En 2013, l’entreprise néerlandaise Fairphone faisait grand bruit en commercialisant son premier smartphone écoresponsable. À cette époque, le secteur du reconditionné était encore balbutiant et les considérations écologiques beaucoup moins sous le feu des projecteurs.

Voir le smartphone FairPhone 5 chez la FNAC

Un smartphone écoresponsable, kesako ?

Modèle après modèle, la recette du Fairphone s’est peaufinée avec toujours en ligne de mire une volonté de proposer un smartphone durable, car facilement réparable. Ce n’est pas tout !

Matériaux recyclés, minerais (or, lithium, oblats…) issus du commerce équitable ou encore mise en place de charte pour améliorer les conditions de travail des ouvriers avec ses fournisseurs. En plus d’être durable, le Fairphone est également éthique. La marque s’approvisionne de manière à réduire au maximum l’impact environnemental et social de son smartphone.

Si cet aspect n’a jamais souffert d’aucun défaut, aucun smartphone ne peut se vanter d’être aussi respectueux de Dame Nature et des droits humains, la réalisation a souvent péché par un manque d’ambition technique. En effet, lors de leurs sorties, les Fairphone ont fréquemment accusé un certain retard technologique. Écran dépassé, processeur peu puissant, bloc photo rapidement obsolète…

Bien qu’une embellie se soit fait entrevoir en 2021 avec le Fairphone 4, la modernité du modèle pouvait encore souffrir de quelques défauts. Et c’est bien là le principal problème du Fairphone depuis des années, un rapport qualité prix trop moyen. Et cette année, le nouveau modèle, le Fairphone 5, voit même son prix augmenter. Il est disponible dans une version unique de 8/256 Go pour 799 euros, tout de même.

Ce contexte ainsi établi, nous nous sommes posés trois questions essentielles en testant ce smartphone. Pourquoi est-il si unique dans le paysage de la téléphonie mobile ? Est-ce que son rapport qualité prix est enfin à la hauteur de son concept ? Et surtout à quel public s'adresse-t-il ? Voici nos réponses après trois semaines en sa compagnie.

Fiche technique

Un smartphone réparable, mode d’emploi

Pour éviter de jeter son smartphone avec l’eau du bain dès qu’un souci technique se présente, Fairphone a imaginé ce concept de smartphone réparable. Au total, 10 composants peuvent être changés en un clin d’œil. Disponibles sur le site de la marque, les pièces de rechange sont les suivantes :

• Écran OLED (100 euros)
• Batterie (40 euros)
• Le capteur photo grand-angle (70 euros), le capteur ultra grand-angle (45 euros) et le capteur pour les selfies (35 euros).
• La coque arrière (25 euros)
• Le haut-parleur du bas (25 euros) et celui du haut (20 euros)
• Le port USB-C (20 euros)
• Et l’unité supérieure (flash, capteur ToF et emplacements pour SIM et carte SD (40 euros)

Nul besoin de fer à souder, de colle ou de connaissance technique particulière. Pour changer un composant, il suffit d’enlever la coque via une encoche afin d’accéder aux entrailles du smartphone.

Ensuite, un simple petit tournevis cruciforme est nécessaire pour désosser chaque partie. Contrairement aux autres constructeurs qui utilisent des vis propriétaires, ici n’importe quel outil peut faire l’affaire.

Tout a été pensé ici pour que la réparation soit un jeu d’enfant. Même les moins bricoleurs d’entre vous, et c’était mon cas, peuvent sans mal le faire. Sans surprise, le Fairphone 5 possède le meilleur indice de réparabilité de tout le marché, soit une note de 9,3/10.

Design, solide avec des touches d’élégance

Si à première vue, son design va à l’essentiel, le Fairphone 5 ne manque pourtant pas d’attrait. À commencer par son dos en plastique bleu qui ne retient que peu les traces de doigts. De son côté, le bloc photo triangulaire est original et surtout son embonpoint est réduit.

En main, il peut paraître assez massif au premier abord. En fait, il est aussi épais qu’un smartphone avec une coque (161,6 x 75,83 x 9,6 mm), sauf que lui n’en a pas. D’autant que ce n’est pas le plus léger (212 g), mais la bonne répartition de son poids rend la préhension agréable au quotidien.

Derrière ce côté imposant se cache surtout une solidité à toute épreuve. Les finitions sont impeccables, les tranches s’arrondissent avec harmonie et même si le dos est en plastique, il ne semble pas avoir besoin de coque de protection.

Écran, le premier Fairphone OLED

Le Fairphone 4 disposait d’une dalle LCD qui est vite devenue ringarde au vu du prix du smartphone. Sorti en 2021, ce modèle se facturait alors 580 euros. Cette année, Fairphone effectue donc un bond en avant, puisque son nouveau smartphone passe à l’OLED. Plus précisément une dalle de 6,46 pouces FHD+ (1224 x 2700 au ratio 20:9) avec un taux de rafraîchissement non variable de 90 Hz.

Dommage que cet effort ne s’accompagne pas d’un bon calibrage en sortie d’usine. La colorimétrie souffre de quelques dérives, notamment sur le jaune et le rouge. Globalement, ces couleurs sont fades. Heureusement, le smartphone permet de régler précisément ce problème.

Nous vous conseillons donc de passer en mode « Avancé » afin de jouer sur le curseur selon vos goûts. De notre côté, nous avons donné un peu plus de peps à l’ensemble. Avec le Fairphone 5, il faut décidément mettre la main à la patte.

