Après Heavy Rain, le studio français Quantic Dream poursuit sa quête en délivrant le très hollywoodien Beyond : Two Souls sur PC. Dans ce thriller psychologique, l’actrice canadienne Ellen Page fait face à Willem Dafoe et donne vie au personnage de Jodie Holmes. À la fois sombre, noire et puissante, la traque imaginée par David Cage retourne les sens et ne laisse pas indemne – à condition d’aimer ce type d’expérience interactive. Disponible en exclusivité sur l’Epic Games Store après une virée sur PS4, l’expérience frappe fort et s’ouvre désormais au plus grand nombre. Mais ne vous attendez pas à une adaptation renversante…
Beyond Two Souls s'immisce sur PC
Après le polar, Quantic Dream s’attaque au surnaturel et aux pouvoirs psychiques. Beyond Two Souls raconte le parcours de Jodie Holmes, une enfant devenue femme, qui fait face à son destin. Depuis son plus jeune âge, la demoiselle entretient une relation particulière avec une entité invisible qu’elle a surnommé Aiden. Sujette à de multiples tests scientifiques, elle a appris, peu à peu, à contrôler cet ami imperceptible et imprévisible. Mais comme nous l'a appris un super-héros virevoltant, « un grand pouvoir implique de grandes responsabilités » et Jodie va affronter plusieurs situations – très fortes sur le plan émotionnel – qui vont la conduire aux quatre coins du monde. Beyond Two Souls est une fuite incessante qui confronte le joueur à des choix cornéliens, tout en distillant les moments charnières d’une vie.
Mais qu’en est-il de cette version PC ? Sans surprise, le jeu est toujours aussi bon et garde cette saveur si particulière. Pour les besoins de cette adaptation, les développeurs ont intégré des options afin de profiter du combo clavier/souris. En l’état, ça fonctionne plutôt bien mais on sent que le titre a été pensé, à l’origine, pour une console. Les déplacements ne sont pas toujours très aisés et l’utilisation à la souris manque un peu de souplesse. Bien entendu, tout est une question d’habitude et on finit par s’y faire mais l’appel du pad se fait vite ressentir.
Du côté de la technique, Beyond Two Souls est à l’image du portage PC de Heavy Rain. Plus détaillé et plus fin que son homologue, car plus récent, il affiche de beaux graphismes et les effets – optimisés – sont soignés. Même topo pour la mise en scène qui fait profiter de plans et cadrages dynamiques. L’avantage de cette édition provient de la résolution en 4K et de l’animation en 60 images par seconde. Cela ne change pas le jeu mais le confort est indéniable. Parfois, cela laisse apparaître quelques imperfections mais on s’en détourne rapidement. Beyond Two Souls happe le joueur dans son univers et ne le lâche pas. À l’inverse de Heavy Rain et son DLC manquant, l’extension « Expériences avancées » est bien présente et ajoute quelques minutes supplémentaires à la durée de vie. Mais bon, cette dernière est si peu intéressante qu’on l’aurait volontiers zappé pour récupérer l’épisode du taxidermiste dans Heavy Rain.
Le test complet de Beyond Two Souls par Panthaa (08/10/2013)
Ce n'est pas un secret, cette fin de génération de consoles est l'occasion pour les éditeurs et développeurs de sortir des titres exploitant au maximum les capacités des supports. La ludothèque PS3 peut désormais accueillir une nouvelle exclusivité dans la catégorie « claque visuelle et narrative » : Beyond : Two Souls. Si Heavy Rain, la précédente « expérience » de Quantic Dream, avait à la fois été acclamée et pas toujours bien aimée des joueurs hermétiques au concept, ce nouveau titre estampillé Sony, mêlant habilement paranormal et road trip haletant divisera sans doute à nouveau les joueurs, mais pas forcément pour les mêmes raisons... La question est : Est-ce un jeu pour vous ?}}
Historiquement à la pointe de la motion capture, le studio français Quantic Dream a décidé d'adopter de manière massive la « Performance Capture », ce fameux procédé captant les mouvements, les expressions faciales et les dialogues, simultanément. Grâce à cette technologie, notamment utilisée dans le cinéma depuis plusieurs années, l'équipe de Beyond a joué à fond la carte du « jeu-film » en se payant deux acteurs de renommée internationale : Ellen Page et Willem Dafoe. Le résultat à l’écran est plutôt bluffant et impose le respect tout en proposant une expérience jouant dans un tout autre registre que son illustre grand frère : Heavy Rain. Exit le thriller multi-personnages aux embranchements multiples et place à l'expérience interactive dont vous êtes l'unique héros.
