C'est toujours une habitude quand je découvre un réalisateur de me lancer dans une première œuvre ayant une durée raisonnable afin d'éviter une éventuelle déception (je pense par exemple aux "Anges Déchus" de WKW). J'ai appliqué pour la première fois ce procédé avec Rashomon pour découvrir Kurosawa et la Rue Rouge de Lang et à chaque fois ça s'est avéré on ne peut plus payant vu que j'en viens à quasiment vénérer ces 2 réalisateurs. Comme j'ai dit juste au dessus, j'ai eu aussi la déception avec WKW mais c'est pas pour autant que je vais larguer sa filmo aux chiottes.

Tout ça pour en arriver au fait que j'ai bien évidemment appliqué ce processus pour Mallick, un réalisateur que je craignais un peu tant les avis étaient partagés (il y a qu'à voir ce forum après tout) mais surprise, eh bien je me suis trouvé devant un (très) bon film. Pourtant c'était mal parti dès le début avec cette voix off de petite fille se plaignant de cette époque sordide, de problèmes sociaux et du genre humain. Un récit qui se plaint pour moi est un mauvais récit et j'avais l'impression de me retrouver face à un mauvais drame français. Je n'aime pas quand on me parasite le visionnage avec des dialogues de rancœur, je préfère découvrir l'époque et ses problèmes sans qu'une exaspérante gamine me décrive la situation du haut de sa petite voix qui me donnerait envie de la jeter sous une moissonneuse batteuse.

Ceci dit, à partir du moment où elle la ferme pour un bon moment, le scénario va prendre plus d'ampleur car au delà de ça, le début du quotidien de Gere et les autres travailleurs ne m'intéressait pas. À partir du moment où cet immonde co**ard va mettre en place son plan, là le film va nous agripper à la gorge pour ne plus nous lâcher. J'ai décelé une vraie tension dans les dernières minutes du film (chose que je ne pensais pas possible en ayant entendu toutes les critiques sur Mallick), ce qui était en totale opposition avec un début beaucoup plus posé.

Car parlons en des personnages, j'ai apprécié l'audace de Mallick à mettre en personnages principaux un véritable manipulateur vénal exerçant une emprise malsaine sur sa petite amie qui au final n'est pas à sauver non plus. J'avais une rancoeur persistante envers ces 2 là mais j'ai adoré cette audace de nous livrer des personnages assez répugnants comme principaux. Idem pour la gamine où Mallick ose la filmer en train de fumer. Sincèrement il y a de l'audace dans ce film et à mes yeux seul le riche patron est à sauver de tout ce récit car il est la seule réelle victime là où le vieux traite les travailleurs comme des chiens.

Le film prendra vraiment de l'ampleur en nous offrant quelque chose de déchirant et sans répit enfonçant cette famille dans une spirale dont ils ne sauront pas se défaire et qui les dépassera. On transite vraiment du paisible au chaotique et c'est cela la plus grande surprise de ce film. C'est la réelle tragédie que nous propose ce réalisateur, la catharsis par excellence. Et ce Richard Gere, j'ai rarement vu un personnage aussi méprisant dans un film et ça c'est synonyme d'une excellente interprétation là où sa petite amie et sa sœur seront on ne peut plus transparents.

Et puis l'esthétique du film et les plans sont juste à tomber par terre. Chaque scène est travaillée et cette faculté à nous proposer toujours de nouveaux plans travaillés malgré un décor simple, rudimentaire mais beau est à souligner. Mallick jongle allègrement avec les lumières et les effets pour nous offrir un rendu esthétique fascinant. Cette manière de filmer la nature dans son ensemble me fait penser à Kurosawa. Mallick la magnifie et lui donne une véritable âme mais également au décor environnant avec cette ferme et cette grange. On peut vraiment parler d'une mise en scène remarquable, vraie et donc sans artifices.

Là où la tragédie et l'esthétique côtoient la reconstruction historique fidèle, on assiste ici à un film créé par un passionné pour les amoureux d'ambiance et d'esthétique. Un très bon aperçu de ce réalisateur via ce premier film et c'est avec plaisir que j'explorerai son œuvre.

C'est vrai que quand on voit la durée modeste du film et qu'on voit le synopsis, on s'inquiète un peu.

Mais après, quelle claque. Wow.

