On a visité les locaux de Quantic Dream, le lieu où l’on veut créer et aider à développer le meilleur jeu vidéo possible !

Après des années dans le milieu du jeu vidéo, Quantic Dream tend la main à des studios indépendants et les fait rêver en leur partageant leur expertise. Cette initiative, elle se nomme « Spotlight by Quantic Dream ». En marge de sa révélation en grande pompe — quand bien même nous avions déjà entraperçu l’un des deux jeux lors de la précédente Gamescom —, le studio de développement français, racheté par le conglomérat chinois NetEase, nous a invités à passer une journée en leur compagnie pour découvrir tout cela.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, Quantic Dream a fait d’une pierre deux coups en nous faisant faire le tour du propriétaire. Localisés dans le 19ème arrondissement parisien, ces bureaux neufs fleurent bon le nouveau départ pour Quantic Dream. L’installation n’est pas encore totalement bouclée, mais les 300 personnes qui y œuvrent chaque jour y ont déjà pris leurs marques. De petits espaces de travail qui privilégient les échanges et favorisent l’émulation créative, des salles de réunion par dizaines et des espaces de rencontre et d’échanges informels pour créer du lien entre les différentes équipes ; le tout dans une ambiance chaleureuse, grâce aux matériaux utilisés tels que le bois, qui décuple la qualité de vie au travail.

Au sein de cet immense bâtiment, certifié haute qualité environnementale, une équipe de vingt-cinq personnes travaille au développement de cette fameuse branche d’édition baptisée Spotlight et ambitionne de s’agrandir dans les années à venir. Au-delà d’avoir une poignée d’individus prêts à mettre leur expertise au service d’une nouvelle génération indépendante, ce sont aussi les outils du studio qui font la plus-value de cette flambant neuve casquette d’éditeur, notamment la grande salle de motion capture, le studio son ou le rig de photogrammétrie, entouré d'une centaine d'appareils photo.

Dans chacun de ces domaines, Quantic Dream tente d’être à la pointe de la technologie : des caméras avec un angle plus large afin de regrouper plus d’acteurs, la conception en cours d’un nouveau dispositif de captation pour repousser le niveau de réalisme, des cabines sur-mesure pour les ingénieurs travaillant sur le sound design, une salle de Foley où l'on peut donner vie à tous les bruits possibles et imaginables ainsi qu'un studio d’enregistrement et de mixage bénéficiant d’une technologie sonore Dolby Atmos (premier studio français à en être équipé).

On le comprend très vite : l’idée directrice est d’avoir de solides moyens à disposition pour les projets futurs, mais aussi pour aider les studios, pris sous l’aile du label Spotlight, à réaliser le meilleur jeu possible en les soutenant sur de nombreux points (artistique, technique, communication, marketing, distribution, …). En attendant de connaître les prochains lauréats, on a pu (re)découvrir Under the Waves ainsi que Lysfanga, projet du jeune studio Sand Door !

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Under the Waves : sous l’eau, personne ne vous entendra pleurer

Après avoir plongé dans le grand bain à l’occasion de la Gamescom 2022, Under the Waves vient refaire des vagues dans l’actualité. Nouvel événement d’envergure et nouvelle annonce majeure pour le titre de Parallel Studio (White Night, EqqO, …) qui vient de révéler sa date de sortie, fixée au 29 août 2023. Fiers de partager cette information avec nous, les quelques membres du studio sur place, dans les locaux de Quantic Dream, étaient heureux de proposer un nouvel essai du jeu.

Confortablement installé et casque sur les oreilles, on s’immerge (littéralement) en compagnie de Stan, un plongeur professionnel, psychologiquement meurtri, qui refoule son passé dans les abysses de la mer du Nord. S’il joint l’utile à l’agréable de cette manière, notre héros ne doit pas perdre de vue son principal objectif, lui qui est envoyé en mission par une compagnie pétrolière. Chaque jour, depuis la surface, votre superviseur vous donnera des instructions à accomplir. Pendant cet essai, on a eu l’occasion d’accomplir une journée de travail classique : vérifier les niveaux d’oxygène, inspecter des containers… et même fouiller une épave militaire, tout en slalomant entre les espèces marines.