C’est l’histoire d’une fille…
Si vous n'avez pas lu nos différentes previews sur le titre, un petit rappel s'impose. Beyond propose de suivre la vie de Jodie Holmes (incarnée par Ellen Page) à travers une foule de séquences chronologiquement dans le désordre, qui explorent tour à tour l'enfance de l’héroïne, son adolescence, puis sa vie toute aussi tumultueuse d’adulte. Contrairement à Heavy Rain qui se déroulait sur une semaine, votre aventure couvrira ici une bonne quinzaine d'années. Il est important de comprendre que Quantic Dream a voulu avant tout miser sur la narration, le dépaysement, et sur l'immersion du joueur, tout en refondant au passage le gameplay déjà visible dans son précédent titre. Mais alors qu’y a-t-il de si intéressant à incarner une jeune femme à diverses étapes de sa vie ? Vous vous en doutez : il y a un truc qui ne tourne pas rond avec Jodie. Cette dernière, très jeune, se découvre en effet un don : celui de communiquer et d’interagir avec une entité fantomatique nommée Aiden. Les deux âmes de ces protagonistes sont d’ailleurs liées, pour le meilleur comme pour le pire. Un talent qui ne passe évidemment pas inaperçu et qui marque le point de départ d’une aventure qui vous emmènera aux quatre coins du monde.
Une réalisation à la Page
D'un point de vue purement esthétique, Beyond : Two Souls joue clairement dans la cour des grands. Les visages et animations des acteurs sont retranscrits avec une fidélité très appréciable et renforcent ainsi l'attachement que l'on éprouve à l'égard du personnage de Jodie, que l'on incarnera durant toute l'aventure. Toujours du côté de la réalisation graphique, on est souvent impressionné par la photographie et par le parti pris clairement assumé au niveau des plans, très cinématographiques. L’ambiance est également soutenue par une bande-son de qualité puisque les musiques, composées par Lorne Balfe et Hans Zimmer, accompagnent savamment les phases d'action ou les séquences plus contemplatives.
On reste également sous le charme de la VOST du jeu, permettant d'être bercé par la douce voix d'Ellen Page. Que les anglophobes se rassurent, le titre propose aussi une VF, même si cette dernière vous privera d’une bonne partie du « jeu d'acteur » des protagonistes. Du fait de son séquençage désordonné et de sa narration exploitant 3 périodes clés de la vie de l'héroïne, Beyond dépayse et nous propose des ambiances diamétralement opposées à chaque niveau exploré, passant par exemple d’une bataille de boules de neige impliquant Jodie du haut de ses 8 ans à une phase où miss Holmes est un agent surentraîné en mission à l’autre bout du monde. Pas de doute, nous sommes bien dans une expérience interactive qui fait passer le gameplay après la narration, mais nous reviendrons sur ce point délicat plus loin.
Si la réalisation impressionne, elle ne fait tout de même pas un sans-faute. Ainsi, on tiquera parfois sur des environnements au design et aux textures plus sobres que la moyenne, tandis que d'autres séquences vous mettront une belle claque, si toutefois vous profitez du titre sur un grand écran de qualité. Toujours au rang des fausses notes, certaines sections « trop chargées » de niveaux présentent des chutes de framerate du fait des limites de la console (on pense notamment à la mission en Afrique). Un peu plus gênant pour l’immersion : il arrive parfois de voir les textures finales apparaître sur des modèles 3D grossièrement texturés. Suivant votre niveau d’exigence, il se peut également que vous trouviez le réalisme de certaines animations ou de certains personnages clairement en deçà de la prestation offerte par les personnages principaux. Néanmoins, il s’agit là de détails au final peu gênants et clairement compensés par la richesse et la diversité des séquences abordées.
