La valse printanière des bilans financiers perdure et c’est désormais au tour d’Ubisoft de résumer son année fiscale 2016 auprès de ses investisseurs et par la même occasion auprès de la presse et les joueurs. L’éditeur français a donc communiqué ses résultats pour l’année fiscale 2016, à savoir la période du 1er avril 2015 au 31 mars 2016.
En un mot comme en cent, l’année passée fut un excellent cru pour Ubisoft. Durant cette période, l’éditeur a engrangé pas moins de 1,394 milliard d’euros soit une baisse de 4% de son chiffre d’affaire en comparaison de l’année fiscale précédente (1.464 milliard €) pour un résultat opérationnel stable s’établissant à 169 millions d’euros et un bénéfice net en hausse de 14% (93.4 millions €).
Internalisation et Collaboration
Depuis maintenant plusieurs années, Ubisoft tient le cap fixé il y a de cela plusieurs années. En premier lieu, à la différence de nombreux éditeurs, la société de Yves Guillemot internalise la majorité de ses projets triple AAA. Cette politique s’exprime par la création et le rachat de plusieurs studios à travers le monde pour une force de travail dépassant les 10.000 employés. Et ces studios ne se contentent pas de produire leurs titres dans leur coin. Bien au contraire, ces derniers collaborent sur la majorités des productions AAA offrant à l’éditeur une source d’innovation ainsi qu’un partage de l’expertise et des connaissances acquises. A titre d’exemple, Assassin's Creed IV : Black Flag a été réalisé par les studios de Montréal en collaboration avec Singapour, Annecy…
Les Open World
Ce système de production centré sur la collaboration offre l’opportunité à Ubisoft de créer et de lancer de nombreux jeux Open World chaque année à la différence de la concurrence. Assassin’s Creed IV : Black Flag, Assassin's Creed Unity, Far Cry 4, Watch Dogs, The Crew, Assassin's Creed Syndicate, Far Cry Primal, Tom Clancy's The Division… 8 jeux en monde ouvert débarquèrent en l’espace de 3 ans. Une opportunité offerte par le développement du systémique et la réutilisation, parfois à outrance, des features développées sur les autres jeux.
Le développement des franchises
La création et l’exploitation des franchises fortes s’avèrent le second cheval de bataille d’Ubisoft avec l’annualisation des licences en ligne de mire : Assassin’s Creed, Far Cry et Tom Clancy en tête bien que la dernière citée soit déclinée en de nombreuses séries.
La dimension multijoueur
Le portfolio des franchises fortes d’Ubisoft s’est renforcé au fil des ans et les efforts consentis semblent payer leurs fruits. En effet, les audiences enregistrées sur les jeux à dimension multijoueur valident la stratégie de l’éditeur avec des audiences multipliées respectivement par 2 et par 3 pour Tom Clancy's Rainbow Six Siege et The Division.
Meilleur lancement d’une nouvelle franchise sur le marché vidéoludique, 9.5 millions de joueurs se sont enregistrés sur The Division, passant 3 heures par jour à parcourir un New York post-apocalyptique et enneigé. Et la raison principale de cet engouement est à puiser dans le mode multijoueur du titre, une dimension permettant d’améliorer la rentabilité de The Division avec entre autres la vente de DLC ; 20% des joueurs ayant acheté le Season Pass.
Les ventes dématérialisées
Aux excellents chiffres de vente des jeux en eux-mêmes, la montée en puissance du marché digital permet à l’éditeur d’augmenter la marge faite sur la vente et d’accroître de fait ses résultats opérationnels et ses bénéfices. Représentant 26% sur l’année fiscale 2015, les ventes dématérialisées atteignent 32% du chiffre d’affaire sur l’année fiscale 2016 avec 447 millions d’euros, soit une augmentation de 16%.
Le "Back Catalog"
Sans être nostalgique de ses succès passés, l’éditeur français s’appuie chaque année sur son “Back Catalog” (à savoir les jeux sortis lors de l’année fiscale précédente) et écoule ainsi de nombreuses copies sans aucun coûts de production ajoutés à l’année fiscale en cours. Ainsi, des titres tels que Assassin’s Creed Black, Assassin’s Creed Unity, Watch_Dogs, The Crew (+ Wild Run), Far Cry 4... ont rapporté à Ubisoft la coquette somme de 355 millions d’euros, soit 25% du chiffre d’affaire sur l’année fiscale 2016.
La stratégie d'Ubisoft pour l'année fiscale 2017
Et l’année fiscale 2017 s’annonce d’ores et déjà riche en titres AAA avec pas moins de 5 titres AAA annoncés. Au-delà de Ghost Recon Wildlands, South Park : The Fractured But Whole et For Honor, Ubisoft confirme la sortie de Watch Dogs 2 avant mars 2017. Et ce n’est pas tout. L’éditeur français lancera également une toute nouvelle franchise AAA. Aucune information n’ayant été dévoilée à l’heure actuelle.
Ubisoft compte également renforcer ses politiques fondées sur l’exploitation de son “Back Catalog” et ses ventes digitales et atteindre respectivement les 30% et 35% de son chiffre d’affaire. A cela vient s’ajouter l’arrivée d’Ubisoft dans les salles obscures et sa politique Cross media avec la sortie en décembre 2016 du film Assassin’s Creed traduisant la volonté de l’éditeur d’acquérir des fans au-delà de la sphère vidéoludique.
Avec cette nouvelle manie de ne dévoiler leurs résultats qu’à demi-mot, ce bilan fiscal est à prendre avec des pincettes. Il est aisé de faire parler les chiffres en sa faveur, n’exploitant que le positif. Cependant, la réussite d’Ubisoft est indéniable et récompense les choix et les prises de risque de l’éditeur. Et l’année fiscale 2017 devrait confirmer la forme actuelle de la société de Yves Guillemot. L'avenir de l'éditeur se dévoilera à l'E3 en juin en prochain.
Sources : ubisoft.com