Poursuivant sur son habituel rythme d'une sortie d'extension tous les deux ans, le mastodonte World of Warcraft s'invite à nouveau sous le feu des projecteurs, bien décidé à asseoir son statut d'institution du MMO sur l'ensemble de la concurrence et à lui prouver que, du haut de ses 14 ans d'existence, l'ancêtre a encore de quoi renouveler son expérience de jeu. Et autant dire qu'après le coup de maître de Legion, Blizzard avait beaucoup à faire pour faire aussi bien sinon mieux.
NB : Ce test a été réalisé après 4 jours de jeu intensif. Ainsi, si nous avons largement pu nous frotter au contenu de fin de niveau, nous n'ignorons pas qu'énormément de nouvelles fonctionnalités apparaîtront dans les prochains mois, à l'image des raids ou du très attendu Front de Guerre (raid coopératif à 20 joueurs). Ainsi, ce test est susceptible d'évoluer au fil du temps et ne représente qu'une critique sur l'esprit général de l'extension et son contenu rapidement accessible à un instant-T
Un peu de contexte

Rien ne va plus en Azeroth. Avec l'apparition de l'azérite, substance terriblement puissante jaillissant des entrailles d'Azeroth et qui en fait battre le cœur, les perspectives de paix ou du moins de trêve entre la Horde et l'Alliance sont à nouveau reléguées au second plan. La puissance manifeste de l'azérite suscite bien des convoitises chez les deux factions, et tandis qu'Anduin Wrynn aurait préféré une paix avec la Horde en raison du déséquilibre des pouvoirs que pourrait créer la substance, Sylvanas Coursevent elle, a d'autres plans de conquête en tête.

Les tensions renaissent alors que Sylvanas incendie l'arbre-monde Teldrassil et qu'Anduin Wrynn, en représailles, lance l'assaut sur Fossoyeuse. De ces évènements cruciaux, déployés en guise de pré-patch, naissent une redéfinition les frontières : Kalimdor est presque intégralement aux mains de la Horde, tandis que l'Alliance possède la quasi-totalité des Royaumes de l'Est. Ainsi, les deux factions étant séparées par l'océan, chacune d'entre elles devra trouver des alliés disposant d'une vraie puissance maritime pour se préparer à la guerre qui se profile. La Horde se rend donc à Zandalaar, et l'Alliance à Khul Tiras. Malheureusement, il faudra que les deux factions fassent leurs preuves pour convaincre leurs hôtes de conclure une nouvelle alliance.
La Horde débarque en Zandalar
Ce point de départ conditionne énormément la philosophie générale de Battle for Azeroth. Le conflit entre la Horde et l'Alliance est enfin remis au goût du jour et, une fois n'est pas coutume, les deux factions ne commencent pas leur progression jusqu'au niveau 120 sur un même continent à deux endroits différents, mais sur deux îles totalement séparées. C'est ici l'occasion pour Blizzard de développer deux trames bien distinctes et dans les faits, le pari est largement réussi. Effectivement, si le studio a depuis quelques extensions clairement affiché sa volonté de se renouveler dans la manière de raconter l'histoire de son jeu, Battle for Azeroth pousse l'immersion encore plus loin.
Les cinématiques sont nombreuses et les enjeux, très différents selon que vous prêtiez allégeance à la Horde ou à l'Alliance, donnent un vrai sentiment d'appartenance du joueur à sa faction, sensation qui s'était un rien érodée avec le temps. Les clans et leurs drames sont particulièrement bien marqués, et même si l'on nous garantit qu'en fin d'extension, les joueurs n'auront pas eu le sentiment de choisir le « mauvais camp », les exactions de chaque protagoniste pourraient bien faire virer les joueurs de bord.
Guerre ouverte

C'est grâce à ce contexte bien identifié qu'une nouveauté fait son apparition avec Battle for Azeroth : le mode de Guerre. Exit l'époque bien dessinée entre serveurs PvP et serveur PvE, désormais, d'un simple clic et quel que soit votre royaume, vous pourrez passez en mode PvP sauvage, permettant d'aller casser de l'ally (ou du hordeux, fatalement) lorsque vous en croisez un. Ce mode débloque instantanément 4 compétences supplémentaires, liées au gameplay joueur contre joueur. Ces talents seront exploitables partout dans le monde extérieur, et la pratique le mode Guerre vous octroira un bonus d'expérience et de butin de 10% . Notez que, pour pimenter le tout, si vous parvenez à tuer dix personnages de la faction adverse sans mourir, vous bénéficierez d'un bonus aux dégâts et aux soins, mais votre tête sera mise à prix et votre position sera visible sur la carte des autres joueurs.