En matière de luminosité, Fairphone nous ment un peu. Alors que le constructeur annonce un pic maximal de 880 cd/m², nos mesures nous ont indiqué que le smartphone atteignait difficilement les 600 cd/m². Attention, le Fairphone 5 reste agréable à utiliser, même en extérieur, cependant il fait bien moins que ses concurrents directs au même prix.

Performance et logiciel, un smartphone inédit !

C’est la première fois que nous avons affaire à elle. Le Fairphone 5 est équipé d’une puce Qualcomm QCM6490, d’une mémoire vive de 8 Go et d’un stockage de 256 Go extensible via carte micro SD.

Initialement, ce Soc du fondeur américain est réservé à un usage industriel, les entreprises l’utilisent par exemple pour leurs applications IoT. Première indication, ce chipset 5G est donc conçu pour avoir une durée de vie étendue. Et tant mieux, car si le Fairphone 5 est unique dans sa durabilité matérielle, il tente de l’être aussi sur la partie logicielle.

Tout d’abord ce smartphone est livré sous Android 13 avec une surcouche logicielle très légère. On est très proche d’Android Stock, ce qui n’est pas plus mal, mais surtout aucun bloatwares n'apparaît à l’allumage. Quel plaisir !

Ensuite, Fairphone garantit 5 ans minimum de mise à jour d’Android et 8 ans de mises à jour de sécurité. Hormis les Pixel 8 et Pixel 8 Pro qui peuvent se vanter de 7 années de mise à jour majeure, aucun autre téléphone n’arrive à la cheville du Fairphone 5. Et pour enfoncer le clou et être encore plus unique, la garantie commerciale s’étend à 5 ans, là où tous les autres constructeurs se contentent des deux années obligatoires.

En ce qui concerne les performances, cette inédite puce de Qualcomm s’est montrée suffisamment puissante pour presque tous nos usages. La fluidité est de rigueur, le lancement de l’appareil photo se fait sans ralentissement et la plupart des applications tournent sans problème.

Bien évidemment, les jeux les plus puissants devront s’apprécier avec parcimonie et pas mal de concessions. Il faut généralement mettre les graphismes et le nombre d'images par seconde au plus bas pour éviter les saccades et la chauffe du smartphone. De plus, les applis énergivores de retouche photo et vidéo sont également à oublier.

Photo, une proposition trop inégale

Le Fairphone 5 dispose de la configuration photo suivante :

• Un capteur grand-angle Sony IMX800 de 50 Mpx avec une stabilisation optique et une ouverture à F/1.9.
• Un capteur ultra-angle de 50 Mpx, également, avec une ouverture de F/2.2.
• Une caméra 3D ToF dédiée à la profondeur de champ.
• Et à l’avant un capteur selfie de 50 Mpx.

Le capteur grand-angle nous a donné pleinement satisfaction dans la plupart des situations. La colorimétrie est plutôt bien maîtrisée, le niveau de détail est plutôt bon et la gestion des contrastes aussi.

Parfois, il a tendance à surexposer le ciel ou au contraire à assombrir la végétation en bord de cadre, mais rien de bien méchant. En s’appliquant et en faisant bien la mise au point, on s’en sort.

Par contre, l'ultra grand-angle est beaucoup moins à l’aise. Passons, sur le léger effet tunnel sur les scènes de perspective, ce défaut est courant. Ce qui l’est moins, c’est une perte de détail aussi flagrante sur l’arrière-scène. Même en pleine journée, on peut apercevoir en zoomant sur le cliché du bruit numérique.

La nuit, le Fairphone 5 fait comme il peut. Le piqué est moins auguste et des microcontrastes pullulent sur le bord du cadre. Le mode « Nuit » sauve un peu la mise, au prix d’un lissage numérique trop prononcé et d'une tendance à la surexposition.

Bien qu’il ne soit pas le meilleur portraitiste, le Fairphone 5 s’en sort plutôt bien pour détourer les humains. Sur les objets, c’est plus délicat, l’effet bokeh est moins homogène. Enfin, niveau selfies, il a su nous satisfaire dans l’ensemble. Notons tout de même encore une fois une tendance à la trop éclairé la scène, il faudra donc s'appliquer, notamment en contre-jour, lors de la mise au point.

Autonomie, dans la moyenne

Avec sa batterie de 4200 mAh, le Fairphone 5 a toujours su nous accompagner pendant au moins une journée d’utilisation. Qu’elle soit gourmande ou spartiate. Quand nous frôlions les 5 heures d’écran par jour, le smartphone affichait en moyenne un petit 20% au moment du coucher.

Durant ce laps de temps, nous avons pu surfer sur les réseaux sociaux, nous détendre sur du jeu 3D basique, effectuer du streaming audio et vidéo tout en répondant à quelques mails et en prenant une vingtaine de photos. C’est n’est ni mauvais, ni extraordinaire. Si l’on est moins gourmand, il peut prolonger le plaisir quelques heures le lendemain.

Par contre, nous avons remarqué que la déperdition énergétique s'accélèrent beaucoup trop vite lorsque la luminosité est bloquée au maximum. Pour tenir la durée, veillez à la laisser en adaptatif. De plus, en faisant un tour dans les options de batterie, nous avons pu , jour après jour, optimiser la durée de cette dernière. Ces fonctionnalités ne sont pas là juste pour faire jolies, elles sont pour le coup ici vraiment efficaces.

Toujours dans un souci environnemental, l’entreprise néerlandaise ne fournit ni câble, ni chargeur dans la boîte. Avec un bloc adéquat, soit de 30 W, il est possible de récupérer 40% en 25 minutes. Ce qui est convenable. Pour passer à 100%, il faudra patienter 1h30. Ce qui est beaucoup moins bon. Pour résumer, une charge rapide convenable, mais une charge longue qui prend trop son temps.

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Conclusion