Sans le savoir et sans vraiment le vouloir, l’achat de ma Tesla allait me faire intégrer le camp des voitures électriques. J'allais rentrer dans l'arène qui oppose les pro thermiques aux pro électriques. Car qu’on le veuille ou non, posséder une voiture électrique nous fait inexorablement rentrer dans ce match. Au quotidien, des curieux viennent nous poser des questions, souvent très ouverts à ce nouveau moyen de propulsion. Au programme, toujours les mêmes questions : quelle est l’autonomie ? Combien coûte une recharge ? Etc. Certains avancent même des faits surprenants, des contres vérités qui sont très loin de la réalité et surtout bourrés de clichés. Une personne me demande comment je fais pour rouler en hiver sans mettre le chauffage, ou encore si je n’ai aucun problème de conscience à acheter un véhicule électrique dont les matériaux sont issus de mines faisant travailler des enfants.

Ce genre de clichés et de mensonges m’exaspèrent au plus haut point… Clairement, la voiture électrique n’est pas si écologique à leurs yeux. Elle est même dangereuse. Mais pourquoi en viennent-ils à cette conclusion ? Pourquoi la voiture électrique dérange certaines personnes ?

Les discussions peuvent alors monter dans les tours allant de simples joutes verbales sur les réseaux sociaux ou discussions à l’apéro aux insultes, railleries voire agressions et vandalismes. Voilà ce qui peut être le quotidien de certains électro-mobilistes. Mais pourquoi ? Pourquoi certaines personnes veulent absolument convaincre les autres du bienfait de son mode de propulsion ? Qui a raison ? La voiture électrique est-elle un simple fantasme d’écolos voué à l’échec ? Ou bien la voiture thermique est-elle une abomination à laquelle il faut mettre un terme ? Et si les joutes verbales enflamment la toile, c'est que ce n’est pas aussi simple.

En 2035, la vente de voiture thermique sera interdite en Europe

C’est factuel. C’est acté (pour le moment) et pour moi, cette loi sur l’interdiction de la vente de voitures thermiques neuves en Europe en 2035 est en partie responsable de cette montée grandissante des hostilités. Cette loi s'apparente pour certains comme le François-Ferdinand d'Autriche de la mobilité de demain, l’acte qui déclenche tout. Un glas qui signe la fin d’une certaine époque dont certains voudraient y rester plus longtemps. Mais pourquoi ?

Avant cela, les électro-mobilistes étaient considérés comme des marginaux, des bobos écolos comme diraient certains voulant changer le monde en adoptant un nouveau mode de propulsion. La voiture électrique n’était pas un danger. Et les gens étaient libres ou pas de l’adopter.

Cette loi force donc les constructeurs et les utilisateurs à basculer sur la voiture électrique avec pour effet d’annoncer toujours plus de nouveaux modèles 100% électriques sur les réseaux sociaux et autres sites spécialisés. On ne va pas se mentir, trouver en 2022 une publicité d’une voiture non électrique relève de l’exploit.

Tous les constructeurs sont concernés même ceux dont le son d’un V8 font partie de leur ADN. Alpine, Porsche, Ferrari pour ne citer qu’eux devront passer par la case de l'électrification pour le plus grand malheur de certains utilisateurs qui voient là la fin d’un mythe.

L’adoption de cette loi climat est donc d’une certaine manière le point de départ de cette rivalité malsaine qui oppose les anti-ve aux pro ve. Pour s’en convaincre, il suffit de lire les commentaires des utilisateurs sous n’importe quelle publication traitant de près ou de loin de la voiture électrique. D’ailleurs, ça sera aussi le cas sous cette publication !

C’est un nouveau problème sociétal qui commence à prendre de l’ampleur dont le combat devrait voir son paroxysme à l’horizon 2035, date à laquelle les voitures thermiques neuves ne seront plus autorisées à la vente…

Pourquoi la voiture électrique fait peur ?

C’est vraiment la question qu’il faut se poser. Pourquoi la voiture électrique a-t-elle autant de clichés négatifs ? Il y a plusieurs raisons à tout cela. Pour commencer, le prix d’achat. Très supérieur à une voiture thermique, le prix est le premier frein des français. Malgré les bonus et autres aides, une VE est beaucoup trop chère. Faites ensuite le lien avec l’autonomie différente d’une thermique et nous avons là le terreau fertile d’une certaine animosité avec l'électrique : les utilisateurs pourtant désireux d’en acquérir une se retrouvent frustrés.

Du pain béni pour ceux qui cherchent à se convaincre que ce type de voiture n'est finalement pas pour eux.

La seconde raison est liée à la notion d’autonomie d’un véhicule. Les thermiques et principalement les diesels nous ont habitués à avoir de grandes capacités pouvant largement dépasser les 1000 km. Ce chiffre est devenu magique. Il est devenu une norme nécessaire pour certains, une zone de confort en somme.