Une demi-heure, cela passe vite et l’on doit dire que le potentiel immersif de Under the Waves nous a cueilli, malgré ses petits défauts de réalisation (dont une synchronisation labiale quelque peu… balbutiante, dirons-nous) et les contrôles / mouvements quelque peu difficiles à appréhender au départ. Comme nous l’expliquait Thomas Bardet, Lead Game Designer sur le projet, l’équipe souhaitait « avoir une ambiance forte, de solitude et de mélancolie ». Au final, ce qu’’il perd en réalisation, Under the Waves le gagne en cohérence, particulièrement dans le message qu’il véhicule.

Aux prémices de ce projet, Ronan Coiffec (CEO et réalisateur au sein de Parallel Studio, ex-DONTNOD) avait imaginé un jeu de sous-marin en 2D où l’on nettoie les océans de la pollution. S’il embrasse désormais une dimension bien plus narrative et personnelle, Under the Waves conserve cette volonté d’un message écologique assumé et nous fait prendre conscience qu’il s’agit là d’un sujet préoccupant. À travers son gameplay, le jeu de Parallel Studio nous incite même à récupérer des déchets qui se baladent dans les abysses puisque ces détritus sont primordiaux dans l’aspect crafting de Under the Waves.

D’ailleurs, pour éviter toute dissonance, le jeu nous responsabilise à récupérer les restants de nos sticks d’oxygène ou nous fait prendre conscience que rien ne sert de mettre sans arrêt les gaz à bord de notre sous-marin qui, dans ces moments-là, laisse s’échapper une traînée noir de carburant. Aussi, ce qui nous a marqué, après cette session, c’est cette sérénité qui se dégage des décors océaniques et qui contraste avec l’enfer mental que tente de surmonter Stan. Pour lui, comme pour nous, on apprécie ces moments de flottement où l'on est comme coupés du monde. Un pari réussi pour Under the Waves puisque Thomas Bardet nous expliquait que le studio « voulait qu’au fur et à mesure de l’aventure, le joueur, comme Stan, apprenne à apprécier l’océan et à l’apprivoiser », tissant ainsi un lien particulier avec « cet acteur tertiaire du jeu » et invoquant une « imagerie particulière ».

Dans le même genre d’idées, dans un scénario centré sur une thématique, le fait de prendre son temps et de recoller les éléments de lore — le jeu prend place dans une réalité alternative quelque peu rétro-futuriste de la fin des années 70, baignant dans une esthétique qui fleure bon les anciens documentaires de Jacques-Yves Cousteau — découle du plaisir pris dans ces phases de liberté et d’exploration qui n’entrent absolument pas en contradiction avec la volonté d’établir un jeu guidé par la narration. Au contraire, cela permet de mieux appréhender le puzzle narratif et psychique qui nage devant nos yeux, et on doit dire que l'on est curieux de plonger dans sa version finale !

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Petit projet deviendra grand : Lysfanga, la surprise française du Summer Game Fest !

Si l’on s’est perdu vingt-mille lieues sous les mers, la présentation de Lysfanga : The Time Shift Warrior nous a vite remis les pieds sur terre, comme une injonction à vivre l’instant présent. Enfin, à le vivre, à le revivre et même à le re-revivre différemment. Toute la promesse de ce jeu réside dans ce simple principe qui a su prendre du galon — il est né d’un projet étudiant, récompensé du Grand Prix du jury 2020 à l’ISART Digital et du meilleur jeu vidéo étudiant aux Pégases 2021 — et taper dans l’œil de Quantic Dream.

