[TROISIÈME PARTIE : Apocalypse]

CHAPITRE 37 : NUAGES DE DESESPOIR
[Cair Andros, Gondor]

Celemmir, Prince d’Ithilien et Intendant du Gondor, se tenait debout dans une petite pièce, dos à une étroite fenêtre qui donnait sur la cour centrale de la forteresse de Cair Andros. Il était inquiet.

Inquiet parce que le Gondor était toujours en guerre, et que l’ennemi – la coalition Orientale menée par Kanshaar, Durbrod le Noir et le Comte Beleg – déployait des armées qui semblaient innombrables et inépuisables. Inquiet parce que Cair Andros était, huit ans après le début de cette grande guerre, la première ligne de défense du Gondor, et que les Uruks et les Orientaux avaient commencé à envahir l’Ithilien. Mais surtout inquiet parce que, face à lui, le Roi du Gondor montrait une colère d’une intensité rare.

Faisant les cent-pas pour tenter vainement de se calmer, le Roi Elendur écumait de rage. Celemmir savait que la quatrième armée qu’il avait envoyé à l’est pour lever le siège de Minas Ithil avait été elle aussi mise en déroute. Eärtir, le Prince de Dol Amroth, était mort d’une blessure mortelle en défendant les vassaux Haradrim du Gondor contre les Orientaux et les Variags au Sud. Les armées du Sud étaient privées de leur premier capitaine.
Les sauvages du pays de Dun assiégeaient maintenant Tharbad, rendant impossible tout envoi de renfort depuis Arnor excepté par les mers, et la flotte du Royaume Réunifié était encore en cours de construction à Dol Amroth.

Mais Celemmir avait connu Elendur durant les quatre décennies qu’avait duré son règne. Il était ce qui se rapprochait le plus d’un ami pour le Roi du Royaume Réunifié. La situation du Gondor semblait critique, mais même en des heures si sombres Elendur ne devrait pas ainsi céder à une colère telle que celle-ci.

" Mon Roi, demanda-t-il prudemment au bout de quelques minutes. Quel est votre chagrin ?"
Elendur s’arrêta net au milieu de ses pas, et au prix d’un effort monumental pour se maîtriser, se tourna vers son Intendant et ami.

- Je viens de recevoir plusieurs missives du Sud. La nausée me vient à la seule pensée de leur contenu.
- Les armées du Sud ? Que leur est-il arrivé ?
- Non Celemmir. Le Grand Sud. Je parle de nos alliés du Bellakar et des terres lointaines du Harad."

Celemmir choisit le silence, et attendit que son Roi reprenne.

" Voilà plusieurs années que les renseignements que je reçois du Grand Sud sont incohérents. On parle de soulèvements de clans barbares, de guerres civiles, et d’invasions de nomades.
- Des nouvelles qui ne sortent pas de l’ordinaire pour cette région du monde corrompue par l’Ombre, commenta Celemmir.
- N’en soit pas si sûr. Il y a six mois, j’ai appris que nombre de peuples s’étaient fédérés en une grande Alliance de Suderons, et attaquaient tous les royaumes côtiers de la Terre du Milieu. Même les Noirs sauvages des Mûmakan se sont soulevés.

Celemmir se figea alors. Une alliance de peuplades Haradrim ? Maintenant ?

- Le Bellakar est particulièrement visé, à la fois par des pirates et par des sauvages du désert. Nous leur avons apporté une aide financière, mais rien n’y fait. Leurs ennemis sont trop nombreux."

Le Prince d’Ithilien réfléchissait à présent à toute vitesse. Le timing était trop parfait pour que ce soit une coïncidence. Au moment exact ou les peuples Orientaux s’étaient alliés contre le Gondor …
Mais la véritable interrogation restait celle de cette alliance elle-même. Qui pouvait avoir fédéré tous ces Moricauds et Suderons ? Le Gondor n’avait jamais entendu parler d’un homme capable d’un tel exploit dans le Sud. Kanshaar et Beleg le Traître ne pouvaient avoir le bras aussi long …

Perdu dans ses réflexions, Celemmir leva un regard intrigué vers son roi, et ses pensées s’interrompirent. La rage n’avait pas quitté les yeux d’Elendur, et Celemmir y distinguait quelque chose d’autre à présent. De la peur ? Ou était-ce quelque chose d’autre, de plus subconscient et primordial, qui se tordait derrière les pupilles du Roi ?

