Il y a des jeux qui, en une présentation, vous font quelque chose. Ce fut le cas de Tunic, mon GOTY 2022 (salut, c’est Indee), dont le “reveal” remonte déjà à il y a cinq ans. À l’époque, le projet apparaît comme un Zelda-like avec une direction artistique toute mignonne et des combats exigeants, mais - vous le voyez venir - c’est bien plus que cela. En fait, j’ai pris connaissance du potentiel du jeu que plus tard, en 2021, au moment d’interviewer son créateur Andrew Shouldice : “L’un de nos objectifs (pour Tunic, ndlr), c’est de laisser les joueurs trouver des choses qu’ils ne sont pas censés trouver”. Je trouve alors la formule géniale, au même titre que celle-ci : “Je suis de ceux qui ne préfèrent pas dire aux joueurs quand ils ont trouvé tous les secrets. Parce qu’un jeu où vous avez trouvé tous les secrets est un jeu définitivement terminé”. Avec ce projet, Andrew Shouldice souhaitait faire “pétiller notre imagination”, avec des trouvailles absolument partout. Et surtout là où l’on s’y attend le moins.

Tunic est disponible sur PC et consoles, ainsi que dans le Xbox Game Pass

Étranger dans un monde étrange

En gros, Tunic propose plusieurs niveaux de lecture, tous aussi géniaux les uns que les autres ! Le plus évident, c’est ce sur quoi le joueur tombe en premier : un monde en “3D isométrique” - comme un trois quart de profil - qui cache mille et un trésors et passages secrets juste sous votre nez (pour les trouver, vous pouvez légèrement incliner la caméra vers le haut) ; un manuel papier directement intégré au jeu, qui fait partie des plus belles idées du projet. Au fur et à mesure de votre progression, vous allez rassembler les pages du document. En son sein, des informations sur le fonctionnement même du jeu (carte, gameplay, upgrade). Bref, une aide très précieuse, mais encore faut-il le savoir.

Car en plus de vous lâcher dans un monde hostile, incarné par un gameplay exigeant, Tunic vous laisse vous débrouiller seul. Pas de tutoriel, ni de direction à prendre, c’est littéralement “explore et débrouille toi” (à l’image du premier The Legend of Zelda, source d’inspiration assumée). Autrement dit, vous n’en savez pas plus que le petit renard que vous jouez, d’ailleurs incapable de lire la langue locale sur les panneaux alentours. Un choix de design qui peut avoir deux conséquences opposées. D’un côté, dès que vous dénichez un secret - notamment l’un des plus utiles - c’est un feu d’artifice d’émotion, surtout sachant que le mystère était là depuis le début… De l’autre, vous pouvez passer des heures à galérer en l’asbence d’une mécanique clé, comme la possibilité d’augmenter la santé.

"Comment j'ai failli détester Tunic" - Vidéo de Gautoz (ancien journaliste chez Gamekult)

La meilleure énigme jamais créée

Quelque part, le parti pris de Tunic est donc assez radical. D’ailleurs, il n’y a pas de système d’aide pour les énigmes - même si on note la présence d’options d’accessibilité pour faciliter les combats. Mais, en l’absence d’un tel coup de pouce, la satisfaction de comprendre le jeu par soi-même s’en trouve démultipliée, et c’est précisément ça qui est génial… Combien de fois, dans ma session, j’ai eu cet effet “waouh” au moment de comprendre un mystère. Oui, il y a des découvertes constantes qui balisent la progression, jusqu’au boss de fin ! Du moins, la “première version” de ce boss de fin.

On vous parlait plus haut de plusieurs niveaux de lecture : la première fois que le générique apparaît n’est que le début de la fin, comme on dit. Car il reste littéralement une tonne de choses à découvrir. À commencer par la “Voie dorée” (Golden path), un étrange secret mentionné par le manuel papier, qui ouvre une énorme porte dans les montagnes. Je ne vais pas vous mentir, j’ai vécu mon meilleur moment de 2022 en résolvant cette énigme. J’étais alors en phase de test, et l’éditeur de Tunic avait mis en place un Discord pour que les journalistes puissent échanger leurs théories ! J’ai fait équipe avec des personnes que je ne connaissais ni d’Eve, ni d’Adam, et je vous laisse imaginer l’euphorie d’être parmi les premiers à percer la Voie dorée… Une autre raison pour que Tunic soit mon GOTY.

En bas à gauche, la porte de la Voie dorée, à droite, une page du manuel papier

Et encore, je n’étais pas au bout de mes surprises ! Après cette “ultime énigme”, il y a largement de quoi faire : décoder le mystérieux alphabet, faire apparaître des choses dans le manuel papier selon certaines conditions, trouver des indices dans le son du jeu (le son quoi). Bref, vous vous souvenez de la phrase de Shoudlice au début de cet article ? “Un jeu où vous avez trouvé tous les secrets est un jeu terminé pour de bon” ? C’est entre autres pour ça que Tunic me laisse un souvenir aussi fort. Encore à ce jour, il cultive mon imaginaire, dans un coin de ma tête. Je sais bien que je ne trouverai jamais tout ce qu'il a à offrir, c’est mieux ainsi. Bref, jouez à Tunic, il est en plus dans le Game Pass.