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Test Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

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Atelier Lulua : The Scion of Arland lance l'aventure de Lulua Fryxel

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction
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Profil de Ryuzaki57,  Jeuxvideo.com
Ryuzaki57 - Contributeur jeuxvideo.com

Comme les trains, un Atelier peut en cacher un autre. C'est ainsi qu'à deux mois d'intervalle seulement, Gust se voit proposer à ses fans japonais comme occidentaux le spin-off Nelke and the Legendary Alchemists, mais aussi et surtout le nouvel épisode de la série principale. Et cette fois-ci le développeur se rappelle aux bons souvenirs des vétérans, car il revient à l'arc narratif qui a fait connaître la série hors du Japon, la trilogie Arland initiée avec Atelier Rorona il y a dix ans au Japon.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Test réalisé à partir d'une version japonaise, sur une partie complétée de 72 heures de jeu.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Comme son nom l'indique, ce quatrième épisode vous fait suivre l'histoire de Lulua, qui s'avère être la fille de Rorona, la toute première héroïne de la série Arland. Alchimiste comme sa mère, Lulua va progresser à une vitesse incroyable grâce à un livre d'alchimie littéralement tombé du ciel. Les habitués feront immédiatement le parallèle avec Atelier Sophie, qui commence exactement de la même manière. Les similitudes avec la trilogie Mysterious, entamée avec Atelier Sophie, se font donc sentir (voir plus loin) même si toutefois, nous sommes bien à Arland.

Episode 4, un nouvel espoir ?

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Qu'est-ce que ça fait de revenir à Arland ? Eh bien finalement, pas grand chose. La faute à une sous-utilisation chronique des personnages qui ont fait la légende de la trilogie originelle. Des personnages comme Lionela de Atelier Rorona, Keina ou Mimi de Atelier Meruru sont relégués au rang d'intermittents ultra-secondaires, et fatalement non jouables... Cordelia est vaguement évoquée dans un dialogue, et Esty n'existe carrément plus. On a perdu des personnages mythiques pour d'autres dont le charme est tout sauf évident... Pour ce qui est de jouer sur la nostalgie, Nelke and the Legendary Alchemists fait sensiblement mieux. Plus que de jouer à The Alchemist of Arland 4 (sous-titre officiel de la version japonaise), on a plus l'impression de commencer une nouvelle trilogie qui se passerait par hasard au même endroit.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans convictionAtelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Mais le pire reste certainement le traitement réservé à Totori et Meruru. Les héroïnes respectivement des épisodes 2 et 3 sont elles aussi complètement extérieures à votre aventure, sauf que Gust a annoncé, deux semaines après la sortie japonaise (quand le gros des ventes est fait…) que les deux alchimistes seraient ajoutées à l'équipe plus tard en DLC ! Cher, évidemment, puisque chaque personnage coûtera 10€, exactement comme ce fut le cas pour Atelier Lydie & Suelle. Là, il y a un vrai problème de fond, car jusqu'ici la tradition veut que les alchimistes des épisodes antérieurs intègrent l'équipe dans les suites : c'est pour ça que Totori et Rorona sont jouables dans Atelier Meruru, que Firis et Sophie sont jouables dans Atelier Lydie et Suelle et que Logy et Ayesha avaient finalement été ajoutés à Atelier Shallie Plus. Gust casse donc la tradition, rogne l'expérience de jeu pour quelques dollars de plus, et au final ne se respecte pas lui-même. Les joueurs devraient pouvoir profiter de jeux complets, même s'il faut pour cela qu'ils soient repoussés ou commercialisés plus chers.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Visiblement convaincu qu'il fallait remplacer tout le monde ou presque, le développeur introduit plusieurs nouveaux personnages. Lulua est une héroïne plutôt réussie : drôle et malicieuse, elle participe bien à l'ambiance et joue son rôle de d'effrontée intenable à merveille, notamment lorsqu'elle taquine les autres. Les autres, justement, sont loin d'avoir été aussi travaillés : même après 70 heures de jeu, le joueur ne sait pas grand chose de leur histoire ou de leur personnalité. Piana, l'invitée surprise de Atelier Totori, se défend assez bien dans le rôle du mentor dilettant, mais on a généralement l'impression que Gust a trop de personnages à gérer et qu'au final, il s'attarde trop peu sur chacun. On rencontre même une aventurière nommée Yelche, qui au final n'apparaît quasiment pas dans l'aventure... Ca ne fait pas une grande équipe de JRPG, tant les liens entre ses membres sont diffus. On est bien content de retrouver Rorona et Sterk, surtout que ce dernier est toujours aussi classe et amusant, mais c'est bien peu en regard des attentes.

