Après avoir mené la belle vie, ces influenceurs français de télé-réalité vont devoir rendre des comptes à la justice. Une centaine de victimes ont récemment déposé une plainte à leur encontre pour escroquerie en bande organisée à la suite d’une arnaque d’un nouveau genre.
Des influenceurs visés par un dépôt de plainte historique
Ce n'est une surprise pour personne, le milieu de l’influence connaît des dérives qui ont longtemps été ignorées. Néanmoins, aujourd’hui, la situation semble prendre un nouveau tournant
Par le biais du collectif d’Aide aux Victimes d’Influenceurs (AVI), une centaine de plaignants ont déposé un recours en justice à l’encontre de multiples influenceurs, dont Marc Blata et Dylan Thiry, anciens candidats de télé-réalité.
#CommuniquédePresse du #collectifAVI : Des #influenceurs de la téléréalité, dont #marcblata, visés par une plainte pour escroquerie en bande organisée. Une conférence de presse sera organisée avec le cabinet @ZieglerAssociés le 23 janvier à Paris. ↩️ https://t.co/ZvcVoA0wHB pic.twitter.com/GJVchH6qet
— Collectif AVI (@collectifAvi) January 12, 2023
Les influenceurs concernés sont accusés d’avoir commis une escroquerie en bande organisée et de l’abus de confiance sur leur communauté en faisant la promotion de produits et services douteux. Il importe de notifier que ce type de procédure à l’encontre d’influenceurs est une première en France.
Outre les incitations à « l’argent facile » grâce notamment au copy trading - visant à miser sur des actions financières hautement risquées - les influenceurs ont également fait la promotion d’un projet NFT plus que bancal qui leur a rapporté gros. Baptisée Animoon, la collection NFT avait promis monts et merveilles aux investisseurs notamment par le biais de multiples posts rémunérés sur les réseaux sociaux.
Selon les dires de Marc Blata, l’influenceur était lui-même investi dans la collection et gagnait des plus-values conséquentes grâce à ses NFT. Cependant, la réalité fut tout autre pour ses followers convaincus par ce marketing d’influence acharné…
Animoon, une arnaque faite de faux Pokémons en NFT
Animoon se revendiquait à l’origine comme un play to earn (jouer pour gagner) et était basé vraisemblablement sur de pâles copies de Pokémons retouchés en NFT.
À titre de rappel, la technologie NFT consiste en des certificats de propriété numérique, généralement associé à un objet de collection virtuel. En détenant un NFT, les détenteurs s’assurent d’être l’unique propriétaire d’une œuvre virtuelle par exemple.
Le marché des NFT a connu une spirale spéculative lors de la hausse des cryptos en 2021, amenant sur le devant de la scène de nombreux projets en tout genre. Si certains d’entre eux ont construit de solides collections, d’autres ont évidemment surfer sur l’engouement, davantage motivé par l'appât du gain.
C’est le cas du projet Animoon, qui semble avoir commis un immense « rug pull ». Dans le jargon, le terme "rug pull" (tirer le tapis) fait référence à l'idée que ces développeurs tirent le tapis sous les pieds des investisseurs en se volatilisant avec leur argent. Elle décrit une situation dans laquelle un membre d'un groupe de développement de projet NFT s'échappe avec l'argent investi par les utilisateurs sans fournir les produits ou prestations promis.
1/ Let’s breakdown the $6.3m NFT rug Animoon, a project that has constantly screwed over its holders since day 1. pic.twitter.com/pEPhQ2bfeQ
— ZachXBT (@zachxbt) June 2, 2022
C’est précisément ce qu’a fait Animoon, après avoir généré 6.3 millions de dollars sans aucun site internet. Poussé par les influenceurs, le projet a vendu ses 5000 NFTs mais n’a, bien entendu, pas tenu sa feuille de route. Dans celle-ci, on pouvait retrouver divers avantages pour les propriétaires des NFT et des annonces exceptionnelles pour maintenir la "hype" autour du projet :
- 2 500 dollars par mois à vie
- Voyages tout frais payés
- Cadeaux et vêtements de luxe
- « Projet secret avec Netflix »
- Partenariat avec Pokémon et Digimon
- Droit à des dividendes pour les détenteurs des NFT légendaires
Finalement, rien de tout ça n’est devenu une réalité au détriment des investisseurs convaincus par les nombreuses publicités mensongères sur les réseaux sociaux autour de la collection. Attirées dans le piège par des promesses extravagantes, les victimes ont également porté plainte contre la société Animoon. Cependant, le dépôt s’est fait contre « X» puisque les fondateurs restent tout bonnement injoignables depuis juin 2022.
Cette affaire est un exemple flagrant des dommages que peut avoir le marketing d’influence véreux. Le recours en justice massif marque un tournant dans la manière dont ce genre d’affaire est traitée. D’ailleurs, cela va dans le sens des mesures prévues par les consultations sur le sujet de l’influence, actuellement étudiées par le gouvernement.