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Sujet : Dans les pas de Genghis Khan

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Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
24 novembre 2016 à 11:14:52

Du coup c'est encore plus intéressant d'avoir ton avis. :hap:
Est-ce que tu as l'impression que j'ai négligé de parler de ma famille d'accueil? Même chose pour Pacha ou les enfants du camp?

HelpingFR HelpingFR
MP
Niveau 25
24 novembre 2016 à 12:17:51

Ben, c'est vrai que tu parles pas trop des autres enfants, mais ça m'a vraiment pas dérangé pour le coup. Par contre, je pensais que ta famille d'accueil c'était celle de Mia non ? :(

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
24 novembre 2016 à 12:19:53

Ah OK :pf:
Faut vraiment Uenje précise les choses alors :rire:
Ma famille d'accueil c'était Elena, Sacha et les trois filles

Suledhel Suledhel
MP
Niveau 10
24 novembre 2016 à 12:38:42

Un peu plus de vie quotidienne, je dirais, oui ^^
Bah les enfants je demande pas non plus une description + présentation de tous les gosses hein ^^ Mais... les plus marquants ? Genre au moins ceux que tu mentionnes après et dont, pour moi, on n'avait jamais entendu parler avant quoi :p)

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
24 novembre 2016 à 12:55:46

C'estsurtout aà la fin de la semaine que je me suis rendu compte qu'ils m'avaient marqué. Les décrire dès le début me semble pas logique. Je vais bosser ça, merci beaucoup :oui:

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
25 novembre 2016 à 05:40:19

Samedi 12 novembre

Gare de Tyumen, 6h22, heure locale. 4h22 pour Moscou. Je dois avoir une gueule à faire peur, mais alors d’une puissance ! J’ai à peine dormi, je ne rêve que d’une chose, retrouver l’hostel ce soir. La locomotive fut ponctuelle, bien que partie en retard. Ils m’ont volé du sommeil... Ce premier train alors, c’était comment ? Et bien ce ne fut pas fameux. Rien à redire sur la literie, ni sur les draps lavés et repassés donnés dans un sachet hermétiquement fermé. Par contre, parvenir à rejoindre Morphée avec le mouvement du train, ce n’est pas gagné. Il faut vraiment être dans un grand état d’épuisement pour y arriver, ce qui était mon cas. Je somnolais néanmoins d’un œil très léger, angoissé à l’idée de rester endormi et de rater ma gare. Une première nuit en wagon plutôt courte donc, j’espère les prochaines plus longues. Il me reste une énigme que je n’ai pu résoudre. Les toilettes étaient fermées, pour qui, pour quoi, je n’ai pas trop compris. La contrôleuse, face à l’insistance de plusieurs passagers, a fini par les ouvrir avec son passe magique. Doit-on aller uniquement en gare, retenir sa vessie jusqu’à explosion ou comment ça se passe ? Je n’ai pas eu mes réponses.
Je vais tenter de dormir quelque peu malgré la voix qui ne cesse d’annoncer les prochains départs. Il fait encore noir dehors, cela ne me sert à rien de me lancer à l’assaut de la ville pour le moment. Je vais tenter de terminer ma nuit.

Le froid et la marche me tiennent éveillé. Voilà près de deux heures que je me suis élancé dans les rues de Tyumen. Sans office du tourisme officiel, c’est difficile de savoir vers où se tourner. J’ai bien jeté un œil à mon guide du Lonely Planet, mais il indique finalement peu de choses, quatre ou cinq arrêts seulement. Cathédrales, monastères, églises, je m’oriente grâce à 2Gis sur mon téléphone. Mais si je ne trouve pas rapidement une prise électrique, seuls mon sens de l’orientation et ma capacité à communiquer avec la population me permettront de me diriger. Il semble y avoir quelques musées dans le coin, non mentionnés par le guide, à voir de quoi ils traitent, cela pourrait être intéressant.
J’ai laissé mes bagages dans une consigne, pour deux cents roubles la journée, environ deux euros cinquante. Je suis donc fort léger pour visiter le centre-ville.

Les berges sont en forte pente, et leur aménagement est somptueux. Des arbres et des buissons, de beaux lampadaires stylisés, des sculptures, des allées dallées, il ne manque que des bancs pour parfaire le tableau. Le fleuve lui, git silencieusement, pris dans une gangue de glace. Rien ne bouge, la neige recouvre presque tout, l’on aperçoit la givrure que par endroits. Deux péniches à quai sont emprisonnées par le gel, immobiles pour les six mois à venir. Un immense pont enjambe l’ensemble, simple, moderne et majestueux. Le tableau est vraiment très beau, dommage qu’il fasse aussi froid. L’hiver pénètre à travers ma grosse doudoune, frigorifiant mes bras. Car en dessous, je suis encore en short et t-shirt, je n’avais jusque-là pas jugé utile de rajouter des couches, il me faudra peut-être le faire dès demain. Il me faudra également mettre des chaussettes de grand-mère, car avec celles que je porte en ce moment, j’ai trop peur de perdre mes orteils. Mes doigts eux, sont en fin de vie, je ne sais plus où les mettre. J’ai beau avoir deux paires de gants, le froid s’insinue tellement qu’ils en sont transis. Et si j’ai besoin de prendre une photo ou jeter un œil au téléphone, impossible avec mes grosses pattes, mes mains doivent endurer l’impitoyable fraîcheur un bref instant. Ma famille m’a offert des grosses moufles pour l’hiver, il me va peut-être déjà falloir les utiliser, même si nous ne sommes qu’à l’automne. Le soleil règne toujours en maître, je suis chanceux, je me dirige vers le nord et le complexe religieux de Tretskom. Les musées n’ouvrent qu’à treize heures le samedi, ce sera donc pour un peu plus tard.

Le monastère fête cette année ses quatre cents ans. Il n’a rien d’exceptionnel, mais m’a donné l’occasion d’une marche sympa le long du fleuve. Je redescends maintenant vers la vielle ville, j’ai déniché sur 2Gis un petit café-restaurant, non loin du musée principal. J’espère y trouver nourriture, chaleur et prise électrique. Il fait vraiment très froid, si froid que la bouteille d’eau qui se trouve dans mon sac en a gelé. Oui, la bouteille a gelé. C’est donc que les températures sont bien basses aujourd’hui. Une fois le musée achevé, je devrais avoir terminé mon petit tour et rentrerai à la gare. Mon prochain train est à 18h00 heure locale, direction Tobolsk, où j’arriverai dans la nuit.

J’avais trop la flemme d’attendre que le musée ouvre, je suis donc rentré directement à la gare. J’y ai passé cinq heures, faut croire que je commence à aimer ça. J’ai terminé de recopier, corriger et relire l’ensemble de mes aventures à Miass. Je vais pouvoir les poster dès que je retrouverai internet, une bonne chose de faite. Maintenant il ne me faut pas prendre de retard dans le reste, ces derniers jours à Ekaterinbourg et Tyumen. J’ai également commencé à recopier sur papier, et cela va me prendre une éternité. Trois semaines dans un wagon ne seraient pas suffisantes. Mais bon, je vais poursuivre et ne rien lâcher. Je suis dans mon deuxième train, il s’écarte un peu de la route du transsibérien pour remonter au nord vers Tobolsk, ancienne capitale de la Sibérie. Le vieux centre est apparemment charmant, je verrai cela demain. Je n’arrive pas à la gare avant 22h00, et il me faudra ensuite prendre un taxi jusqu’à l’hostel.
Lors de la réservation de mon billet, je n’avais pas eu d’autre choix que de réserver une couchette du haut. Vu que je ne suis là que pour quatre heures, ce n’est pas bien grave. Mais c’est exigu, je ne peux pas m’asseoir, et pour y monter, les acrobaties sont de mise. Il fait excessivement chaud. Entre le chauffage et tous ces gens, on ne respire plus. Le train est complètement bondé, j’ai du mal à croire qu’il y ait autant de voyageurs. La plupart dorment avec les couvertures, comment font-ils ? Aucune idée, je suis pour ma part en sueur. Vu que je n’avais pas vraiment la place pour bosser, je me suis regardé, tout comme à Iekaterinbourg, un dessin animé russe sous-titré anglais. Ce soir, c’était Aladin. Fort intéressant, j’arrive à saisir pas mal de mots, je ne suis donc pas complètement déçu de moi-même, mon russe a bien progressé.
Je n’ai que la seule journée de demain à Tobolsk, je reprendrai un autre train dans la nuit, pour vingt-cinq heures. Ce trajet-là s’annonce beaucoup plus long, il me faudra m’occuper. Il ne semble y avoir que quelques prises électriques dans le wagon, une multiprise pourrait s’avérer fort utile. J’en ai déjà une, mais l’ordi ne passe pas dessus. À voir si j’arrive à dénicher cela à Tobolsk. Sinon, mes intestins m’ont fait une petite crise, c’était fort agréable. Les toilettes étaient ouvertes, je ne sais pas trop pourquoi, elles ne sont peut-être fermées que pendant la nuit, mais je ne vois pas trop l’intérêt, car elles sont de toutes façons dans un état lamentable. Il me reste une heure de trajet, je vais tenter de ne pas m’endormir, j’aurais de toutes façons trop peur de louper mon arrêt.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
25 novembre 2016 à 05:40:43

Dimanche 13 novembre

La maison Minsalim a été reconvertie en musée. Il abrite les œuvres d’un grand artiste du même nom. Cet homme n’était pas peintre, il n’était pas ébéniste, ni orfèvre de renom non, cet homme était sculpteur. Mais il ne ciselait pas n’importe quoi, seul l’ivoire l’intéressait. Et davantage encore lorsque ce précieux matériau provenait de mammouths depuis longtemps éteints. Peuplades du nord, loups, ours, pachydermes d’un blanc éclatant, tous ces chef-d’œuvres se succèdent dans les vitrines. Une dame m’a guidé à travers les salles, dans un anglais plus que basique, mais ce fut néanmoins très intéressant.