Et visuellement, n'importe quelle bille en cinéma peut néanmoins constater la qualité époustouflante de ce film sur le plan visuel. J'ai vu ce qui devait forcément être une version remasterisée, franchement ça envoyait du lourd de ce coté là.

Bon et puis voir Sam Shepard jeune et mince, ça fait tout bizarre

Le seul Malick que je n'apprécie que moyennement personnellement.

Vu hier.
J'ai adoré. Je ne savais même pas que le film avait pour réalisateur T. Malick jusqu'à ce que je vois son nom au générique de début. Je me suis dit : "Bah, on verra ce que ça donne." Car si j'avais bien aimé TTOL j'avoue que la première partie avec les images de l'univers, etc ... c'est un peu spécial. Puis je n'avais pas non plus été subjugé par La ligne rouge.
Et bien Les moissons du ciel m'a lui transporté. On a certes la voix off chère au réal, mais celle-ci sert assez bien l'histoire, s'y inscrit bien.
Les décors sont magnifiques, la façon dont les paysages, les animaux sont filmés est géniale, pour un magnifique résultat visuel. Et que dire de cette musique

Le seul petit bémol que je mettrais au film concerne l'exploitation des personnages. Je trouve que quelques scènes nous montrant leur ressenti n'auraient pas forcément été de trop.
Mention spéciale à Richard Gere que j'ai trouvé très bon

En tout cas c'est un super beau film

Je trouve que quelques scènes nous montrant leur ressenti n'auraient pas forcément été de trop.

Je me faisais presque la même réflexion mais Malick a un tel sens de la concision qu'il arrive à bien étaler ses personnages et son histoire en très peu de temps.

Oui il étale bien l'histoire et les personnages comme tu dis, mais je trouve que ça manque d'un peu de profondeur. Je pense que le film y aurait sans doute gagné.
Après ce n'est que mon point de vue

Je fais un gros UP mais j'ai une question par rapport au film

Déjà je tiens à préciser que j'ai été ébloui par ce film: je l'ai vu récemment et cette façon de filmer, cette photographie, ces musiques... c'était excellent (j'ai même eu des frissons de plaisir avec certaines musiques comme "on the road").
Du coup, émotionnellement je trouve ce film génial.
Par contre j'ai un petit problème par rapport à la fin du film, et j'ai l'impression d'être le seul à me la poser donc je me sens très con
SPOILER:

En fait, ça m'énerve de ne pas réellement savoir ce qui se passe entre la mort de Richard Gere et les dernières minutes du film : au vu des habits d'abby elle ne semble plus être dans le besoin, comment a t'elle fait ? Ne s'est elle pas fait arrêté par la police après la mort de son amant ?
et on est d'accord que la garderie à la fin c'est l'ancienne maison du fermier ?

Fin du SPOILER

après il est possible que j'ai râté une scène importante, mais je suis très "terre à terre" pour ce qui est du scénario d'un film, donc si certaines choses ne sont pas détaillés ça peut me faire titiller x)
mais sinon ça reste un excellent film

Si et si, si jamais il passe actuellement sur Arte

J'ai dont consacré ce week-end au Terrence Malick Après la balade sauvage, place moissons du ciel. Je ne connaissais de Malick que Tree of life, que j'ai plutôt apprécié sans être transcendé.

Enfin pour les moissons du ciel, j'ai globalement préféré à la balade sauvage. Je dirai même que c'est mon préféré de Malick pour le moment. C'est simple, beau, finement écrit et mise en scène.
Des champs de blé à perte de vue et la beauté du ciel qui inonde l'image. Visuellement j'ai trouvé ça réussi et immersif.
La narration est vachement bien foutue aussi, le film fait une sort de boucle de la première moisson du début jusqu'à la suivante qui tourne mal suite au plan tordu du Richard Geere qui incitr sa petite amie à fricoter avec le fermier riche. J'ai bien aimé le personnage de la petite soeur qui commente et nous fait vivre le récit de son point de vue. Seul petit bémol c'est sa voix off qui est de trop à des moments et sert à rien ; comme si on était trop con pour ne pas saisir les enjeux de ce qu'il se passe.
Il fait beaucoup référence au divin, comme dans Tree of life. Aussi bien par rapport aux événements qui surviennent (l'apocalypse avec la nuée de sauterelles qui détruits les récoltes) que par rapport au sens que prend l'histoire (cet homme qui envoi sa femme draguer "le diable", apparemment c'est tiré de la bible).