Du coeur à l'ouvrage

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

A partir de là, impossible de ne pas se dire qu'il y a un énorme problème d'écriture avec ce quatrième épisode, dont les chapitres principaux passent du coq à l'âne comme autant de quêtes annexes sans lien entre elles. Reposant sur le mince fil rouge que représente le livre affectueusement appelé Alchemy Riddle, la narration de Atelier Lulua est en réalité cousue de fil blanc. L'objectif de départ est de renouveler le bail de Rorona qui, distraite comme d'habitude, avait oublié. Puis l'équipe part explorer des ruines, Lulua va passer un chapitre à se demander quelle est sa raison de vivre, pour finalement se consacrer à Stia, une jeune fille qu'elle croise dans des vestiges près de sa ville natale. Le scénario va dans tous les sens et se révèle incapable de donner un but cohérent et donc une véritable aventure dans laquelle on pourrait s'immerger, surtout que tout cela est encore dilué dans une masse de petites quêtes sans intérêt venant gonfler artificiellement la durée de vie. Le questionnement moral de Lulua sonne faux, et creux, tout comme son attachement à Stia qu'elle vient juste de rencontrer. On est loin, très loin de la cohésion des trois premiers épisodes où le joueur était porté par un grand et lointain but ultime, avec un colossal sentiment d'accomplissement au bout.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Fort heureusement, Atelier Lulua revient sur un socle de gameplay solide centré sur l'alchimie et les combats. La progression nécessite toujours de créer, via l'alchimie, tout l'équipement requis pour affronter les monstres et autres boss : bombes, objets de soin, armes, armures, accessoires... il faut tout fabriquer de A à Z à partir des ingrédients trouvés à l'extérieur des villes. C'est là qu'on est un peu (beaucoup) déçu : le monde de Atelier Lulua présente une architecture des plus classiques, à savoir une multitude de très petites maps, à l'inverse du gigantesque monde ouvert de Atelier Firis. Ces aires sont encore plus étroites que dans Atelier Lydie & Suelle : on en fait généralement le tour en moins d'une minute. Côté exploration, il faudra repasser... Les recettes s'obtiennent pour part dans les livres vendus dans les boutiques spécialisées, mais plus généralement en réussissant certains défis, alchimiques ou de combat, suivant les indices de Alchemy Riddle. Rien de nouveau là aussi : ce système de progression, addictif au demeurant, existe depuis au moins quatre ans. Le principe du temps limité semble lui définitivement abandonné.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Le retour à Arland change la donne question alchimie. Exit le damier qui était le pivot du système dans la trilogie Mysterious, les éléments sont maintenant au centre du jeu. Chaque ingrédient a plus moins d'affinité avec l'eau, le feu, la terre ou la foudre. Cela régit la qualité, et surtout les propriétés des objets alchimiques conçus. Par exemple, un lingot fait avec beaucoup d'ingrédients liés au feu sera meilleur, et augmentera toutes les stats quand il sera utilisé pour faire une armure. A l'inverse, utiliser des ingrédients aquatiques pour faire de la dynamite fera capoter l'opération, et seules des cendres sortiront du chaudron de Lulua.

Pour optimiser les créations, les fameux catalyseurs sont de retour, mais interviennent cette fois en fin de processus : il peuvent pallier à un manque ponctuel de tel ou tel élément. Autre nouveauté intéressante, on peut maintenant changer la catégorie de certains objets. Par exemple, le charbon, considéré comme "combustible" à la base, peut devenir "minerai". Il est ainsi utilisable dans d'autres recettes, ce qui permet d'exporter des propriétés potentiellement puissantes vers d'autres équipements. Bref, l'alchimie est encore pleine de subtilités, et suffisamment bien conçue pour y passer des heures avec la même passion.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Le seul côté ennuyeux concerne les PP (Tokusei Point). Pour rappel, vous pouvez greffer jusqu'à trois propriétés sur chaque objet, aux effets aussi divers que booster certaines stats ou augmenter la puissance de guérison. Dans Atelier Lulua, chacune de ces propriétés coût des PP. Le nombre de PP disponibles étant limité (60 au niveau maximal), il est parfois compliqué de réaliser des objets hyper puissants (pourtant nécessaires pour gagner à haut niveau). Par exemple, Iyashi no Hex (qui confère résurrection) coûte 40 PP, ce qui ne laisse pas beaucoup de place pour le reste. Il y a toute une gymnastique intellectuelle pour augmenter le nombre de PP, mais était-il bien nécessaire de compliquer ainsi la tâche ? Cela ressemble bien là encore à de la durée de vie artificielle.

