Cette semaine je vous propose une petite divagation sur nos habitudes de consommation en matière de jeu vidéo. Non pas pour vous soutirer sournoisement des informations dans un but honteusement marketing, mais bel et bien pour ouvrir le débat dans les commentaires, dans la joie et la bonne humeur (si, si, ça peut arriver, même sur jeuxvideo.com). L’occasion de revenir sans prétention sur quelques tendances et leur impact sur notre façon d'acheter des jeux... ou de ne pas les acheter.

Ça coûte plus cher de jouer aujourd'hui ?

Faisons taire tout de suite les rumeurs, non, les jeux vidéo ne sont pas plus chers aujourd’hui qu’il y a 20 ou 30 ans. Ce reportage diffusé il y a un an maintenant devrait vous apporter quelques éléments de réponses sur cette question. Allons même plus loin en affirmant tout le contraire : de nos jours, il est tout à fait possible de jouer bien plus qu’avant pour beaucoup moins cher - à condition d’acheter au bon moment et aux bons endroits.

Cette étrange époque où il y avait des boutiques

Le moyen de distribution ayant le plus souffert durant ces dix dernières années reste sans nul doute les boutiques spécialisées. Pour les “vieux” de 30 ans comme moi, les magasins de jeux vidéo représentaient pourtant l'une des seules options valables lorsque l’on voulait se procurer un nouveau titre. Quand j’y repense, c’était pas si mal : pensez-y, une boutique entière remplie de jeux ! L’occasion de voir des trucs que l’on avait découverts dans les magazines, de tester certains titres en direct, de discuter avec les vendeurs ou d’autres joueurs passionnés et d'échanger des astuces. Une époque étrange où Internet était encore loin. Et puis le Web est arrivé et tout a changé. Mais attention, pas de fausse nostalgie ici, tout a changé oui, mais certainement pas que pour le pire. Pour les boutiques ce fut le point de départ d’une longue mais inévitable chute. Comment lutter contre l’offre du Net ? Tarifs plus bas, offre plus vaste, livraison même dans les coins les plus paumés de l'Hexagone, un combat presque perdu d’avance.

Au lieu de prendre certaines mesures, la plupart des grandes enseignes semblent avoir adopté une politique plutôt maladroite à ce moment-là : faire l’autruche et compter sur l’inexpérience du grand public pour continuer à proposer leurs jeux neufs au plein tarif tout en misant à fond sur la vente d'occasion. La première attitude leur a valu de nombreuses critiques ainsi qu'une image déplorable auprès des joueurs. Quant à l'occasion, elle leur a permis de conserver la tête hors de l’eau durant des années. L’occasion, l’un des rares moyens à l'époque de faire des économies dans le monde du gaming. Même si les tarifs de reprise et surtout de revente restent discutables, la méthode présente l’avantage de pouvoir renouveler ses jeux sans trop se ruiner. Toutefois, l'industrie n'allait pas tarder à mettre son nez dans ces petites affaires.

Coup de tonnerre lorsque certains constructeurs ou éditeurs annoncent leur souhait de contrôler la revente de leurs jeux. Les joueurs et les boutiques haussent le ton, on ne touche pas au sacro-saint marché de l'occasion ! Le paroxysme est atteint en mai 2013 lorsque Microsoft présente la Xbox One et ses DRM, sa connexion Internet obligatoire et ses jeux impossibles à revendre. Ça râle tellement chez les consommateurs que le géant américain est contraint de faire machine arrière sur sa politique et proposer un système beaucoup plus souple. Derrière ces choix initiaux très mal perçus par le public, on trouve de nombreuses raisons, mais la plupart tournaient essentiellement autour du contrôle d’un phénomène bien installé dans le milieu, PC et consoles confondues : le piratage.

Yohoho, you are a pirate !

