Il fut un temps où les jeux d’arcade avaient du crédit sur nos consoles. Qu’il s’agisse d’expériences en 2D ou en 3D, il était commun de voir en tête de gondole des licences issues des bornes électroniques. À une époque, les rois du jeu vidéo s’appelaient Atari, Midway, ou encore SEGA. Depuis, des têtes pixellisées sont tombées. Aujourd’hui, le plaisir court et simple n’est plus vraiment à la mode sur nos machines de salon. Les éléments de RPG se sont infiltrés dans bien des genres, et les éditeurs luttent pour maintenir leurs utilisateurs impliqués le plus longtemps possible au milieu des univers qu’ils produisent. De quoi retirer quelques vies à un style arcade qui s’est fait mettre, malheureusement, en pièces.
Cet article entrant dans la rubrique "Débat et opinion", il est par nature subjectif. L'avis de l'auteur est personnel et n'est pas représentatif de celui du reste de la rédaction de Jeuxvideo.com.
L’origine du monde (vidéoludique)
De par sa forme et sa manière de fonctionner, la borne d’arcade fut le réceptacle de titres aux niveaux courts dotés de mécaniques faciles à apprendre mais difficiles à maîtriser. Ce qui est tout à fait normal puisque le but de ce type d’installation est de faire dépenser le plus de pièces possible à un large spectre d’utilisateurs. La simplicité des contrôles rassure le tout-venant tandis que la difficulté rapidement délicate incite à remettre une pièce pour progresser et avoir une chance de laisser ses initiales dans le tableau des scores. Les consoles de jeux sont avant tout nées du désir d’apporter les joies de l’arcade à domicile. En échange d’un prix d'entrée plus important, le client bénéficiait de genres auparavant réservés à l'arcade, mais chez lui, et en illimité.
Ils sont nombreux les héros à être passés des halls enfumés aux salles à manger : Pac-Man, Ken Masters, Mario, Donkey Kong ou dans une autre mesure Thomas Rogan et B.D. Joe. Les machines Nintendo, Sony, et SEGA ont accueilli de multiples portages de jeux d'arcade dans les années des années 1990 jusqu’à la moitié des années 2000. En ce qui concerne la Xbox de Microsoft, elle fut arrosée d’exclusivités SEGA grâce à l’utilisation du système Chihiro, qui a permis les portages Xbox de Crazy Taxi 3 : High Roller , The House of the Dead III , ou encore OutRun 2 . À une époque, ces licences intéressaient un nombre considérable de joueurs.
Joueurs, n’allez pas voir ailleurs
Le déclin de l’arcade en Occident ne s’est pas constaté que chez les commerçants. Les fabricants de consoles et les grands éditeurs ont peu à peu tourné le dos à ces jeux aux plaisirs simples misant sur les sensations. Les jeux vidéo gagnent en profondeur, et le succès du genre RPG (encore classé dans le top 3 des genres préférés des joueurs américains en 2018 selon Statista) donne des idées aux grands de l’industrie. Aujourd’hui, nous retrouvons des éléments de jeux de rôle du jeu de courses (The Crew , Forza Horizon ) aux FPS/TPS (Far Cry , The Division ). Les jeux de combat 100% arcade de l’époque se sont eux aussi complexifiés en ajoutant une touche RPG, comme Killer Instinct (Shadow Lords), SoulCalibur (Balance de l’âme) et Mortal Kombat (Krypte).
Avec l’émergence du jeu service, l’idée est de garder le joueur le plus longtemps possible au sein de l’univers virtuel. Pendant qu’il est collé à son écran de personnalisation, il ne s’amuse pas à un autre titre et peut éventuellement dépenser ses deniers dans du contenu annexe. Les pièces à insérer dans la fente ont été remplacées par des DLC et des “boosters” de différentes sortes, non pas pour continuer une partie, mais pour être plus performant plus rapidement. Et le plaisir dans tout cela ? Il est parfois dilué au milieu de tout un tas de propositions inutilement compliquées.
Les périphériques mobiles et la VR à la rescousse ?
Les jeux d’arcade sur consoles se traînent une réputation moribonde à cause de leurs contenus globalement faiblards et de durées de vie raccourcies... le tout vendu au prix fort. Il n’y a pourtant aucune honte à apprécier le fun immédiat d’un rail shooter ou d’une course aux checkpoints. Des mécaniques simples, si elles sont aussi réussies que maîtrisées, engendrent une bonne rejouabilité. Il y a bien eu un rebond de l’arcade à domicile avec la démocratisation du motion control, ce qui a fait naître des Umbrella Chronicles , House of the Dead : Overkill , Fable : The Journey , ou encore The Gunstringer , entre autres. Mais le fait de s'agiter devant sa télévision ne semble plus intéresser les constructeurs, excepté Nintendo avec son Ring Fit Adventure .
Beaucoup de softs aux mécaniques simples ont trouvé une seconde jeunesse sur mobiles, à l’instar des runners et des puzzle games. Il est néanmoins cocasse de constater que Crazy Taxi est désormais un jeu de gestion disponible sur smartphones. Aujourd’hui, la réalité virtuelle est un terreau fertile aux expériences efficaces basées sur les sensations. Until Dawn : Rush of Blood ravive la flamme du rail shooter tandis que Beat Saber fait penser à un Dance Dance Revolution du futur. Si nous répétons souvent que la VR manque de “gros jeux” ambitieux, il ne faut pas non-plus dénigrer les softs qui placent l’intégralité de leur force dans un gameplay simple, répétitif, mais terriblement divertissant.
Au moment où nous écrivons ces lignes, SEGA n'a toujours pas décidé de sortir The House of the Dead Scarlet Dawn sur d'autres machines que les bornes d'arcade. Le fait que le nerf de la guerre aille vers la rétention du temps de jeu ne pousse pas les géants à produire des expériences courtes et intenses comme l’arcade a su en produire. Heureusement, la réalité virtuelle réhabilite ce style qui place l’accessibilité au centre de ses mécaniques. Les indépendants, eux, tentent de reprendre les codes du genre afin de concevoir des suites spirituelles de softs qui les faisaient vibrer il y a 20 ans. Bien entendu, la profondeur est toujours bienvenue dans les œuvres vidéoludiques, mais la simplicité et l’amusement immédiat ne doivent pas être traités avec condescendance.
