Alors que Sam Altman vient de lancer Worldcoin, le nouveau projet du fondateur de ChatGPT fait déjà l’objet de craintes. Certains pays pensent déjà à prendre des mesures drastiques pour stopper le développement de l’application. C’est le cas de ce gouvernement qui vient de bannir l’accès à la plateforme sur son territoire, et ce, jusqu’à nouvel ordre.
"Worldcoin", le projet crypto du fondateur de l'IA ChatGPT
Vous ne le saviez peut-être pas, mais le fondateur de la fameuse intelligence artificielle d’OpenAI travaillait depuis 3 ans en parallèle sur un projet de cryptomonnaie nommé Worldcoin. En test depuis 2020, l’entreprise est passée à l’étape supérieure le 24 juillet dernier en s’implantant dans une vingtaine de pays. Le lancement semble être un succès puisque près de 2 millions de personnes se seraient déjà inscrites à Worldcoin, selon Sam Altman, le PDG de Worldcoin.
Des files d'attentes se forment pour le lancement de #WorldCoin afin que leurs yeux soient scannés et obtenir la carte d'identité numérique Worldcoin.
— Goku 🗞 (@Crypto__Goku) July 26, 2023
Selon Altman, une personne est vérifiée toutes les 8 secondes. https://t.co/0vaoi0NCi2
Cependant, Worldcoin suscite déjà beaucoup de questions auprès des autorités, rappelant un certain ChatGPT… Pour rappel, le principe de Worldcoin est de distribuer un revenu minimum universel en WLD, la crypto du projet. Pour y prétendre, l'entreprise propose un système de passeport numérique incitant les utilisateurs à prouver qu'ils sont bien humains, et ainsi contrer les risques de fausses identités conçues par des IA.
En bref, le concept est simple : si vous êtes authentifié comme humain, vous recevez de la cryptomonnaie « Worldcoin » que vous pouvez échanger contre des euros ou des dollars sur le marché. Bien qu’un tant soit peu dystopique, cette solution permettrait en théorie de répondre aux problématiques liées aux progrès exponentiels de l'IA et à son impact sur l’emploi. Si le projet paraît louable à première vue, il suscite une controverse notamment pour une raison bien spécifique...
Worldcoin à peine lancé, déjà banni…
Pour bénéficier de cette rémunération, il faut se soumettre à une preuve de la personnalité (Proof of personhood). Cette vérification se fait physiquement dans les centres qui disposent d’un scanner « ORB », un appareil qui permet de scanner l'iris des participants afin de valider leur « humanité ».
Cet aspect inquiète déjà les régulateurs, dans la mesure où cette donnée biométrique est considérée comme ultrasensible, mais est pourtant stockée en ligne.
Au-delà de ces questionnements sur le respect de la confidentialité, certains voient en Worldcoin une menace pour la sécurité nationale de leur nation. C’est le cas du ministère de l’Intérieur du Kenya qui vient de prendre la décision de suspendre complètement les opérations de l’entreprise, rapporte le média Reuters.
Tout citoyen tentant de participer au programme de Worldcoin s’expose maintenant à des sanctions. La suspension inopinée des activités de Worldcoin intervient dans une volonté d’enquête des autorités afin d’établir « l’authenticité et la légalité » de l’entreprise.
Cette mesure intervient alors que le Kenya est considéré comme l’un des pays les plus actifs pour Worldcoin. En effet, le centre de Nairobi, la capitale kényane, a réalisé déjà un demi-million de scans d’iris de Kényans, selon la presse locale.
D’autres pays s'inquiètent au sujet de Worldcoin
Outre le Kenya, d’autres gouvernements semblent également préoccupés par Worldcoin. Les centres permettant d’avoir recours à l’ORB sont présents en :
- Argentine
- Brésil
- Chili
- France
- Allemagne
- Hong Kong
- Inde
- Japon
- Kenya
- Corée du Sud
- Mexique
- Portugal
- Singapour
- Espagne
- Ouganda
- Émirats Arabes Unis
- Royaume-Uni
- États-Unis
Plusieurs régulateurs de ces pays pensent à restreindre l’accès à Worldcoin. En France, la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés) s’inquiète de la tournure dystopique que prend Worldcoin :
« La légalité de cette collecte de données semble discutable, tout comme les conditions de stockage des données biométriques », indiquait la CNIL le 28 juillet dernier.
Et pour cause, le dispositif soulève de nouvelles questions quant aux règlementations sur la vie privée et sur les données personnelles. Pour le moment, le RGPD (Règlement général sur la protection des données en Europe) considère les informations biométriques utilisées à des fins d'identification comme des « données de catégorie spéciale ». Cette classification nécessite donc des règles strictes qui pourraient freiner Worldcoin dans son élan.
De l’autre côté de la Manche, le régulateur britannique des données (ICO) a annoncé cette semaine qu’il se pencherait sur le sujet :
« Nous notons le lancement de WorldCoin au Royaume-Uni et ferons de nouvelles enquêtes », a déclaré un porte-parole du bureau du commissaire à l'information à Reuters.
Tout cela semble mal engagé pour Sam Altman, mais le PDG a peut-être trouvé la solution pour convaincre… Aux dernières nouvelles, Worldcoin devrait permettre aux entreprises et même aux gouvernements d'utiliser son système d'identification :
"L'idée est que nous construisons cette infrastructure et que nous permettons à d'autres tiers d'utiliser la technologie", explique Ricardo Macieira, directeur général pour l’Europe de Tools For Humanity, la société à l’origine du projet Worldcoin.
En effet, l’un des objectifs de la société serait de fournir aux entreprises la technologie de vérification d’identité à balayage d'iris pour diverses cas d’utilisations.