graissait son arbalète. Sa longue queue de cheval pendait sur son torse, tandis qu’il inspectait la gorge de l’arme. Cependant, un rictus cynique s’esquissait au coin de ses lèvres.

« Qu’y a-t-il, joli cœur ? » l’attaqua Éric, sur les nerfs. Il n’aimait pas les petits sourires en coin, trop souvent énonciateurs d’une quelconque malignité. Le soldat replia son chiffon et le glissa entre les strates de ses lainages avant de répondre.
« Toujours à nous rabâcher l’ancien temps, ça ne le fera pas revenir, lui lança-t-il à la tronche.
— Je ne vis que pour mes souvenirs… Quel effet ça te fait toi, de marcher sous la bannière du Cygne ?
— Elle me protège de la pluie quand par chance le vent souffle dans le bon sens, répondit l’arbalétrier avec arrogance.
— Moi, ça me donne des frissons, elle éclipse tous les marasmes, elle unit les hommes et leur fait oublier leurs malheurs, insista Éric.
— C’est ce que tu crois… Ce n’est qu’un vulgaire bout de tissu, comme il en existe des milliers d’autres.
— Notamment celui que William utilise pour se torcher la queue. » vilipenda Valère.

L’intéressé sur redressa sur son séant, ses yeux fades écarquillés. Sa bouche entrouverte, dévoilant ses dents désordonnées, lui donnait des airs d’attardé, presque bovin.

« Quoi ?
— On t’a vu comment tu la regardais, le bougre, l’accusa-t-il.
— Qui donc ? se défendit le soldat Hellébore.
— Celle pour qui on est là, crétin. » renchérit Yannick.

William le foudroya du regard, et fit mine de glisser sa main vers son baudrier.

« Mais pouorqui icelle, elle est dé de même à un cabot ! s’interrogea Jacques dans l’indifférence la plus totale.
— Parce que tout monde sait bien que les roux sont les meilleurs dans ce genre d’affaires, se vanta Valère.
— Queutard ! l’invectiva Alaric, perché sur sa branche.
— Tu m’as l’air bien aigre, le singe ! Peut-être devrais tu te la farcir, je suis sûr que sous tes chausses se cachent deux rocs d’un bel azur !
— Il suffit ! fulmina Éric. Cessez cette farce, vous allez nous faire repérer ! »

Tous obéirent, d’instinct. La chemise de lin d’Éric se poissait de sueur, et le vieil Ours se sentait mariner à l’intérieur de ses fontes. Non content de son succès, il leur demanda de se mettre en rang. Ils verraient de quel bois un vétéran se chauffe ! Cependant, son plaisir fut de courte durée. Aucun ne bougea, et Alaric grincha :
« Nous faire repérer par qui, au juste ?
— Ou par qué. » renchérit Jacques.

Éric n’en avait aucune idée.

« Question de principe. » trancha-t-il.

Épuisé, il s’affala sans grâce sur le sol. De ses doigts boudinés, il désangla son casque et l’envoya dinguer dans les feuilles. Ses cheveux blancs le grattaient. Yannick vint s’accroupir à ses côtés.

« Courage, l’aïeul. On est bientôt là où on a trouvé la gamine.
— Je respecte Ildibad, mais courir après un gosse que personne n’a jamais vu… nous avons tellement mieux à faire, grincha Éric.
— Ah bah ça… persifla Alaric. On aurait pu encore passer une journée à moisir dans ce camp, par exemple.
— Ça vous fait faire de l’exercice, répliqua William. Vous rouillez à force de ne rien faire.
— Qu’avez-vous à toujours vouloir vous battre ? râla Valère. Il existe tant de façon de s’amuser. Et il te faudra choisir, l’Hellébore. Tu ne pourras pas guerroyer sur deux fronts.
— Deux fronts ? répéta le coquebert, l’air dubitatif.
— La barre de fer ou la barre de chair. Je me demande à laquelle des deux la gamine montrera le plus son attachement.
— Que tu es pénible, le rouquin ! pesta William.
— Je charrie ! l’apaisa Valère. Allons, vas-y, as-tu quelqu’un sur ton Groin ? »

Le jeune homme lui lança un regard noir, et de mauvaise humeur sortit sa lame du fourreau et s’attaqua à la terre.

« Y avait bien une fille. »

Comme aucune facétie ne venait, William se sentit encouragé.

« Nous nous étions promis la lune l’un à l’autre, puis un jour l’Martin Aubépine l’est venu se pavaner dans les rues du Groin, et la garce l’est tombée en pâmoison.
— Obtint-elle ses faveurs ? s’enquit Yannick.
— Bien sûr que non, elle avait les dents de guingois. Moi j’les aimais bien ses dents, mais c’est pas l’genre à un seigneur. Elle m’a reproché d’être un bon à rien, alors j’me suis présenté devant l’prévôt, il m’a donné mon bouclier et une pique, puis on m’a envoyé ici.
— Et ton épée, tu l’as eue où ? voulu savoir Éric.
— L’est volée. La nuit d’mon départ j’ai détroussé l’armurier. Et toi l’ancien, l’aut’fois tu m’parlais de femme, l’est où la tienne ? »

Éric renifla avec dépit. Le mot lui arracha la gorge.

« Morte.
— Alexander ? demanda Valère.
— Non, bien avant. On a mis des années à avoir notre premier enfant, à chaque fois, ça se terminait sur une fausse couche. Quand le petit a été emporté par la fièvre, elle a succombé à son chagrin. »

Éric s’arrêta de parler. Aucun ne débecta un mot. Le vieil Arthis fixa le sol avec intensité. Cela faisait si longtemps… Il pensait revoir son visage, mais il savait sa vision altérée par une myriade d’autres souvenirs, si bien qu’il n’y démêlait plus le vrai du faux.

« Chaque matin, Alicia me réveillait, presque hystérique. Vite ! vite ! disait-elle, le voilà ! C’était son petit plaisir. À la fenêtre de notre chambre, on pouvait voir un petit lapin qui bondissait près d’un églantier. Je pense qu’elle y déposait quelques friandises pour l’attirer. Quand je fus seul dans mes nuits, je ne revis plus jamais le bétail. Un jour, quelqu’un me tira de mon sommeil. D’instinct, je grommelais, à moitié lucide : Oui, je vais le voir ton maudit lapin !
— Et il y était ?
— Oh non… Je sortais soudain de ma torpeur. Des hommes d’Alexander assiégeaient le château. »

Un océan de pavillons avait émergé dans les cultures qui cerclaient Fort-Roseau, comme des champignons l’auraient fait après une pluie d’automne. La forteresse avait tenu près de trois mois de siège, avant que les assaillants ne soient contraints de fuir, alors qu’Evrard Arthis les avait pris à revers en remontant la Noyeuse. Une petite victoire, célébrée comme un triomphe.

« Nous avons un garçon à retrouver. » signala Yannick, après un long silence. Valère s’étira à la manière d’un chat, tandis que William ramassait ses armes. Alaric se laissa glisser de sa branche.

« Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, répliqua Éric.
— Tu préfères que le mouchard retourne chez lui et dévoile notre position ? reprocha Yannick.
— Edmond Aubépine sait très bien où chercher, il n’y a pas beaucoup d’alternatives… répliqua Alaric. Même s’il ne s’en est jamais donné la peine.
— D’autant plus que le gamin doit déjà être chez lui à l’heure qu’il est. On a ramené la fille… il y a quoi, deux jours ? réfléchit l’arbalétrier.
— Ou mort, trancha Alaric. Ildibad nous fait perdre notre temps.
— C’est vrai qu’il a un talent fou pour démotiver les troupes. » fit remarquer William. Le haussement de ses sourcils trahit son ironie.
« J’admets que Déotéria tient plus de Bérenger que lui, déclara Éric. Mais nous avons fait vœux d’allégeance.
— Quoi, tu veux nous laisser moisir ici tant que nous ne mettons pas la main sur ce chiard ? Nous ne savons même pas s’il existe ! s’exclama Alaric. Je suis le seul à avoir vu la gamine, elle délirait !
— Vous pensez réellement qu’Ildibad nous laissera rentrer tranquillement après à peine une demi-journée de recherches ? renchérit Éric.
— On a qu’à lambiner ici, un ou deux jours, on verra bien, répondit Valère en remuant les feuilles mortes.
— Mei j’dis qu’on ferait mieux d’aller aux fornicastes, la Vaupalière qu’est pas loin, ou ch’Val Bréneux ! proposa Jacques.
— Que diable irions-nous besogner de la gueuse ? » demanda Yannick.

Éric soupira. Leurs chances de rentrer bredouilles et de frustrer Ildibad ne faisaient qu’augmenter. Attendre… Le vieil Arthis jeta son dévolu sur l’outre de vin qui circulait. Attendre. Oui, ils pourraient bien attendre encore un peu. Après tout, n’était-ce pas tout ce qu’ils avaient fait depuis dix ans ?