Le kremlin est juste superbe. De multiples tours rondes ou carrés aux murs de crépi blanc se confondent avec la neige. Un château aux vieilles toitures de bois expose sa beauté. Un beffroi et une cathédrale qui résonnent des chants de la messe. La forteresse de Tobolsk est située sur un point stratégique. À ce niveau ci de la rivière, on retrouve comme un immense plateau se soulevant brutalement à au moins cent mètres de hauteur. La pente est très raide, impossible à escalader telle qu’elle, ou à descendre sans se briser quelques os. Il faut forcément emprunter les escaliers, très protégés. En haut, la citadelle, et au-delà, la nouvelle ville, percée de très larges avenues menant à la gare, fort lointaine. En bas, nichée dans le bras du fleuve, la vieille ville. Des églises, de vieux bâtiments, mais vu d’ici, il n’a pas l’air de rester beaucoup d’anciennes maisons de bois. Car Tobolsk est en effet une cité du passé. Elle fut fondée en 1585, et fut pendant longtemps capitale de la Sibérie. Et oui, la Sibérie, j’y suis, enfin. J’y étais déjà hier à Tyumen d’ailleurs. Mais ici, c’est bien plus sauvage, bien que Tobolsk soit grande et étendue. Il n’y a pas de circulation, et ce Kremlin, le seul à l’est de l’Oural, lui donne quelque chose de sauvage. Je fais le tour des fortifications, observant devant moi la plus belle des villes de Sibérie.

La conquête de la Sibérie par Moscou débute avec la campagne d’Armak au XVIIème siècle. Face aux incessantes incursions tatares et Vogouls, les autorités se devaient de faire quelque chose. Campagne est lancée, ce fut une réussite. Tobolsk fut fondée et le reste des steppes sibériennes fut rapidement intégré au Royaume. Cordes, fourrures, le commerce y était florissant. Mais la Sibérie est également signe d’exil. De nombreuses personnes disgraciées aux yeux du tsar furent envoyées ici, dont le très célèbre poète Pouchkine.
Au XXème siècle, Tobolsk était toujours utilisée comme lieu de déportation. C’est ainsi qu’en Août 1917, une famille entière arriva dans cette lointaine ville sibérienne. Cette dernière devait sa prospérité au clan des Romanov, et c’est justement eux qui venaient d’être exilés. Nicolas II, sa femme et leurs cinq enfants vécurent durant neuf mois dans ce palais des députés, avant qu’ils ne rejoignent Iekaterinbourg. Une partie de l’exposition leur est consacrée, appuyant sur le dramatique de la situation. Une famille impériale qui aimait la Russie, qui avait tout fait pour elle, et s’est retrouvée perdue ici, au milieu de nulle part, au cœur des steppes sibériennes.
L’une des salles de ce musée d’histoire est consacrée à l’enfant du pays, Dimitri Mendeleïev. Né en 1834 d’une famille modeste, il a consacré sa vie aux sciences. Il effectuera des recherches très variées, mais il passera à la postérité comme celui qui aura créé la table des éléments que tout le monde connait aujourd’hui.

La ville basse, supposément la partie la plus ancienne de la cité, est une ville morte. Des ruines de tous côtés, des fenêtres béantes, de la peinture qui se détache, des broussailles à foison, tout n’est que désolation. Il n’y a pas de voitures dans ces rues, pas de piétons. Je marche seul à travers ces quartiers désolés, seules les églises sont maintenues en état. Le reste lui, a été depuis longtemps oublié. Il y a bien, par-ci par-là, du linge séchant à un balcon, ou bien une chaumière de bois avec de la lumière à l’intérieur, mais ces témoignages de vie sont plutôt rares. L’essentiel me fait l’effet d’une ville fantôme.

À midi, j’ai terminé mon tour par un petit restaurant tatare bien sympa. La cuisinière était une vraie pipelette, j’étais l’attraction du coin, elle a fini par me faire écrire dans son livre d’or. Quelques courses, j’ai ensuite déniché une multiprise. Retour à l’hostel, qui n’a pas grand-chose d’un hostel… C’est un petit bâtiment bas, plein de couloirs et qui ressemble plus à un foyer de travailleurs qu’à un lieu de passage pour touristes. Y’a même une souris qui me fixe là, pendant que je parle dans le dictaphone. Elle se promène tranquille sur la moquette, hallucinant… À mon arrivée hier au soir, aucune information de la part de la gonzesse. Il m’a fallu tout demander, et j’ai vite découvert qu’il n’y avait pas de wifi. La petite structure dépend en fait du grand hôtel d’à côté, où j’ai dû m’enregistrer hier soir. J’ai été leur demander si eux avaient Internet, réponse positive. J’ai donc passé trois heures dans le hall de l’hôtel avec mon ordinateur. J’ai mis toutes les photos de ces derniers jours sur Facebook, posté l’aventure à Miass sur mon forum Écriture, réservé les prochains hostels à Novossibirsk et Krasnoïarsk, entre autres choses.
Il est presque minuit, je viens de dormir quatre heures, il me faut maintenant me diriger vers la gare, je terminerai ma nuit dans le train, un train qui m’amènera à Novossibirsk, ma prochaine étape, un train qui va mettre vingt-cinq heures pour y arriver.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
25 novembre 2016 à 12:21:22

Lundi 14 novembre

Le paysage au-dehors et plus que monotone. Une prairie blanche parsemée de quelques herbes çà et là, dont la monotonie est rompue par de rares arbustes rabougris. Parfois, une forêt perce à travers la lande, mais c’est bel et bien la steppe que nous traversons. Une steppe immense, sans fin, sur des kilomètres et des kilomètres carrés.
Il est midi à Moscou, 14h00 à Tobolsk, je ne sais pas quelle heure il est à l’endroit où nous sommes. Je m’y perds un peu dans tout cela, les russes ont apparemment davantage l’habitude que moi. J’ai passé une bonne fin de nuit, mais ai mis un peu de temps à m’endormir. Forcément, vu que j’avais déjà profité de quatre heures d’un sommeil réparateur auparavant. J’ai pu faire une mini grasse matinée, j’étais levé à huit heures. Depuis, je n’ai cessé de bosser. Tout d’abord sur le journal de bord, en tapant ma première journée à Iekaterinbourg. J’ai également tenté d’écrire sur le carnet papier, mais c’est difficile. Déjà que ma graphie n’est pas fameuse, alors avec les mouvements du train, c’est encore pire. Calcul rapide, à raison de trente-cinq minutes pour copier une page, sachant qu’il m’en reste soixante-deux, ça fait donne trente-sept heures pour tout recopier, autrement dit, pas pour tout de suite… J’ai également fini toute la couture que j’avais en retard. Poche de blouson, poche du sac, mes écussons qui dormaient depuis un moment déjà, tout a été fait pendant que l’ordinateur chargeait.
Le train n’est pas très bondé, quelques gros russes beaufs, une mamie en face de moi. Un peu plus loin, un bébé qui ne cesse de pleurer. Mais la communication est nulle, pas un mot d’échangé, rien, c’est dommage. Du coup, ils me laissent tranquilles, ne posent pas trop de questions, j’ai tout le loisir de travailler à ma guise. L’ordi doit être maintenant chargé, je pense que nous arrivons à Omsk prochainement, je vais continuer à avancer un maximum avant la nuit.

21h00 heure de Moscou, 1h00 heure de Novossibirsk. Cela fait un certain temps que je suis couché, et pourtant je ne dors toujours pas. Je sens que je vais passer une nuit blanche, il me reste trois heures de train. Je n’arrive pas à trouver Morphée, pourquoi ? Déjà je pense être complètement déréglé, je dors un coup par-ci, un coup par-là. De jour ou de nuit, dans une gare, un train ou un hostel, aucune régularité. Ce qui n’aide pas franchement à avoir un rythme de sommeil constant. Ensuite, il fait très chaud, plus de vingt degrés, je me demande même pourquoi ils mettent du chauffage… Et les gens dorment avec des couvertures ! Alors que moi je sue, enfin bref. Enfin, depuis que je suis couché, y’a un truc qui va pas. Je n’étais pas très fatigué au début, car un il était un peu tôt. Puis, j’ai eu faim alors que j’avais déjà dîné. Une fois mon estomac rassasié, j’ai eu envie de faire pipi, et ça c’est un problème. Je pense avoir résolu l’énigme des toilettes. En fait, le chef de wagon les ferme pendant la nuit. C’est con, je suis habitué à aller aux toilettes lorsque la lune est de sortie. J’ai finalement pu profiter d’un arrêt de vingt-cinq minutes dans la dernière gare pour vidanger ma vessie. Seulement, depuis que ma vessie est vide, c’est mon intestin qui souhaite se délester, ce qui n’est pas fait pour m’aider à trouver le sommeil. Bon, je pense qu’en cas d’extrême urgence, je peux toujours demander au responsable d’ouvrir ces fichus WC, mais faudrait qu’il soit dans un bon jour.
Ce chef de wagon est un homme - ou une femme - à tout faire. Contrôleur, il vérifie les billets et passeports lors de l’embarquement. Il distribue les draps propres aux nouveaux arrivants, fait le ménage, essuie la condensation qui se forme au bas des fenêtres afin d’éviter la glace. Il nettoie les toilettes, renseigne les passagers, s’occupe du charbon pour le chauffage, enfin bref, il fait tout dans sa propre voiture. Lorsque le train est en gare, il tape à la barre de fer sous le wagon afin de casser la glace qui aurait pu s’accumuler, notamment au niveau des toilettes. Ces dernières sont dans ce train ci très propres, très agréable, rien à voir avec le précédent, où c’était dégueulasse. Elles sont très propres, mais fermées. J’ai encore trois heures à tuer avant d’arriver en gare, j’aimerais pouvoir ronfler un peu, mais ce n’est pas gagné.

Mardi 15 novembre

Ma matinée ne fut pas de tout repos. En sortant du train, j’avais dormi une heure, peut-être deux. J’avais donc grand besoin de repos, impossible de suivre le plan prévu, qui était de bosser quelques heures à la gare avant de m’élancer en ville. Objectif hostel donc ! J’en avais repéré un sur internet, juste en face de la station, mais impossible de le trouver. J’ai fait trois fois le tour du bâtiment, rien n’indiquait que j’étais au bon endroit. Soit. J’ai donc continué ma marche vers le suivant, déniché sur 2Gis, dix minutes plus loin. Avec la valise et le sac, en pleine nuit, ce n’était pas simple, mais j’y suis arrivé. Je sonne, aucune réponse. Pourtant, sur mon appli, c’est bien indiqué réception 24/7. Tant pis, y’en a un de l’autre côté de la rue. Je sonne, on m’ouvre, mais c’est une des clientes. Elle me dit de rentrer et de me poser sur un canapé en attendant que l’administratrice se lève. Ok, ça me va. J’étais donc au chaud, somnolant sur mon sofa. Sept heures, la responsable a eu la magnifique surprise de me voir surgir à son saut du lit. Ils avaient des places disponibles, je n’ai payé que pour ce soir. J’ai pu profiter de trois heures réparatrices, bienfaitrices, bienvenues. Au lever, petite douche, j’ai lancé une machine car je n’ai plus rien à me mettre. Et un petit tour sur Internet en attendant qu’elle tourne. J’ai demandé quelques infos à la réceptionniste, qui avait changé entretemps. Vu qu’elle ne parlait pas anglais, il m’a fallu me débrouiller. Elle s’est étonnée de mon niveau de russe.
Il est midi, je m’élance en ville, il n’y a pas grand-chose à voir, quelques musées, quelques cathédrales, c’est tout. Car Novossibirsk est récente, un tout petit peu plus de cent ans. J’ai jusqu’à demain soir, donc je peux y aller pépère ! J’ai repéré, grâce au Lonely Planet, un endroit où déjeuner, un self-service qui m’a l’air, sur le papier en tout cas, fort sympathique.