Les voitures électriques ont des caractéristiques très différentes de leurs homologues thermiques. Elles s’affichent donc avec des autonomies bien moindres que leurs aïeules. Et c’est là tout le problème. Certaines personnes refusent de changer leur perception sur l’autonomie d’un véhicule. Ils sont persuadés d’avoir besoin de ces 1000 km. Mais combien de personnes réalisent ce type de trajet régulièrement ?

Selon le service des données et études statistiques SDES, en moyenne, un déplacement en voiture dure 19 minutes et 63 % des Français l’utilisent pour se déplacer quotidiennement. Cela correspond à près de 36 kilomètres par jour. Un chiffre qui est resté relativement stable sur les 30 dernières années.

La complexité de la voiture électrique responsable ?

Une thermique, quand son réservoir est vide, doit faire le plein dans une station service et c’est plus ou moins toujours le même rituel. Sur une voiture électrique, c’est différent : il y a plusieurs manières de faire le plein de kWh.

Charge à domicile, sur une borne publique, borne gratuite en grande surface, superchargeurs avec tout autant de cartes d’abonnements et modes de fonctionnement ayant en plus de ça des prix pouvant aller du simple au double. Clairement, il y a de quoi s'emmêler les pinceaux et c’est l’un des aspects les plus déroutants des voitures électriques. C’est quelque chose qu’il faudra changer et normaliser. Ajoutez à cela les problèmes de bornes en panne qui peuvent rendre vos trajets compliqués.

Des incivilités en augmentation

Cependant, un autre phénomène commence à prendre de l'ampleur : les incivilités, et elles sont aussi nombreuses que variées. Et c’est d’ailleurs ce qui m’a poussé à écrire cet article. Depuis quelque temps, je constate une montée en puissance d’une forme de haine anti VE avec pour objectif de rendre la vie infernale aux propriétaires de voiture électrique : bornes squattées par des voitures thermiques, bornes dégradées, voire détruites, câbles arrachés sur les voitures en charges, rayures, projectils lancés ou encore insultes … autant de choses qui peuvent rendre la vie compliquée aux électro-mobilistes.

Nous avons deux voitures électriques dans notre foyer, une Tesla Model 3 et une Dacia Spring. Si mon épouse et moi-même constatons la même chose sur l’état des bornes et les incivilités autour de celles-ci, je constate également une forme de haine anti Tesla. J’ai moi-même été victime il y a quelque temps d’insultes et de jets de projectiles sur ma voiture.

Une place pour VE squatée par une voiture thermique

Je ne suis hélas pas le seul à constater ce genre de phénomène grandissant. De plus en plus d'initiatives sur les réseaux sociaux montrent ces incivilités avec le hashtag #BalanceTaThermique. La chaîne YouTube “Wham Baam Teslacam” diffuse régulièrement ce type d’incivilités. Les Tesla ont l'avantage de posséder des caméras qui filment en permanence l’environnement de la voiture et permettent de capturer en images ces délinquances journalières. Mais du côté des anti-VE, les choses s’organisent également aussi autour des réseaux sociaux avec notamment des opérations pour organiser des blocages de Superchargers Tesla ou Ionity.

À noter que ces blocages peuvent coûter cher. Les dispositions de l’article R.417-10 du Code de la route sont très claires : si vous n’êtes pas autorisé à vous garer sur ces emplacements vous êtes passible d’une amende pour stationnement gênant, soit 35 euros. Comme pour un stationnement sur une place réservée aux personnes handicapées, vous vous exposez à un enlèvement par la fourrière.

Comment calmer la situation ?

L’unique solution pour calmer la situation est de ne pas faire de la surenchère et tenter autant que possible le dialogue. Tous les clichés sur la voiture électrique sont facilement démontrables. Il y a bon nombre de documents officiels qui expliquent en détail les bienfaits de ce mode de transport. Le rapport du GIEC est un excellent point de départ. Ceux qui doutent de la capacité de réseau français d’absorber autant de voitures électriques peuvent lire les études et projections réalisées par RTE, notre gestionnaire du réseau de transport d'électricité. Certains ont la mauvaise idée d'utiliser des autocollants anti voiture ventouse, mais ce n'est clairement pas la solution à adopter, car c'est tout simplement interdit. La solution la plus pacifique reste le dialogue.

Les autocollants anti-voitures ventouses pullulent, mais c'est interdit…

Clairement, la voiture électrique n’est pas près de s’arrêter et ses parts de marché augmentent constamment contre inversement une diminution des ventes de véhicules diesels. Les statistiques sur les immatriculations le prouvent.

La voiture électrique est l’une des solutions contre le réchauffement climatique. Cependant, elle n’est pas l’unique clé et vient compléter un ensemble de solutions détaillées dans le plan climat qui espère une prise de conscience globale des utilisateurs. Électrique ou thermique, il est important d’utiliser le moins possible notre voiture et privilégier les transports en commun, le vélo ou la marche à pied. Il faut sortir peu à peu de cette abondance et de la surconsommation.