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
01 mai 2017 à 11:21:46

LA CÉRÉMONIE DES ENGAGEMENTS

KARL

L’ambiance qui régnait dans la grande salle semblait de plomb, encore plus épaisse que le gruau de leur petit déjeuner. Aux côtés de Karl, Alexander, son père, ne touchait pas à sa nourriture. Insensible à la mélodie de l’orgue à soufflet qu’Edmond avait mandaté, Il faisait tourner une cuillère sur son axe, coincée entre son index et la table. Edmund Pergament et Maximilien Schwert se lançaient des œillades lugubres. N’était pas Felseweiser celui qui ne devinait pas la tempête qui s’annonçait. L’orgue s’épuisait, ses notes devenant traînantes, comme si l’air poisseux engluait les tubes. Le maître souffleur s‘échinait à la tâche, tandis que l’organiste tentait par sa virtuosité de détendre les convives.

Nul n’osait débecter mot. La mauvaise humeur du seigneur du Grand Felseweise menaçait comme une nuée de nuages de tempête. Les raclements des couverts contre les bols de bois couvraient les silences alors que l’orgue reprenait son souffle, avant de revenir sur ses longues notes mourantes.
Maussade, le seigneur Aubépine engloutissait son plat de gaudes, et irriguait son gosier sec de grog. Le futur beau-père de Karl imposait par sa carrure, et sa tête hirsute lui donnait des airs d’oursin. À se demander comment Domitille pouvait être aussi délicate dans ses formes. Hormis une mâchoire légèrement carrée, la demoiselle de Cenelle ne présentait pas le moindre défaut.

Il y avait bien un homme qui ne semblait pas affecté par l’exécrable Alexander. Bien droit dans sa chaise, Tobias Blomst toisait d’un œil goguenard les autres nobles.
« Je n’ai jamais mangé un Gruau aussi excellent. » claironna-t-il.
Karl avala le sien. Le plat n’avait rien d’exceptionnel, ayant du mal à traverser sa gorge. Adrian Wiern, son jeune frère repoussa son assiette, accoutumé à se sustenter de saucisses, de lard ou encore de venaison. Tobias Blomst ne rata pas l’occasion qui se présentait à lui.

« Voyons mon garçon, finis donc ton écuelle ! Je peux te dire qu’à ton âge, je mangeais comme quatre, ce n’était pas le ventre vide que nous allions guerroyer contre Bérenger, te souviens-tu, Alexander ? »

La cuillère du seigneur de Felseweise vola et l’orage gronda.

« Il est clair que les souvenirs deviendront une réalité d’ici peu ! » fulmina-t-il.

L’orgue mourut. D’aucuns furent assez téméraires pour regarder le loup. Les lèvres de ce dernier se réduisaient à un mince fil rosâtre, et l’ombre bleu-noire de sa barbe assombrissait son lugubre visage. Adrian, Martin Aubépine et Edmund Pergament baissèrent les yeux. La colère de son père demeurait un mystère, et pendant la dernière quinzaine, l’humeur d’Alexander n’avait que fait de se dégrader. D’abord taciturne, il s’était ensuite enfermé dans le mutisme. D’un côté, Karl ne se fâchait pas que l’orage éclatât enfin.

« Mon seigneur, que voulez-vous dire par là ? » s’enquit Maximilien Schwert. Le sire de Sombregoule tenait la réputation d’être un dur. Ses larges épaules et ses cheveux poivres et sel, drus comme les piques d’un hérisson, confortaient cette idée. Alexander l’écrasait dans toute sa rage.

« Ildibad Ebroïn ! » Sa voix s’étrangla. Cependant, la haine jaillissait de ses yeux. La nuit s’était emparée de ses iris, réduit à deux puits sombres, sans fond, occultant le vert. « Il n’est pas mort ! Ce pourceau vit, là, sous notre nez depuis dix ans ! » La table trembla quand il abattit son poing dessus. « Et toi, tu le savais depuis le début, dénonça-t-il le seigneur de Mortefange. Imagines-tu seulement les conséquences de tes mensonges ? »

Ildibad Ebroïn, un fantôme qui avait hanté la jeunesse de Karl. Le jeune loup avait souvent songé à Ildibad, se considérant comme son remplaçant. Le fils de Bérenger aurait dû hériter du fief de Neufcâstel, et pourtant, Karl y avait grandi. Combien de fois s’était-il dit que si son père n’avait jamais combattu les neufcâstelois, Ildibad aurait pu apprendre à se battre dans la cour de Fieramont ? Découvrir les arts de l’écriture et l’arithmétique, l’étude de la géographie et de l’astronomie ? Karl avait beaucoup culpabilisé, et le spectre d’un enfant qu’il n’avait jamais connu avait évolué avec lui toutes ces années. À cette révélation, il eut l’impression de retrouver un vieil ami, perdu depuis longtemps. Tous les regards se posaient désormais sur le seigneur de Cenelle.

Edmond Aubépine semblait pareil à un enfant, lui aussi. Le seigneur de Mortefange perdait honteusement son regard dans ses chausses. Un bien horrible et gigantesque marmot, surpris à quelques bêtises. Le colosse bafouilla :

« Ildibad n’est plus une menace…
— Si ! le coupa Alexander. Il est la mauvaise graine dans un champ. Semez-la, et le chiendent étouffera tout.
— C’est une honte ! » fulmina Edmund Pergament, ses longs cheveux roux jurant de manière atroce avec les tentures du mur aux couleurs Aubépine.
« Arrêtez ! » s’exclama Karl en se levant. Sa cathèdre se reversa et rebondit sur le dallage, ce qui lui valut de gagner l’attention de tout le monde. Le regard fébrile de son père se posa sur lui, et il fut soudain très hésitant.

« Dans mon esprit, Ildibad était mort, depuis dix ans. »

Karl déglutit, mal à l’aise. Face à tous ces gens, il se sentait ridicule, debout, exposé à tous. Son père ne le lâchait plus des yeux, comme pour lui signaler qu’il ne pouvait plus reculer.

« Et il l’est toujours, d’une certaine façon. » Sa bouche semblait comme enduite de plâtre, mais Karl s’acharna à articuler.
« Jamais rien n’a laissé entendre qu’il vivait. Je vais me marier avec votre fille, seigneur Aubépine, nous allons devenir une famille. Oublions nos querelles, vivons pour les vivants. »

Edmond hocha la tête d’un air grave. Alexander se leva à son tour, la stature emprunte de nervosité.

« Je ne puis que me targuer d’avoir un fils aussi avisé, grinça le seigneur du Grand Felseweise. Je suis un homme de parole, et je maintiens le mariage. Cependant, il est hors de question que je me parjure sur un ancien serment. Je détruirai Ildibad, et tout ce qui porte des plumes pour emblème. Mes gens, suivez-moi. »

Tous se levèrent de concert et lui emboitèrent le pas, laissant Edmond et son fils seuls autour de la table. Alexander les conduisit dans le donjon, dégagé expressément pour accueillir les Felseweisern. Il était évident que les mortefangiens faisaient des pieds et des mains pour répondre à leurs moindres caprices, et tentaient de leur en mettre plein la vue. Sûrement que le château n’avait jamais connu propreté pareille. Les latrines avaient été récurées et jonchées de fleurs séchées, les mendiants chassés de l’enceinte des murailles. Chaque carreau de chaque fenêtre laissait parfaitement apparaître l’extérieur, et on pouvait presque contempler son reflet dans le sol.

Ces derniers jours, Karl avait passé la plupart de son temps à la chasse avec son père et le seigneur Aubépine, ramenant sangliers, cerfs, perdrix et même un ours. Tout ce gibier était ensuite cuisiné et servi lors de festins succulents, accompagné des notes des rhapsodes et des jongleries des bouffons : bolas enflammés, poignards, torches…

Comme le voulait la coutume, il n’avait pas revu Domitille depuis leur première rencontre officielle, tout du moins, pas sans son voile de gaze, cachant l’intégralité de son visage. Demain, lors de la cérémonie des engagements, ils pourraient alors se jurer à chacun fidélité. Les mariages se déroulaient en trois temps en Mortefange. Tout du moins chez les nobles. Les petites gens ne souciaient guère d’être unis sous le regard des dieux, sachant pertinemment que ces dieux ne se préoccupaient pas d’eux.

Premièrement, lors de la Rencontre, les époux échangeaient leurs noms. Ensuite, on veillait soigneusement à ce qu’ils ne se croisent pas pendant une quinzaine, afin de faire monter l’envie de se revoir. Avait alors lieu la cérémonie des engagements, une semaine avant celle de l’union, scellant définitivement le mariage, jusqu’à ce que l’un des époux décède.

