D'abord prometteur et ajouté par des millions de joueurs dans leur wishlist Steam, The Day Before a rapidement commencé d'inquiéter tout le monde. Bandes-annonces diffusées puis supprimées, communication agressive, promesses de MMO AAA sorties de nulle part, assets génériques, tout laissait penser qu'il allait falloir être prudent. Et ça n'a pas manqué.
The Day Before n'aura vécu que quelques jours
Présenté comme le jeu le plus attendu sur Steam, The Day Before n'aura été qu'une étoile filante. Lancé le 7 décembre dernier en accès anticipé avec d'innombrables problèmes, le titre a déjà plié bagages et ses serveurs ont été suspendus. Quatre jours seulement après sa mise sur le marché et quelques centaines de milliers de copies vendues, The Day Before n'était plus en disponible. Les remboursements ont progressivement été effectués par l'éditeur, et le studio a tout simplement fermé ses portes. Dans le même temps, les cofondateurs ont remonté une structure, Scratch Studio, dont l'objectif est de réaliser des jeux mobile.
Malheureusement, The Day Before a échoué d'un point de vue financier, et nous n'avons plus suffisamment de fonds pour continuer. Tous les revenus obtenus serviront à honorer nos dettes auprès de nos partenaires. Nous avons investi toutes nos forces, ressources et heures dans le développement (…). Nous voulions vraiment sortir des mises à jour pour révéler le plein potentiel du jeu, mais, malheureusement, nous n'avons pas les fonds pour poursuivre. Il est important de préciser que nous n'avons pas pris l'argent du public pendant le développement (…), déclarait le studio peu après le lancement.
Au sein d'un article de blog récent, les représentants du studio ont refait surface pour dénoncer une campagne de haine injuste à l'encontre du jeu par des "blogueurs", ajouter que le titre a été développé avec passion et honnêteté, ou encore indiquer que Dr. Disrepect a aimé le jeu et que tout le reste n'est que volonté de nuire. Reste que GameStar (Webedia) et Game Two (YouTube) ont mené leur enquête. Ils auraient découvert de nouveaux détails sur la façon dont a été mené le développement de The Day Before, dont les serveurs ont disparu fin janvier.
Des conditions de développement plus que chaotiques
Seize personnes, issues du studio, ainsi que sept salariés de l'éditeur Mytona, ont fait état d'un développement ultra-chaotique, avec des refontes et des reports constants, des caprices de la part de la direction, une gestion cataclysmique du personnel avec notamment des amendes liées à des évaluations des performances. The Day Before aurait d'abord été pensé comme un jeu de survie de type dessin animé à petite échelle, avec des zombies et quelques options multijoueurs. Mais les témoignages indiquent que les frères Eduard et Aysen Gotovtsev, les cofondateurs, arrivaient régulièrement en s'extasiant sur un titre récemment joué, exigeant de but en blanc que de nouvelles mécaniques soient ajoutées au jeu.
Une autre source déclare que les objectifs changeaient presque tous les jours, et qu'un designer aurait découvert que le jeu devait être un MMO en regardant les bandes-annonces publiées dans le cadre de la campagne de communication. Le résultat de l'enquête évoque aussi cette vidéo supprimée vantant les conditions de travail chez FNTASTIC, que les développeurs auraient vu en se demandant "où était cette entreprise magique". Le cas des bénévoles non-rémunérés a également été abordé, plusieurs sources venant affirmer que le studio y a bien eu recours. Certains développeurs se seraient même endettés pour acheter du matériel, et des amendes auraient été infligées à comédiens de doublage dont les performances étaient jugées insatisfaisantes par la direction.
Les salariés auraient également été surveillés en permanence par l'intermédiaire d'une messagerie interne spécifique, et un témoin indique avoir dû supplier pour avoir une pause afin de se laver et de manger. D'autres affirment ne jamais avoir travaillé moins de 16 heures par jour durant le développement. Du côté du jeu, seuls cinq testeurs auraient oeuvrés, un chiffre ensuite ramené à quatre, puisque l'un d'entre eux serait passé à côté d'un bug, ensuite débusqué par un supérieur. Mentionnons enfin un dernier témoin, qui confie avoir travaillé sur The Day Before avant d'être licencié faute d'avoir été "assez rapide", et d'avoir osé souligner les risques liés au fait de publier un tel jeu. Des conditions de travail qui ne redoreront pas le blason de feu-FNTASTIC.