De temps en temps, il est sacrément plaisant de voir des jeux-vidéo issus de petites boîtes réussir à nous séduire, et parfois même plus que les AAA.
C’est le cas ici.
Commençons d’abord par les défauts.
D’un point de vue technique, le jeu est vraiment daté. Pour être sorti en 2018, son gameplay évoque plutôt sur certains points celui d’un titre de 2013. Les animations sont souvent assez raides, tout comme certaines sensations manette en mains.
Côté graphismes, ce n’est pas renversant non plus, en particulier pour ce qui concerne les visages. Pour le reste, comme les décors, si c’est aussi relativement daté, ça reste très décent, et ils sont même plutôt jolis.
Le scénario, maintenant. Dans l’ensemble plutôt bien écrit et original pour un jeu vidéo, il fait tout de même à certains moments l'objet d’une écriture pas vraiment maîtrisée, surtout sur sa fin.
Pour ce qui est de la progression, elle fonctionne, mais elle est malgré tout assez basique. Ça se résumera le plus souvent à aller trouver X objet, l’amener dans X pièce pour activer X engin, et ainsi de suite. Cependant, au vu de la durée de vie plutôt limitée du titre (je l’ai pour ma part fini en environ 6h40, mais selon les différents types de joueurs, je dirais qu’il est possible, pour une première partie, de le terminer en 5-8h), la chose n’a pas vraiment le temps de devenir redondante.
Et maintenant, passons aux points positifs.
Parlons déjà de l’ambiance, et disons qu’elle est absolument fabuleuse. Le manoir Felton n’est vraiment pas un endroit rassurant, et encore moins quand on sait que s’y balade un vieillard complètement déjanté armé d’une faucille de jardinage, et qui n’attend qu’une occasion de vous planter celle-ci entre les omoplates. En jouant avec un casque, surtout, l’expérience est particulièrement immersive. La musique, discrète mais intense, y est pour beaucoup et ne vous laisse jamais oublier une chose : vous n’êtes pas en sécurité dans ce manoir, à aucun moment.
Toujours en jouant avec un casque sur les oreilles, entendre le vieux Felton marmonner ou chantonner dans la pièce à côté ou à l’étage du dessus/dessous vous fera inévitablement ressentir un certain malaise.
Et enfin, si vous passerez le plus clair de votre temps à avancer à tâtons ou encore à fuir à toutes jambes alors que votre poursuivant vous insulte avec un vocabulaire plutôt fruité, à l’inverse de certains autres jeux vidéo du même genre, vous aurez ici le moyen de vous défendre. Premièrement, vous pourrez transporter un maximum de trois objets de diversion, qui se divisent en deux catégories : les objets lançables, tels que des vases, des briques ou encore des boules à neige, que vous pourrez à votre guise lancer directement à la tête de Richard Felton (ou pas que, d’ailleurs, car sans trop en dire, le vieil homme n’est pas la seule menace à rôder dans les couloirs du sinistre manoir), et les objets plaçables, comme par exemple des réveils, des cloches sonnantes et des boîtes à musique, que vous n’aurez qu’à placer quelque part afin que leur tintamarre attire celui qui vous traque. Mais en plus de ces trois objets, vous aurez également la possibilité de vous armer d’un objet de défense, comme un couteau, un coupe-papier ou même un hachoir. Ces armes à usage limité pourront être améliorées (soit leurs dégâts, et donc leur capacité à sonner l’ennemi, soit leur durabilité).
Quant au scénario, bien qu'il se fasse parfois un peu brouillon et que certaines (rares) scènes de dialogue nous paraissent un peu exagérées ou irréalistes (j’aurais du mal à développer davantage sans trop en dévoiler), il est dans l’ensemble agréable à suivre et même très rafraîchissant pour quiconque s’y connaît un minimum en jeux vidéo d’horreur. Alors certes, il ne révolutionne rien, mais disons simplement qu’il s’agit d’une histoire que l’on pourrait sans problème voir dans un très bon film du genre.
Côté personnages, ils sont tous très réussis. Notre protagoniste principale, Rosemary Reed, est honnêtement assez charismatique et crédible, et il en va de même pour les quelques autres acteurs de l'aventure, certains étant même frappés d’un passé et de circonstances très tragiques, lesquelles ne manqueront pas de vous faire développer un minimum d’empathie pour eux.
En conclusion, Remothered : Tormented Fathers est un très bon survival horror à l’ancienne, sans grande prétention mais qui fonctionne, même beaucoup plus que d’autres jeux du genre horrifique développés avec trois fois plus de moyens. Malgré ses quelques petits défauts, je n’hésite pas une seconde à vous le recommander : si vous appréciez les jeux d’horreur et que vous avez l’occasion de mettre les mains sur celui-ci, alors foncez. Du moment que vous êtes capables de passer outre les graphismes plutôt dépassés et certains éléments du gameplay un peu vieillots ou raides (et une traduction laissant un peu à désirer), vous ne pourrez que passer un bon moment.