Les appartements du seigneur de Felseweise couvraient un étage à eux seuls. Les rideaux avaient été tirés, plongeant les lieux dans une atmosphère tamisée. Adrian se chargea d’allumer des chandelles, et Alexander invita les autres à s’assoir.

« Qu’allez-vous faire, mon seigneur ? s’enquit Edmund Pergament.
— Il est inenvisageable de laisser ce rat gambader une lune de plus, déclara-t-il.
— Nous ignorons tout de ses forces. » répliqua le sire de Pergament.

Tobias Blomst fit craquer ses doigts, et s’empara du tabouret qu’Adrian convoitait en le chassant d’une chiquenaude.

« Nous l’avons battu une fois, alors que tout semblait perdu, pourquoi perdrions-nous alors qu’il ne reste qu’une poignée de ses fidèles ? fit remarquer le sire de Greim.
Il décapita d’un coup de dents un petit pain.
« Ce cafard doit fomenter sa vengeance depuis des années. Le sentiment de sécurité que nous nous imaginions était illusoire. Nous avons été dupés.
— Nous ne mettons pas Mortefange à dos. D’ici moins d’une saison nous aurons réglé son compte à Ildibad, poursuivit Tobias. Il est plus aisé de lier deux fiefs par le mariage que par le sang, les liens sont plus forts. »

Alexander se décala vers la fenêtre et tira les rideaux d’un geste brusque. Le jour inonda sa face. Il respira profondément. Le Seigneur de la Lumière semblait communier avec lui.

« Soit. Jouons la carte de la prudence. Sire Pergament ? »

Le chevalier se jeta aux genoux de son suzerain, ses longs cheveux roux encadrant son visage bourru.

« Mon seigneur, je suis votre valet.
— Rassemblez vos gens, et repartez à Fieramont. Rassemblez un millier d’hommes, et revenez aussi prestement que possible. »

Sire Edmund lui embrassa la main.

« Je suis votre féal servent. Toutefois, puis-je à mon tour vous soumettre une requête ?
— Faîtes, accorda Alexander d’un air las.
— Gardez mes fils auprès de vous, qu’ils puissent assister au mariage.
— Soit. Ils seront les écuyers du mien.
— Vous honorez ma famille, mon seigneur.
— Tâchez de ne pas la couvrir d’opprobre. »

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
01 mai 2017 à 11:22:02

***

Le chant paisible d’une mésange berçait ses oreilles. La chambre qui lui avait été assignée se trouvait tout en haut du donjon. Elle n’était pas aussi luxueuse que la sienne à Fieramont, mais rien ne lui manquait. Un grand lit à baldaquin, les rideaux cousus aux couleurs des Aubépines, orange et sable au matelas de plumes l’accueillaient chaque soir. Les draps et pots de chambre étaient changés tous les jours, et il y avait même une petite glace dans laquelle il pouvait se mirer à loisir. Il avait trouvé plusieurs berlingots de lavande qui diffusaient leur douce odeur.

Sa nuit avait été troublée par des songes. De vieux cauchemars familiers, dans lesquels Ildibad venait le hanter. Le garçon ressemblait à ce que Tobias Blomst lui avait décrit de Bérenger. De longs cheveux noirs et ondulés, des yeux dans lesquels brillaient la malice d’un corbeau. Cependant, l’Ildibad du rêve possédait des yeux d’onyx, sans iris, et une peau translucide, comme celle d’un noyé. Le spectre le poursuivait dans Fieramont, s’échinant à le faire échouer tout ce qu’il entreprenait. Karl ne se réveillait que lorsque les serres jaunâtres du fantôme lui réduisaient sa peau en lambeau, pour lui arracher le cœur.

Enfant, il se réveillait en hurlant. Ce matin, une autre crainte l’assaillit. La cérémonie des engagements allait faire de lui un homme marié. À peine se levait-il qu’on frappa à la porte. Les deux fils du seigneur Edmund Pergament entrèrent.

Ils disposèrent son déjeuner sur la table, et Karl y picora quelques grains. La nourriture refusait de franchir sa gorge. Il se passa un long moment avant que le jeune Wiern ne se rende compte que ses nouveaux écuyers s’affairaient à l’habiller.

« Es-tu sûr de vouloir revêtir ton armure pour la cérémonie ? » lui demanda Damian en lui fixant son épaulière.

Âgé de quinze ans, le jeune Pergament avait été un compagnon de jeu de Karl. Le louveteau ne doutait pas que Damian se dévouerait entièrement en sa qualité de serviteur. Il complétait son apprentissage pour devenir chevalier. Servir le fils du prestigieux Alexander Wiern conférait le droit de s’adonner à toutes les rodomontades. Il en était de même pour Paul, son cadet d’un an. Tous deux débattaient afin de décider quelle tenue irait le mieux au futur marié. Damian préconisait des atours plus légers, à cause de la chaleur qui sévissait. Paul, à l’instar de Karl privilégiait l’armure, prétendant que le port de la plate imposait le respect.

« Je me sens nu sans elle, répondit Karl.
— Il vaudrait mieux garder l’armure pour votre Union, la cérémonie dure plus longtemps. Ce serait comme du gâchis de la porter maintenant, et ton père t’a fait parvenir trois tuniques neuves ce matin, ne le frustre pas.
— C’est vrai, il est en rogne depuis notre arrivée … » admit Paul.

En rogne… c’était peu dire. Jamais Karl n’avait vu son père aussi furieux.

« Encore, vous n’étiez pas au repas d’hier.
— Écoute donc mes conseils, ne le provoque pas, préconisa Damian.
— Soit, allons-y pour la tunique… » soupira Karl.

Il choisit celle au justaucorps de cuir, sur lequel avait été cousu un loup d’argent. Damian sortit une petite lame et s’attaqua au poil de sa joue.
« Tu es sûr de ce que tu fais ? s’inquiéta le jeune seigneur. Je ne souhaite pas être balafré pour la cérémonie.
— Ne t’inquiète pas, elles en seront toutes folles, testé par la maison ! se vanta-t-il.
— Mais tu n’as même pas de barbe ! » se gaussa son frère, qui observait par la fenêtre les collines qui se dessinaient à l’horizon.

Damian lui lança un regard assassin et retourna à sa besogne. Il retira les derniers poils de la joue de Karl quand Paul attira l’attention.
« Venez voir ! Sire Martin s’en va. »

Effectivement, tel des petites figurines de bois peint, une centaine de cavaliers, portant haut les oriflammes se dirigeaient vers le Groin du Porc, une ville portuaire à l’est d’ici. Y résidait sire Hellébore, et sous les consignes de son père, Martin allait lui faire réengager ses serments.

« Il sera revenu pour l’Union, si cela t’inquiète, le rassura Paul.
— Je ne m’en inquiète pas. Martin tient beaucoup à sa sœur.
— Ce n’est pas tout ça, mais moi je me négocierai bien une des filles Aubépine ! » déclara Damian en baillant.

Karl haussa les sourcils, tandis que Paul éclatait de rire.

« Tu n’auras rien du tout, avec ta sale face de rouquin ! »
Damian gonfla la poitrine, et fit mine de se ruer sur son frère.

Avant que le jeune écuyer n’ait eu le temps de faire quelque sottise, Karl lui suggéra :

« Eh bien, tu n’as qu’à demander la permission à mon père…
—Non merci, ça ira… » dit le jeune homme, complétement refroidi.

Lorsqu’ils sortirent, ils découvrirent la cour déserte, hormis un chien qui errait, sans but apparent. Toute la populace s’était retirée dans les jardins, un grand parc intramuros. On y accédait par une poterne dont l’entrée était camouflée par un rideau de lierre. Les deux écuyers se mirent de part et d’autre de l’alcôve de pierre et écartèrent le mur végétal. La foule se scindait en deux et formait une allée d’honneur, conduisant à un cenellier millénaire. L’arbre, en fruit, étendait ses branches et l’on se sentait écrasé par sa taille. Quelques chansons entendues à la dérobée des couloirs le disaient véritable seigneur de Cenelle, et il fallait vraiment le voir pour se rendre compte de sa magnificence.

Des jeunes filles, amies et confidentes de la mariée avaient accroché sur ses branches les plus basses des couronnes de roses blanches. Pareilles à de petites poupées opalines dans le lointain, les demoiselles se tenaient en ligne, les mains jointes chacune sur un bouquet. Une nuée de couleur ressortait de la foule, moult badauds et curieux se massaient sur les abords du chemin. Damoiseaux et jouvencelles, manants et bourgeois vêtus de surcots et de bliauds multicolores. Une montagne d’acier se tenait sur leur chemin, un grand taureau de bois rouge la faîtait. Charles Millepertuis lui tendit alors un baudrier, dans lequel une épée neuve l’attendait. Le pommeau, ouvragé en tête de loup possédait deux petites émeraudes en guise d’yeux.