Allez-y, allez-y, prenez des photos, ne vous gênez pas ! Vous pouvez en prendre autant que vous le voulez ! La grand-mère ne tarit pas d’éloges sur tous ces objets. De petites lunettes, ses cheveux noirs relevés en chignon, c’est babouchka russe typique, un peu nostalgique de l’URSS. Elle s’occupe du musée du même nom, dédié à un pays qui n’existe plus. Ce n’est pas un musée comme les autres. D’habitude, il y a des vitrines, des panneaux explicatifs, des vidéos, ce genre de choses. Ici, rien, mais il y a cette mamie, et elle fait tout à la fois. Excursion en petit groupe, moi-même, un couple d’autrichiens (je pense, au vu de l’accent), et une dame âgée. Son musée n’est pas bien grand, mais j’y ai passé près d’une heure et demie, elle était tellement passionnée. Au sein d’une ancienne masure en bois, l’on trouve une véritable caverne d’Ali Baba. Des centaines, que dis-je, des milliers d’objets, datant de l’ancienne Union Soviétique, sont ici rassemblés dans un fourbi impressionnant. Il y en a absolument partout, de la cave au grenier. Au rez-de-chaussée, deux petites pièces rassemblent des sculptures de bois ouvragées et magnifiques, une collection très belle et impressionnante. Dans son bureau qui sert également de réception, des armoires et des étagères recèlent mille et une richesses. Des parfums âgés de plus de cinquante ans, des médailles, des pièces, des jouets, des magazines de mode, des photos d’actrices et d’acteurs, des affiches du temps de Staline… Également toutes sortes d’appareils électroniques qui, comme elle l’affirme et nous le prouve, fonctionnent encore. Fer à lisser, rasoir, radios, masseur, et même jusqu’au frigo qui lui sert à stocker son déjeuner. Nous montons à l’étage, où est reproduite une chambre d’enfants. Le rouge domine, sur les tables, les petits bancs, les décorations des murs. Dans le coin, une icône, nécessaire pour apporter la protection de Dieu dans le foyer. Des poupées, des peluches, l’on se croirait remonter dans le temps. Juste à côté, une petite pièce bien étrange, ou sont rassemblés sorcières, squelettes, et autres figures censées faire peur. Monologue ininterrompu de la babouchka, je ne saisis malheureusement pas grand-chose. Nous sommes ensuite descendus à la cave. Je m’imaginais déjà avoir tout vu, mais là, ce fut une explosion pour les yeux. Encore des étagères entières remplies d’artefacts. Des dizaines d’appareils photos, des radios, des machines à écrire, et surtout, une ribambelle de costumes. Costumes qui, elle a insisté, « fonctionne encore ». Nous nous sommes transformés, l’espace de quelques instants, en jeune scout, en soldat de l’armée rouge ou en joueur d’accordéon. Une fin de visite réellement en apothéose. C’est un musée que je conseille, car même si vous ne parlez pas le russe, vous serez forcément entrainés par la passion de cette grand-mère. Je n’ai certes saisi que le quart de ce qu’elle racontait, mais elle a réussi à me faire néanmoins voyager dans un autre temps. Par son énergie, par son dynamisme, j’ai revu Staline, j’ai revu Lénine, j’ai revu cette idéologie des communistes, qui aura apporté à certains tant de bonheur, comme, je le pense, à cette mamie nostalgique de l’URSS.

Comme je le disais ce matin, Novossibirsk a tout juste un peu plus de cent ans. Et ça se voit. De larges avenues destinées aux voitures, et surtout, de nombreux bâtiments laids. Ils sont hauts, gris, ternes, certains à l’allure soviétique, d’autres simplement délabrés. Il n’y a en fait pas grand-chose à voir, malheureusement. Mais j’ai encore de quoi faire pour demain, le musée d’histoire était aujourd’hui fermé. J’ai déniché une pizza pour mon dîner, ainsi qu’un magasin de papeterie, après lequel je courais depuis ce matin. J’ai en effet oublié mes crayons de couleur dans ma famille russe, il m’en fallait d’autre afin de terminer ma carte du transsibérien. J’ai également trouvé des cartes postales, une pour moi, et une pour les filles à Dublin. Il est 17h00, je rentre à l’hostel et vais essayer de bosser un peu au chaud, à côté d’un thé. J’irai me coucher de très bonne heure, afin d’avoir une vraie nuit réparatrice.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
25 novembre 2016 à 12:21:47

Mercredi 16 novembre

Je n’ai d’habitude aucun souci à faire face aux difficultés rencontrées sur la route, et poursuivre malgré tout. Mais là, il fait -25°C, et c’est trop. Il tombe une espèce de très fine bruine qui forcément, par ces températures, tombe sous forme de glace, ce qui n’aide vraiment pas. Mon visage se congèle peu à peu, j’ai beaucoup de mal à passer outre le froid. Je tente de me couvrir autant que faire se peut, mais ce n’est pas simple. J’aimerais protéger mon nez et ma bouche, afin de ne laisser que les yeux exposés, mais après test, mes lunettes sont rapidement couvertes de buée, ce n’est pas des plus pratique. Je pourrais faire sans binocles, mais sans correction, mes yeux risquent de fatiguer et de provoquer des maux de têtes. Je n’ai pas encore trouvé la solution miracle pour protéger mon tarin et mes joues européennes de l’hiver mordant russe. Mes pieds sont gelés également, il me va falloir penser à investir dans quelque chose de plus adapté que mes baskets fourrées. J’ai trouvé refuge dans la cathédrale Alexander Nevski, au sud du centre-ville, qui est, comme toutes les autres, peinte, ici sur fond bleu. On y trouve une tiédeur réconfortante, j’attends de retrouver quelque circulation dans mes orteils et sur ma tronche avant d’affronter à nouveau les températures glaciales au-dehors.

Le musée d’état de l’histoire de la ville de Novossibirsk, non content d’être hors de prix - pour un musée russe - est inintéressant au possible. J’y ai passé grand maximum quinze minutes, pause pipi comprise, j’ai l’impression d’avoir gaspillé ces trois cents roubles. Une toute petite partie avec des vitrines exposant l’histoire de Novossibirsk. Mais vu qu’elle est récente, cela recouvre uniquement la période soviétique, déjà vue hier. L’essentiel de la surface du bâtiment était occupée par une exposition temporaire sur la mode. Des dizaines de robes alignées dans des vitrines, fascinant... Fin bref, je me suis fait chier. Sans parler des immenses panneaux explicatifs en russe, auxquels je n’ai même pas jeté un œil. Rien an anglais, rien pour les touristes, pas d’audioguide, je ne conseille vraiment pas ce musée.
Je pense avoir vu l’essentiel de ce que Novossibirsk avait à offrir, ce qui est malheureusement peu. Novossibirsk n’est peut-être pas une étape captivante pour les touristes. Mis à part le musée de l’URSS, je n’y ai pas vu quoi que ce soit qui en valait la peine. Je me dirige à présent vers le restaurant où j’ai déjà mangé hier. C’était fort bon et c’est situé juste à côté de l’hostel. Déjeuner donc, puis retour au chaud, où je travaillerai sur le carnet, en attendant le départ de mon train ce soir. Je devrais normalement être directement récupéré à Tomsk par Lidia et Natacha. J’espère que ce nouveau Couchsurfing se passera beaucoup mieux qu’à Iekaterinbourg.

Me voici encore dans une gare, cette fois-ci prêt à quitter Novossibirsk et ses -27°C. Je ne suis pas certain que le climat sera plus tropical à Tomsk, ce qui annonce des temps difficiles pour moi.
J’ai hier posé une demande ouverte d’hébergement à Oulan-Bator sur Couchsurfing. C’était sans doute une mauvaise idée, j’aurais dû me renseigner auparavant. J’ai déjà reçu trois messages, l’un clairement intéressé, deux autres sous-entendus. Le premier est un message d’une agence de tourisme, qui me propose les différents tours qu’ils offrent. Tours à quarante dollars par jour si je suis seul. Et pour des destinations toutes proches de la capitale, ce qui est, je pense, un peu abusé. Ensuite, deux messages de personnes qui proposent de m’héberger dans la capitale aussi longtemps qu’il me plaira. Le premier me demande si j’ai déjà trouvé un chauffeur et un guide pour mon séjour, le deuxième me dit qu’il a de la famille nomade, et que je pourrais être intéressé.
Bon, je devrais être en Mongolie dans treize jours, et j’avoue que j’aurais dû me soucier de cela avant. J’ai passé ma fin d’après-midi à feuilleter, si l’on peut dire cela d’un pdf, mon Lonely Planet sur la Mongolie. Et je suis quelque peu descendu de mon nuage. Je m’imaginais déjà vivre avec des nomades, pendant dix jours, avant de prendre un bus et de retrouver tranquillement la capitale. Ça, c’est un rêve irréalisable. En réalité, si je souhaite sortir d’Oulan-Bator, cela ne se fera pas sans chauffeur, ou alors, ce sera très difficile. Je vais donc tenter d’établir au plus vite les différents itinéraires regroupant les endroits que je veux absolument voir. Je ne peux pas tout explorer bien sûr, le pays est trois fois plus grand que la France, et je n’ai que trente jours. Mais j’espère pouvoir en découvrir une bonne partie et les principaux aspects. Déjà, en vrac, du peu que j’ai pu voir, j’aimerais vivre avec des nomades, monter à cheval. J’aimerais également m’aventurer dans le désert de Gobi, qui regorge de fossiles de dinosaures. Et enfin, je suis avant tout là sur les traces de Genghis Khan, et je souhaiterais suivre les siennes, dans l’est du pays. Trois points d’intérêt donc, culturel, environnemental et historique. Trois points d’approche qui, je pense, me donneront un bel ensemble pour un premier voyage en Mongolie. Reste à voir comment organiser tout cela, si mes hôtes sont capables de le faire, combien cela me coûterait. S‘il ne faut pas plutôt que je trouve un groupe, car plus y’a de personnes dans la voiture, moins c’est cher. Bref, tout cela n’est pas gagné, et je vais devoir m’y plonger très rapidement, tout en ne prenant pas de retard dans le carnet de route, c’est dans treize jours.