Bien évidemment, l'annonce de ce bonus additionnel a fait grincer plus d'une dent chez les aficionados de PvE et de PvE seulement. Effectivement, le bonus de 10% s'applique autant au leveling qu'aux bonus d'expéditions (qui font leur retour à Zandalar et Khul Tiras une fois le niveau maximum atteint), conférant un avantage significatif à celles et ceux jouant au jeu dangereux du PvP sauvage. Mais le jeu en vaut la chandelle et ne crée par pour autant un déséquilibre vraiment dommageable pour ceux qui ne cèderaient pas aux sirènes de l'affrontement. Au contraire, outre la pertinence de ce concept dans un contexte de guerre vivace face à la faction opposée, la petite carotte des 10% pourrait même vous inviter à tenter le PvP, ce qui vous donnerait une bonne occasion d'obtenir les récompenses de quêtes associées à cette pratique. En outre, vous pourrez profiter de certaines « caisses de ravitaillement », qui sont larguées aléatoirement sur la carte et contenant de l'azérite (ressource centrale de l'extension) en masse. Ces caisses sont neutres et sont à la disposition du premier qui ira la piller, comme quoi, il faut croire que le Battle Royale n'est jamais bien loin ces derniers temps.

Un Coeur prodigieux
Mode Guerre ou non, vous aurez dans tous les cas besoin de récolter de l'azérite tout au long de votre périple et surtout une fois le niveau maximum atteint. Effectivement Battle for Azeroth a légèrement refondu le système d'armes prodigieuses instauré par Legion. Si vous étiez attaché à votre hache, votre bâton ou vos dagues, oubliez-les rapidement. Les traits prodigieux ont pour certains cas été convertis en talents et les armes prodigieuses remplacées par un collier non moins prodigieux répondant au nom de « Coeur d'Azeroth ». Ce nouvel équipement aux statistiques évolutives dispose de son propre niveau d'objet, qu'il faudra faire évoluer en récoltant des amas d'azérite. Ces derniers, qui se récoltent en accomplissant donjons, quêtes et expéditions, déploient de la puissance prodigieuse permettant à votre Coeur d'Azeroth de franchir un niveau supérieur. Outre les statistiques de l'item qui s'en trouvent augmentées, c'est aussi sur trois pièces d'équipement qu'il aura un impact direct.

Au gré de vos pérégrinations, vous pourrez récolter des pièces de tête, d'épaule et de torse liées à votre Coeur d'Azéroth. Chaque pièce pourra se voir attribuer des talents passifs sur plusieurs paliers, les talents étant naturellement liés aux spécialisations de votre classe. Le dernier palier de talent est quant à lui consacré à l'augmentation du niveau de l'objet. Notez que plus votre Coeur d'Azeroth sera d'un niveau élevé, plus les traits associés à votre équipement le seront. Alors bien évidemment, vous ne serez pas contraints de conserver ad vitam les équipements liés à votre collier, mais vous les conserverez un certain moment, notamment au cours de la campagne classique. Vous pourrez par la suite récupérer des pièces nanties de traits azéritiques d'un niveau d'objet plus élevé que les précédentes, mais pour profiter de ses talents, vous devrez à nouveau augmenter la puissance du Coeur d'Azéroth.


Ce système de progression passif supposera naturellement pas mal de farming afin de récolter suffisamment de puissance prodigieuse pour faire évoluer votre stuff. Cette nouvelle fonctionnalité, quoique bien pensée et intuitive, fait toutefois regretter le travail accompli sur les quêtes de l'arme prodigieuse et du domaine de classe de Legion et l'augmentation de la puissance du stuff est désormais un rien mécanique. Dommage. Ceci étant, le système a un fort potentiel de synergie entre les différents talents, espérons qu'il soit peaufiné au gré des mises à jour.
L'azérite est donc une ressource de luxe tout à fait indispensable, qu'il conviendra d'accumuler si vous désirez gagner en puissance. Pour ce faire, Battle for Azertoh vous propose les donjons normaux, héroïques ou mythiques, les raids ou les champs de bataille. Mais de nouveaux défis sont également à votre disposition à l'image des îles inexplorées, qu'il faudra... explorer, en compagnie de trois joueurs. Jouables dans tous les modes de difficulté PvE et également en PvP, ces îles vous proposent de siphonner un maximum d'azérite au cours de petits scénarios, Vous devrez trouver les meilleurs spots pour récupérer la précieuse ressource avant la faction adverse, également présente sur l'île, afin de remporter des récompenses et donc, de la puissance prodigieuse. À cela s'ajoutent des quêtes hebdomadaires boostant les récompenses et vous comprendrez que les moyens d'augmenter la puissance de votre cœur d'Azeroth sont nombreux.