« Merci, sire Millepertuis. »

D’un air lugubre, le chevalier s’écarta d’un pas, lui laissant la voie libre dans un bruit de ferraille. Le chemin jusqu’à l’arbre cœur était long, et Karl se sentit gêné par les centaines d’yeux rivés sur lui. Il bomba le torse, une main sur la garde de son épée, et imita la démarche assurée de son père. Un pas après l’autre, chacun plus difficile sous la pression des regards. Il faisait de son mieux pour rester calme et ne pas accélérer, tentant de se convaincre lui-même qu’il arpentait seul le parc.

Enfin, il fut couvert par l’ombre du cenellier. Son père, aux côtés d’Edmond le regardait, comme s’il évaluait chacun de ses mouvements. Les sœurs cadettes de Domitille faisaient partie des demoiselles d’honneur. La grasse Sarah, Louise la décharnée et les deux petites, Jeanne et Léonie. Comme le voulait la coutume, il s’arrêta. L’acier chanta lorsqu’il tira son épée au clair, la brandissant haut.

« Je jure devant Mithar que jamais je n’userai cette épée, ni autre violence contre ma dulcinée. »

Une fois les saintes paroles prononcées, il la planta dans le sol et s’agenouilla. Alors, la mariée arriva de derrière l’arbre, chevauchant un magnifique palefroi argenté. On avait tressé les crins de l’équidé, de façon à ce qu’ils tombent en une épaisse natte sur son encolure. Le minois recouvert d’un léger voile de gaze, la tête de Domitille était cerclée d’une couronne de roses blanches. Sarah et Louise saisirent la bride d’or et firent s’assoir le cheval, permettant à la jeune femme de descendre sans froisser sa robe. Ses pieds nus foulèrent le sable du sentier et elle s’avança, un grand sourire aux lèvres.

Karl, laissant son épée, la rejoignit, et ils récitèrent d’une même voix :

« Ainsi, mon âme nue aux regards de Mithar, je jure que cet être sera ma moitié, et que jamais je ne le trahirai, dussé-je donner ma vie pour lui et ma progéniture. »

Alors Karl sortit de sa tunique le ruban cérémonial, brodé aux couleurs de sa maison, argent et sinople. Domitille fit de même avec le sien. Hachuré d’orange et de noir, elle y avait cousu elle-même les petits crânes du Grand Horloger. Ils se les échangèrent, jurant ainsi de les garder jusqu’à la cérémonie de l’Union, où ces rubans les lieront.

Il la dépassait d’une bonne tête. Plongeant l’émeraude de ses yeux dans la noisette des siens, il eut soudainement envie d’embrasser sa bouche lippue, et de plonger son nez dans sa chevelure châtaigne… Y humer la cannelle qui parfumait ses cheveux, dont seules de légères effluves parvenaient à lui. Il devrait encore faire preuve de patience. Les époux n’avaient droit à la chair qu’une fois la cérémonie de l’Union finie. En attendant, ils devaient se recueillir durant une semaine de prière, chacun entouré de leurs proches.

Il la sentit qui agrippait ses doigts aux siens durant l’échange des étoffes. Elle se mordit la lèvre inférieure, soutenant son regard. Sa bouche se décrispa aussi rapidement que ses yeux s’ouvrirent d’effroi, et la foule se mit à crier d’horreur.

Karl pivota rapidement. Les cheveux au diable, hurlant comme un dément, un homme se ruait sur lui, sa propre épée menaçant sa vie. Il se jeta sur le côté, évitant de justesse l’acier qui l’aurait tranché en deux. Il aperçut sire Tobias qui s’élançait, épée dégainée, mais il était si loin… L’assassin réattaqua de plus belle, mais fut stoppé par Damian, dans un plaquage aussi héroïque que stupide. Le sicaire le repoussa d’un coup de pied et lui tissa une large rayure écarlate sur le surcot. Grimaçant, l’écuyer rampa loin du carnage, se tenant le ventre, le sang dégoulinant d’entre ses doigts crispés. Domitille hurlait. Les gardes approchaient, mais, entravés par la foule aussi curieuse que tétanisée, n’arrivaient pas à passer au travers. Karl recula, ne perdant pas des yeux l’agresseur. Dans sa grande hâte, il tordit sa cheville et mordit la poussière. L’homme se retrouva rapidement au-dessus de lui. La lame pointée haut dans le ciel, reflétant le soleil menaçait de s’abattre. Karl ferma les yeux, adressant une dernière prière. Soudain, un mouvement. Un éclair d’or et de gueules percuta l’assassin, et Charles Millepertuis attrapa la lame à pleines mains. Des petits filets d’écarlate coulèrent le long de ses bras. Hurlant de douleur, le chevalier arracha l’épée des griffes de l’homme, et d’un revers net et précis, raccourcit le bougre. Le corps tomba dans le sable, pris un court instant de convulsions.

Chevaliers, gardes, seigneurs, tous arrivèrent le moment d’après. Si Damian et Charles n’avaient pas accouru, il aurait été trop tard. Qui était l’homme ? Karl regarda la tête, qui voguait en solitaire sur le sable chaud. Le coup de sire Millepertuis n‘avait pas tranché au niveau de la gorge, mais plus haut, emportant une bonne partie de la mandibule et de la bouche. Cependant, on discernait bien des yeux d’un marron vase, et un nez crochu. Des cheveux bruns couvraient le tout.

La foule acclamait Charles, mais ce dernier ne semblait pas partager l’ivresse générale. Il contemplait sans bouger ses mains meurtries. Le mitharo, Simon, l’emmena à l’écart pour examiner les plaies. Karl aurait bien souhaité le remercier, mais déjà on s’assurait de son état. Son père l’étreignit, tandis qu’Adrian, son petit frère s’inquiétait pour Damian, qu’on avait transporté sur une civière. On disait qu’il survivrait.
Edmond aboyait des ordres en tous sens, et Iseut, la mère de Domitille, ainsi que ses damoiselles d’honneur donnaient des embrassades rassurantes à la jeune femme.

Sire Tobias Blomst se dirigea vers le seigneur Wiern.

« Sire, j’ai trouvé ceci sur le corps. C’est assez perturbant. »

Alexander se saisit du parchemin. Ses doigts, encore tremblants sous l’émotion défirent le sceau, qui était vierge. Il parcourut les lignes, la déconfiture envahissant son regard. Il passa le parchemin à Edmond, qui lut à voix haute :

« Nous sommes l’armée des ombres.
Tremblez, avant que ne se lèvent des ténèbres le fruit de vos crimes
Nous sommes les murmures de la mort
Qui susurre son souffle glacial sur votre nuque.
Vous avez engendré les enfants de vos démons … »

Aucun ne réagit. Les mots résonnaient dans la tête de Karl, tel l’écho d’un millier de spectres se lamentant. Tout son corps fut pris de frissons.

« C’est Ildibad. Ce ne peut être que lui, dit Alexander, la voix rendue sourde par le choc.
— Ils sont plus l’ombre d’une armée que l’armée des ombres ! rugit Edmond. Mais je leur montrerai moi, à qui ils ont affaire ! »
La rage semblait l’avoir fait tripler de volume. Il serrait les poings sur le vide, les balançait à des ennemis invisibles.

« J’ai laissé cette vermine tranquille pendant des années, et les voilà qui tentent d’assassiner mon gendre ?
— Ma décision est prise, déclara Alexander. Je détruirai une fois pour toute Ildibad. J’en fais le serment devant le Seigneur de la Lumière. Je le jure sur Mithar. »

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
12 mai 2017 à 22:56:27

AU SERVICE DU SEIGNEUR ILDIBAD

CHIMÈNE

Chaque matin, elle se présentait, vêtue de sa nouvelle tunique devant la tente d’Ildibad avant que ne vienne l’aurore. Elle s’assurait que son seigneur brisait bien son jeun, ripaillant de volaille et de pois, ce dont il raffolait. Elle prenait bien garde qu’une coupe de vin de framboise soit également à portée de sa main, pour qu’il puisse être servi dans l’instant où il la réclamait. Souvent, Barthélémy, le cygne du seigneur lui crachait dessus quand elle lui donnait son pain. Cela faisait beaucoup rire Ildibad qui ne se lassait pas de la voir s’évertuer à ne pas se faire pincer les doigts. Le seigneur venait presque à oublier qu’elle n’avait pu donner de réponses satisfaisantes sur sa marque. Elle s’efforçait de ne pas lui déplaire, mais bien souvent, elle n’était pas aussi efficace qu’elle ne l’aurait souhaité. L’amour ne la motivait en rien, de même que la fidélité, uniquement sa volonté de rester en vie. Ildibad ne semblait pas être homme à tolérer la contrariété. Ainsi, dès qu’il s’absentait pour sa visite quotidienne du camp, elle devait changer la jonchée de la tente. Cela impliquait de charrier de grandes brassées de lilas et lavandes, et toujours quelques brins venaient s’égarer sur son passage. Une fois le sol propre et odorant, elle s’occupait de remplacer les chandelles, et si celles-ci n’étaient pas trop usées, de les redistribuer aux soldats. Ensuite, elle apportait la literie d’Ildibad aux lessivières, la troquant contre des draps frais.

