Évoqué en 2016 puis rebooté à plusieurs reprises pour satisfaire des ambitions grandissantes, The Artful Escape est la première production du studio australien Beethoven and Dinosaur. Elle est plus particulièrement portée par Johnny "Galvatron", membre fondateur et guitariste principal du groupe éponyme, The Galvatron. Inspiré de son propre fantasme adolescent de l’industrie musicale et du parcours de David Bowie pour la création de son personnage fictif Ziggy Stardust, le jeu trace la quête identitaire d’un certain Francis Vendetti. Un voyage hautement psychédélique qui ne ressemble à aucun autre.

Hautement contemplatif

Ado guitariste prodige, Francis évolue dans l’ombre de son oncle, une ancienne icône de la scène folk dont la légende reste racontée dans la petite ville de Calypso. C’est ici que notre jeune héros doit inaugurer son premier concert, accablé par un héritage visiblement trop écrasant. Mais un contretemps lui fait rater la fête ; une rencontre avec un extra-terrestre et le capitaine d’un certain poumon cosmique l'amène dans le multivers : un monde bien à part fait de néons, d’opéras flottants et des profondeurs indéchiffrables du Cosmique Extraordinaire où il va pouvoir créer son personnage de scène bien à lui. Vous l’aurez probablement compris : The Artful Escape vous embarque dans un périple hautement abstrait ; Un univers gorgé de décors complètement extravagants et de créatures chimériques qui se dévoilent par défilement horizontal. Le jeu s'érige comme une véritable œuvre de contemplation. Et la beauté de chaque plan pardonne volontiers les animations minimalistes de votre personnage.

Vos oreilles aussi seront comblées par des propositions grisantes. Puisqu’elle est l’âme du jeu, la musique est naturellement omniprésente. Si vous débutez le trajet sur de jolis airs de folks chantés, les accords deviennent plus rock et électrisants au fil de l’affirmation musicale de Francis. Et son solo de guitare s'étoffe de nouvelles nuances au fil du périple. Enfin côté son toujours, nous pouvons profiter de dialogues entièrement doublés qui héritent des performances vocales tout à fait remarquables des comédiens Michael Johnston, Caroline Kinley, Lena Headey, Jason Schwartzman, Mark Strong, et Carl Weathers. Et puis notez qu'une traduction française est présente.

La quête du non-sens

The Artful Escape ne s'attache pas à un fil rouge narratif proprement lucide et choisit un chemin bien plus clivant. Les objectifs que notre héros doit accomplir sont, à l’image du jeu, complètement fantasques. Aussi faudra t-il trouver votre chemin vers un poumon cosmique, traverser une ville morte, ou mettre la main sur une tortue de téléportation. Des quêtes dont il est possible que vous oubliez parfois l’objet, tant les dialogues qui les accompagnent sont aussi nébuleux que fantaisistes. On comprendra essentiellement que Francis cherche à résoudre une crise existentielle et à trouver la star qu’il souhaite devenir, de son look à la manière dont il se commercialise. Le reste est libre aux interprétations. Le jeu constitue dès lors un trip déroutant dont il est difficile de décrocher lors de ses premières heures. Mais aussi insolite soit-il, le parcours peut s'essouffler dans ses derniers instants, tant le non-sens assumé atteint son paroxysme.

Côté gameplay, il vous faudra glisser non sans plaisir sur les pentes de mondes insolites tout en grattant les cordes de votre guitare, sauter de plateforme en plateforme et interagir occasionnellement avec quelques éléments de décors. Il s'agira ainsi globalement d'une promenade musicale de cinq heures tout au plus, néanmoins enrichie de ses quelques petits jeux de rythme ; ces derniers vous demandent de reproduire les notes jouées par des boss toujours plus excentriques. Si l'expérience est plaisante, aucune difficulté n'est particulièrement de mise et les mécaniques n'évoluent pratiquement jamais. Enfin autre possibilité : vous aurez aussi l'occasion de composer votre tenue de scène à partir d'une vaste palette d'options de personnalisation. Un passage indispensable pour créer votre image de rockstar intergalactique.

Conclusion