J’avais déjà confié mes craintes et angoisses concernant la Mongolie à mon cher forum Écriture, je viens désormais de le faire avec les autres personnes qui comptent beaucoup pour moi. Coralie, Céline, et les filles de Dublin recevront un WhatsApp dès que mon téléphone aura Internet. Je leur ai fait part de mes doutes, de mes incertitudes, et de ma peur de ne pas disposer de suffisamment d’argent pour faire ce que j’ai vraiment envie de faire en Mongolie. Mon train arrive à Tomsk, je n’ai malheureusement pas fait grand-chose, à part regarder un dessin-animé en russe sous-titré anglais. J’ai bossé un tout petit peu sur le carnet de route, et ai surtout poursuivi la lecture de mon pdf Lonely Planet afin de dégager les itinéraires possibles. Il fait bon, il fait chaud ici, je n’ai vraiment pas envie de ressortir au dehors.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
25 novembre 2016 à 12:27:04

Bon alors, clairement, j'ai l'impression que la narration s'appauvrit, le vocabulaire aussi.
Déjà j'ai pas grand chose à raconter, alors que je sois en Sibérie. Mais je suis dans des villes, ça m'inspire pas forcément, donc ça fait beaucoup de "je raconte ma vie" malheureusement.
Mon français s'appauvrit car mon russe s'améliore. Déjà que c'était pas fameux, là c'est encore pire :-( Je fais des phrases incohérentes, j'invente des mots (monotonité)... Quand je recopie depuis le dictaphone, je suis effaré du nombre de répétitions. J'ai l'impression d'utiliser que quatre verbes: être, avoir, dire et faire. :( Bon, forcément, après coup, je tente au mieux de les supprimer, de les remplacer (merci Crisco :ange: ), mais ça n'empêche que je trouve ça fade et inintéressant. :-(
Donc j'aimerais vraiment votre avis sur cette traversée de la Sibérie, posté précédemment et dans ce qui va suivre.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
01 décembre 2016 à 03:00:42

Jeudi 17 novembre

Lidia et Natacha sont deux femmes dans leur trentaine tardive, vivant non loin du centre de Tomsk. Elles sont, vous l’aurez compris, ensemble, ce qui est difficile à faire accepter en Russie. Elles ont l’air très sympa, nous n’avons pas trop papoté hier soir, le train est déjà arrivé fort tard et tout le monde était bien fatigué. Elles m’ont laissé un trousseau, je peux sortir et rentrer à ma guise. Ce que j’apprécie fortement, je n’ai pas eu à me lever à 6h30 comme elles. Bon, il faudrait que je m’active un peu, il est déjà 10h00, je n’ai pas bougé. Il y a apparemment foule de choses à voir à Tomsk, deux jours me seront peut-être insuffisants.

Tomsk est bien plus riche en histoire que Novossibirsk. J’ai commencé par l’office du tourisme et, s’il y en a un, cela démontre déjà qu’il y a davantage à voir. Elle m’a filé une carte touristique, malheureusement en russe, avec les cent vingt-huit endroits à voir. Oui, cent vingt-huit. Je pense qu’ils abusent un poil, parce que tout est listé, les différents parcs, universités, et une trentaine de monuments. Outre cela, les bâtiments en pierre et en bois, tout du moins les plus fameux, sont référencés sur le papier. Depuis que je me promène ce matin, je ne cesse d’en voir de tous côtés. Les vieilles masures en rondins, très belles, grandes, larges, aux hautes fenêtres, sont parfaitement bien conservées. Les édifices de pierre du début du siècle dernier, ou fin XVIIIème, dans des styles Renaissance, sont peints dans des tons pastel, roses, jaunes, bleus ou verts. L’ensemble donne un centre-ville très beau, agréable à parcourir, même par ce temps glacial. J’ai fait un petit détour par le marché central où j’ai déniché des valenkis. Il me semble en avoir déjà parlé, ce sont des bottes de laine compressée adaptée à l’hiver russe. Je n’ai pas eu trop le choix de la boutique, dès que j’ai demandé à une vendeuse, elle n’a pas voulu me lâcher. J’ai trouvé une paire à ma taille, mais difficile de savoir réellement quelle est ma pointure. Pour l’instant, je les porte sans chaussettes de grand-mère, ce qui fait qu’elles sont un peu larges. Je les ai essayées avec socquettes de babouchka et elles m’allaient plutôt bien. C’est assez lourd, elles devraient se faire à mon pied rapidement.
Je viens de déjeuner pour environ deux euros, dans un self-service un peu en dehors du centre. Ce fut fort bon, il me faudra en chercher d’autres à l’avenir plutôt que de me ruiner dans des restaurants. Afin d’achever mon tour du vieux quartier, je vais terminer par les musées. Celui relatant l’histoire de la ville, et celui consacré à la mythologie sibérienne. Ils tous deux situés sur la colline où tout a commencé, là ou Tomsk est née. Un surplomb d’où la vue est, parait-il, très belle. Beaucoup plus au sud, les nouveaux districts, cœur de la vie universitaire, que je visiterai demain. J’essaierai de ne pas rentrer trop tard ce soir, afin de pouvoir cuisiner pour Lidia et Natacha, ce sera quiche aux épinards et un dessert pour lequel je ne me suis pas encore décidé.

Le musée dédié à l’histoire de Tomsk était inintéressant au possible. La faute, je pense, aux responsables, incapables de faire traduire un simple texte en anglais afin de l’afficher, tout était en russe. Ils doivent ici voir un sacré paquet de touristes, vu ce que la cité offre. Mais non, on préfère les faire payer pour qu’ils passent dix minutes dans le musée. Je ne demande pas de traduire la moindre légende, seuls les panneaux expliquant chaque salle, ou une chronologie de Tomsk seraient suffisants pour satisfaire le visiteur. De plus, ils vendent le ticket salle par salle, genre tu ne vas visiter qu’une seule partie de l’exposition... C’est sans doute pour montrer uniquement des petits prix, mais je suis persuadé qu’un ticket combiné reviendrait moins cher. De plus, la guichetière m’a proposé d’acheter des souvenirs, aimants, pierreries, artisanat, le baratin habituel. Pour sa vente de tickets, et m’expliquer les différents tarifs, elle s’y est reprise a deux fois. Bien que faisant face à un touriste, elle a répété son speech à toute allure sans rien y changer. Bref, une vraie conne.
Le musée est situé sur la colline où Tomsk fut créée. Au nord de la vieille ville, cette élévation naturelle est aujourd’hui bien nue. Mis à part le bâtiment dégueulasse abritant le musée chiant, une portion de la forteresse en bois, originellement bâtie sur ce site, a été reconstruite. Je trouve l’édifice majestueux. L’on peut également voir l’essentiel de la bourgade depuis cette position privilégiée, ce qui, sous ce ciel bleu, vaut le détour. Je vais descendre jusqu’au musée des mythologies sibériennes, en espérant qu’il soit plus adapté aux touristes que celui-ci.

Bon, le musée des légendes locales, présenté comme unique au monde, du jamais vu sur Terre, blablabla, était chiant. C’est avant tout un attrape-touristes. Au rez-de-chaussée, une immense boutique présentant beaucoup de produits confectionnés sur place, notamment les petites statuettes colorées. On peut voir des filles les peindre au premier étage. Le musée en lui-même, sans doute fondé après le magasin de souvenirs, est une grande salle remplie de tableaux. Tableaux superbes certes, mais le titre de l’œuvre ne suffisait pas à en raconter la légende. Pour le découvrir, il aurait fallu payer l’audioguide en russe. Que je n’ai pas pris évidement, lire est déjà bien assez compliqué. Bref, le seul intérêt de ce musée, c’était son wifi. J’ai pu écouter les réponses des filles et répondre à mon tour, vu qu’il n’y a pas d’internet chez Lidia et Natacha.
Après quelques courses au supermarché, j’étais à la maison pour faire à manger. J’ai préparé une crème pâtissière à laquelle j’ajouterai quelques bananes, et la quiche est dans le four. Alors que je cuisinais, j’ai remarqué que la porte d’entrée était ouverte. Pour qui, pour quoi, c’est bizarre, je l’avais refermée derrière moi. J’ai alors eu peur pour les chats. Je les recompte, un, deux, trois, Sukhi, Rissa, Sonia, il m’en manque un. Ou est Sava ? J’ai passé quinze minutes à le chercher. Temps pendant lequel j’ai eu la surprise de découvrir Sukhi pousser la porte du museau pour l’ouvrir. Il suffit d’une simple pichenette, c’était donc elle qui avait l’avait ouverte. J’ai fini par retrouver Sava sous le lit, bien caché, déniché grâce à la torche de mon portable. Plus de peur que de mal au final. J’ai déjà faim, mes hôtes devraient normalement rentrer dans une demi-heure, je vais continuer à taper du carnet de route, car je n’ai rien de fait depuis Iekaterinbourg.

Vendredi 18 novembre

Une soirée sympa passée avec Lidia et Natacha, autour de la quiche et d’un vin chaud. Lidia, journaliste, a souhaité m’interviewer, elle a tout enregistré sur un dictaphone. Des questions notamment politiques, sur les migrants, Marine le Pen, mais également de l’ordre du voyage. Ce que j’aime en Russie, ce que je n’aime pas, ce que j’y ai vu. C’était intéressant, mais j’aurais préféré qu’elles répondent, qu’il y ait débat. En fait, c’était un monologue de moi-même sur la situation politique en France, dommage. Nous étions couchés de bonne heure, cela ne m’a pas empêché de rater mon alarme ce matin et de me lever très tard. Il est 11h30, je quitte tout juste la maison. Je vais d’abord passer par la gare routière, afin d’acheter mon ticket de bus pour ce soir, il me faut en effet descendre dans un autre patelin, à deux heures d’ici, pour retrouver la route du transsibérien. Ensuite, il me restera finalement peu de temps pour visiter les quartiers universitaires, mais je pense que cela sera suffisant. De toute façon, je n’ai pas l’intention de m’attarder bien longtemps au dehors.