Dans les faits, l’idée, inspirée d’une séquence de l’un des films Futurama où Bender se démultiplie à force de créer des paradoxes, est simple : notre héroïne, la guerrière Imë, est capable de remonter le temps tout en conservant un avatar qui reproduit exactement la trajectoire qu’elle vient d’accomplir quelques instants auparavant. Comme on a l’habitude de le dire : « on n’est jamais mieux servi que par soi-même », et ça, Imë l’applique à la lettre à l’aide de son armée de clones, appelés « rémanences ». Dès sa révélation en avant-première, au tout début de notre visite, ce concept qui mélange des mécaniques de hack’n’slash avec une dimension tactique a piqué notre curiosité et nous n’avons pas été déçus, manette en mains.

Dans le cadre de cet essai, les équipes avaient concocté une version démo composée de plusieurs « arènes » et dénuée de tous les éléments de scénario : un moyen idéal pour que l’on se focalise uniquement sur la proposition de gameplay et sur sa manière de challenger le joueur. Pour ce qui est de la narration, on ne sait pas encore clairement où nous emmène Lysfanga, mais il est notamment question d’explorer trois grandes zones géographiques, visuellement différentes et réparties sur trois grands actes, et d’accumuler du savoir qui permettra à Imë de lever le voile sur l’étrange réapparition des Raxes qui menacent le Nouveau Royaume.

En faisant ce choix malin de miser sur le gameplay, on a pu découvrir la profondeur des mécaniques qui se complexifiaient en allant : un ennemi doté d’un immense bouclier qu’il faut provoquer avant de l’attaquer par derrière avec un clone, un duo d’ennemis qui ne peut mourir qu’en étant éliminé en même temps ou encore un système de portes qui ne s’ouvrent qu’en brisant un élément du décor ou qui alternent à chaque passage… En seulement quelques minutes, Lysfanga nous a fait l’étalage de son potentiel, quitte à soulever quelques craintes quant à l’effet de lassitude qui peut poindre au bout de quelques heures.

Pour celles et ceux qui adhérent complètement à la proposition, les équipes de Sand Door Studio ont pensé à tout ! S’il faut effectivement se creuser les méninges pour parvenir à éliminer tous les monstres d’un niveau en respectant les restrictions — Imë n’a qu’un nombre limité de clones à invoquer, par exemple — et en utilisant les pouvoirs à disposition — deux types d’attaque, des sorts et autres capacités à débloquer… —, le joueur doit pousser sa réflexion au plus haut point pour parvenir à battre le record de chaque arène / puzzle et ainsi récupérer une précieuse ressource qui permet d’étoffer sa palette de compétences, ce qui a pour but stimuler sa créativité en combinant les outils dont il dispose et d’apporter un peu de surprise et de nouveauté.

D’après Thibault Legouet, réalisateur du jeu, « il y a un énorme éventail de possibilités, à tel point que chaque joueur a les clés pour traverser un niveau. Il n’y a aucune mauvaise solution, juste des résolutions plus fonctionnelles que d’autres », a indiqué notre interlocuteur lors de cet échange. Tout est une question de réflexion et non un manque de farming, notamment parce que les équipes voulaient créer une expérience la moins punitive possible et qui remet rapidement le joueur sur les rails de l’analyse. Pour ceux qui veulent vraiment repousser leurs limites cérébrales, Lysfanga proposera également un système de rejouabilité, dans lequel chaque arène se transforme en une version plus compliquée, ainsi qu’un bestiaire qui se renouvellera pour apporter des variations de gameplay.

Quoi qu’il en soit ici, on ne parle pas de gain de puissance, comme cela peut être le cas dans un rogue-lite, mais d'un gain d’outil. « On a trouvé beaucoup de façons de varier le gameplay et les outils que le joueur va obtenir, et on veut vraiment qu’un joueur qui ait fini le jeu se sente vraiment plus fort qu’avant, et qu’il ne sente pas forcément que c’est son personnage qui est plus fort mais bien lui qui est meilleur », a résumé Thibault Legouet. On a compris que Lysfanga voulait nous mettre à l’épreuve, et on est partants pour tenter l’aventure sur PC, plus tard dans l’année !

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