Le piratage, c’est la bête noire de l’industrie du divertissement. Crack, DVD copié, puce dans la console, modification de firmware, torrent, DDL, autant de méthodes connues pour jouer à presque tout sans débourser un seul kopeck. Le paradis pour de nombreux joueurs. Le phénomène n’est pas récent, on se souviendra par exemple des puces dans les premières PlayStation ou des jeux gravés sur PC. Mais avec la montée en puissance d'Internet et des débits dans les foyers, il a littéralement explosé. A tel point que même les moins connaisseurs ont pu s’y mettre ; preuve en est le nombre hallucinant de R4 en circulation à la grande époque de la Nintendo DS. Qui n’a jamais vu ses petits neveux avec une cartouche de ce type bourrée de jeux téléchargés par papa et maman en moins de 2 minutes sur le Web, hein ?

Bref, le piratage et plus particulièrement celui sur PC est devenu l'ennemi à abattre pour l'industrie. Cette dernière a cherché tous les moyens pour le contrer en mettant en place plusieurs outils plus ou moins efficaces, mais toujours très mal perçus par les joueurs. Et pour cause, certains jeux étaient presque moins contraignants à jouer en version crackée qu’en version légale à cause des DRM ou de la connexion obligatoire, un comble ! Pourtant, il existe un moyen tout simple de contrer le piratage sans passer par un contrôle stupide et restrictif, il porte même un nom : l'offre fracassante.

Et Valve créa les soldes Steam

La vie des joueurs PC est rythmée par deux événements majeurs chaque année, j’ai nommé les soldes Steam d’été et d’hiver. Des offres imbattables sur des centaines de jeux proposés à prix cassé durant plusieurs jours. Ces périodes suscitent un engouement tel que Sony et Microsoft commencent aussi à s’y mettre. Il y a quelques années plutôt timides, les promos du PSN et du Xbox Live commencent à aligner les prix rikiki pour le plus grand plaisir des joueurs. Mais au-delà de la bonne affaire, les soldes sont pour de nombreux joueurs le moment idéal pour acquérir leurs jeux crackés en version légale. Pourquoi s’embêter à pirater quand on peut obtenir un jeu pour une petite poignée d’euros ? Le phénomène touche essentiellement les titres proposant du contenu en ligne, mais le simple fait de pouvoir tenir son jeu à jour et de débloquer des succès suffit à motiver l’achat.

Il en va de même pour les bundles et leur principe de Pay What You Want dont la multiplication permet de garnir sa bibliothèque de façon légale et régulière. Cette mode lancée par le secteur indépendant s'étend aujourd’hui à toute l’industrie puisque même les grands éditeurs semblent y succomber. Dernier exemple en date cette semaine avec le Humble Bundle 2K qui, pour une vingtaine d'euros, offre la possibilité de récupérer une bonne partie des titres récents du catalogue de l'éditeur américain.

Ces offres alléchantes et régulières soulèvent néanmoins la question suivante : pourquoi acheter son jeu au plein tarif alors qu’il sera très certainement vendu à prix sacrifié quelques mois plus tard ? La multiplication des bundles et des soldes ne tendrait-elle pas à remettre en question le prix habituel des jeux à leur sortie ? Je suis maintenant le premier à attendre les soldes pour acheter certains titres et je pense que beaucoup d’entre vous ici font la même chose, non ?

Un sondage publié en 2011 sur le site demandait quel était selon vous le prix raisonnable pour un jeu vidéo. Les réponses furent claires : entre 30 et 50 € pour la majorité des lecteurs à cette période. Cette indication est régulièrement utilisée dans le milieu du marketing, elle se nomme le prix psychologique ou prix d'acceptabilité. Ce prix est chargé de déterminer à partir de combien le coût d’un produit semble « normal » et « naturel » aux yeux des consommateurs. Trop bas, le produit semblera louche et de mauvaise facture, trop haut, il paraîtra excessif ou trop luxueux. 39.000 personnes avaient voté en 2011 et je suis curieux de voir si la multiplication des offres fracassantes, des bundles et de la vente dématérialisée a fait ou non évoluer les choses. Voilà pourquoi vous pouvez retrouver dès aujourd’hui un sondage pour 2014 sur la page d’accueil du site.

Et vous, avez-vous modifié vos habitudes en matière d'achat de jeux vidéo ? Etes-vous devenus adepte des soldes et des achats en ligne (Amazon, clés CD, revendeurs de versions dématérialisées) ? Quelle est votre vision du piratage en 2014 ?