La situation devient critique, hier, je n’avais plus la place pour envoyer un message WhatsApp, aujourd’hui, je ne peux même plus enregistrer mes aventures sur le dictaphone. Le téléphone est archiplein. J’ai donc tenté de supprimer ce que je pouvais, mais il n’y a pas grand-chose, outre les applis, quelques photos et un peu de musique. La carte SD n’est pas bien grande, seulement deux gigas. Je soupçonne WhatsApp d’enregistrer absolument tout. Images, vidéos, messages, fichier vocaux. Ces derniers sont très nombreux, très longs et donc, je suppose, très lourds. Il me va falloir brancher mon portable à l’ordi pour farfouiller et pouvoir faire de la place. Car si je ne peux même plus envoyer de nouvelles ou me servir du dictaphone, je vais vite être dans le caca.
J’ai fait un grand tour dans le sud du centre. Des maisons de bois imposantes, des édifices de pierres remarquables, et des musées. Je n’en ai vu qu’un seul, j’ai demandé au premier s’ils avaient des explications en anglais, rien du tout, j’ai donc rebroussé chemin directement. Ras-le-bol de payer pour rien… Le deuxième m’a dit qu’elle en avait, me montrant des papiers dans des pochettes plastiques, sur le comptoir. J’ai cru à des explications dans la langue de Shakespeare. Je me suis rendu compte après-coup que son papier expliquait juste les prix pour les différentes salles. Musée néanmoins bien sympa, malgré l’omniprésence du russe. Les mamies-musée, comme je les appelle, ont tout fait pour rendre ma visite intéressante, en m’expliquant ceci ou cela, ou bien en discutant de ma façon de m’habiller et de mes valenkis. Elles doivent se faire chier tout de même à surveiller des salles vides toute la journée. En bref, si vous ne parlez pas russe, ça ne vaut pas le coup de rentrer dedans, c’est fort dommage.
Il est déjà 16h00, j’ai normalement rendez-vous à 17h00 à la gare pour rendre ses clé à Lidia, je doute d’y être à temps. Mais mon bus n’est qu’à 17h50, je peux me permettre d’arriver en retard. Le tram se dirige vers la maison, bon an, mal an, tanguant sur les rails, à une vitesse qui défie les lois de la lenteur.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
01 décembre 2016 à 03:01:27

Samedi 19 novembre

Krasnoïarsk, il est 12h30, je suis arrivé ce matin, après une nuit relativement courte dans le train. J’ai encore eu beaucoup de mal à m’endormir, notamment avec le balancement. J’ai hier chopé mon bus sans problèmes, j’étais à l’heure. Il faisait aussi froid dans le car qu’au dehors, j’ai vu mieux. Krasnoïarsk donc, six cents kilomètres à l’est, il fait toujours aussi froid, entre -25 et -30°C. Sauf qu’aujourd’hui, pas de ciel bleu, mais des nuages, de la neige et du vent, ce qui n’arrange pas les choses. La ville a peu à offrir en elle-même, quelques musées et c’est tout. Le plus remarquable, ce sont les montagnes d’à côté, avec des formations volcaniques. Seulement, vu le temps aujourd’hui, ce n’est pas la peine. Avec un peu d’espoir, peut-être demain matin, peut-être pas. Il y a aussi un petit parc animalier regroupant des espèces sibériennes, qui pourrait valoir le détour. Pour le moment, je me promène le long d’une des larges avenues qui traversent le centre. Point de bâtisses de bois comme à Tomsk, ici tout n’est que pierre et béton. Je n’ai pas très faim, enfin, un petit peu, mais cela m’étonne au vu de ce que j’ai ingéré ces dernières 24 heures. Hier, je n’ai fait qu’un seul vrai repas, à midi, chaud. Une viennoiserie le matin, idem le soir, avant de monter dans mon train. Même chose ce matin, au moins, je fais des économies niveau nourriture. Je suis resté un long moment à l’hostel ce matin, ils ont une connexion internet en or, j’ai pu mettre les photos sur Facebook, poster le passage sur Iekaterinbourg, relu et corrigé, ainsi que planifier la suite du séjour. Mon hôte d’Irkoutsk vient d’annuler, j’ai donc jusqu’à lundi soir pour trouver autre chose, faute de quoi je terminerai sans doute dans un hostel, ce qui m’embête bien, c’est cinq nuits, une petite somme tout de même. Mais bon, ce sont les aléas du voyage. J’ai donné mon numéro de téléphone au couchsurfing d’Oulan-Oude, j’espère qu’elle ne me fera pas le même coup. Je n’ai pas encore répondu aux mongols d’Oulan-Bator, je vais attendre ce soir de terminer ma lecture du Lonely Planet sur le désert de Gobi afin de leur donner un itinéraire précis. J’ai voulu chercher mon billet d’avion entre la Mongolie et Bichkek au meilleur prix, mais c’est à chaque fois différent, et j’ai l’impression de me faire enfler. Sur le site de Turkish Airlines, ce n’est plus quatre cents, mais cinq cents euros désormais. Sur d’autres sites, je retrouve les quatre cents boules déjà vues. Sauf que certains se rajoutent une commission de cinquante euros pour le paiement par carte, ils n’ont qu’à aller se faire foutre. Ceux qui ne le font pas ne précisent pas si le bagage est inclus ou non. Bref, j’ai demandé à mon frangin de contacter ma tante, qui a l’habitude de voyager en dehors de l’Europe, afin de savoir quel site elle utilise. Elle est assez près de ses sous, je pense donc qu’elle a trouvé le meilleur qu’il puisse se faire. Et pour finir, j’ai fait un peu de place sur le téléphone en supprimant ce que je pouvais. Mais je pense que ce n’est qu’un sursis… C’est à peu près tout, mais c’est déjà pas mal.
Je n’ai pas l’impression d’avoir aussi froid aujourd’hui, peut-être la vaseline nouvellement achetée, sur conseil de Coralie. Peut-être que mon organisme commence à s’adapter. Je ne sais pas, mais on va dire que ça fait moins mal. Mon visage reste engourdi, mais je ne souffre plus comme je pouvais souffrir il y a encore quelques jours. Je suis déjà naze, la faute aux valenkis certes confortables mais lourdes. Elles ont un petit défaut, elles gardent la chaleur, mais aussi les odeurs. J’ai demandé à Elena quelques conseils afin de ne pas m’évanouir lorsque je les enlève.

C’est fort dommage que le musée d’histoire de la ville ne soit encore une fois tout qu’en langue russe. Rien en anglais, j’ai demandé à la caisse, tant pis. De l’extérieur, il avait l’air sacrément impressionnant. Construit sur le modèle d’un temple égyptien, couleurs ocre et rouge, il était vraiment de toute beauté. Jamais je ne me serais attendu à trouver une telle architecture au fin fond de la Sibérie.
La cathédrale elle, n’est pas très grande, mais reste belle. Blanche, dômes cyans, un intérieur recouvert de ce même bleu, pas trop de peintures ni de dorures, juste ce qu’il faut. Je ne me lasse toujours pas de ces églises orthodoxes. Il y avait pas mal de monde, je n’ai pas pris de photos, de peur de me faire rabrouer. Je ne l’ai pas mentionné jusqu’ici, mais à l’entrée de chaque église, l’on trouve un petit magasin, vendant cierges, chapelets, icônes, images, livres bibliques et autres objets religieux. L’édifice est comme toujours géré par des mamies d’église, comme je les appelle, qui s’occupent de nettoyer les parquets, les porte-bougies, de passer un petit coup de reluisant sur la figure de Jésus.
Je viens tout juste de recevoir un appel d’Ola. Ola, c’est une amie de Lidia et Natacha, à laquelle ces deux dernières ont absolument voulu donner mon numéro. Elle habite Krasnoïarsk et aurait pu me faire découvrir la ville. Elle appelle alors que j’ai déjà pratiquement fini... Elle m’a proposé quelque chose en montagne pour demain matin, je n’ai pas tout compris, son accent était affreux, elle est pourtant polonaise et non russe. Bon, j’aurais quand même préféré faire les choses par moi-même, j’ai horreur d’être dépendant d’autres personnes. Mais c’est comme ça, ce sont les joies du voyage. J’arrive devant une autre petite église, jaune, avec des gouttières vert foncé, elle m’a l’air fort sympa également. Je vais y pénétrer afin de rapporter quelque vie à mon nez et à mes joues.

Mon petit tour est déjà terminé, je suis allé jusqu’à la pointe est du centre, où l’on trouve l’un des vieux bateaux qui naviguait autrefois sur le Ienisseï. J’ai fait mes courses pour le dîner de ce soir, le petit-déjeuner ainsi que de quoi faire des sandwichs dans le train. Pain, fromage et jambon, pour changer… Je vais me rentrer tranquillement à l’hostel, prendre une bonne douche chaude avant de, si j’ai le courage, bosser sur le carnet de route. Je vais sans doute faire du recopiage papier, le recopiage clavier peut se faire dans le train demain. Je pourrais également regarder Koh-Lanta, je vais profiter de la connexion. Quoi qu’il en soit, je ne serai pas tard au lit, car je tombe déjà de fatigue. Une sieste est néanmoins à exclure, il me serait impossible de dormie plus tard. Il me faut donc tenir, au moins jusqu’à 20h00.

