Alors que cette avancée technologique s'est faite discrète ces derniers temps, elle continue d'être au cœur des débats dans les plus hautes sphères. L'Union Européenne semble d'ailleurs décidée à en exploiter toutes les capacités, mais celle-ci risque de confronter à la puissance chinoise.
Le Métavers : certains continuent d'y croire
Depuis environ deux années, un concept a émergé du jour au lendemain : le métavers. Contraction de « Meta » et « Univers », la technologie a fait énormément parler d'elle. Pour rappel, le terme désigne initialement un ensemble de mondes virtuels en 3D interconnectés dans lequel les individus peuvent interagir entre eux à l'aide d'avatars virtuels. Présenté comme l'avenir d'Internet, le concept a largement gagné en puissance après que le réseau social Facebook ait décidé d'en faire son cheval de bataille en octobre 2021. Le groupe est alors devenu Meta et cette annonce a suscité beaucoup d'attentes auprès des utilisateurs.
Seulement, après le lancement des premiers tests à grande échelle de ce fameux métavers, la désillusion est total. En effet, les débuts du métavers n'ont pas été à la hauteur des espérances pour plusieurs raisons :
- Manque d'interactivité
- Graphisme décevant
- Immersion peu concluante
- Etc.
Ces premières réactions mitigées n'ont pas tardé à se faire ressentir sur les résultats financiers du groupe. L'année dernière, l'entreprise de Mark Zuckerberg a essuyé des pertes s'élevant à près de 14 milliards de dollars.
Malgré ces premières difficultés, les attentes financières autour du métavers restent élevées. Selon les estimations, le marché mondial des mondes virtuels devrait atteindre plus de 800 milliards d'euros d'ici 2030.
Cette perspective de croissance continue d'attirer de nombreux acteurs, tant du secteur privé que des institutions publiques.
L'Union Européenne prépare le terrain pour le métavers
L'Union Européenne fait partie de ceux qui voient encore un potentiel dans cette technologie déchue. Ainsi, elle souhaite prendre une longueur d'avance pour permettre aux entreprises européennes de prospérer dans cet univers numérique. Dans cette logique, la Commission européenne a adopté une stratégie complète mardi dernier afin de se positionner dans ce secteur.
« La Commission a adopté aujourd'hui une nouvelle stratégie sur le web 4.0 et les mondes virtuels afin d'accompagner la prochaine transition technologique et de faire en sorte que les citoyens, les entreprises et les administrations publiques de l'UE puissent disposer d'un environnement numérique ouvert, sécurisé, digne de confiance, équitable et inclusif. » peut-on lire dans le communiqué officiel.
Cette stratégie s'articule en quatre points clés :
- Renforcer les compétences des citoyens en matière de métavers :
Beaucoup ne savent toujours pas définir le terme, c'est pourquoi l'Union européenne souhaite sensibiliser la population sur le sujet, notamment en donnant accès à des formations et des apprentissages fiables de la technologie.
- Soutenir les entreprises du secteur :
Le plan suggère d'encourager le développement de cette industrie en interconnectant les différents acteurs de cette technologie.
- Améliorer les services publics en s'aidant du métavers :
L'UE compte également se servir du métavers pour apporter des changements visibles aux citoyens dans les espaces publics ou encore la médecine.
- Établir des règles communes dans les mondes virtuels :
Enfin, elle compte travailler avec d'autres pays pour définir des normes et un cadre réglementaire afin d'éviter la domination de quelques grandes entreprises, entre autres.
Cette initiative fait écho à la consultation sur les mondes virtuels, lancée plus tôt cette année. À cette occasion, un panel de citoyens européens avait pu émettre des recommandations quant aux mesures à mettre en place pour répondre aux attentes des citoyens face à cette nouvelle technologie.
Toutefois, cette stratégie arrive à un timing délicat puisqu'aujourd'hui la technologie a largement perdu en intérêt auprès des utilisateurs. Ce constat se ressent notamment dans les résultats de recherches Google. Aujourd'hui, la tendance du terme « Métavers » est revenue à des niveaux précédant le lancement de Meta.
Ce désintéressement général de la technologie n'effraie pas l'Union Européenne, mais aussi d'autres gouvernements…
La Chine : un concurrent de taille pour l'Union Européenne
Depuis plusieurs années, la Chine développe elle aussi son propre métavers avec plus de 3 000 entreprises travaillant dans le secteur de la réalité virtuelle. Contrairement à l'Occident, la vision de la Chine quant à cette technologie semble différente.
Aux États-Unis ou en Europe, les métavers sont principalement axés sur le divertissement. À la différence de la Chine, qui considère la technologie comme un moyen de soutenir son économie depuis plusieurs années. De ce fait, les initiatives chinoises se concentrent essentiellement sur des applications industrielles dans des domaines tels que l'éducation, la culture, la médecine, les voyages et le développement industriel.
À titre d'exemple, Shanghai, la plus grande ville de Chine, a récemment révélé un plan ambitieux pour intégrer le métaverse dans l'expérience touristique de ses visiteurs. En outre, des initiatives s'appuyant sur des expériences dans le monde virtuel avaient été mises en place lors des confinements stricts durant la crise sanitaire de la Covid-19.
Alors que l'avenir du métavers demeure incertain, la technologie semble toujours avoir le potentiel de changer notre façon de vivre, du moins si l'on croit aux différentes initiatives de multiples États. Il reste à voir qui aura la meilleure approche sur le sujet du métavers et si les utilisateurs seront au rendez-vous d'ici 2030 – date à laquelle l’UE considère que « de nombreuses personnes utiliseront quotidiennement » le métavers.