Le 01 mars 2019 à 00:42:30 :
Je fais un gros UP mais j'ai une question par rapport au film

Déjà je tiens à préciser que j'ai été ébloui par ce film: je l'ai vu récemment et cette façon de filmer, cette photographie, ces musiques... c'était excellent (j'ai même eu des frissons de plaisir avec certaines musiques comme "on the road").
Du coup, émotionnellement je trouve ce film génial.
Par contre j'ai un petit problème par rapport à la fin du film, et j'ai l'impression d'être le seul à me la poser donc je me sens très con
SPOILER:

En fait, ça m'énerve de ne pas réellement savoir ce qui se passe entre la mort de Richard Gere et les dernières minutes du film : au vu des habits d'abby elle ne semble plus être dans le besoin, comment a t'elle fait ? Ne s'est elle pas fait arrêté par la police après la mort de son amant ?
et on est d'accord que la garderie à la fin c'est l'ancienne maison du fermier ?

Fin du SPOILER

après il est possible que j'ai râté une scène importante, mais je suis très "terre à terre" pour ce qui est du scénario d'un film, donc si certaines choses ne sont pas détaillés ça peut me faire titiller x)
mais sinon ça reste un excellent film

Il s'avère qu'à la fin lorsque je l'ai vu habillé plutôt chic et en attente dans la rue, l'idée qu'elle soit devenu prostitué m'a effleuré l'esprit

Finalement je me suis dit qu'elle a simplement continué sa vie, et elle est retourné en ville malgré elle. En effet dans le film elle dit ne jamais vouloir retourner en ville lorsque Bill son petit ami lii suggère New-York. Elle préfère le Wyoming et ses entendues sauvages.

Cette fin laisse à suggérer qu'elle a du faire autrement, et oublier son idéal du Wyoming. Cela reste assez mystérieux.

Faudrait que je revois ce film une deuxième fois

Quand je suis entré dans ce film j'ai eu l'impression d'entrer dans un musée ! Cette enchainement de séquences courtes à l'esthétique très soignée sont semblable à une galerie de tableau, Malick nous peint la vie de tous les jours dans ce sublime domaine entouré de champs de blé et il trouve toujours une nouvelle lumière, un nouveau point de vue pour rendre chaque plan sublime.
J'ai trouvé le ton parfaitement maitrisé, qu'il soit léger comme au début ou plus dramatique comme à la fin SpoilAfficherMasquerla scène de l'incendie m'a bluffé, la montée d'intensité est tellement brusque, elle nous prend à la gorge comme la fumée qui se dégage des flammes, ce revirement est intelligemment amené par les variations soudaines de lumières, on ne voit plus que des ombres et ce malgré l'incandescence du feu
Cette photographie virtuose nous amène au plus proche des personnages, on est comme embarqué avec eux dans ces grands espaces texans, dans lesquels on va suivre un genre de triangle amoureux, marqué par la lutte des classes. Les scènes de désir sont justes et subtiles, contenues dans un magnifique cadre bucolique.
Selon moi c'est donc tout simplement un très beau film et j'ai hâte de voir les autres films de Terrence Malick !

De Terence Malick et adapté de son propre scénario.
avec Richard Gere, Brook adams et sam Shepard.
sur une OST anxiogène, veloutée et douce d'un certain ennio Morricone
https://youtu.be/5T-nS4F2X7Q
le récit d'un homme ( Bill), de sa femme et de la petite soeur de celle-ci fuyant l'industrialisation à Chicago au début du 20eme siècle pour travailler dans les champs de blé au Texas.
Là ils vont rencontrer un jeune et riche exploitant à la maladie incurable mais lente.
Un stratagème diabolique se mettra en place.
le film se veut un mélodrame, mais la surprise vient de sa légèreté pour le Genre d'habitude empreint d'une certaine lourdeur ou dureté. c'est le cas ici aussi mais c'est entrecoupé de longue séquence sur les champs environnants, le passage des saisons ou l'arrivée des sauterelles et d'une fournaise, lui conférant un détachement limite Métaphysique ou fantastique comme coupé du temps par la pertinence de son imagerie.
Du trés bon.