Dimanche 20 novembre

Je n’ai ce matin pas exploré la montagne. Il faisait de toute façon trop moche, je n’aurais pas vu grand-chose avec toute cette neige. J’ai en effet annulé avec Ola de bonne heure, en prétextant avoir été malade toute la nuit. Gros mensonge, mais ma nuit n’a pas été des plus fameuse. À trois heures du matin, deux autres filles ont débarqué dans la chambre, la propriétaire de l’hostel n’a rien trouvé de mieux que de me réveiller pour me faire changer de lit afin que j’aille en haut. Je n’avais encore jamais vu ça… Les nouvelles venues ont ensuite fait un bazar pas possible. Enfin bref, ce ne fut pas des plus reposants. Mais pourquoi ai-je donc annulé cette sortie à la montagne ? J’avais rendez-vous avec quelqu’un d’autre. Avec un jeune homme rencontré hier soir sur Grindr, avec qui le courant est très bien passé. Et avec lequel je viens de passer un très bon moment. Nous avons pris notre temps, j’étais l’actif, je vous épargne les détails, mais c’était loin de certaines autres expériences désagréables que j’ai pu vivre par le passé. J’attends maintenant le bus pour rentrer à l’hostel, mon train part sur l’heure de midi. J’ai déniché un établissement sur Irkoutsk, en plein centre, facilement accessible en tramway depuis la gare, juste à côté de l’ambassade de Mongolie. Car je n’ai eu aucune proposition de Couchsurfing malgré ma demande. Ce sera donc un hostel, et celui-ci à l’air sympa. Ça fait un peu plus de dépenses, mais tant pis. Je vais - je sais je le dis toujours - essayer de rattraper le retard que j’ai pris dans le carnet de route. Je n’ai pas tant que ça raconté ces derniers jours, je pense que c’est donc faisable. Si je n’y arrive pas, je vais vite être noyé sous les enregistrements.
Concernant la Mongolie, j’ai hier soir terminé de planifier mes excursions, avec étapes dans l’est et dans le désert de Gobi. J’ai répondu aux deux personnes qui m’avaient proposé leur maison, en leur expliquant ce que je voulais faire, En précisant que je n’avais pas beaucoup d’argent. Demande de conseils également, ce que l’on peut voir en hiver, etc… L’un d’entre eux m’a déjà répondu, me donnant des infos fort utiles, notamment sur l’est, difficile d’accès par grand froid. C’est dommage, car c’est le berceau de l’Empire de de Genghis Khan. Il m’a dit que j’avais forcément besoin d’un chauffeur et d’un véhicule pour toute excursion en dehors de la capitale. Lui et son groupe d’amis font la bagnole à trente dollars la journée, essence non incluse. Ce qui, évidemment, est hors de mes moyens. Il proposait de m’héberger le temps que je désirais à Oulan-Bator, à condition que je l’engage comme chauffeur. J’ai donc poliment refusé son offre, car je ne peux pas me permettre de mettre trente dollars par jour pour explorer le pays. Sans compter qu’il faut y rajouter nourriture, essence, les entrées aux musées et réserves naturelles, ainsi que l’hébergement. J’ai commencé à fouiller sur Couchsurfing, pour trouver des gens en province. Il y en a vraiment très peu, on peut les compter sur les doigts de la main, mais j’ai peut-être déniché un vieux grand-père nomade du côté du désert de Gobi. D’après les références, il fait payer, mais cinq dollars par jour, beaucoup plus accessible pour moi. Je vais le contacter, j’attends également de voir ce que me répond l’autre jeune guide d’Oulan-Bator, mais il me va de toute façon falloir faire très vite car j’y serai dans moins de dix jours. Il me faut un plan, sinon je resterai coincé dans la capitale tout mon mois de décembre, ce qui serait fort dommage. Je m’imagine déjà revenir en Mongolie, cette fois-ci en été, afin de profiter davantage des merveilles qu’elle a à offrir.

Ce voyage en train est bien trop long. La chef de wagon est une vraie conne, elle n’a pas voulu que je branche l’ordi pour recharger, alors que je dispose d’une multiprise. Selon elle, c’est interdit car les variations du courant pourraient abîmer l’appareil. S’il y a un transfo sur le chargeur, ce n’est pas pour rien... Je n’avais jusque-là eu aucun problème dans les autres trains. L’ordi est donc vite tombé en rade de batterie, je n’ai pas pu faire grand-chose, tout juste taper ma journée à Tyumen. Alors que je m’imaginais déjà rattraper tout le reste à l’hostel d’Irkoutsk, voici que j’ai reçu un sms d’une personne qui souhaite m’héberger. J’avais laissé mon numéro de téléphone sur Couchsurfing au cas où. Mais je n’en ai plus très envie. Et pis, la personne je ne l’ai jamais vue, je n’ai pas lu ses références, ça ne me plait pas trop comme ça, à la dernière minute. Je vais peut-être lui dire que j’ai déjà trouvé quelqu’un, je pourrais ainsi aller à l’hostel tranquille. J’ai également donné des nouvelles à Coralie et Céline, j’étais obligé après ce qu’il s’est passé ce matin, j’attends leur réponse avec impatience.

J’ai commencé voilà quinze jours la lecture de l’Iliade en espagnol. Mais c’est hyper compliqué et chiant, je n’ai pas réussi à dépasser les dix pages. J’ai aujourd’hui laissé tomber pour sortir de ma valise un livre de science-fiction en italien. J’ai déjà dévoré trois chapitres, celui-ci s’annonce bien plus intéressant. Il est à peine 20h00, mais je pense déjà me coucher. Je suis naze, la nuit précédente fut courte, j’espère que celle-ci sera bien meilleure. Arrivée prévue à Irkoutsk à neuf heures moins le quart.

Suledhel Suledhel
MP
Niveau 10
01 décembre 2016 à 20:26:24

J'ai 3 jours de congé ce mois-ci et ils sont déjà à priori remplis... Je ne t'oublie pas mais je vais devoir lire ça au compte-gouttes sur mes temps de midi, c'est pas le mieux pour te faire un commentaire sur le style et/ou les éventuelles incohérences :-( M'enfin je te préviens surtout pour que tu ne désespères pas de poster dans le vide. Je mettrai le temps mais je suis toujours là :-)))

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
02 décembre 2016 à 00:15:02

Je vais pas désespérer t'inquiètes! :ok: Merci en tout cas pour ta fidélité! :coeur:

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
02 décembre 2016 à 04:17:42

Lundi 21 novembre

Alors là, je reste quand même sur le cul, en une demi-heure, c’était bouclé. Revenons à ce matin…
Je suis bien arrivé à Irkoutsk après une très bonne et longue nuit dans le train, entrecoupée par quelques réveils et une pause pipi, les toilettes étant ouvertes. Je n’ai donc toujours pas saisi ces histoires de WC fermés. En débarquant, je me suis dirigé vers l’hostel repéré, il était malheureusement fermé pour travaux. Pas de plan B, je fais quoi ? 2Gis est venu à ma rescousse, j’ai trouvé un autre établissement, dans lequel je vais pouvoir séjourner deux jours. Ils ont un groupe qui arrive mercredi, je ne peux pas rester plus longtemps, je vais devoir réserver mes autres nuits ailleurs. J’ai juste largué mes affaires, fait un petit arrêt impressions et photocopies avant de me diriger vers les services consulaires mongols. Je m’étais préparé à attendre des heures, et à recevoir mon visa dans deux ou trois jours, avant la fin de la semaine. Et bien non, ce n’est pas comme cela que ça fonctionne en hiver. La dame m’a demandé tous les papiers, il lui fallait au moins une réservation dans la capitale, j’en ai donc fait une, que je peux annuler quad je veux, si besoin. Le temps que j’aille à la banque payer les frais consulaires, elle avait déjà tout fait, a collé le visa dans mon passeport, merci au revoir et bon voyage. Une demi-heure et c’était bouclé. Je vais retourner un peu à l’hostel me réchauffer, me poser un peu devant l’ordi, avant de ressortir cet après-midi pour faire un tour.

Encore une magnifique église. Mais comment en peindre une description qui ne ressemblerait pas à celles déjà faites ? De l’extérieur, elle est déjà un peu plus originale, des murs blancs, des colonnes rouges aux chapiteaux verts, de fausses fenêtres bordées d’ocre, de vert et de rouge. Sur le clocher, entre les colonnes, sont dessinés plusieurs personnages. C’est la première fois que je vois cela à l’extérieur du bâtiment. Intérieurement, elle est comme toutes les autres, peinte du sol au plafond. Il y a ici je pense, au moins deux bons milliers de personnages représentés. La quantité de tètes est impressionnante, la plupart ont également leur nom apposé à côté. Des peintures très belles, une iconostase dorée à souhait mais, encore une fois, il est impossible de faire des photos, c’est fort dommage.
Je fais un petit tour d’Irkoutsk sans réellement savoir où je vais. La fille de l’hostel m’avait indiqué où se trouvait l’office du tourisme, sur une des places centrales, sauf que c’est un petit kiosque, sans doute ouvert uniquement l’été. Le bureau principal se situe lui plus à l’est. Mais j’ai trouvé une ligne verte qui court au sol et qui semble faire les principaux monuments de la ville. Tant qu’à être dans le quartier nord, j’en profite pour jeter un œil alentours, ça m’évitera de revenir. Je vais néanmoins essayer de trouver l’office du tourisme avant sa fermeture, j’ai plusieurs questions à leur poser, notamment comment rejoindre Listvianka, sur les rives du Baïkal, ou bien aller sur l’île d’Oxlon. Quelques infos qui me seront nécessaires pour préparer le reste de mon séjour à Irkoutsk et dans ses environs. Il fait -15°C, c’est dire s’il fait chaud. Après la neige de ce matin, un grand soleil illumine désormais le ciel bleu.