Durant ses allers-retours à travers le camp, elle avait constaté qu’une bande de gamins d’à peu près treize ans ennuyaient les autres enfants et certaines jeunes filles. Étrangement, les garnements ne lui avaient jamais cherché noise, et elle en avait déduit que sa nouvelle tunique n’y était pas pour rien. Cela n’avait cependant pas empêché les godelureaux de la taxer de regards hostiles. Passé par-dessus sa chemise de lin, l’habit de cuir souple avait une couleur pourpre. Un écusson représentant les armoiries Ebroïn, deux plumes d’argent croisées sur champ lila. Il était cousu au niveau du cœur.

L’après-midi, Ildibad avait coutume de recevoir les chevaliers les plus importants du camp comme sire Eloïck Croûtepain. Il y avait aussi Regan Merrick, parfois accompagné de ses fils et jumeaux, Jordhan et Dohan, qui avaient l’âge de Chimène. Cependant, ses visiteurs privilégiés étaient Déotéria, sa sœur, et Evrard Arthis, qui semblait bien porter son blason, l’ours noir sur champ sinople. L’homme, taciturne à souhait, le visage parcouru de cicatrices rosâtres passait beaucoup de temps, passif, à écouter ce qui se disait. Une fois les chevaliers partis, Evrard n’avait aucun scrupule à remettre Ildibad à sa place, et aussi surprenant que ce fût, le jeune seigneur n’y trouvait rien à redire.

Chimène s’était vite rendu compte que c’était d’Evrard que les ordres d’Ildibad venaient, quand il ne les donnait pas lui-même. Ildibad avait le nom, Evrard les compétences. Dans tout cela, Chimène faisait son mieux pour paraitre invisible, tout en laissant coupes et assiettes bien remplies. Elle tendait l’oreille, espérant ouïr une nouvelle, une phrase, une bribe de mots concernant Jacob ou ses parents, mais à chaque fois, les sujets de conversation étaient tournés sur des affaires qui l’ennuyaient. Approvisionnement, réhabilitation, entrainement …

Une fois la journée touchant à son terme, elle se traînait, croulante de fatigue jusqu’à sa tente, qu’elle partageait avec Nolwenn. C’était une grande blonde à l’air mal aimable, et elles ne s’échangeaient que des formalités. Elle avalait alors le maigre repas mis à sa disposition, puis sombrait dans les limbes.

Cet après-midi là, le soleil avait enfin pris en miséricorde les pauvres habitants de Mortefange. L’on pouvait même se surprendre à frissonner au contact de la légère brise qui faisait frémir la ramure des arbres. Chimène, à son habitude veillait à ce que les chevaliers de Neufcâstel aient à disposition leurs rafraîchissements favoris sous les claquements de becs de l’iritable Barthélémy. Regan Merrick portait son habituel manteau criard, jurant avec ses cheveux auburn. Il discutait d’épées qu’il avait commandées à un forgeron du Groin du Porc. Ildibad l’écoutait attentivement, consultant un livre dans lequel il avait pour habitude de reporter les dépenses. Evrard Arthis analysait la scène comme à son habitude.

Jordhan Merrick pénétra la tente dans une cascade d’étoffes, et posa le genou à terre. Il ressemblait beaucoup à son père, sans les rides qui lui creusait le visage. Il devait avoir les yeux de sa mère, qui contrairement à ceux de sire Regan, étaient d’un bleu cobalt. Très au goût de Chimène, qui détourna le regard.

« Mon seigneur, j’apporte une mauvaise nouvelle. »

Tous se crispèrent dans leurs sièges, et Chimène frissonna. Pourvu que rien ne fasse le rapprochement entre elle et l’annonce.

« Dis-nous…
— Un homme de notre camp… a tenté d’assassiner Karl Wiern, le jour de son mariage avec la fille aînée Aubépine. Il a revendiqué le geste sous le nom d’Ebroïn. Seigneurs Wiern et Aubépine sont furieux, et résolus à nous exterminer. »

Ildibad était devenu aussi blanc que les plumes de son col.

« Tout le monde dehors… souffla-t-il, blafard. Sauf toi, dit-il en désignant Jordhan. Et vous, sire Arthis. »

Evrard ne cilla même pas, se contentant d’observer. Comme Regan ne semblait pas décidé à bouger, Eloïck tardait à ranger ses parchemins, et Chimène ne savait pas si elle devait rester pour continuer à servir le vin, le seigneur Ebroïn rugit, hystérique :

« Je vous ai tous dit de sortir ! »

Le soleil n’avait même pas encore commencé à décliner vers l’horizon, et Chimène, ne sachant que faire, se rendit compte que son estomac gargouillait. Les rations ne seraient servies que dans quelques heures. Quelques caisses trainaient entre deux tentes, et l’une, ouverte, dévoilait son contenu. De belles et grosses pommes rouges. Il n’y avait personne aux alentours, et elle se risqua à en prendre une. Elle mordit à pleines dents le fruit, qui craqua, répandant son jus acidulé, débordant de ses lèvres et coulant sur son menton. Elle lécha goulument les bavures sucrées.

« Hep ! Toi là ! » l’apostropha un homme.

Elle sursauta tellement fort que le fruit s’échappa de ses mains, et roula dans l’humus. Un homme fin, au nez crochu et aux cheveux mi-longs lui faisait face.

« Voler de la nourriture est un grave crime, l’accusa-t-il.
— Mais… Je… » bafouilla-t-elle. Confrontée à la colère d’Alaric, elle avait perdu tous ses moyens.
« Si ça s’apprend, on te coupera la main, et elle nourrira les porcs.
—Alaric, je t’en supplie, gémit Chimène, les yeux larmoyants.

Il la gifla.

« Cesse de geindre ! Tes couinements ne m’émeuvent pas outre mesure !

Chimène caressa sa peau rougie par le coup. Elle lui lança un regard mauvais, tout en continuant de masser sa joue.
« Ah bah c’est mieux, t’es peut-être pas la fiocre que j’pensais. » Il ponctua ses paroles par une bousculade, et elle tomba au sol.

Il reprit :

« Si tu veux survivre ici, faudra qu’t’apprennes les règles. Ce n’est pas parce qu’Ildibad t’as donné une belle tunique que t’es quelqu’un d’exceptionnel. Trouve-toi un abruti du genre de Germain pour perdre ton temps avec toi, moi j’ai d’autres chats à fouetter. Au fait, faudra que tu travailles dur pour pas que je te dénonce. Suis-moi. »

Chimène se releva péniblement, encore choquée de l’agression d’Alaric. Craignant d’être punie pour son vol, elle força le pas derrière l’infirmier, qui faisait exprès d’essayer de la semer. Il l’amena dans l’hospice. La jeune fille eut un pincement au cœur quand elle découvrit que Germain ne s’y trouvait pas. Elle se sentait en sécurité avec lui.

« J’t’ai pas emmené ici pour qu’tu bailles les mouches ! »

Il lui jeta une brosse.

« Tu vois ce bac en bois ? On pouvait pas se permettre de mettre le blessé sur une paillasse, pour pas gâcher la paille. Du coup on l’a mis là-dedans. Il saignait comme jamais et ses tripes sortaient de son ventre arraché... Amuse-toi bien. » ricana Alaric avant de sortir.

Chimène ramassa l’objet et s’approcha avec appréhension du bac. Une odeur nauséabonde de sang et de décomposition lui enivra les sens. Elle eut des hauts le cœur en apercevant la croûte d’hémoglobine sur les planches. Un morceau d’organe était encore collé au bois. Des mouches volaient tout autour, moqueuses. Elle dégobilla dans le bac. Prenant son courage à deux mains, elle osa un bras dans le récipient nauséabond, et frotta. Des petits morceaux de sang séché vinrent s’incruster dans ses ongles. Des particules cramoisies se déposaient, telle une petite mosaïque dans les poils de ses bras. Elle devait retenir sa respiration, prise de quintes de toux lorsqu’elle inspirait de l’air frais.

« Chimène ! Qu’est-ce que tu fais ?

Elle se retourna et vit Germain. Elle avait des croûtes de sang sur toute la face et dans ses cheveux.

