Rappel sur la situation mondiale de l'industrie des puces

Même si JVTECH parle très souvent des derniers rebondissements qui agitent l'industrie des puces, nous refusons de partir du principe que tout le monde est courant de ce qu'il se passe dans les coulisses du monde de la tech. Car oui, les semi-conducteurs dont il est question aujourd'hui sont des petits composants de pointe que l'on retrouve dans tous les produits tech, du smartphone à la voiture en passant par les consoles de jeu ou les téléviseurs.

Pour des raisons géopolitiques et économiques, les États-Unis essaient de bloquer l'industrie chinoise des puces depuis déjà un bon bout de temps. Pour ce faire, l'Oncle Sam a recruté des alliés un peu partout dans le monde (Pays-Bas, Allemagne, Corée du Sud, Japon... bref, tous les poids lourds de cette industrie). Cette coalition a mis en place plusieurs séries de sanctions économiques afin de priver la Chine de puces modernes et puissantes, nécessaires au développement technologique du pays (qui devient de plus en plus important, surtout dans un contexte de course à l'IA).

La sanction économique la plus dure entrera en vigueur en janvier 2024. Cette dernière prévoit la fin des livraisons de machines de lithographie à ultraviolets profonds (UVP) en direction de la Chine. N'allez pas croire qu'il suffit à la Chine de construire ses propres machines UVP, cette technologie est extrêmement compliquée et onéreuse. Les plus grands experts mondiaux estiment qu'il sera impossible à la Chine de fabrquer par elle-même des machines de lithographie aux standards d'aujourd'hui avant 2030.

Corée du Sud et Taïwan : des poids lourds de l'industrie de puces

Maintenant que ce bref récapitulatif est fait, revenons à l'actu. La lutte pour la suprématie dans le secteur des semi-conducteurs s'intensifie. Au cours des dernières années, les États-Unis et la Chine ont mis l'accent sur l'optimisation de leurs capacités de production de semi-conducteurs, complétées par diverses stratégies visant à affaiblir leurs concurrents majeurs. Trop oubliées, deux autres nations, la Corée du Sud et Taïwan, occupent une place prépondérante dans le paysage technologique mondial.

• D'un côté, comme l'indique Techspot, la Corée du Sud, s'efforce de s'imposer dans un secteur de plus en plus concurrentiel. Pour ce faire, Séoul peut s'appuyer sur Samsung, une firme tentaculaire qui pèse lourd dans l'industrie des puces.

• De l'autre côté, Taïwan concentre ses efforts sur le renforcement de sa position dominante. Car oui, c'est l'entreprise taïwanaise TSMC qui est leader sur le marché des puces. D'ailleurs, précisons ici que les tensions géopolitiques entre la Chine et Taïwan sont extrêmement visibles quand on s'intéresse à cette industrie particulière. Taïwan est soutenu par les États-Unis et leurs alliés et continue de recevoir les meilleures machines de lithographies au monde (les UVE), tandis que le gouvernement de Xi-Jinping continue d'être boycoté.

La Corée et Taïwan prennent de l'avance et brise les nœuds à la Chine et aux États-Unis

Si vous avez suivi la dernière conférence Apple, vous avez sûrement entendu la pomme se vanter de posséder la première puce de smartphone au monde gravée en 3 nm. C'est TSMC qui s'occupe de produire les puces d'Apple. Malheuresemet, l'entreprise taïwanaise rencontre un petit problème avec ces petits bijoux gravés en 3 nm. Un problème très compliqué à surmonter puisque Samsung doit également y faire face.

Ce problème concerne le rendement des nœuds des puces gravées en 3 nm. Les nœuds, pour faire simple, sont des plaques qui contiennent un grand nombre de semi-conducteurs. Samsung et TSMC visent un rendement (pourcentage de composants fonctionnels produits) supérieur à 60% pour leurs nœuds de puces. Le rendement actuel des nœuds des puces gravées en 3 nm se situe plutôt autour des 55%. En clair, près de la moitié des puces produites par ces deux entreprises sont jetées, faute de pouvoir être commercialisées.

Samsung et TSMC s'attellent donc à améliorer le rendement de leurs nœuds de production. L'entreprise sud-coréenne, qui a commencé la production de ces éléments en juin 2022, a une légère avance sur TSMC en termes de calendrier, mais elle doit atteindre un rendement d'au moins 70% pour séduire des acheteurs de taille.

Pendant ce temps, les États-Unis ne restent pas les bras croisés puisqu'Intel s'efforce de développer les convoitées puces de 3 nm. De son côté, la Chine envisage d'investir des milliards de dollars pour stimuler son industrie des semi-conducteurs, mais, vous l'avez compris, l'Empire du Milieu a de bonnes chance d'accumuler du retard.