Un travail d'atmosphère exemplaire
En marge de ces quelques nouveautés, nous ne pouvons que souligner à nouveau le travail abattu par les équipes de Blizzard pour encore une fois dépoussiérer son mastodonte et le revêtir de ses plus beaux atours. Bien entendu, inutile de préciser qu'en soi, le moteur a pris de l'âge, mais les artistes du studio ont mis les bouchées doubles pour rendre chaque zone unique. Certes, certaines d'entre elles ont un léger parfum de déjà vu, mais la plupart des régions traversées proposent des panoramas qui parviennent encore à inciter le jouer à se laisser aller à la contemplation. Forêts, déserts, montagnes, bords de plage, marais... les environnements sont variés, denses et fouillés. En somme c'est un véritable régal de se balader dans ces nouvelles terres riches en contenu et en nouveau bestiaire. Notons également la qualité encore une fois impeccable de la bande-son du jeu, qui sait se faire tantôt intimiste, tantôt épique et dramatique pour mieux accompagner vos aventures, qui ne font que commencer.



Si vous pensiez que choisir une faction plutôt qu'une autre vous empêcherait de voir les zones abritant l'adversaire, détrompez-vous. La campagne de guerre, très bien construite, vous conduira en territoire ennemi afin que vous puissiez y établir des avant-postes. Au fur et à mesure de votre progression, de nombreuses quêtes vous conduiront à préparer votre faction à la bataille en territoire ennemi et ces aventures sont une excellente occasion de découvrir le travail réalisé sur les zones adverses. L'opportunité de croiser également des personnages joueurs à taquiner s'en trouve nettement grandie si vous êtes orienté PvP.
Un léger sentiment de stagnation
Pour le reste, le principal "problème" de Battle for Azeroth est qu'il se contente davantage de consolider l'énorme dépoussiérage du jeu amorcé par Légion. Si certes, peaufiner une recette qui a déjà fait ses preuves n'est pas un mal, nous aurions sans doute aimé que les nouveautés introduites par cette nouvelle extension soient plus prononcées ou qu'elles aient du moins un impact plus tranché sur la manière d'aborder le jeu et / ou le end game. L'évolution de l'équipement, les missions à cooldown sont toujours d'actualité, au même titre que l'indispensable farm intensif des réputations et des ressources. Si quelques ajustements dans le fonctionnement des mécaniques de Legion ont été effectués, l'ensemble ne constitue en aucun cas un bouleversement du gameplay (hormis les traditionnelles refontes des classes) et si vous n'avez pas aimé ce que vous avez vu dans la précédente extension, n'attendez pas de Battle for Azeroth qu'il vous fasse réviser votre jugement.
Une quête introductive assez inventive
Bien évidemment, on saluera le boulot effectué sur certaines quêtes pour s'extirper du sempiternel « tuer x mobs / ramener x composants », Blizzard ayant parfois fait preuve d'une vraie inventivité, mais World of Warcraft reste tout de même fidèle à ce type de quêtes fedex redondantes. Le même constat s'applique aux 8 nouveaux donjons. Effectivement, si certains sont vraiment très agréables à regarder et à parcourir, d'autres en revanche ne laisseront clairement pas de souvenirs marquants, et l'on tend à penser que Blizzard a oublié que multiplier les trashs entre chaque boss n'est plus vraiment à l'ordre du jour dans un MMO de 2018. Notez d'ailleurs que, comme d'habitude, les premiers vrais moments de challenge n'interviennent qu'au début du mode héroïque, le reste du leveling faisant figure de parcours de santé. Quoi qu'il en soit Battle for Azeroth reste une extension suffisamment complète et solide pour, encore une fois, vous plonger (ou vous faire replonger) dans l'aventure.
- Le conflit Horde / Alliance plus vivant et mieux raconté que jamais
- Le sentiment d'appartenance à une faction très présent
- La plus jolie extension sortie à ce jour
- Le mode de guerre qui invite naturellement au PvP
- La diversité des activités pour farmer ses ressources
- Plusieurs quêtes et donjons vraiment inventifs
- OST exemplaire
- Le Coeur d'Azeroth dispose d'un vrai potentiel...
- ... encore sous exploité
- Pas de réel bouleversement des mécaniques de Legion
- Globalement, le gameplay commence à stagner
- L'accès à certaines races compliqué pour les nouveaux joueurs
- L'orientation PvP ne sera pas du goût de tout le monde
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