« Alaric m’a punie... avoua-t-elle en baissant la tête.
— Et de quel droit ? s’indigna le colosse.
—J’ai pris une pomme, je te jure je ne savais pas ! s’affola-t-elle, j’avais faim, et Alaric m’a surprise, battue, et m’a dit de nettoyer cette horreur. » Elle se mordit la lèvre d’appréhension.

« Il est grand temps que je cause à cet enfoiré... Lâche cette brosse et va à la rivière te laver, nous devions brûler cette caisse. Il s’est bien joué de toi... »

Elle ne se fit pas prier. Honteuse, elle courut hors du lugubre hospice. La rivière se trouvait en aval du camp, bordée d’arbres et joncs. Elle retira sa tunique et ses bottes en vitesse. L’eau clapotait joyeusement, et des tâches dorées égayaient sa surface. Avec la chaleur des derniers jours, l’eau était d’une tiédeur exquise. Des nuages de moustiques volaient à sa surface et des hydromètres patinaient sur sa surface cristalline. Les insectes, chassés par des étourneaux qui plongeait en piqué s’écartaient en bondissant, mais une malheureuse bestiole finissait toujours prisonnière dans leurs becs, s’envolant vers les nuées. Elle éprouva une sincère empathie pour les insectes sauteurs. Elle était pareille à eux, voguant sur une surface instable, un prédateur pouvant fendre vers elle et l’attraper dans son étau mortel.

Elle ne retira pas sa chemise, ne tenant pas à ce que quelqu’un voit sa marque. L’eau était tout de même un peu fraîche. Elle sentait ses pieds s’enfoncer dans le limon. Il n’y avait que très peu de courant, et elle s’en félicitait, n’étant que piètre nageuse. La jeune fille barbota quelque temps, et tenta quelques brasses maladroites. Soudain, un homme émergea des fourrés. Complètement nu, une énorme balafre scindait son torse poilu en deux. Sa tignasse hirsute tombait sur ses épaules, et une barbichette taillée en pointe lui chatouillait le haut de la poitrine. Court sur patte, ses petits yeux noirs pétillaient de malice. Il s’adressa à Chimène, qui avait détourné le regard.

« Tien ! En v’là un drôle de canard ! » dit-il, tout sourire. Les dents qu’il lui restait étaient gâtées. Chimène ne répondit pas, lorgnant l’autre rive. Peut-être qu’avec un bon appui, elle y arriverait d’un seul bond. Trop tard, il était là, juste devant elle, de l’eau jusqu’à la taille, une main n’attendant que d’être serrée sous son nez.

« Moi, c’est Jacques. Avec les cômrades, on t’a trouaé et cachi hernais ici, pas harguche d’voir que tu frétilles comme un merlan frit ! »
N’ayant aucune idée de comment un merlan frit pouvait frétiller, elle lui serra la main, dubitative, et très hésitante.

« Je m’appelle Chimène…
— C’t’un noum ça ? pouffa-t-il.
— Et vous n’auriez pas vu un garçon ? seize printemps, votre taille à peu près, il s’appelle Jacob ! il était avec moi ! »

Jacques fit la moue, voyant que la question la tracassait réellement, il fit quelques efforts sur sa locution.

« Y avait que toi dans le londe, et personne d’autre, j’t’assure. On y est r’trouné, rien trouvé.
— Mais les ruines, la statue.
— Mais de quoi tu causes ? Tu badrasses trop d’ailleurs ! »

Il s’éloigna de quelques brasses, plongea sous l’eau, s’amusa à faire des bulles. Il recrachait de l’eau à chaque fois que sa tête crevait la surface. Lors d’une ultime acrobatie, il fit le poirier, affichant sans aucune gêne ses parties à l’air. Chimène décida que le spectacle avait assez duré, et remonta sur la berge. Sa chemise de lin collait à sa peau, et de peur que la marque ne se voie au travers du tissu, elle se plaqua le dos contre un tronc.

« Quoi, tu pars déjà ? » demanda-t-il, déçu. Elle l’ignora, tentant d’attraper la tunique entre ses orteils.
« Bon, dans c’cas… Ce soir on organise une p’tite fête, tu viendras hein ? »

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
12 mai 2017 à 22:57:25

N’ayant aucune envie de se rendre à la fête annoncée par Jacques, elle partit se promener dans le camp. Elle se sentait désespérément seule. Ses parents devaient être effondrés de l’avoir perdue. Elle éprouvait de plus en plus l’envie et le besoin de rentrer chez elle. Les derniers rayons de soleil laissaient place à la lueur des torches et des feux qui s’allumaient un à un dans la pénombre des bois. Elle savait que Jacques l’avait suivi pour voir où elle habitait, et préférait se trouver un autre endroit pour passer la nuit. Soudain, ses deux bras furent saisis, et elle poussa un glapissement de terreur. De chaque côté, un homme la tenait, serrant ses bras dans l’angle de leurs coudes. Ils riaient. Ils se mirent à la trainer à travers le camp.

« Salut toi ! dit le premier, un roux au visage fin.
— On te cherchait pour la fête ! dit le second, qui lui envoyait sa queue de cheval brune à la face à chacun de ses mouvements.
— Lâchez-moi ! » rugit-elle, se débattant. Cependant, elle ne pouvait rivaliser face à la force combinée des deux hommes.

« T’étais plus facile à trimballer quand t’étais dans les pommes ! rigola le brun, et le roux s’esclaffa gaiment.
— Quoi ?
— Bah ouais, c’est nous qui t’avons trouvée ! répondit-il.
— Et vous avez vu Jacob ? » s’enquit-elle. Elle mordait sa lèvre d’appréhension. Les deux jeunes hommes se regardèrent, dubitatifs.
« Il est invité à la fête ? demanda le roux.
— Il était avec moi le jour où vous m’avez trouvé ! On était dans des ruines… s’impatientât-elle.
— Il n’y a pas de ruines dans la forêt… poursuivit le brun. Mis à part la nôtre. »

L’autre acquiesça piteusement.

« Je suis Valère, dit le roux. Je suis le cousin très très éloigné de Regan Merrick, un des généraux ici. » Il ponctua son geste en désignant fièrement les armes cousues sur son tabard. Un poing sinople brandi sur champ de gueules.
— Je sais, je le connais. Elle parvint à dégager le bras que lui tenait le jeune homme.
— Et comment ? demanda celui qui ne s’était pas encore présenté.
— Je suis l’échanson d’Ildibad, répliqua-t-elle, sur la défensive.
— Ouah, et bien on peut dire que t’as pas chômé ! J’pensais qu’il te mettrait avec les lessivières ! s’étonna-t-il. Je m’appelle Yannick, et toi ?
— Chimène. »

Les deux hommes pouffèrent.

« Il n’y a rien de drôle, répondit-elle, vexée.
— Tu viens d’où ?
— De la Vaupalière.
— Pas très loin d’chez toi, on dirait, constata Valère.
— Mais prend garde à toi, si tu t’enfuis, Ildibad aura ta peau, la prévint Yannick.
— La forêt est trop dangereuse de toute façon, répliqua-t-elle.
— Il n’y a ni loups, ni ours pourtant, dit Valère, se demandant de quoi elle voulait parler.
— Il y a les feux follets. Ils attirent les voyageurs de leurs lumières et … »

Elle fut interrompue par les deux hommes qui se tenaient les côtes, s’étouffant de rire.

« Les feux follets … » s’étrangla Yannick, tandis que Valère luttait pour tenir debout, affalé contre un tronc. Les larmes aux yeux, le rouquin efféminé tentait de reprendre son souffle.

« Nous n’avons pas peur des feux follets. Nous avons bien pire au camp, suis-nous, nous allons te montrer », dit alors Yannick, lugubre. Tout vestige d’euphorie avait disparu.

Intriguée par son changement brutal d’humeur, Chimène ne remarqua pas le sourire en coin de Valère. Ils marchèrent une petite minute, et Yannick les fit s’accroupir derrière une caisse. Trois hommes ripaillaient autour du feu. Les ombres et les flammes dansaient sur leurs peaux cireuses. Les cheveux longs et sombres, leurs traits étaient secs et anguleux. L’un d’eux portait à sa bouche une coupe en verre, un liquide rubis reposant à l’intérieur. C’était un sinistre spectacle qui s’offrait à eux.

« Voici Safwen Melian et ses deux fils, Aswin et Gawen », chuchota Yannick.

Elle reconnut le dernier. Il avait voulu l’abandonner dans la forêt quand elle avait rencontré Ildibad pour la première fois. Un malaise s’installait. Les trois hommes paraissaient démoniaques.

« Sire Safwen est au service des seigneurs de Neufcâstel depuis très longtemps. Aucun ne se rappelle de lui enfant, et l’on prétend qu’il naquit ainsi. »
Chimène regarda l’homme, dubitative. Il ne dépassait sûrement pas la cinquantaine.

