Depuis quelques années, la licence Call of Duty se cherche. Avec un certain succès. Critiquée pour son immobilisme par une partie des gamers, la poule aux oeufs d'or d'Activision s'est fait violence, et a proposé ces deux dernières années des changements radicaux dans son gameplay. Les principaux instigateurs de ce mouvement, Sledgehammer Games, ont sorti en 2014 Call of Duty: Advanced Warfare ; sans le savoir, ils dessinaient dès lors l'avenir de la franchise. Après un Black Ops III qui aurait aussi bien pu s'appeler Advanced Warfare II, c'est Infinity Ward qui revient aux affaires... et qui s'inscrit dans la même continuité.

« C'est le futur, mais ça reste le Call of Duty que vous aimez » a affirmé l'un des développeurs pendant le stream. Le studio a bien compris que les univers futuristes déplaisaient à une partie de fans de "Call of", ce qui, paradoxalement, ne les a pas empêché de pousser le bouchon encore plus loin.

Dans longtemps, dans une galaxie pas très lointaine...

Mais quand se déroulera Infinite Warfare, à vrai dire ? Impossible de le savoir ; interrogés à ce sujet, lors d'un entretien téléphonique, Jacob Minkhoff et Taylor Kurasaki n'ont pas été capables de répondre à cette question. Aucune date n'a été clairement établie : on se trouve simplement dans un avenir plutôt éloigné, mais où les choses sont assez peu différentes de ce que l'on connait aujourd'hui... En tout cas sur Terre. L'essentiel des pays que nous connaissons aujourd'hui existe toujours : les USA sont toujours bien là, même chose pour le Royaume-Uni, la France, l'Inde... À ceci près que la coopération mondiale a progressé de manière significative. Nous sommes arrivés à l'ère de la conquête de l'espace, et l'Homme est désormais capable de voyager dans notre galaxie avec une certaine facilité. Sans dépasser le cadre (déjà imposant) de la Voie Lactée, l'humanité s'est toutefois installée sur la majeure partie des planètes de notre système solaire.

La conquête de l'espace et des différentes planètes de notre galaxie s'est assortie d'une évolution majeure de l'économie mondiale puisque désormais, les nations terriennes ont installé dans l'espace des colonies, qui renvoient vers la Terre de nouvelles ressources, et notamment énergétiques. Tout cela fonctionne sous l'égide de l'UNSA, le "United Nation Space Alliance" (qui n'est pas sans rappeler l'UNSC - United Nation Space Command - de la série Halo), qui s'assure de réguler le commerce, mais aussi les relations entre la Terre et ses colonies. Un genre de super-ONU, en quelque sorte.

Des méchants très méchants

Bien entendu, cela ne va pas durer ; puisque les échanges entre la Terre et ses colonies se font à sens unique, on a tôt fait de voir ici et là s'élever des voix ; le mécontentement de certains grandit au point que se crée le Settlement Defensive Front, une organisation militaire qui n'a de souhait que de briser l'UNSA. Désigné par les scénaristes comme une organisation terroriste et fasciste, le SDF (on espère une traduction française plus heureuse) dispose d'une puissance militaire tellement importante que ses premières attaques contre la Terre seront presque fatales à cette dernière.

À tel point que l'armée humaine se retrouve prise, au début d'Infinite Warfare, dans une position fort peu avantageuse : le personnage joué par le joueur, le Capitaine Reyes, est le maître d'un des derniers grands vaisseaux de combat que possède l'humanité. Malgré les quelques milliers d'hommes et de femmes sous son commandement, Reyes se retrouve dans une situation plutôt compliquée, et tiendra donc le rôle d'underdog tout au long du scénario.

L'amateur d'animation japonaise serait alors tenté de se demander si Infinity Ward ne serait pas allé chercher l'inspiration du côté de certaines fameuses séries de mechas, à commencer par Mobile Suit Gundam... et tout l'univers Gundam, à vrai dire. La Terre contre une organisation paramilitaire extrêmement violente, un puissant vaisseau de guerre esseulé : voilà qui rappelle nombre de situations connues des fans de japanimation. Pourtant, Jacob Minkhoff l'affirme :

Je ne peux pas dire que nous ayons une source d'inspiration en particulier. Nous avons simplement songé à un futur possible, réaliste. Si je devais dire quels ont été nos sources d'inspiration, je parlerais des conseillers militaires que nous avons consulté. Taylor a beaucoup travaillé avec ces conseillers. Nous avons travaillé avec les Navy Seals, et des officiers de l'US Navy.

Call of Duty se cherche

Ce qui apparaît évident, en revanche, c'est que Infinity Ward a envie de proposer quelque chose de nouveau. Enfin, nouveau, mais pas trop quand même : les fans de Call of Duty sont susceptibles, et malgré ses grandes qualités, Advanced Warfare a déplu à une bonne partie de la communauté. Comment faire évoluer une franchise quand le public cible est aussi frileux face au changement ? Le studio n'a clairement pas la réponse, mais il entend tout de même essayer de satisfaire un maximum de joueurs.

Parmi les changements mineurs, le rôle et le poste du personnage incarné par le joueur. Reyes n'est pas un troufion lambda. Il est capitaine, et est aux commandes de l'une des plus puissantes armes de guerre de l'armée terrienne : le UNSA Retribution. Les ordres, il ne les reçoit pas, il les donne. Ainsi, d'après les deux scénaristes, il sera tout à fait possible, durant la campagne, d'ordonner au personnel navigant de conduire le Retribution à un endroit spécifique de l'espace. Que ce soit une raffinerie appartenant aux mains de l'ennemi, ou un vaisseau ennemi, le joueur pourra s'y poser ; le jeu fera ainsi la transition vers le Call of Duty que l'on connait, donc un shooter à la 1ère personne. Les scénaristes ont d'ailleurs mentionné la volonté d'Infinity Ward de proposer un jeu avec le moins de temps de chargement possible ; il serait ainsi permis de passer des phases spatiales aux phases de combat sans la moindre seconde d'attente.

Ces petits événements (pouvant être assimilés à des missions secondaires) se produiront à intervalle régulier, si l'on en croit Minkhoff. Le scénario reste linéaire, dans la grande tradition de la série, et les quelques ordres que l'on pourra donner en tant que capitaine n'auront aucun impact sur l'évolution du scénario. En revanche, il est certain qu'à différents moments, le jeu vous laissera libre dans une sorte de hub comparable à celui de Call of Duty Black Ops III. En plus grand : le hub en question, c'est le Retribution. Ainsi, le joueur pourra aller à la rencontre de quelques PNJ, et de choisir selon son bon vouloir les missions secondaires à mener. Réaliser ses missions annexes n'a pas qu'un impact ludique, il permet aussi de se préparer pour les "vraies" missions à venir, notamment en accumulant diverses ressources. Ces missions devraient notamment avoir un rôle à jouer quant à votre load-out pour la prochaine mission principale.

Reste à voir ce que cela donnera une fois manettes (ou clavier/souris) en mains. Si sur le papier, cela rappelle vaguement Destiny, une autre production Activision dans laquelle il est notamment possible d'alterner entre missions scénario et missions secondaires, en passant par un hub "spatial", Call of Duty: Infinite Warfare reste un FPS. Activision ne souhaitant probablement pas trop effrayer les fans de la licence, il est peu probable que l'éditeur américain permette ce genre de dérives. Car rappelons le, même si chaque épisode de la série continue à se vendre chaque année par millions, les chiffres décroissent peu à peu. Ce que, dans les grands bureaux de Bobby Kotick, on ne doit pas voir d'un bon oeil.