Un gameplay « grand public » pas exempt de Dafoe
Rentrons désormais dans le vif du sujet, à savoir la jouabilité du titre et son gameplay si atypique. Pour Beyond, les équipes de David Cage ont souhaité rendre l’action plus visuelle en supprimant le plus possible les interfaces, vous n’aurez donc à l’écran qu’un point placé sur les objets avec lesquels vous pourrez interagir, et parfois quelques icônes vous indiquant sur quelle touche appuyer en particulier. Le résultat n’est pas trop intrusif et permet de gérer les interactions en poussant le joystick droit dans la direction logiquement liée à l’action souhaitée. Par exemple, si vous dirigez Jodie vers un objet posé au sol, vous devrez orienter le stick vers le bas à proximité du point d’interaction pour que l’héroïne puisse saisir l’item en question. Le procédé est relativement similaire durant les combats ou les phases de poursuite puisque les séquences y sont régulièrement agrémentées de ralentis au cours desquels vous devez rapidement analyser dans quelle direction Jodie devra agir. Si un ennemi armé d’une machette donne un coup horizontal et que Jodie commence à l’esquiver en se baissant, vous devrez pousser le joystick vers le bas, et ainsi de suite. Evidemment, on retrouve toujours les phases de déplacement et de dialogues à choix multiples même si ces derniers sont bien moins fournis que dans Heavy Rain.
Si dans la précédente preview, nous émettions quelques réserves quant au « challenge » et à l’aspect ludique de l’expérience au vu de la difficulté très faible du titre, force est de constater que les choses n’ont pas changé sur la version finale. Le titre est très (trop ?) facile et il faut vraiment le vouloir pour rater une séquence ou un combat. Néanmoins, la prétention du soft n’est pas tant de proposer de la difficulté mais bien de donner la possibilité au joueur d’explorer l’histoire comme il le souhaite, un point de vue louable (surtout lorsque l’on s’imagine la quantité de travail que représente un script tentaculaire aux embranchements multiples), mais qui va parfois à l’encontre même du concept de son grand frère Heavy Rain, dont il est sur le papier le digne successeur.
Oubliez les séquences alternatives déclenchées parce que vous n’aviez pas trouvé assez d’indices sur la scène du crime ou que vous n’aviez pas su briller lors d’une épreuve vous demandant d’exécuter les enchaînements de touches avec le bon timing, Beyond ne vous posera aucun problème de difficulté. Si bien qu’on est vite tenté de refaire une séquence en échouant volontairement pour voir l’influence de cette action sur la trame. Ce faisant, on est souvent confronté à un sentiment de frustration puisque la séquence va soit se terminer correctement d’elle-même (Aiden arrivant souvent automatiquement en renfort), soit générer une section alternative vous renvoyant sur les rails quelques minutes après. On reste donc un peu sur notre faim concernant les libertés en termes de déroulement de la narration.
Dans la peau d’un petit fantôme
Beyond propose également un double gameplay assez intéressant, incarné par l’entité fantomatique nommée Aiden, littéralement lié à Jodie par un cordon spirituel l’empêchant de trop s’éloigner de la jeune fille. On passe d’un personnage à l’autre en pressant simplement la touche triangle, ce qui nous fait jongler entre un gameplay classique à la 3ème personne et un gameplay en vue subjective. L’intérêt d’un tel sidekick réside dans la quasi-omniscience d’Aiden. Il vous permettra de faire du repérage (en traversant par exemple certains matériaux infranchissables pour Jodie), de soigner des personnages, mais aussi de prendre possession d’ennemis ou d’en étrangler certains lorsque l’héroïne est dans une mauvaise passe. On appréciera aussi les phases proposant d’utiliser ou non l’entité pour interagir sur le décor afin d’hanter une pièce pour influencer la narration, même si ces dernières se révèlent relativement scriptées, au même titre que le reste de l’aventure. A ce propos, Quantic Dream propose à un second joueur de participer à l’aventure via un mode deux manettes et une application dédiée aux smartphones et tablettes.