" Vous ne m’avez pas tout dit, Majesté ?

Après avoir pris une longue inspiration, Elendur s’assit sur un fauteuil en bois.

- Un homme du Sud s’est élevé contre les assauts de l’Alliance des Suderons, et a rassemblé tous les royaumes des côtes. Il a mis fin à leurs querelles internes et les a fondus en un Empire unique. J'ai reçu avant-hier une missive datant d'il y a quinze jours à ce sujet.
- Un homme du Sud ? demanda Celemmir, incertain.
- Il dit se nommer Araglas de Khâradûne, et revendique l’héritage de l’Ouistrenesse, asséna Elendur. Il nous a annoncé la fondation de ce qu’il appelle le Second Empire Numenorréen. Et le Bellakar a été absorbé dans cet Empire."

C’était beaucoup d’informations à avaler, même pour le Prince d’Ithilien. Mais le coup était particulièrement dur pour le Roi, Celemmir le comprenait. Cet homme, qui qu’il était, et qui portait le nom du défunt fils d’Elendur, avait en un laps de temps ridicule créé une nation considérable. S’il se rappelait des anciennes cartes du Continent, les royaumes en exil de l’Ouistrenesse s’étendaient sur des dizaines de milliers de milles, d’Umbar jusqu’au Grand Cap à la fin des terres du Sud.

" Cet Araglas … qui est-il ? s’enquit doucement Celemmir.
- Un homme de l’Ombre, sans aucun doute ! s’exclama Elendur. Peu importe si ses revendications sont vraies ou non, cet Araglas a créé un empire de Numenorréens Noirs ! Il a ramené à la vie une menace qui aurait dû périr il y a des millénaires !

- Mais le culte du Noir a disparu depuis longtemps, mon Roi. Même parmi les tribus incultes du Sud, Sauron n’est plus qu’un souvenir …
- Je refuse de fermer les yeux sur un risque pareil, Celemmir. Voir le retour de la Numenor Noire serait le coup final pour notre royaume.
- Sire, ne disiez-vous pas que l’empire de cet Araglas s’était élevé contre l’Alliance des Moricauds ?"

S’attirer les foudres de son Roi était quelque chose que Celemmir détestait. D’autant plus que le regard d’Elendur était terrifiant en cet instant.

" D’après mes espions au Bellakar, depuis deux semaines, ce « Second Empire des Numenorréens » comme Araglas l’appelle a remporté plusieurs victoires spectaculaires sur leurs assaillants. Les nomades du désert ont été mis en déroute, et les pirates venus d’une terre nommée Tûlwang ont été totalement subjugués.
- Il arrive à repousser l’Alliance des Suderons ?
- Je n’ai que peu d’informations, mais il semblerait que les peuplades du grand Harad aient déjà commencé à se désorganiser, et leurs conflits internes sapent leur efficacité contre les armées du Second Empire.

- N’est-ce pas là une bonne nouvelle, Sire ? s’avança prudemment l’Intendant. Si cet Araglas est déterminé à défaire cette Fédération de Moricauds sans que nous ayons à intervenir, nous pourrions y gagner un allié de choix !
- En à peine un ou deux mois il a réorganisé près d’une dizaine de royaumes et les a absorbés dans un empire dont nous ne savons rien, et met déjà une alliance gigantesque de Moricauds sur la défensive ? Vers où croyez-vous que son envie de conquêtes se tournera une fois qu’il en aura fini avec eux, Celemmir ?
- Sauf votre respect, Majesté, répondit Celemmir avec circonspection, nous avons besoin d’alliés. Le Rohan est embourbé dans son propre conflit face au Pays de Dun, et les Haradrim sont assiégés par notre ennemi. Araglas de Khâradûne est peut-être notre meilleur espoir de victoire face à Kanshaar.