« Regarde son blason, et dit moi ce que tu vois. »

Une bannière flottait mollement au-dessus du toit de la cabane. Trois chauvesouris de sable sur champ d’or.

« Des chauvesouris ? Elle commençait à frissonner, et la fraîcheur du crépuscule n’y était pour rien.
— Tu commences à comprendre ? demanda Yannick.
— Sophie me parlait de monstres buveurs de sang…
— Des vampires, compléta Valère. Tes feux follets font pâle figure à côté hein ?
— Toutes les pleines lunes, Ildibad leur offre un jeune en sacrifice, reprit Yannick. Ils se délectent de son sang, et n’en laissent que des os blancs sucés jusqu’à la moelle. Ça les tient tranquilles jusqu’à la prochaine fois.
— Mais ne t’inquiète pas, lui dit Valère, constatant qu’elle était devenue bien pâle, la prochaine pleine lune c’est… - il regarda le ciel- Oh ! C’est demain !
— Es-tu pucelle, Chimène ? demanda Yannick d’un ton professionnel. Il est dit qu’il préfère les vierges car… » Il ne put finir sa phrase, éclatant de rire, entraînant Valère avec lui.

Comprenant qu’ils s’étaient joués d’elle, sa peau vira au cramoisi, et elle s’éloigna, offensée. Les deux lascars la rattrapèrent.

« Ne boude pas ! Ces types aussi me flanquent la trouille ! lui dit Yannick en le prenant le bras.
— Lâche-moi ! elle se dégagea avec véhémence.
— Allez viens à la fête avec nous, pour être honnête, je meurs de faim ! dit Valère.
— Pas moi. » mentit-elle.

Son ventre la trahit, gargouillant comme jamais auparavant. Les deux comparses rirent de plus belle.

Un cochon de lait tournoyait au-dessus du feu, empalé sur sa broche. Ruisselant de graisse, les flammes le faisaient scintiller, tandis qu’un effluve exquis s’échappait de son fumet épicé. Un homme étalait du miel, et l’or visqueux dégoulinait sur ses flancs roses. Ménestrels et troubadours chantaient et faisaient jouer leurs doigts sur leurs instruments. Cornemuse, cithares, flûtes, tambours, violes, le tout produisait une cacophonie du diable, accompagnée des rires des convives.

Laissant Yannick et Valère à leurs agapes, elle s’arrêta écouter un rhapsode. L’homme, presqu’obèse, avait les cheveux gris, et une imposante moustache lui camouflait la bouche. Il portait les armes Arthis, comme Evrard. L’ours noir sur champ vert de chrome.

« Tu es la jeune fille que l’on a trouvée dans les bois ? Je m’appelle Éric. Veux-tu écouter la ballade d’Ingegarde ? »
Elle accepta, et le chevalier empoigna son luth.

« Oyez la formidable prédiction d’Ingegarde,
Qui sut nous avertir et guider not ’lumière,
Tandis que la nuit s’amassait aux alentours.

Hardi revenant des noyés, marqué bleuté
Il se lèvera Ebroïn, pour toi déchue.
Ta gloir’ que tu auras longuement contemplée,
Il te la redonnera, stoppant l’incongru.

Quand le brouillard aura éclipsé tes soleils
Il sera ta canne d’aveugl’, grand cygne majestueux
Tu déploieras tes larges ailes vermeilles
Et ton ombre grandiose recouvrira les cieux. »

Les dernières notes du morceau moururent, et Éric demanda : « Cela t’a-t-il plu ?
— Oui messire, répondit-elle avec politesse.
— Cette prédiction a été écrite il y a près de quatre cents ans, et jamais elle n’aurait été plus vraie qu’aujourd’hui. Ildibad aime à croire qu’il est le preux annoncé par cette fable, et il se plaît à ce que je lui joue. »

Valère revint vers elle, et l’arracha à Éric.

« Jacques veut te voir, il veut te présenter quelqu’un !
— Je ne veux pas voir Jacques ! Il est grossier… » se plaignit Chimène.

Faisant fi de ses protestations, le jeune Merrick la tira par le bras et l’attira vers l’un des feux. La moitié du cochon de lait avait été bien entamée. La première réaction de Chimène fut d’effectuer un geste de recul en apercevant Alaric, assis en tailleur. Il regardait le fond de son gobelet, maussade. Elle constata avec soulagement que Germain accompagnait Jacques. Éric les rejoignit. Un garçon d’environ son âge, décharné et d’un blond pisseux l’invita à s’assoir à ses côtés. Elle vit le vieil Arthis, l’air réprobateur qui observait la scène. D’abord récalcitrante à boire de la bière, elle se sentit obligée de consommer. La boisson était moussue, épaisse et chaude, et elle se forçait à lui faire traverser le gosier. William, le jeune, prenait tout à prétexte pour entrer en contact avec elle, lui touchant ses mains, affalant sa tête sur son épaule. Ils jouaient à des jeux impliquant de boire de grosses quantités d’alcool, de dévoiler ses secrets intimes et d’oublier sa dignité. La bière devint buvable, Alaric accommodant, les câlinages de William agréables et les blagues de Valère, drôles.

« Comme tous les villageois de tous les villages alentours, nous nous étions réfugiés à Roche-Bastion, racontait Yannick. On nous assurait qu’on ne risquerait rien dans ce castel-là. Ma mère avait flairé le coup, pas folle la bougresse. Avec quelques gens, nous décidâmes de fuir l’endroit avant l’arrivée des Aepaus. Cette forêt n’était qu’à quelques lieues, et nous nous mêlâmes à un groupe de bandits. Quand Ildibad vint à son tour se cacher, nous fûmes les premiers à l’accueillir et à lui jurer fidélité.
— À la santé d’Ildibad ! » clama William, levant haut sa choppe, répandant du liquide ambré sur Chimène. Ses compagnons de beuverie l’imitèrent, même si Éric semblait toujours hostile à trinquer avec un Hellébore.

« Et toi, Chimène, parle nous de toi », demanda Germain d’un ton bienveillant.
Elle rougit et gloussa : « Je gardais les moutons, puis un jour Jacob, mon cousin m’a emmené dans la forêt, et … je me suis réveillé ici, cette marque hideuse dans mon dos…
— Quelle marque ? interrogea Yannick.
— T’occupes. » grommela Alaric.

La discussion fut abrégée par l’arrivée de Regan Merrick, montant un palefroi alezan au regard fou, l’écume aux lèvres, naseaux dilatés et oreilles couchées. Le cavalier ne ménageait pas sa bête, et quand il lui fut donné l’ordre de se stopper, l’équidé continuait de piétiner sur place, ne sachant s’il devait poursuivre sa course endiablée. Piaffant, il craignait de se prendre une rouste par son propriétaire. Suivaient, en courant, Jordhan et Dohan, l’un d’eux tenant haut la bannière Merrick, et deux hommes d’armes. Regan mit le pied à terre, et avança d’un pas décidé vers eux. Chimène se recula, se disant qu’ils venaient la chercher. « Ils se sont lassés de moi, pensait-elle. Ils vont me renvoyer dans la forêt, et en pleine nuit … ». Cependant, c’est d’Alaric que se saisirent les soldats, et on le balança aux bottes de Regan. Ce dernier le regarda de haut.

« Tu es le frère de Médérick ? »

Alaric cracha la boue qui lui maculait les lèvres, avant de relever lentement les yeux vers le chevalier. Dans son grand manteau rouge, avec ses traits pointus, couplés à ses cheveux auburn et aux flammes qui éclaboussaient de lumière les lieux, Regan semblait comme un démon sortit des enfers.

« Ouais, grogna Alaric, se massant les reins.
— Connaissais-tu ses intentions ?
— Ses intentions… sûrement pas. Ses motifs probablement.
— Il est mort. »

Chimène ne sut dire s’il était affecté ou non. Alaric demeurait impassible.

« Il s’est rendu à Cenelle. Il a échoué dans sa tentative.
— Qu’a-t-il fait ?
— Il a essayé d’assassiner Karl Wiern à ses propres noces. »

Quand il entendit Wiern, toute neutralité quitta son visage.