Une expérience à partager
Fidèle à la réputation de « jeu spectacle » introduite par son grand frère, Beyond pousse l’expérience un peu plus loin en proposant aux joueurs de vivre l’aventure à plusieurs, incarnant à tour de rôle les personnages d’Aiden et de Jodie. L’application Beyond Touch permet à cet effet de gérer l’aventure depuis un smartphone ou une tablette. L’idée est logiquement apparue après plusieurs retours de joueurs ayant fini Heavy Rain avec quelqu’un à côté d’eux pour aider à la prise de décision et discuter de l’évolution de la trame. Le résultat sur Beyond est assez intéressant et permet de faire participer des joueurs non initiés en plus des spectateurs de l’aventure, le jeu se prêtant totalement à une expérience participative. D’ailleurs, c’est peut-être là l’angle d’attaque voulu par le studio concernant la difficulté et l’intensité de la narration : proposer un gameplay simple ne requérant pas du joueur qu’il connaisse parfaitement les touches de sa manette. Grand public ? Le titre l’est assurément, et c’est peut-être bien là son seul gros défaut.
Trop « grand public » pour être apprécié ?
Si le titre propose un gameplay moins « exigeant » (bien que le terme soit un peu fort) que celui d’un Heavy Rain, c’est justement pour qu’il soit accessible au plus grand nombre, joueurs comme non-joueurs. On est donc à la limite du ludique étant donné que la difficulté est extrêmement faible et que les embranchements, bien qu’existants, ne permettent pas une rejouabilité pleinement satisfaisante (l’issue des séquences n’ayant que rarement une influence réelle sur la suite, à première vue). Alors que reste-t-il de Beyond après l’avoir terminé ? Un excellent souvenir et l’impression d’avoir vécu une véritable épopée bluffante, attachante et parfois même plus immersive qu’un excellent film.
Est-ce assez pour oublier les limites d’un game design que l’on pensait plus audacieux ? La question mérite d’être posée. Si vous avez apprécié la démo du jeu, il y a de fortes chances pour que vous adhériez au concept jusqu’au bout, quitte à refaire les séquences pour débloquer les bonus cachés, et déverrouiller les 23 fins du titre, dont l’accès est défini à environ 8 à 10 heures de jeu, soit deux bonnes heures avant la fin du titre. Beyond se définit donc finalement comme une excellente expérience-spectacle et une belle initiation au jeu vidéo si vous souhaitez faire découvrir à vos proches, joueurs ou non, une aventure haletante et bien menée.
Points forts
- Résolution en 4K disponible
- Animation en 60 images par seconde
- Un récit haletant
- La relation Jodie/Aiden
- Le jeu des acteurs et la qualité du doublage
- La BO de Hans Zimmer et Lorne Balfe
Points faibles
- Pas forcément adapté au combo clavier/souris
- Intérêt du DLC "Expériences avancées" très relatif
- Un portage sans réelle nouveauté
Sans grande surprise, Beyond Two Souls est un portage honorable sur PC. Plus fin, plus fluide, il s’agit ni plus ni moins qu’un copier-coller de la mouture PS4 avec l’option deux joueurs (l’un contrôle Jodie, l’autre Aiden) et la possibilité de rejouer les séquences dans l’ordre chronologique. Et au final, c’est déjà pas mal car ça va permettre à de nombreuses personnes de découvrir la suite du catalogue de Quantic Dream. Prochaine destination : Detroit : Become Human !