Je suis à l’hostel depuis 14h30 environ, je suis rentré car j’étais fatigué de marcher. J’avais prévu de bosser sur le carnet de route, rattraper ce que je n’ai pu faire hier, tenter de m’en sortir, sauf que je n’ai toujours pas ouvert mon fichier Word. J’ai lu les textes d’Arrêt sur Image de cette semaine avant de les commenter. Lu les infos de ces derniers jours, mais il n’y a pas grand-chose d’intéressant. J’ai passé l’essentiel de mon temps à feuilleter mon guide du Lonely Planet et la documentation fournie par les deux gentilles demoiselles de l’office du tourisme, afin de savoir ce que j’allais faire de mes quatre jours restants. Listvianka, plus au sud, semble être incontournable. Située sur les rives du lac Baïkal, il y a de quoi faire, même en hiver. Marché au poisson, musée, marche le long du lac, je pense y passer au moins une journée. J’avais également repéré l’ile d’Oxlon, à six heures de route plus au nord. Écrin naturel exceptionnel sur les rives du Baïkal, cela s’annonçait une très belle étape. Seulement, plusieurs points négatifs s’imposent maintenant à mon esprit. Déjà, il n’y a pas beaucoup de bus pour y aller. Trois par jour. Le premier est à 9h00, en gros, l’on passe sa journée dans le car. L’hébergement sur place semble être assez cher, puisque touristique, et il est difficile de s’aventurer quelque part sans un tour guidé en minibus. L’une des filles de l’office du tourisme me conseillait vraiment d’y aller, tandis que la deuxième, pas trop. Elles m’ont recommandé également Baïkalsk, sur la rive sud, mais après avoir feuilleté la documentation, il ne s’y trouve pas grand-chose d’intéressant. En revanche, j’ai peut-être déniché une perle attrayante. Le village d’Arshan, situé dans les montagnes, à une centaine de kilomètres de la pointe sud-ouest du lac. Ce petit patelin est situé en Bouriatie, république autonome ayant pout capitale Oulan-Oude. Il y a plus de bus pour y accéder, c’est moins cher, et la bourgade est spécialisée en spa et randonnées sympas à faire. Une étape qui pourrait être captivante, mais que je dois préparer. Réserver un hostel, voir si je peux prendre mon train samedi non pas depuis Irkoutsk, mais depuis Slyoudianka, sur la rive du lac. Quoi de mieux pour faire cela que de retourner voir les charmantes demoiselles de l’office du tourisme, ce que je ferai demain. Je pense donc avoir un petit programme. J’achèverai ce mardi la visite d’Irkoutsk, mercredi, Listvianka et le Baïkal, et je décolle jeudi matin, pour le bled d’Arshan, qui reste à confirmer.

Mardi 22 novembre

Ouais ben l’hostel c’est vraiment pas ça du tout. J’ai horreur de devoir choisir comme cela, sans avoir vu de photos ou lu de références auparavant. Mais bon, celui que j’avais déniché était fermé, ils en recommandaient bien un autre sur leur porte close, mais c’était très loin, j’avais donc un peu la flemme. Je m’étais dit que je ne réserverai que pour une nuit et que je verrai comment c’était, mais bon, j’ai craqué et directement réservé pour deux. Je n’aurais clairement pas dû, parce que ce n’est pas trop ça. Les employées sont hyper gentilles, super attentionnées mais bon, ce n’est pas grâce aux employées que je dors, que je prends une douche. Enfin bref, ma nuit n’a pas été des plus simples. La literie est sommaire, un très mince matelas sur une planche de bois. Oui ça donne envie je sais. Le bâtiment tremble à chaque passage du tramway, c’est-à-dire, environ toutes les trois à quatre minutes. J’étais enchanté par mon réveil dès 6h30 grâce aux secousses du lit. Au moment de vouloir me laver, belle surprise, la douche ne fonctionne pas, il n’y a qu’une baignoire, mais sans pomme de douche ! Je ne vous raconte pas la merde… J’ai vraiment vu mieux…
Je fais un autre petit tour dans le centre d’Irkoutsk, cette fois-ci côté rivière. Îles, parcs, monuments, maisons de bois, je vais avoir de quoi admirer avant de me rendre à l’office du tourisme et peut-être consolider cette excursion à Arshan.

Un petit pont métallique enjambe la surface blanchie. La neige reflète les rayons du soleil, qui scintille dans un ciel bleu. Le petit bras de rivière séparant les îles du centre-ville est gelé. Difficile de deviner où s’arrête la terre et où commence l’eau. Seuls quelques brins d’herbes dépassant de la poudreuse peuvent donner une idée. Sur la surface gelée, quelques traces de pas. Des empreintes de canidés pour certaines, mais d’autres sont humaines. Aucun trou dans la glace, personne ne semble s’être évaporé dans le torrent glacé ces derniers jours. Cela donne envie de s’y risquer, pour l’adrénaline, mais j’ai bien trop peur. Et si la glace craquait ? Que devrais-je faire ? Je ne sais pas comment réagir. Les gens ici le savent, c’est ce qu’ils apprennent à l’école. Au Japon, on leur enseigne à faire face aux séismes, chez nous, on apprend à nager, ici, ils apprennent à marcher sur la glace. Mais ce n’est pas mon cas, donc je ne vais pas m’y risquer, et contempler cette beauté depuis la rive. La première des îles n’a pas grand-chose à offrir, quelques cafés qui m’ont l’air fermés en cette saison froide, et beaucoup d’arbres. Des bouleaux, quelques sapins, également des aires de jeux. Les gens doivent venir ici le dimanche, mais l’été. Actuellement, c’est complétement désert, je pense être le seul pèlerin sur le petit îlot.

La deuxième île, beaucoup plus arborée, est elle entièrement dédiée à la promenade. Un parking sommaire à l’entrée, et des dizaines de kilomètres carré à explorer. Pour ceux un petit peu fainéants, il y circule un train touristique, qui en fait le tour. Ce train a une particularité, il est entièrement géré par des enfants. Que ce soir la conduite, l’aiguillage, la vente des tickets, ce sont les ados qui se chargent de tout. J’ai déjà vu cela quelque part, mais impossible de me rappeler où. Cela les responsabilise quelque part, leur donne une idée de ce qu’est le travail. Et pour certains, c’est une manière de réaliser une passion.

Les belles façades de bois sont tristement défigurées par les grands panneaux destinés aux touristes. Il est ici écrit restaurant, café ou souvenirs. Cet endroit, appelé quartier 130, n’est malheureusement pas ce qu’il aurait voulu être. Il y a de cela quelques années, la municipalité d’Irkoutsk a décidé de promouvoir davantage son tourisme. Les vieilles maisons en rondins sont quelque chose de typiquement russe, et dont les étrangers raffolent, initiative a dons été prise d’en construire. Un quartier entier a été choisi, non loin du centre, tout ce qui n’était pas en bois et ancien a été rasé pour y reconstruire d’autres demeures selon des plans du XIXème siècle. Seulement, ce ne sont pas des habitations, ce sont des magasins, des lieux de restauration, qui tous regorgent d’inventivité pour achalander le touriste fortuné. Cette reconversion n’a donc pas le charme qu’elle aurait pu avoir. Je préférais largement les vieux quartiers de Tomsk, où l’on pouvait sentir l’authenticité de la chose. Ici, c’est un peu comme si c’était du cinéma, ce n’est qu’une façade, ce n’est qu’un décor. Un décor de carton-pâte pour les nombreux touristes qui s’arrêtent chaque année ici, étape incontournable vers le lac Baïkal.

La cathédrale de Kazan, située en dehors du centre-ville, est réellement impressionnante, j’ai bien fait de prendre le tramway jusqu’ici. Entièrement peinte de rouge, les toits sont bleus. Les dômes, également couleur de l’océan, reprennent des motifs en losange. Ils sont surmontés de bulbes au thème identique. Le mur d’enceinte reprend les mêmes tons, donnant à l’ensemble un très bel effet. De nombreuses tours - j’en compte au moins cinq de là où je suis - s’étirent vers les cieux, s’élancent vers Dieu. Une douce musique religieuse nous invite à y pénétrer. À l’intérieur, ce qui frappe, c’est l’iconostase. Très grande, d’une couleur marron, des colonnes de marbre noir, des statues dorées, elles s’intègrent parfaitement entre les piliers de la nef. Les peintures murales, elles, ne sont pas aussi vives qu’ailleurs, ce qui ne les rend que plus belle. La lumière ne pénètre pas autant par les fenêtres, apportant un peu de pénombre au lieu. Ce n’est pas plus mal, l’ambiance y gagne. Le sol de marbre, lui, n’est pas en reste, il est orné de motifs floraux. Une cathédrale qui méritait vraiment le détour. C’était ma dernière étape touristique pour aujourd’hui. Je vais m’arrêter dans un self afin de satisfaire mon estomac gargouillant, avant de rejoindre l’office du tourisme et leur poser mes questions pour Arshan.

J’ai perdu plus de deux heures à essayer d’organiser cette excursion dans ce patelin. À l’office du tourisme, j’ai reçu cartes et infos sur ce qu’il y a à voir. Ensuite, réserver un hostel. J’en avais vu un sur le Lonely Planet, j’ai essayé d’appeler, juste pour réserver un lit pour deux nuits, eh bien non, la fille ne comprenais pas ce que je voulais, je ne saisissais rien de son baratin, j’ai fini par raccrocher. J’ai demandé à la fille de mon établissement si elle pouvait appeler, elle l’a fait, non sans mal, je n’ai pas trop compris pourquoi. Mais bon, c’est réservé. Je devrais à nouveau appeler demain, car la casse-couille souhaite connaitre mon heure d’arrivée. Ensuite, direction la gare, pour savoir si j’ai besoin de changer mon billet de train ou pas. Ce dernier est à partir d’Irkoutsk, or en quittant Arshan samedi matin, même en prenant le premier bus, impossible d’y être à 9h30. En revanche, je pourrais monter dans le wagon à Slyoudianka, plus au sud, où il passe vers 11h30. Normalement, vu que l’arrêt est après, il ne devrait pas y avoir de soucis, mais je préférais en être certain. J’ai fait plusieurs guichets à la gare, avant de trouver le bon. L’employée n’était pas du tout aimable, elle a fait genre qu’elle ne comprenait rien, alors que ses collègues m’avaient très bien saisi, et m’a laissé dans le doute en me disant que ce n’est pas sûr que l’on m’accepte si je ne monte pas à l’arrêt prévu. Énervé, je l’ai envoyé chier en français. Connasse va. Une autre employée trainait par-là, donnant des informations aux passants. La jeune demoiselle m’a confirmé que je pouvais bel et bien monter dans ce train, et que c’était chose logique.
Je rentre maintenant sur l’hostel, j’y serai pour 16h30. Je vais me mettre en mode carnet de route et bosser un maximum. À 20h00, rendez-vous Skype avec Maman et Céline, afin de donner quelques nouvelles. J’ai un petit problème de valenkis, il fait trop chaud, par endroit la neige est fondue. Or, ces bottes sont parfaites pour la poudreuse, mais pour ce qui est de l’eau, ce n’est pas du tout ça, elle l’absorbe. Là, j’ai donc les pieds trempés, c’est très désagréable, je sortirai peut-être les pompes de rando pour demain. Je me demande si j’ai fait une bonne affaire en achetant ces bottes typiquement russes. Pour le moment, j’ai terminé ma journée, le soleil se couche sur le fleuve avec de magnifiques couleurs, il est temps d’aller bosser.

