Depuis deux bonnes années, tout le monde clame que le jeu d'aventure n'est plus mort et qu'il se porte même très bien – moi le premier. Cependant, cette réalité nous fait souvent oublier que si de très bons titres savent se distinguer, d'autres auraient mieux fait de ne jamais sortir. Evany, la suite de The Crystal Key, fait partie de cette seconde catégorie de jeux.
Avant même de pouvoir découvrir tous les problèmes techniques d'Evany, on se rend compte de ses lacunes scénaristiques. Dès le début de l'aventure, on est assommé de textes inintéressants qui nous embrouillent sur l'univers du jeu. On ne sait pas vraiment qui on est, ni ce qu'on fait là et encore moins pourquoi on devrait tenter de sauver la parfaite inconnue qui vient de disparaître sous nos yeux. Vous me direz que ce genre de questions semble tout à fait légitime pour un jeu d'aventure, et qu'il ne tient qu'à nous - joueurs - de répondre à ces questions. C'est tout à fait vrai, sauf qu'ici le héros n'est pas amnésique, il sait parfaitement ce qu'il se passe. Si le joueur ne capte pas le scénario c'est donc bien à cause de la narration confuse qui nous est faite. Que ce soient les longs textes du début ou les courtes cinématiques à la mise en scène, rien ne permet réellement de se raccrocher à quelque chose. Cela donne franchement l'impression que les scénaristes ont voulu pondre quelque chose d'assez complet sans avoir une once de talent narratif. Résultat, il n'y a aucune motivation qui nous pousse à se lancer réellement dans le jeu. D'après ce que j'ai pu déchiffrer, il s'agirait d'une histoire de bactérie se propageant dans un monde futuriste, d'un peuple vivant reclus sous l'eau et d'un garçon - le héros - probable sauveur de l'humanité.
S'il ne faut donc pas compter sur Evany pour nous proposer une histoire passionnante, peut-être qu'il saura nous enchanter par une réalisation divinement somptueuse. Mais non, même pas ! D'ailleurs la réalisation de Evany est très certainement l'une des pires choses qui soit arrivée aux jeux d'aventure pendant ces dernières années. De loin, on pourrait penser que les environnements sont en omni-3D (procédé de vision à 360° utilisé dans Egypte, Atlantis...), mais que nenni ! La technique utilisée ici est difficilement identifiable. Je suppose que la manière la plus simple de la décrire serait de la comparer à un collage photo. Vous savez le genre de photos toutes prises du même endroit, mais visant une direction différente, puis assemblées entre elles pour simuler un effet panoramique plus grand. Là c'est pareil, sauf qu'il devait manquer quelques tubes de colle UHU chez les développeurs puisque les jointures sont soit absolument dégueulasses, soit buggées. Oui, buggées ! A chaque écran, on peut constater de gros traits noirs là où la jointure entre deux images aurait dû se faire. Affligeant. Des années de jeux d'aventures en omni-3D pour en arriver là ?
Et attendez, ce n'est pas tout ! L'effet collage peut aussi être constaté lorsqu'un personnage où un objet important se trouve à l'écran. En effet, il suffit de bouger un peu la souris pour s'apercevoir que le personnage se trouve sur une vignette simplement appliquée sur le décor. Autant dire que l'intégration se fait très mal. A tout cela, on peut encore ajouter que les décors sont parmi les plus flous qui doivent exister, et que leur design est loin de faire l'unanimité. Pareil pour la bande-son qui propose à la fois des thèmes musicaux anodins et des voix tantôt surjouées, tantôt pas jouées du tout. Pour le côté aventure, il ne faut pas s'attendre à des merveilles non plus. Comme je le disais, en raison du scénario mal amené, la motivation d'avancer n'est pas. Dans ces conditions, on erre dans les décors sans but précis. On a alors tout le temps de constater que les actions à réaliser sont peu nombreuses et que le jeu doit sa durée de vie (pas folichonne) aux nombreux allers-retours imposés par l'aventure. Bref, ce n'est pas bon du tout. Ceux qui attendaient la suite de Crystal Key peuvent s'attendre à une amère déception.
- Graphismes4/20
On pensait que les studios maîtrisaient les techniques de vision à 360° et que ce genre de choses ne posait plus de problèmes aujourd'hui. Il faut croire que certains ont encore un peu de mal avec ça. Le design n'est pas génial et les environnements sont bourrés de bugs. Le plus étonnant, c'est de constater que les graphistes de l'équipe ont travaillé sur Riven. Encore un mystère de la science qui restera à jamais scientifiquement mystérieux.
- Jouabilité7/20
Un curseur unique qui change simplement de couleur lorsqu'il passe sur quelque chose d'important. Les daltoniens vont apprécier, c'est sûr ! D'autant que les couleurs choisies sont le rouge et le vert. Très judicieux... A part ce détail, Evany propose une aventure bien linéaire qui n'offre aucune liberté d'action, si ce n'est celle d'éteindre son PC pour faire autre chose.
- Durée de vie10/20
Les quelques énigmes qui se posent en travers de la route du héros se résolvent très facilement. On ne passe donc pas son temps à réfléchir mais à faire des allers-retours longs et rébarbatifs.
- Bande son8/20
Si les graphistes n'ont pas bénéficié d'une grande inspiration, il en va de même des responsables du son. Les musiques ne resteront pas gravées dans ma mémoire, ni les voix en fait. On sent les acteurs clairement ailleurs.
- Scénario5/20
Personnellement, je n'ai rien contre l'histoire d'Evany. Mal amenée, elle rend juste le jeu encore plus inintéressant que sa technique. Du coup, on ne comprend pas bien quels sont les intérêts de la quête du héros.
Si Crystal Key avait profité d'un bon écho auprès de la communauté des joueurs, Evany ne devrait pas connaître le même sort. Mal réalisé, mal conté, mal doublé, mieux vaut encore faire l'impasse sur ce titre et garder en mémoire un bon souvenir du premier volet.