
Approchez Mesdames et Messieurs, approchez ! Venez vous ébahir et rire devant nos marionnettes, figures de cire, et comédiens de bois ! Venez vous régaler de la grâce de leurs mouvements, et de la grandeur de leurs exploits ! Venez vous esbaudir devant leurs splendeurs ridicules ! Allons, allons, approchez ! Que le spectacle commence !

Le catalogue de Treasure n'est pas forcément connu pour ses jeux de plates-formes, mais les créateurs de Gunstar Heroes, Sin and Punishment ou encore Ikaruga ont pourtant réalisé quelques belles choses dans ce domaine. Après le succès de Gunstar Heroes et la sortie de McDonald's Treasure Land Adventure (un titre de commande plutôt sympathique), le studio part sur quatre projets très différents pour la Mega Drive : Yū Yū Hakusho : Makyō Tōitsusen, un jeu de combat mené par Masaki Ukyo ; Light Crusader, un RPG en vue isométrique conçu par Kazuhiko Ishida ; Alien Soldier, un run 'n' gun survolté sous la direction de Hideyuki Suganami ; et enfin Dynamite Headdy, un jeu de plates-formes dirigé et programmé par Masato Maegawa, le président fondateur de Treasure (que l'on retrouvera d'ailleurs à la programmation pour un troisième et dernier jeu de plates-formes 2D – après McDonald's et Dynamite Headdy –, Mischief Makers, sur Nintendo 64). C'est justement dans l'univers de ce Dynamite Headdy que nous allons joyeusement nous perdre.
Dynamite Headdy fait partie de ces jeux ayant subi des modifications importantes en quittant l'archipel japonais. D'abord, les répliques des principaux boss ont purement et simplement été supprimées, rendant l'enchaînement des actes encore plus absurde si cela était possible. On peut le regretter, mais le scénario n'étant pas un atout majeur du titre, cette suppression a plutôt le mérite d'empêcher toute baisse de rythme. Il existe de toute manière un patch amateur de grande qualité traduisant le jeu japonais en anglais pour découvrir l'histoire originale, et sa conclusion (elle aussi modifiée et simplifiée dans notre version occidentale). Ensuite, de nombreuses retouches graphiques ont été opéré, notamment sur la palette de couleurs des ennemis. Si la plupart de ces modifications relèvent du détail, deux boss ayant une apparence féminine ont malheureusement été "robotisés" et rendus plus banals. En revanche Trouble Bruin, le rival de notre mascotte, bénéficie d'un style moins "kawaii" que l'on pourra trouver plus expressif, ou au moins mieux approprié pour son rôle. Enfin, sans s'attarder sur tous les changements à dénombrer, comme les nouveaux noms donnés aux actes et aux marionnettes, on doit pour finir souligner comment la difficulté a été revue à la hausse sur les versions nord-américaine et européenne : aucune "continue" de départ (au lieu de deux), "continues" plus difficiles à obtenir, boss avec le double de points de vie, etc. Dans l'ensemble là aussi cette modification est finalement plutôt heureuse car le défi proposé n'est en l'état ni ridicule ni insurmontable. Cependant deux boss (celui de Stair Wars et celui, célèbre, de Twin Freaks) n'y ont pas forcément gagné, puisque le comportement du premier est devenu aléatoire au point de proposer un combat parfois inutilement long, tandis que le deuxième est passé d'une épreuve d'adresse bien stressante à une épreuve de vitesse assez contradictoire avec le défilement automatique (le monstre en question étant le seul qui ait, contrairement aux autres, vu ses points de vie réduits de moitié).
Points forts
- Le genre du jeu de plates-formes revu et chambardé par Treasure !
- Une idée toutes les dix secondes ! Encore une leçon de ''game design'' et d'inventivité.
- Un théâtre de marionnettes haut en couleur, monté avec soin et codé avec amour...
- Des musiques variées et excellentes, même si certaines mettent du temps à s'endiabler.
- Un vrai boss final.
Points faibles
- Le mini-jeu de basket, répétitif mais indispensable pour accéder à l'acte bonus.
- Devoir attendre près d'un quart d'heure (épilogue, etc.) avant de jouer à l'acte bonus.
- Une localisation plus ou moins heureuse, notamment la difficulté revue à la hausse et pouvant décourager sur la fin.
Dans un studio où chacun était alors libre de créer le jeu auquel il aimerait lui-même jouer (d'où les projets très différents évoqués plus haut), Dynamite Headdy est le fruit de l'amour du fondateur de Treasure — et ça se voit ! Le soft a été réalisé avec passion, inspiration et savoir-faire au point de reléguer presque à l'arrière-plan le gimmick attendu des têtes amovibles de notre marionnette. Son univers théâtral nous fait d'autant plus facilement tomber sous le charme que celui-ci est constamment nourri par une inventivité débordante en termes de gameplay. Formidable pièce à machines truffée d'ennemis uniques et de boss délirants, Dynamite Headdy est un chef-d'œuvre d'action absurde comme savent si bien en faire les créateurs japonais.