La vie d’Animancien n’est pas de tout repos ! Sitôt jeune diplômé que notre héros se fait déjà ravir sa copine et qu’un vilain sorcier menace de détruire le monde. Ni une ni deux, notre apprenti héros attrape son bâton et fait chauffer sa science des invocations pour tenter de remettre un peu d’ordre dans tout ce bazar. Sous la houlette de l’éditeur Focus Home Interactive, le studio lyonnais Passtech Games nous propose Masters of Anima, un jeu d’aventure saupoudré d’une bonne dose de stratégie où le joueur prend le contrôle d’une large armée de Gardiens afin d’engager le combat. Disponible depuis ce mardi sur PlayStation 4, Xbox One, Nintendo Switch et PC, on a testé ce titre qui ne sera pas s’en rappeler Pikmin ou Overlord à certain d’entre vous.
Laisse parler l’Anima qui est en toi
Le jeu nous plonge dans la peau d’Otto, apprenti maître de l’Anima, substance magique à l’origine de la vie, mais aussi du chaos. Si le jeune homme convoite ce titre, ce n’est ni en quête de prestige, ni de pouvoir absolu, mais dans le but de demander la main de sa fiancée Ana, l’Animancienne Suprême. Tu veux m’épouser ? Passe ton diplôme d’invocateur d’abord ! Tandis qu’Otto se frotte aux premières épreuves du rituel de passage sous l’œil attentif de son vieux maître, le maléfique Zarh (rire sardonique) met en marche son terrible plan de domination du monde. L’ignoble sorcier parvient à voler et à scinder l’essence d’Ana dans l’idée de semer la désolation à travers le monde de Spark. Votre mission si vous l’acceptez : sauvez votre fiancée grâce à votre maîtrise de l’Anima… Oh et puis si vous avez le temps, pourquoi ne pas aussi sauver le monde ?
Ne cherchez pas d’originalité dans ce scénario, le pitch de Masters of Anima, assez convenu, sert de toile de fond à une quête initiatique avant tout focalisée sur son gameplay. Celui-ci pourrait être comparé à un croisement entre le concept des Pikmin, le côté gentillet en moins et celui d'Overlord, sans son aspect déjanté. Otto est en effet capable d’invoquer une armée de Gardiens à ses côtés et de les manipuler lors des combats. Sans eux, notre jeune sorcier à la mèche blonde impétueuse ne se montre pas très efficace lors des affrontements, il n’est pas vraiment résistant et inflige de faibles dégâts à l’aide de son bâton.
Otto et ses sbires
Sa véritable force réside dans sa capacité à contrôler des hordes de gardiens sur le terrain pour les envoyer combattre ou résoudre certaines petites énigmes environnementales. L’invocation de ces sbires magiques nécessite de consommer des orbes d’Anima à récupérer en farfouillant un peu partout dans les décors. Au départ limité à une dizaine de soldats protecteurs, Otto va découvrir de nouvelles unités à invoquer au fil des niveaux. Chaque nouveau type de Gardien possède ses propres spécificités et son utilité lors des batailles. Grâce à son bâton, Otto est capable de donner des ordres à ses troupes : les déplacer, les faire attaquer une cible, utiliser leurs capacités spéciales, tout sera affaire de bonne stratégie lors de multiples batailles en arènes fermées contre les Golems de Zhar. La micro-gestion se révèle d’une importance capitale dans ces situations puisqu'à terme, ce sont jusqu’à 100 Gardiens que vous pourrez invoquer à vos côtés.
Il existe cinq types de sbires à utiliser à bon escient sur le terrain. Les protecteurs représentent l’unité de base, une grappe de soldats armés d’une hache et d’un bouclier capable d’interrompre les adversaires. Les sentinelles sont plus légères, mais dotées d’un gros potentiel de dégâts à distance grâce à leurs arcs. S’ils ne causent que de faibles dommages aux ennemis, les Catalystes jouent le rôle de soutien de choix par leur faculté à drainer l’Anima des adversaires pour vous le restituer sous forme d’orbes à récolter au sol. Plus tard dans l’aventure, l’arrivée des Commandeurs nous octroie la capacité de relayer l’effet de notre cri de guerre à distance. Enfin, les Invocateurs peuvent générer de mini-gardiens afin de vous épauler en combat. Toutes ces unités disposent de capacités spéciales à déclencher grâce au cri de guerre d’Otto, un effet de zone puisant lui aussi dans notre réserve d’Anima.