« S’il s’avère que tu étais averti de ses projets, et que tu n’en as pas informé le seigneur Ildibad, tu perdras ta tête, menaça Regan.
— Je haïssais mon frère, nous ne nous parlions plus depuis des années, vous pouvez demander à qui vous voulez, répliqua Alaric.
— J’enquêterai, dans ce cas. J’espère pour toi que ne m’a pas pris pour une dupe. »

Il tournait les talons quand Alaric dit :

« De toute façon, Wiern, Ebroïn où Merrick, tous les mêmes. » Il cracha au sol, défiant du regard le noble.
« Plait-il ? demanda Regan, abasourdi.
— Nous autres, les gueux, nos vies vous sont bien misérables ! hurla-t-il. »

Germain s’interposa :

« Il est saoul, messire. Pardonnez le…
— Je vais bien ! Je les vois encore ! Toujours et encore ces magnifiques chevaliers vêtus de vert. Des villageois, innocents, qui grattaient la terre pour le mauvais seigneur, sûrement. Je me rappellerai toujours du cavalier de tête. Il était grand, beau, son fier plumier vert flottait au vent, accroché à son heaume rutilant. Mais le plus fascinant, c’était sa gigantesque épée à deux mains. Le seigneur Alexander Wiern trancha mon père en deux, de l’épaule jusqu’à la taille. Le cadavre n’est pas tombé immédiatement. On a tous eu le temps de voir les deux parties du corps se séparer, puis choir sur l’herbe rougie par le sang. Et l’on vient me blâmer parce que mon frère a voulu venger mon père ?! De quel droit ! qui vous… »

Alaric fut interrompu par Regan, qui posa sa main sur son épaule.

« Je comprends, dit-il, compatissant.
— Non ! contredit le jeune homme.
— Alaric, réprimanda Sire Merrick. Les motivations de ton frère sont louables, mais ses actes vont causer de lourdes répercussions. Il y aura une vengeance. Nous sommes tous menacés. »

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
14 mai 2017 à 12:23:12

Faudra que je lise tout ça, voir ce que tu as ajouté :oui:
J'aurais dû m'y lancer plus tôt néanmoins :noel:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
14 mai 2017 à 12:25:42

Le 14 mai 2017 à 12:23:12 HelpingFR a écrit :
Faudra que je lise tout ça, voir ce que tu as ajouté :oui:
J'aurais dû m'y lancer plus tôt néanmoins :noel:

Avec plaisir :oui: si tu veux je te donne un pdf :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
14 mai 2017 à 12:30:27

Par MP ? Pourquoi pas :hap:
Sinon, je peux me contenter de ce qu'il y a sur le forum pour l'instant, je suis habitué au format de toute façon :noel:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
14 mai 2017 à 16:52:56

Bon, j'ai lu le prélude, je peux voir que déjà, le début a changé comme tu l'avais annoncé :oui:

— Rien à faire de cette vieille folle et de ses contes à dormir debout ! » tempêta Jacob en levant les bras en l'air.

« En plus j'ai mon arc ! »

Il désigna du doigt l'arme passée en bandoulière.

Personnellement, j'aurai tout attaché ensemble :oui:
— Rien à faire de cette vieille folle et de ses contes à dormir debout ! tempêta Jacob en levant les bras en l'air. En plus j'ai mon arc ! »
Il désigna du doigt l'arme passée en bandoulière.

« Tu ne vas quand même pas aller là-dedans ? paniqua la jeune femme.

Paniqua ? C'est bizarre comme verbe pour un dialogue, je trouve :(

Bon, après, je crois que c'est la même chose que le précédent jet :oui:
Sinon, pourquoi un tel titre pour ce topic ? :hap:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
14 mai 2017 à 17:37:31

Le 14 mai 2017 à 16:52:56 HelpingFR a écrit :
Bon, j'ai lu le prélude, je peux voir que déjà, le début a changé comme tu l'avais annoncé :oui:

— Rien à faire de cette vieille folle et de ses contes à dormir debout ! » tempêta Jacob en levant les bras en l'air.

« En plus j'ai mon arc ! »

Il désigna du doigt l'arme passée en bandoulière.

Personnellement, j'aurai tout attaché ensemble :oui:
— Rien à faire de cette vieille folle et de ses contes à dormir debout ! tempêta Jacob en levant les bras en l'air. En plus j'ai mon arc ! »
Il désigna du doigt l'arme passée en bandoulière.

« Tu ne vas quand même pas aller là-dedans ? paniqua la jeune femme.

Paniqua ? C'est bizarre comme verbe pour un dialogue, je trouve :(

Bon, après, je crois que c'est la même chose que le précédent jet :oui:
Sinon, pourquoi un tel titre pour ce topic ? :hap:

Salve :hap:

Pour le titre c'est une expérimentation, je tente de faire un truc :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
16 mai 2017 à 18:54:53

Bon, j'ai zappé le chapitre de Karl car Brad soulignait qu'il n'y avait que quelques changements plutôt mineurs, et comme je m'en souvenais bien :oui:
Par contre, j'ai lu le suivant, je crois avoir noté quelques différences. Je me rappelle plus trop des scènes avec William.

J'ai noté aussi une petite coquille

quand ils hommes s’interrompirent brusquement, rouges de honte. Une silhouette se dévoilait à la lumière du feu.

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
16 mai 2017 à 19:01:58

Le 16 mai 2017 à 18:54:53 HelpingFR a écrit :
Bon, j'ai zappé le chapitre de Karl car Brad soulignait qu'il n'y avait que quelques changements plutôt mineurs, et comme je m'en souvenais bien :oui:
Par contre, j'ai lu le suivant, je crois avoir noté quelques différences. Je me rappelle plus trop des scènes avec William.

J'ai noté aussi une petite coquille

quand ils hommes s’interrompirent brusquement, rouges de honte. Une silhouette se dévoilait à la lumière du feu.

Merci pour la lecture !

Oui le chapitre de Karl reste le même :oui:

D'ailleurs j'ai regardé la faute avait déjà été corrigée sur mon pdf :hap:

Message édité le 16 mai 2017 à 19:03:09 par LePerenolonch
HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
16 mai 2017 à 19:04:52

J'attaque le prochain demain :oui:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
17 mai 2017 à 19:57:04

Bon, premier chapitre "inédit" lu :noel:

Enfin, on voit sous le regard de Déo :noel: On découvre un peu plus ces deux personnages, j'aime beaucoup la partie qui se focalise sur les stratégies dissuasives pour faire croire que la forêt est hantée :oui:
Je me rappelle plus trop du cygne, c'est un ajout ? :(

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
17 mai 2017 à 20:03:59

Le 17 mai 2017 à 19:57:04 HelpingFR a écrit :
Bon, premier chapitre "inédit" lu :noel:

:ok:

Enfin, on voit sous le regard de Déo :noel: On découvre un peu plus ces deux personnages, j'aime beaucoup la partie qui se focalise sur les stratégies dissuasives pour faire croire que la forêt est hantée :oui:

J'aimais bien l'idée aussi :hap:

Je me rappelle plus trop du cygne, c'est un ajout ? :(

Oui, c'est un ajout, un peu ancien, but still :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
17 mai 2017 à 20:16:13

Bon, par contre, pour les chapitres déjà existants, j'aimerais bien que tu m'indique les passages que tu as modifié pour que je puisse vraiment me faire un avis sur les dites modifications :oui:
Si possible :oui:

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
17 mai 2017 à 20:24:09

Alors t'en es au chapitre 4.

Chapitre 5 : chapitre inédit

Chapitre 6 : C'est le chapitre de découverte d'Edmond, j'ai fait quelques corrections mais rien de fou

Chapitre 7 : Convalescence de Chimène + découverte de la marque, ça change pas trop, y a juste quelques éléments en plus dans ses visions du départ :hap:

Chapitre 8 : chapitre inédit

Chapitre 9 : inédit

Chapitre 10 : le début est inédit, après ça ressemble beaucoup au mariage de Karl et Domitille

Chapitre 11 : Presque pareil que le chapitre 6, ou Chimène vit sa nouvelle vie, et la fête.

Chapitre 12 : inédit

Chapitre 13 : inédit

Chapitre 14 : Le groin du porc, rencontre avec Jules Helébore, des changements vers la fin (escarmouche plus détaillée)

chapitre 15 : Rajout d'une scène de seykes

chapitre 16 : inédit

:hap:

Voila pour l'instant :hap:

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
17 mai 2017 à 20:27:52

Hmm, je vais devoir accélérer si je veux arriver au chapitre 15 rapidement https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1465843418-img1.png

LePerenolonch LePerenolonch
MP
Niveau 10
17 mai 2017 à 20:28:55

Le 17 mai 2017 à 20:27:52 HelpingFR a écrit :
Hmm, je vais devoir accélérer si je veux arriver au chapitre 15 rapidement https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1465843418-img1.png

Le 17 mai 2017 à 20:27:52 HelpingFR a écrit :
Hmm, je vais devoir accélérer si je veux arriver au chapitre 15 rapidement https://image.noelshack.com/fichiers/2016/24/1465843418-img1.png

Plus ça dure mieux c'est :)

Plus c'est dur mieux c'est :)

DébutPage précedente
Page suivanteFin
Répondre
Prévisu
?
Victime de harcèlement en ligne : comment réagir ?
La vidéo du moment