C'est en mars dernier que Tunic voyait enfin le jour, après de longues années de développement et de teasings à travers les différents salons où le petit renard avait pointé le bout de son museau. Initialement sorti sur PC, Xbox One et Xbox Series, le titre de Finji s'était vu coller l'étiquette d'une exclusivité Xbox et nous n'imaginions alors pas forcément le voir débarquer sur des plates-formes concurrentes. Pourtant, cet excellent petit jeu (en témoigne le 17/20 accordé par Indee) avait été rapidement annoncé sur PlayStation 4 et PlayStation 5 lors du State of Play de juin dernier, un peu à la surprise générale. Les fans de la Nintendo Switch s'inquiétaient alors quelque peu, Tunic semblant vraiment pensé pour tourner sur la console de Nintendo, surtout compte tenu de son côté "hommage à Zelda" très marqué. Heureusement, le Nintendo Direct de septembre venait mettre fin à leurs craintes en officialisant l'arrivée du petit renard sur Switch. Désormais disponible sur toutes les plates-formes du moment, Tunic s'est laissé approcher, pour un résultat d'ensemble très satisfaisant.

Tunic, pas qu'un simple Zelda-like de plus…

Sorti le 16 mars dernier sur PC et consoles Xbox, Tunic est un jeu d'action-aventure en vue isométrique nous mettant dans la peau d'un petit renard dont le maniement rappelle beaucoup celui de Link dans les premiers épisodes de The Legend of Zelda. L'hommage rendu par son concepteur Andrew Shouldice est parfaitement assumé, au point d'intégrer un livret d'instructions complet dont les pages ont été éparpillées un peu partout et font office de collectibles, et qui puise son inspiration dans celui de The Legend of Zelda, premier épisode de la saga culte sorti en 1986.

Cependant, Tunic va bien au-delà du pastiche en s'affranchissant de la construction assez classique de son modèle, entre autres parce que tout un tas d'autres influences action-RPG sont passées par là entre-temps. Il y a notamment un peu de Hollow Knight dans la vision que propose le jeu de Finji, notamment de par l'aspect assez cryptique de son lore ainsi que dans tout un tas de mécaniques diablement familières. Joli pot-pourri d'inspirations de haute volée, Tunic offrait alors aux joueurs une aventure solide, remplie de nombreuses énigmes et au gameplay léché, le tout porté par une direction artistique très soignée et une bande originale contribuant à son atmosphère mystérieuse.

Sur PS4 et PS5, un simple portage des versions Xbox et PC ?

Tunic n'est pas un jeu spécialement exigeant techniquement. Dans ces conditions, nous étions en droit de nous attendre à des versions PlayStation (surtout sur PS5) parfaitement optimisées, à savoir tournant en 60fps parfaitement stables. À ce niveau, pas de mauvaise surprise : Tunic est un de ces jeux indépendants "cross-gen" à la finition exemplaire, qui s'adapte à n'importe quel support moderne sans difficulté. On déplorera juste de retrouver les mêmes petits oublis de traduction dans les menus que dans la version d'origine, ou que la liste de succès intégralement en anglais n'ait pas été traduite au moment de la convertir en liste de trophées.

Ces rares oublis (volontaires ?) sont cependant le signe d'un portage parfaitement fidèle, qui a cependant bien pris soin d'adapter les pages concernées de son célèbre manuel aux manettes Dual Shock 4 et DualSense. Notez quand même que si vous disposez d'une PS4 "fat" ou d'une PS4 slim, Tunic tourne à 30 images par seconde sur ces vieux modèles, comme c'était déjà le cas sur Xbox One S. En revanche, sur PS4 Pro, les 60fps sont tenus, et il en sera fort logiquement de même sur PS5, où les temps de chargement quasi inexistants fluidifient encore davantage l'expérience.

Chaque version affiche sa propre manette (joy-con, DualShock 4, DualSense) dans la fameuse notice du jeu.

Tunic sur Switch, mais est-ce que c'est agréable ?

L'interrogation principale concerne cependant le portage Nintendo Switch de Tunic. Lors de l'annonce de son arrivée sur la console hybride, le trailer nous avait quelque peu inquiétés, donnant l'impression d'un jeu beaucoup plus flou et au framerate incertain. Les bandes-annonces diffusées dans les Nintendo Direct étant généralement honnêtes sur le rendu des jeux tiers, nous étions du coup en droit de nous demander si la Switch serait la terre promise pour ce Zelda-like quand même pas mal pensée pour elle. Après une bonne demie-heure de jeu, nous sommes un chouia mitigés, mais on est loin de la catastrophe. Tunic tourne à 30 images par seconde comme sur une PS4 "non pro" ou une Xbox One "non X", mais avec quelques ralentissements par moments, et dans une résolution clairement moindre pleine de compromis techniques, parfois un peu voyants.

D'une manière générale, Tunic est à l'image de pas mal de titres d'apparence peu gourmands, mais en réalité davantage pensés pour une sortie sur les consoles récentes ainsi que sur Steam et des configurations un minimum convenables. Son portage Switch flatte ainsi beaucoup moins la rétine et manque un peu de fluidité pour offrir une expérience alternative irréprochable, mais rassurez-vous quand même : il demeure parfaitement jouable, n'est jamais vilain ou complètement à la traîne. On n'est pas sur un portage désastreux comme celui de Rime, loin de là ! Reste que comme de plus en plus de titres sur Switch, vous l'apprécierez sans doute davantage en version portable et surtout sur le modèle OLED, qu'en docké où ses imperfections sautent beaucoup plus aux yeux. Nous laissons à votre disposition 10 minutes de gameplay capturées sur la console de Nintendo pour vous faire une idée :

Pour conclure, l'arrivée de Tunic sur consoles PlayStation et Nintendo Switch se fait plutôt bien dans l'ensemble. Les portages PS5 et PS4 Pro sont fidèles à l'expérience décrite dans notre test de la version PC, et sur PS4 "fat" et slim, vous n'aurez à déplorer qu'un framerate verrouillé à 30fps, qui enlève un peu de peps à un jeu au rythme cependant assez tranquille, combats mis à part. Sur Switch en revanche, ce n'est pas le portage idéal que l'on espérait, mais cela reste quand même largement jouable. Une grande majorité des joueurs s'accomodera très bien de cette version, surtout pour embarquer le petit renard courageux en mode portable et partir à l'aventure avec lui dans des conditions tout à fait convenables, pour faire honneur à cet excellent titre.