Dustborn renaît, et c’est Quantic Dream qui le dépoussière

Au tout début du mois de juin, nous avions eu la chance de visiter les locaux flambant neufs de Quantic Dream. Néanmoins, nous n’étions pas seulement là pour faire le tour du propriétaire et le studio de développement n’avait pas pour unique intention de se faire mousser pour ses intérieurs en bois. Avant toute chose, nous étions là pour parler jeux vidéo et, plus précisément, de titres indépendants. Depuis peu, Quantic Dream ne se contente plus seulement de créer, il « aide à créer » ! Sous la bannière « Spotlight by Quantic Dream », des projets plus modestes bénéficient de l’expertise du studio français, de coups de pouce dans certains domaines et même de ses outils technologiques (motion capture, photogrammétrie, …).

C’est notamment à la suite de cette visite pré-Summer Game Fest que nous avons été en mesure de découvrir, manette en mains, deux des projets indépendants présentés lors de cette soirée remplie d’annonces : Under the Waves et Lysfanga : The Time Shift Warrior. Toutefois, il n’était pas seulement question de deux jeux durant cette journée… Il y avait un troisième participant qui nous avait demandé d’attendre quelques semaines de plus avant d’offrir un peu plus de détails à son sujet dans nos colonnes. Celles et ceux qui ont bonne mémoire seront donc ravis de voir réapparaître le nom de… Dustborn ! Un peu plus de trois ans après son annonce, le jeu ressurgit à l’occasion de la Gamescom, mais voici ce que l’on a découvert à l’époque dans les locaux de Quantic Dream.

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Dans la veine de Road 96, les langues se délient

Forcément, Dustborn ne peut échapper à la comparaison avec le titre des équipes montpelliéraines de DigixArt, et tout ceci se comprend aisément puisque les deux jeux font du road trip leur principal point commun. Néanmoins, là où Road 96 est une espèce d’ode aux films de Tarantino et des frères Cohen, Dustborn se veut comme une aventure bien plus singulière mais tout aussi guidée par les longs trajets sur l’asphalte. Deux ans après la sortie de Road 96 — bien qu’il ait eu droit à un contenu additionnel servant de préquel et sous-titré Mile 0 —, on change de conducteur et c’est donc Dustborn qui prend la relève dans le cadre de la Gamescom. Cependant, nous avons eu la chance d’être pris en stop il y a quelques semaines de cela pour faire la rencontre d’une joyeuse bande d’individus prêts à nous immerger dans leur univers si atypique.

Dans les locaux de Quantic Dream, l’un des cadres nous a expliqué que la structure de Dustborn a été pensée à la manière d’un comics, aussi bien en termes de visuels qu’au niveau de la narration. Jouer à Dustborn, c’est un peu comme attraper une bande-dessinée qui nous relate l’odyssée un peu folle d’un groupe de personnages hétéroclites en plein cœur d'un univers uchronique, celui des États-Désunis d'Amérique sous le joug de la Justice. Certes, les dessins y ont une place primordiale mais les dialogues sont tout aussi essentiels pour rendre ces illustrations sur papier aussi vivantes que possible et donner l’impression d’assister à des conversations réelles. D’autant que le langage et la parole sont au cœur même du gameplay ! Avec de simples mots, comme une sorte de pouvoir magique qui peut impacter les autres, Pax, une « Anomale » et protagoniste majeur de cette aventure, peut bloquer ou faire réagir un autre personnage avec lequel elle interagit : il en résulte une scène où elle force tout le monde à se taire dans la voiture.

Au-delà d’entraîner des réactions émotionnelles et comportementales spécifiques, les mots sont autant d’habiletés à utiliser au sein du groupe pour aller toujours plus loin dans ce road trip et renforcer la dynamique d’une troupe de personnages aux aptitudes bien spécifiques qui s'agrandit au fil de l’aventure, grâce à un système de recrutement. Comme on a pu le voir, sur place, lors d’une démonstration de gameplay, les interactions et les mots (l'aspect « Vox » de la mécanique centrale, basée sur la parole) sont importants dans le sens où ils peuvent apaiser un personnage en situation de stress, servir à donner des instructions, encourager l’un d’eux à se dépasser et nous aider à tirer parti au mieux des compétences spécifiques de chacun de nos compagnons de route pour accomplir des tâches, des missions et bien d'autres épreuves.

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« C’est l’histoire d’un groupe pop-rock… » : une aventure sans fausse note ?

Vous l’aurez deviné, vous n’allez pas embarquer dans n’importe quelle histoire avec ce titre. Dustborn, c’est aussi le nom que porte le groupe pop-rock (une couverture utilisée pour acheminer un colis volé, principale mission de leur voyage) que vous suivrez tout au long de l’aventure car, oui, la musique est aussi une composante très importante du jeu. À noter que si les personnages sont clairement définis, rien ne vous empêche de jouer la carte du roleplay. Bien au contraire, le soft vous laisse suffisamment d’espace pour apporter votre patte aux personnages. Ainsi, on profite des trajets pour creuser les relations entre les personnages (ce qui permet d'aborder une multitude de thèmes comme l'espoir, l'amour, l'amitié), faire des choix de dialogue qui ouvrent la voie ou non à de nouvelles possibilités d’échanges ou, à l’inverse, laisser les évènements évoluer d’eux-mêmes. Bref, vous avez toutes les clefs pour guider vous-mêmes la narration et si vous êtes perdus, ne vous en faites pas : vous pourrez retrouver de petits résumés sous forme de comics qui synthétisent et mettent en avant vos décisions ainsi que les choix faits par les autres joueurs par le biais de l’affichage d’un pourcentage. Si Dustborn trace sa voie, il n’hésite pas à sortir des sentiers battus avec un côté très loufoque, voire même un peu trop.

Combattre l’autoritarisme, c’est bien. Le faire en musique, c’est encore mieux et c’est la philosophie qui jalonne tout le périple de Dustborn. Lors de la démonstration, on nous a dévoilé, par surprise, une composante de jeu de rythme qu’on avait pas vraiment vu venir ! Le côté loufoque de Dustborn, il s’exprime en partie grâce à cela et le soft en joue très clairement puisqu’il réagit à notre niveau sur ce type de gameplay en faisant varier la musique ou en faisant quelques commentaires caustiques. Toutefois, ce n’est pas dans ses moments que Dustborn est le plus barré parce que si la musique apaise les mœurs et peut potentiellement renverser des régimes, ça ne suffit pas toujours. Parfois, il faut prendre les armes et le jeu nous l’a démontré.

En soi, l’idée est drôle d’avoir doté le titre d’un système de combat orienté vers l’action où on utilise une batte magnétique qu’on lance sur ses adversaires, où l’on fait des combos, où l’on utilise les aptitudes vocales de Pax (ce qu'on appelle les « Cris » : on repousse les ennemis, on les provoque, …), mais on se demande si Dustborn ne verse pas dans le « too much » en voulant être résolument absurde (on lance une balle pour déséquilibrer un avion). Visuellement, c’est assez désopilant mais est-ce vraiment fun, manette en mains ? La question demeure car si le cadre du projet semble passer un bon moment sous nos yeux, on cogite à propos d’une telle formule sur la durée. Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre la sortie qui est prévu début 2024, à une date encore inconnue, sur PS5, PS4, Xbox Series, Xbox One, PC (via Steam et Epic Games Store).

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