Il y a une dizaine d'année, le long métrage d'animation "Kirikou et la Sorcière" de Michel Ocelot enthousiasmait la critique et le public français. Bénéficiant d'une patte graphique inspirée et d'une bande-son signée Youssou N' Dour, ce dessin animé remarquable mettait en scène un petit africain héroïque, prêt à tout pour libérer son village de l'emprise d'une redoutable sorcière. En 2005, une suite sortait dans les salles sous le nom de "Kirikou et les Bêtes Sauvages". "On n'a pas eu le temps de rapporter tout ce que l'enfant Kirikou avait accompli" expliquait l'ancien du village, "Et il a vraiment accompli de belles et de bonnes actions qu'il ne faudrait pas oublier". Quelques temps après, un jeu vidéo éponyme est commercialisé sur PC avant d'atterrir finalement sur nos DS en cette fin d'année 2008.

Tous ceux qui ont entonné un jour le refrain de Boubacar Mendy le savent : "Kirikou n'est pas grand, mais il est vaillant". C'est un doux euphémisme car ce petit phénomène, tout nu et tout bronzé (pour reprendre une autre chanson bien connue), est en réalité plus malin qu'une hyène et plus courageux qu'un lion. Qui d'autre que lui aurait donc pu relever la bonne trentaine de défis que comporte cette aventure aux couleurs de l'Afrique ? Concrètement, la progression du soft est découpée en cinq chapitres composés de quelques mini-jeux et de nombreuses phases de plate-forme. Inutile d'ouvrir le mode d'emploi ou de chercher un tutoriel pour commencer à gambader dans la savane, la prise en main, manifestement destinée aux plus jeunes, est extrêmement basique. Comme dans la version PC, il suffit d'appuyer sur un bouton pour sauter et sur un autre pour courir. Bien que les décors soient assez jolis, l'architecture des niveaux est fade, les ennemis se comptent sur les doigts d'une seule main, et les objets à ramasser se limitent à des cruches et des légumes qui n'ont aucun impact sur le gameplay. Parfois, une plate-forme s'effondre ou un essaim d'abeilles traverse l'écran, mais globalement on s'ennuie ferme devant autant de platitude.

Les mini-jeux sont malheureusement tout aussi ennuyeux. Les courses panique par exemple nous demandent de rattraper au vol les poteries semées par un buffle ou une tornade tout en évitant des rochers. Or, comme il ne tombe jamais plus de deux ou trois objets à la fois et que l'écran défile à la vitesse d'un épisode de Derrick (paix à son âme), même un enfant de cinq ans ne trouvera là aucun challenge à relever. Les jeux de mémoire sont eux aussi soporifiques à souhait avec leurs enchaînements de sons à reproduire. Le "Fais-moi Peur" est exaspérant tant les animaux à réunir sont stupides. Etc etc... Il y a bien quelques mini-jeux plus réussis comme les courses-poursuites avec des buffles enragés ou les balades bucoliques à dos de cigogne mais pas de quoi s'extasier non plus. D'autant qu'au niveau de la réalisation, on s'attendait tout de même à beaucoup mieux. Quand on voit la qualité du film de Michel Ocelot et Bénédicte Galup, on s'étonne par exemple du manque de soin apporté aux animations de cette adaptation DS. Bref, pour peu que l'on ait déjà eu l'occasion de jouer à un vrai jeu de plate-formes comme Mario ou Crash Bandicoot, on aura beaucoup de mal à trouver un quelconque intérêt à Kirikou et les Bêtes Sauvages. Et pour ce qui est des mini-jeux, ce ne sont pas les compilations qui manquent sur DS...