- Comment pouvez-vous dire une chose pareille, Prince Celemmir ? dit le Roi d’une voix plus dure que le roc.
- Sire … Roi Elendur, nous perdons la guerre, dit doucement un Prince d’Ithilien craignant à présent pour sa tête. Nos armées sont trop peu nombreuses pour faire face aux hordes de Durbrod. Et les citoyens du Royaume grondent. Nous avons perdu leur confiance dans cette guerre."

Elendur se força à se calmer. Celemmir avait raison. Les Dunedain étaient tombés en disgrâce auprès des hommes du Gondor. Trop peu nombreux à présent, ils en étaient d’autant plus visibles, et d’autant plus excentrés du reste du Royaume. La longue défaite était pour beaucoup au Gondor la preuve que les lignées des Dunedain n’étaient plus aptes à régner.
Et il y avait le cas de Beleg. Maudit soit-il, et son fils avec lui ! Nul ne savait ce qu’il infligeait aux généraux qu’il capturait, mais ceux d’entre eux qui partageaient un lien de parenté avec Elendur – que ce soit des oncles ou des cousins – réapparaissaient à la tête de hordes d’Orientaux, et accomplissaient des massacres sans nom dans les terres Haradrim ou au Rhovanion.

Comment ne pas comprendre le citoyen ordinaire du Gondor quand il prétend que les Dunedain ne sont plus dignes de confiance ? Qu’à tout moment il peut perdre la raison et commettre des atrocités ?
C’était vrai. Celemmir avait raison. Les hommes et les femmes du Gondor n’avaient plus foi en leurs seigneurs. Cependant …

" C’est peut-être la meilleure raison qui me vienne à l’esprit pour ne pas vouloir de cet Araglas au Gondor. S’il sort victorieux de sa propre guerre, rien ne l’empêcherait de tenter de revendiquer la suzeraineté sur le Gondor et l’Arnor. Je refuse qu’un arriviste du Sud, surtout un Numenorréen Noir, puisse contester la légitimité de ma lignée."

Celemmir hocha la tête. Il comprenait le point de vue du Roi. Le Comte Beleg avait rendu la position du Roi impossible à tenir par sa traîtrise.

" Dans ce cas, Sire, je ne puis décider pour vous. Mais quand l’heure viendra, vous serez peut-être forcé de choisir entre votre lignée, et la survie du Royaume.
- Mes deux fils sont morts, ricana Elendur, ma lignée ne tient qu’à un fil, et grâce à Beleg presque tous mes cousins pouvant encore donner un fils sur le trône cherchent à présent à détruire le Gondor. Le choix ne sera peut-être pas si difficile après to …."

Il fut interrompu par l’appel strident d’un clairon. Celui des gardes en faction aux postes de garde à l’Est.

Celemmir et Elendur se dirigèrent tous les deux vers la fenêtre. L’appel signalait l’ouverture des portes Est de la forteresse. Une douzaine de cavaliers passèrent les portes au pas.
D’abord en formation serrée, ils s’écartèrent une fois à l’intérieur de la cour pour révéler un prisonnier juché sur un cheval, les bras attachés derrière son dos. Le Roi retint son souffle, avant qu’un sourire mauvais ne s’étire sur son visage.
Le Comte Beleg avait enfin été capturé.

• Disclaimer: j'ai écrit ce chapitre dans un état de bourrassitude assez avancé, pardon d'avance s'il y a des fautes ou si vs avez du mal à suivre

Malgré ton état de "bourrassitude" je n'ai eu aucun mal à lire ton chapitre, je l'ai même trouvé bon !

On en apprend plus sur la situation de la terre du mileu lors de cette guerre et ça fait plaisir !

