Autant le dire tout de suite, avec Farming Simulator 2011, vous ne serez pas ennuyé avec les histoires d'OGM, de culture bio, de quotas laitiers et autres subventions gouvernementales. Et pas question non plus de déverser ses excédents agricoles devant les grilles de la Préfecture ou de parader au Salon de l'Agriculture ! Non, ici, vous incarnez le gentil fermier qui laboure, sème, fertilise et récolte inlassablement sans sortir de son domaine. Son seul but, c'est de vendre ses quatre céréales (blé, orge, maïs, colza) et d'acheter de nouvelles machines qui, une fois acquises, permettent de recommencer le processus un peu plus vite.

Concrètement, avec deux vieux tracteurs, deux moissonneuses-batteuses antédiluviennes et quelques équipements non moins archaïques, vous commencez à travailler vos champs en zappant d'un engin à l'autre avec la touche TAB (ou RT avec une manette Xbox 360). Un système de gestion automatique permet de lancer les différents processus. Pour labourer par exemple, vous positionnez le tracteur à un angle du terrain et celui-ci se charge de le travailler jusqu'au bout en effectuant les demi-tours tout seul comme un grand. A ce stade, on réalise toute l'imperfection de cette gestion automatique. D'abord, si vous placez légèrement le tracteur en biais dès le départ, une partie de la parcelle est oubliée et doit être reprise manuellement. Ensuite, le système n'est pas disponible pour tous les types de véhicules. Surtout, pas question d'automatiser la logistique : pour envoyer son blé au moulin à grains, son orge à la brasserie ou simplement pour transférer sa moissonneuse d'un champ à l'autre, vous prenez le volant sans le lâcher jusqu'à destination. Et là, force est de constater que comme dans la précédente édition, cette conduite défie inlassablement les lois de la physique et de la gravité. Foncez tout droit plutôt que de contourner la colline et votre remorque chargée à ras bord reste bien sagement derrière votre tracteur dans la pente à 45° ! Prenez un virage un peu serré et la remorque suit sur une seule roue, mais uniquement parce que l'attelage du tracteur la soulève. Et dans tous les cas, il est impossible de renverser un véhicule. Côté réalisme, on a fait mieux !

Tout cela est d'autant plus gênant que la conduite est au cœur du gameplay. La partie gestion reste en effet réduite à peau de chagrin. Pas de crédit à la banque, pas d'aspect financier digne de ce nom, une incidence de la météo quasi nulle (impossible de récolter pendant l'averse reste la seule contrainte) et quatre types de culture seulement. Et ça, ça n'a pas changé si on se réfère à la version 2009. Certes, en introduisant l'élevage bovin, les concepteurs ont fait un petit effort mais n'espérez pas descendre du tracteur pour aller tâter le pis des vaches ! Là aussi, la limite est vite atteinte. Si vous leur donnez de quoi se nourrir, elles produiront du lait et du fumier. Et c'est à peu près tout. Dommage, et surtout frustrant puisque le jeu, qui avait le mérite de l'originalité, a mis l'effort ailleurs.

Côté équipement par exemple. Le joueur a l'embarras du choix dans le catalogue de la boutique, à condition toutefois qu'il télécharge au préalable les nombreux mods à disposition sur les sites spécialisés : tracteurs, remorques, accessoires, les derniers fleurons de la technologie agricole comme les pièces de musée. Pourtant, là aussi, il y a un hic. Si vous ignorez à quoi sert une ensileuse, une faucheuse-conditionneuse ou une presse à balles rondes, comment ces engins fonctionnent précisément et quels accessoires s'y fixent (et on peut parier que 9 joueurs sur 10 ne connaissent pas vraiment le métier d'agriculteur), vous êtes un peu seul au monde... Les informations données par la boutique ne suffisent pas à masquer l'absence d'une vraie encyclopédie agricole qui aurait légitimement pu être intégrée au jeu. Enfin, il y a ce mode multijoueur nouveau venu qui permet simplement à 2, 3 ou 4 joueurs de gérer sur la même carte la même exploitation. Pendant qu'un joueur se charge de fertiliser son champ, d'autres récoltent le maïs et nourrissent les vaches, sans véritable challenge. Pourquoi pas, mais ça reste un peu juste. Bref, si cette nouvelle version ne manquera pas d'intéresser la communauté, assurément très active, de fermiers virtuels, elle a une fois de plus assez peu de chance de faire découvrir l'agriculture de façon ludique à ceux qui n'y connaissent rien.