Gaming Live Masters of Anima - Découvrez l'utilisation des sbires
Mon Anima pour un rang S !
Après chaque bataille, la prestation d’Animancien du joueur est sanctionnée par une notation (de S à D) dont dépend le montant d’expérience attribué. La montée en niveau d’Otto lui permet de dépenser des points de compétences dans diverses améliorations pour lui-même ou (mieux) ses Gardiens. Interchangeables à la volée en fonction de vos besoins, ces spécialisations renforcent l’efficacité de nos invocations sur le terrain et augmentent grandement nos chances de surmonter l’exigence des affrontements.
Car ne vous y méprenez pas, la difficulté de Masters of Anima est loin d’être aussi douce que la rondeur de ses graphismes. Chaque combat se déroule dans un espace cloisonné dont il est impossible de s’échapper à moins de vous débarrasser de tous les adversaires. Une erreur de positionnement et ce sont plusieurs dizaines de vos invocations qui se feront décimer par les forces ennemies. Nos cuisants échecs successifs résonnent comme autant d’indications que le titre de Passtech n’est pas du genre à proposer une suite de petits combats sans grand intérêt pour nous mener vers un réel challenge incarné par un boss.
Chaque rixe demande une parfaite connaissance des capacités de ses unités ainsi qu’une bonne dose de maîtrise dans l'idée de jongler entre le commandement de nos différents types de Gardiens. La manipulation d’autant d’unités au cœur de l’action nécessite une période d’adaptation synonyme de quelques frustrations lorsque rien ne se déroule vraiment comme prévu sur le terrain. Subtil et stratégique, le gameplay de Master of Anima offre un excellent ratio entre l’exigence de ses rencontres et la satisfaction que procure l’obtention d’une bonne notation à l’issue d’un combat un brin tendu.
Les différents modèles de golems ennemis, s’ils sont finalement peu variés, offrent toutefois une bonne lecture de leur comportement pour nous permettre d’adopter notre approche stratégique au quart de tour. Si l’utilisation d’un pad est conseillé par les développeurs en début de partie, la prise en main à la souris prend rapidement le dessus question réactivité lorsqu’il s’agit de contrôler nos cinq bataillons dans une courte fenêtre d’action.
Une présentation soignée
L’autre pierre angulaire de l’expérience réside dans la résolution de petites énigmes environnementales dispersée tout au long de la dizaine de niveaux du titre. Utiliser ses sbires pour pousser des blocs de pierre, prendre le contrôle d’un puissant golem afin de détruire certains obstacles, la variété des puzzles évolue à mesure que votre panel de Gardiens s’étoffe. Comptez une bonne dizaine d’heures pour boucler l’aventure et rajoutez en autant que nécessaire si vous comptez récolter les petits secrets planqués à droite à gauche ou terminer le jeu avec la note maximale à tous les combats.
Colorée, anguleuse, la patte artistique du titre reste simple, lisible et finalement plutôt agréable à l’œil. Elle est accompagnée d’une très bonne bande sonore symphonique et de doublages anglais plutôt convaincant pour la petite galerie de personnages croisés au fil des environnements.
Points forts
- Une bonne dose de stratégie dans les affrontements
- La sensation de maîtrise de ses unités
- Alternance entre combats et petites énigmes
- Direction artistique et bande-son de qualité
Points faibles
- Casting d’ennemi peu varié
- Scénario convenu et en retrait
- La prise en main demande une période d’adaptation
- Difficulté parfois frustrante
Plus technique qu’il ne semble l’être au premier regard, Masters of Anima aligne ses combats telles des parties d’échec où seule une bonne connaissance des spécificités de vos unités et un positionnement intelligent pourra vous mener au succès. Exigeante, la gymnastique du contrôle simultané de nos invocations nécessite toutefois un petit temps d’adaptation. Une période d’apprentissage, parfois frustrante lorsque les défaites s’enchaînent, mais largement récompensée ensuite par la satisfaction de se sentir véritablement maître des actions d’une centaine d’unités. Agréable à l’œil et à l’oreille, le titre des Lyonnais de Passtech se révèle être une bonne surprise.