J'en viens à théoriser sur le fait que le RP se passe pendant une période ou le Gondor perd cette guerre

Merci Golgoth C'est un peu ce que je cherchais à faire, c'est vrai que ma FIC manque parfois un peu d'exposition ...

Et si j'ai la déter, la suite viendra ce soir

Ça fait plaisir de voir que t'es à fond !

UP

UP

UP

Première fois que Thana se fait autant désirer par ses lecteurs.

son lecteur*

Désolé les gars, les études me prennent pas mal de temps, mais je vais tout de même vous offrir un chapitre supplémentaire avant ce weekend, parce qu'avec la beta de BF2 je vais plus avoir de vie

Je ne suis pas le seul, il y a Territory et sûrement des ghost fag

Ce rpg qui ne viendra jamais T'inquiètes Thana

Alors, heureux ?

J'ai pris un peu de retard pour être honnête, mais compte sur moi pour finir ta FIC
D'ailleurs je me demandais, ta FIC est vraiment longue, autant qu'un vrai roman à mon avis, à ton avis ça ferrais un bouquin de combien de pages si tout était imprimé (en grand format avec une police bien visible par exemple) ? Tu te donnes vraiment du mal

Si tu aimes écrire autant que tu le montres à travers cette FIC, tu devrais t'essayer à écrire un bouquin de A à Z ou au moins proposer quelque chose à un éditeur, même une simple nouvelle
Enfin je ne fais qu'une suggestion, je trouve que tu as un gros potentiel et si tu t'intéressais davantage à tout ça tu pourrais devenir excellent au fil des années
Entre l'histoire bien ficelée et se dévoilant petit à petit, les descriptions avec un vocabulaire impeccable, le rythme des chapitres bien équilibré entre le côté Andunion et le côté Zigûrun, les personnages et les dialogues intéressants (les manipulations de Lammen Gorthaur sont vraiment bien écrites, je n'aurais pas envie de lui parler de peur qu'il me manipule aussi ), la fidélité à l'univers de Tolkien, ça en fait vraiment un récit excellent pour une FIC amateur sur JVC quoi... chapeau bas

T'essayerais pas de gagner mes faveurs des fois Terrine ?
Parce que là ... tu réussis

Je veux absolument pas publier ça, c'est vraiment quelque chose que je fais comme passe temps, j'aimerais pas l'idée de diffuser à grande échelle (pas tout de suite en tout cas ^^'), mais la suggestion reste bienvenue Pour l'instant je dirais que le tout tient en une grosse centaine de pages, max 200

Merci en tout cas pour cette belle réception ! Clairement ta critique signifie que j'ai réussi mon objectif, à savoir créer un "méchant" évolutif, qui aurait un développement propre, et parallèle à celui du gentil (pas un défi facile dans le monde de Tolkien )

Quand à Lammen Gorthaur c'était bien le but petit easter-egg d'ailleurs, ce nom signifie vraiment Bouche de Sauron (enfin, la Voix de l'Abhorré, puisqu'en Sindarin Sauron était appelé "Gorthaur") , et pour le film du Retour du Roi les mots "Lammen Gorthaur" avaient été marqués sur son casque

Oui je savais pour l'easter egg

Et pour ce qui est de montrer tes travaux à un éditeur, je ne parlais pas de cette FIC là, mais d'une potentielle autre histoire que tu créerais de toute pièce sans te baser sur l'univers de Tolkien, puisque l'univers de cette FIC n'est pas de toi (hormis les personnages et les lieux propres à ton récit, mais tu as compris), un récit que tu construirais dans sa totalité quoi
Après comme je te l'ai dis ça reste une suggestion, en tout cas tu sais gérer l'intrigue ça c'est sûr

Je suis entièrement d'accord avec Territory... J'aimerai beaucoup avoir ton niveau car je t'avoue que d'écrire un livre me ferai kiffer... ( peut-être quand je serai à la retraite... C'est pas près d'arriver )

Je te lis ça demain

La FIC qui est pas en première page

Passage en page 3, on croit rêver

Mais pas d'inquiétude, la suite demain (si tout va bien )