Quatre mages pour une MàJ

Après un lancement en janvier dernier sur Xbox One, Switch et PC, le jeu de Magic Design inspiré de Journey to the West arrive enfin sur PlayStation 4. Il profite d’une sortie au crépuscule du printemps pour faire mûrir ses fonctionnalités. En effet, il ajoute deux nouveaux modes de difficulté (facile et difficile), un mode photo, des skins supplémentaires, une minuterie dans les niveaux et revoit son système de classement. Il corrige également quelques imperfections au niveau de la maniabilité. Il faut reconnaître qu’Unruly Heroes est un platformer 2D proposant une liste remplie de mouvements divers et variés avec ses quatre personnages jouables. Le singe et le colosse rouquin disposent d’un double saut, tandis que Sanzang et Ki Hong ont la faculté de planer. Tous peuvent esquiver, bondir de mur en mur, saisir un objet comme un adversaire pour l’envoyer au loin, ou encore distribuer des coups par l’intermédiaire d’une série de combos et d’attaques (écrasantes, à longue portée, anti-aériennes, lourdes, flottantes). L’interface utilisateur ne s’encombre que de deux jauges : une indiquant l’état de charge de la super attaque (à déclencher avec L2 + R2), l’autre informant sur le niveau de santé. L’orientation du stick a toute son importance, puisqu’une attaque avec la touche “triangle” sortira différemment si le joueur vise en haut (coup aérien) ou en bas (attaque lourde). Dans le faits, bourriner la touche d'attaque rapide est suffisant à la réussite de bien des combats.

Ce qui fait le sel d’Unruly Heroes vient de la possibilité d’incarner des protagonistes aux capacités complémentaires, un peu à la manière de Trine. “L1” permet de sélectionner à la volée un des quatre personnages jouables que sont Sanzang, Wukong, Ki Hong et Sandmonk. Une manipulation particulièrement utile afin de jouir de leurs capacités respectives et ainsi surmonter les obstacles qui se dressent sur le chemin, à l’image de Sandmonk qui se sert de ses gros bras pour détruire les rochers gênant l’avancée. Les héros possèdent également des pouvoirs spéciaux qui s’activent lorsqu'ils se trouvent devant des statues enchantées. Le singe devient alors capable de créer des ponts, le cochon flotte dans les airs telle une bulle de savon, et la magicienne envoie des balles d’énergie rebondissantes. Les niveaux plus avancés mettent en exergue une inertie quelque peu gênante lors des phases d'attaque et de plateforme. Bien que des séquences au gameplay plus spécifique interviennent, Unruly Heroes peine malheureusement à surprendre. Plusieurs scènes font fortement penser à ce qui a déjà été joué ailleurs (passages en lévitation avec des obstacles piquants à éviter, boutons inversant la gravité, etc.), et l’oeuvre de Magic Design souffre souvent de la comparaison. À l'ouest, rien de nouveau ?

Mais qu’est-ce qu’il y a là-dedans, Ki Hong ?

Malgré les couches de gameplay qui s’additionnent et les compétences qui s’acquièrent, Unruly Heroes n’est pas un Metroidvania. Il fait s’enchaîner des tableaux qui ne sont pas interconnectés, laissant le ou les joueurs à la recherche de divers boss à abattre. Les niveaux mélangent plateforme pure, énigmes et action. Même s’ils revêtent différentes formes (leviers, roues crantées, bulles, etc.), les interrupteurs sont nombreux et gâchent légèrement l'expérience tant les réactions qu’ils déclenchent vont parfois au-delà de toute logique. Des pièges vicieux jonchent le parcours, et maîtriser l’esquive se révèle obligatoire pour espérer survivre. Heureusement, contrairement à un Limbo, se prendre un piège ne tue pas en un seul coup. Le titre de Magic Design ne propose au final rien de très original, mais le tout fonctionne plutôt bien. Certains ennemis peuvent être incarnés lors de séquences spécialement prévues à cet effet, apportant un peu de variété aux mécaniques de base. Dans la fourrure d’un loup par exemple, il devient possible d’envoyer des lances ou d’enrôler d’autres congénères, ce qui est bien utile dans la résolution des énigmes. Dans la peau d’une sorte d’araignée géante, il devient possible de courir sur les murs, tandis que les gardes à tête de lampion jouissent d’un bouclier d’énergie rapidement indispensable.

La progression se fait sans véritable heurt ni coup de génie, malgré un passage dans l’Outremonde très agréable grâce à une jouabilité plus véloce qui frise le run and gun à certains moments. Ne vous attendez pas à des séquences épiques comme celle de la fuite de l'Arbre Ginso d’Ori, Unruly Heroes se veut plus posé dans sa globalité. Le fait que les endroits nécessitant des pouvoirs spéciaux soient indiqués par des statues à l’effigie du héros retire au joueur la joie de trouver lui-même la solution. Dommage. Les checkpoints, nombreux, montrent bien que l’expérience ne se veut pas orientée autour du challenge malgré la présence de nombreux ennemis. À ce titre, la mort n’est pas punitive et le jeu laisse une place non négligeable aux approximations (hormis lors de quelques passages spécifiques).