Il y a deux écoles chez Amanita Design. Le studio indépendant nous sert tantôt des point’n click poétiques et exigeants, à l’image de Machinarium ou des Samorost ; tantôt des jeux d’aventure plus épurés et pêchus tels que Botanicula. Avec Chuchel, le développeur tchèque nous embarque plus que jamais dans la seconde catégorie, pour une virée hors du commun.
Chuchel transmet sa bonne énergie en vidéo
POUR DES QUEUES DE CERISES
Le monde de Chuchel tourne autour de son protagoniste éponyme, une drôle de boule de poils (le mot désigne en tchèque les amas de cheveux et de poussière que l’on retrouve dans nos logis, des moutons en somme). Sacrément hyperactif, il est également passionnément épris d’une cerise presque aussi grosse que lui. S’apprêtant à le savourer goulûment au début du titre, notre héros voit son trophée subtilisé par une énorme paluche non identifiée. Son unique objectif est désormais clair : sauver sa promise, en traversant une succession de tableaux aux interactions diverses.
Comme indiqué dans le chapeau de ce test, l’esprit de Botanicula se rappelle à notre bon souvenir dès les premiers instants. Après nous avoir proposé un Samorost 3 d’une richesse visuelle sans pareille et aux énigmes parfois ardues, Amanita repart sur une formule accessible et pleine de peps. Toujours griffonné, le style de Jaromír Plachý s’est néanmoins affiné depuis quelques années, et ses personnages hauts en couleur marquent tous davantage les uns que les autres. De retour, le groupe DVA nous livre une bande originale drôle et inventive ainsi que des bruitages qui donnent efficacement vie à un univers toujours sans paroles.
BÊTE COMME CHU
Ce qui fait la particularité de cet opus, c’est la formule qui régit ce casting… peu commun, comme vous vous en apercevez déjà en voyant ces quelques images. De base, nous avons affaire à un jeu d’aventure plus aisé que la moyenne, centré sur la découverte du décor, sans dialogue ni inventaire. Cependant, ce qui désarçonnera même les habitués de Botanicula est la volonté des développeurs de foncer tête baissée dans un genre humoristique.
Ici, pas de grande aventure avec des allers-retours entre les tableaux, mais une succession de courtes histoires déjantées, un peu comme un interlude des Monty Python, un épisode du plus récent Pop Team Epic, ou un Mario Party pour rester dans notre domaine. Varié, sans prise de tête, Chuchel enchaîne les strips au comique de situation bon enfant. Si des puzzles jalonnent notre périple, ils ne font jamais bouillir nos méninges et n’empêchent pas le soft de nous mettre la banane. Le voyage dure deux heures à peine, ce qui pourrait faire grincer quelques dents ,mais à la fois, on comprend que le concept se serait essoufflé en en faisant bien plus.
Points forts
- Un monde enchanté, bien conçu et animé
- Un ''sound design'' foufou et singulier
- Drôle et adapté à tous
Points faibles
- Rapport quantité - prix qui ne plaira pas à tout le monde
Chuchel, c’est ce qui se produit quand des développeurs donnent trop de sucre à un jeu d’aventure. Complètement barré, captivant par ses visuels colorés et ses sonorités transpirant la bonne humeur, c’est un spectacle qui nous met sur un petit nuage entre deux parties de jeu post-apo. À conseiller du moment que la bande-annonce vous a fait souffler du nez.