The Heroic Legend of Arland

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans convictionAtelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Pour ce qui est des combats, Atelier Lulua ne s'éloigne pas tant que ça du précédent volet. Toujours tour par tour avec une ligne avant et arrière, le système fonctionne exactement comme dans Atelier Lydie & Suelle. Comprenez par là que les persos à l'arrière sont très actifs dans le combats : en maîtrisant certaines conditions, ils peuvent être d'une grande aide en soignant ou en infligeant de gros dégâts additionnels. Sterk peut ainsi par exemple jouer jusqu'à trois fois d'affilée s'il est placé en arrière, et Rorona peut soigner les MP de la même manière. Fix le prestidigitateur est certainement le personnage le plus original et le plus intéressant à jouer : il ne consomme pas des MP mais des cartes, et doit re-mélanger son deck régulièrement. Ses capacités de soutien sont à double tranchant : il augmente fortement la jauge de spécial (qui permet de lancer les attaques ultimes) mais retire dans le même temps des MP à son équipe ! C'est un peu le joker du jeu et son gameplay complexe illustre assez bien la qualité conservée du sytème de combat.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Comme chaque Atelier doit arriver avec sa petite innovation, Atelier Lulua introduit le système d' Interrupt. Comme son nom l'indique, il permet à une alchimiste de jouer avant son tour en utilisant un objet pré-affecté.Cela permet par exemple de soigner son équipe à un moment critique. Autre point très apprécié, les objets utilisés pour l'interruption sont ravitaillés automatiquement à chaque combat, à l'inverse des objets du panier qu'il faut renouveler en ville. Tout cela ne sera pas de trop pour venir à bout de l'aventure principale, dont la difficulté exponentielle requiert une bonne connaissance des mécaniques de jeu. Le boss de fin par exemple (au niveau 100 en mode normal) décime régulièrement les personnages à l'avant en plus de les priver de toutes leurs capacités ! Le challenge est donc gratifiant et on ne va pas s'en plaindre.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

Graphiquement, on note un net progrès : les personnages sont plus jolis, les décors sont plus riches. Les expressions faciales deviennent plus convaincantes, même si cela concerne surtout Lulua et ses nombreuses mimiques. Sterk par exemple paraît en revanche assez inexpressif. Il y a quelques trucs assez bizarres comme Mimi qui à l'air plus jeune que dans Atelier Meruru, ou Rorona qui garde toujours la même voix alors qu'elle a maintenant bien trente balais, mais il est indéniable que la réalisation a gravi un échelon.

Atelier Lulua : The Scion of Arland, un retour aux sources sans conviction

L'animation a un fort goût de déjà vu puisqu'une grande partie de la gestuelle est reprise de Atelier Lydie & Suelle. On aurait aussi espéré qu'Atelier Lulua fasse un effort sur le bestiaire, mais ce n'est vraiment pas le cas : on affronte pour ainsi dire le même dragon pendant tout le jeu. Puisqu'on parle d'Arland, les boss étaient nettement plus variés, originaux et spectaculaires dans Atelier Meruru il y a... sept ans! Les combats eux restent suffisamment impressionnants pour divertir sur la longueur, surtout dans la mise en scène des capacités qui en jette toujours autant. Globalement, on peut décemment octroyer une mention bien à ce nouvel épisode sur le plan technique.

Points forts

  • Plus beau
  • Alchimie toujours au top
  • Système de combat complexe
  • Affrontements très fun
  • Challenge de taille

Points faibles

  • Scénario et narration sans relief
  • Trilogie d'origine mise de côté
  • Exploration toujours en recul
  • Personnages assez creux
  • Artworks nettement moins bons
  • DLC abusifs (récidive)

D'une écriture singulièrement décevante, Atelier Lulua échoue également à combler le fan de la trilogie Arland, faute à trop peu d'interactions avec d'anciens personnages pourtant adulés. Encore une fois, on demande au joueur de casser sa tirelire et d'attendre que les DLC soient prêts. A cela, Gust substitue des nouveaux arrivants manquant parfois de personnalité et du contenu annexe assez fade. Les habitués retrouveront néanmoins un système de jeu sans faille et une vraie profondeur de jeu, ainsi qu'un gameplay et un défi appréciable.

Note de la rédaction

12
14

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