Eh bien finalement, je n’aurai pas produit l’effort voulu sur le carnet de route. J’ai pas mal perdu de temps encore sur la Mongolie. Je ne sais pas ce que je vais faire, et ça m’angoisse. J’ai peur de rester trente jours dans la capitale, à ne rien faire, à ne rien voir. Et je ne sais pas si j’aurais le courage de juste prendre un ticket de bus pour la campagne et d’y aller à la one again. J’en doute. J’ai tendance à planifier, et là, ça m’échappe complètement.
Deux heures de Skype avec la Bretagne, avec Maman et avec ma sœur, conversation intéressante, ça fait quand même du bien de parler avec eux, ça fait une coupure dans ce voyage qui m’use déjà. Eh oui, déjà fatigué ! Je ne dors pas suffisamment, je suis las de toutes ces histoires de préparation, excédé par ce carnet que je n’arrive pas à rattraper, vivement que j’arrive au Kirghizistan.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
02 décembre 2016 à 09:58:15

Mercredi 23 novembre

J’ai mis pas mal de temps à démarrer, j’étais pourtant levé à 6h30, avec le premier tramway. Je dois avouer avoir pas mal trainé sur l’ordi, tranquillement devant le petit-déjeuner. Je n’ai quitté l’hostel ce matin que vers 8h45 et ai attendu le tram un sacré moment tout de même, au moins vingt minutes. Dépose de mes affaires au nouvel hostel, retrouver la gare routière. Facile, c’est trente secondes à pied depuis la porte de l’établissement. J’ai acheté mon billet pour Listvianka, sur les rives du Baïkal, où je pars aujourd’hui en exploration. J’ai également acheté celui de demain, pour Arshan, avec, cette fois-ci, des billets pour les bagages. Car en effet, il faut des tickets pour nos valises. La dernière fois, entre Tomsk et Yourga, l’ignorant, je n’en avais pas, et avais dû caser mon merdier sous le siège.
Mes valenkis n’avaient pas séché, mais je ne les avais pas mises près du chauffage non plus... En changeant d’hostel, mes pieds étaient déjà trempés. J’ai donc laissé mes bottes près du radiateur et enfilé chaussettes de grand-mère et pompes de rando. Je me sens confiné, ça risque de sentir très fort à la fin de la journée. Ça picote un peu, ce n’est pas super confortable, mais bon, il va falloir faire avec et pis c’est tout. Je suis naze, et pourtant, je devrai me lever de bonne heure demain matin, car le bus est à 8h45. J’ai juste envie de bien dormir, juste envie de bosser sur le carnet de route, juste envie de résoudre ce casse-tête mongol, ne rien faire… Mais pour le moment, je dois profiter de l’instant. Aujourd’hui, je vais voir le Baïkal.

Il est là, devant moi. Ses eaux sombres ondulent sous la petite brise qui effleure sa surface. Il s’étend sous mes yeux, à l’infini, je ne peux en voir le bout. Je suis devant le plus grand des lacs au monde, je fais face au Baïkal. Le soleil règne dans un ciel bleu constellé de nuages cotonneux. Il se reflète sur les eaux glacées en de multiples paillettes. À gauche, l’extrémité du village, la fin de la route. Sur la droite, l’embouchure de l’Angara, seule point de sortie de toutes ces eaux. La rive opposée est impressionnante, des falaises vertigineuses chutent dans le lac. Il est facile de l’imaginer si profond, lorsque l’on voit l’angle de ces montagnes brunes et nues. Ses données sont impressionnantes. Il serait âgé de trente millions d’années, est long de 630 kilomètres, et atteint la vertigineuse profondeur de 1637 mètres. C’est le plus grand réservoir d’eau douce au monde, il en contient un cinquième à lui seul. Alimenté par trois cents cours d’eau, il n’est drainé que par une seule rivière.
Un navire se balance, amarré au ponton, un transport de passagers je pense. Un peu plus loin, ce sont les bateaux de pêche qui prélèvent chaque jour dans les inépuisables ressources du réservoir. Quelques rochers affleurent à la surface, couverts d’une glace luisante, supportant même quelques stalactites descendant vers les flots. La vision est belle certes, mais n’a rien de fantastique. Des plans d’eau et des falaises, j’en ai déjà vu plusieurs. Enneigés, par encore. Mais ce qui rend ce moment aussi puissant, aussi intense, c’est que la Baïkal est quelque part une fin pour moi. Nous avons tous des listes de choses à faire avant notre mort. Le Baïkal figure peut-être sur celles de certains d’entre vous, il figurait sur la mienne. Il marque également, en quelque sorte, même s’il me reste un peu moins d’une semaine, la fin de ce séjour en Russie. Voilà presque trois mois que j’y suis, que je vis avec ces gens, découvrant cette culture, apprenant cette langue. Je n’en pense que du bien, je serais resté bien plus longtemps si possible. Car j’aime la Russie, c’est un beau pays, rempli de merveilles à découvrir, immense. Mais le Baïkal me rappelle tristement que toute bonne chose à une fin, et la fin est proche.

Je me promène le long de la plage de galets. Ils sont tous petits mais ne roulent pas sous mes pieds. Ils sont maintenus ensemble par la glace, que je ne vois pas et qui pourtant, les tient attachés. La plage est elle-même divisée en trois parties. Tout en haut, elle est couverte de neige, près de l’eau, ces galets, visibles, immobiles. Et entre les deux, une zone que l’on pourrait qualifier de banquise. Figés dans une gangue de glace, des cailloux et du sable. Juste en bordure, les galets qui en formaient le sous-sol se sont effondrés sous l’assaut des vagues, laissant en suspens la couche de glace, une dizaine de centimètres au-dessus. C’est vraiment un très beau spectacle. Avec le bruit des vagues qui s’échouent, je suis aux anges. Je crois que je n’avais pas encore réalisé que je suis au Baïkal. Oui, sur les rives du Baïkal, qui l’aurait cru ? Je ne dirai pas que c’est un rêve qui se réalise, mais je viens d’achever quelque chose, et j’en suis fier. Je suis venu jusque-là, par mes propres moyens, au fin fond de la Sibérie, pour rencontrer ce fils de Dame Nature. Et je suis absolument ravi de ce tête-à-tête.

Je viens de me faire un omoul, spécialité locale, mon estomac en redemande. C’est un poisson endémique du Baïkal, que les locaux fument et servent chaud. La chair se détache très facilement des arêtes, c’est un délice à manger. Vraiment très très bon. Bon, j’en dégusterai bien quatre ou cinq, mais le prix rebute un peu, cent roubles par poisson, environ deux euros, ce qui n’est pas cher, sauf pour la Russie. C’est un chat errant qui termine la tête, il n’a pas voulu de la peau ni des arêtes. J’ai dégusté cet omoul face au Baïkal, toujours aussi captivant.

Ce genre de choses n’arrive qu’à moi. J’ai réussi à m’enfoncer une arête dans la gencive. Ouais trop fort… Une toute petite arête solide et épaisse s’est fichée entre mes molaires. Ça pissait le sang, j’avais beau essayer de l’enlever comme je pouvais avec mes doigts, rien à faire. Après cinq minutes de panique, pendant lesquelles je me voyais déjà devoir aller chez le dentiste à Irkoutsk, la gencive infectée, j’ai réussi, à force d’acharnement, à l’ôter avec ma brosse à dent. Mais bon, ça fait super mal.
Les stars ici, ce sont les nerpas. Ils sont partout. Dans les magasins de souvenirs, sur toutes les cartes et publicités, à la salle de spectacle, partout, sauf là où ils devraient être, dans le lac. Les nerpas sont des phoques qui ne vivent qu’ici, dans le Baïkal, en eaux douces. L’onde pure en accueille soixante mille individus, mais je n’en ai pas vu un seul trainer sur les rives. Il y a bien le nerpinarium, qui offre un show de ces bêbêtes, mais je ne me vois pas payer cinq cents roubles, environ 6.50 euros, pour des pauvres mammifères forcés de faire des pirouettes pour les touristes. Je ne les verrai donc pas, ce n’est pas grave. Mon plan, c’est de me promener tout le long de Listvianka. qui fait environ quatre kilomètres. Le village s’étire sur quatre kilomètres de rivage, et s’étend dans trois vallées perpendiculaires. Églises, magasins de souvenirs, il y a même à la fin un mini-pic à grimpe. À voir ce que ça donne, si ça vaut le coup d’œil.

J’ai envoyé des cartes postales du Baïkal. À la maison, à Elfi, à Dublin, mais également à l’école où je travaillais à Lorient. Je suis la plage en direction de l’ouest et de l’embouchure de l’Angara. Je suis fasciné par les créations de la Nature. Alors que là-bas, la glace formait des couches, ici, ce sont les galets eux-mêmes qui sont retenus en suspension, c’est absolument superbe, je suis hypnotisé, c’est d’une telle beauté. Les cailloux sont réellement pris dans la glace, et les vagues ont creusé par endroit jusqu’à trente centimètres sous la couche de glace, formant des espèces de jardins suspendus de galets. Absolument sublimes, je suis subjugué, mais complétement. Vous verriez cela, vous seriez sous le charme également. Par moments, un galet tombe, victime de la fonte de sa gangue gelée. Mais l’ensemble garde une forme absolument transcendante. Les stalactites sont si belles, œuvres éphémères de Dame Nature. Je prends de multiples photos, tentant de saisir du mieux que je peux ces fugaces chefs-d’œuvre.

Un homme d’âge mur se promène sur la plage, sa chapka fichée sur son crâne chauve. Cet homme, je le hais. Il donne de grands coups de pieds dans les formations gelées de Dame Nature. Mais pourquoi ? Pourquoi vouloir détruire ces chefs-d’œuvre ? Dame Nature ne les a pas faites en un jour, c’est un travail de plusieurs semaines déjà. Bref, je ne peux pas vous expliquer à quel point je suis en colère. Ce n’est que de la glace et des cailloux qui disparaitront au printemps, mais vouloir anéantir d’aussi beaux joyaux, c’est incompréhensible.

Je pense que la bourgade de Listvianka ne devait auparavant être accessible que par bateau, ou en hiver, lorsque le lac était gelé. Ou bien par l’intérieur des terres, mais cela me semble être un sacré parcours du combattant. Aujourd’hui, il y a la route qui longe le Baïkal. Elle est soutenue par un mur immense, qui fait quasiment tout le front de lac. Elle est le trait d’union qui relie cette station balnéaire à la capitale régionale d’Irkoutsk. Elle est le lien nécessaire qui apporte chaque été des milliers de touristes au petit patelin. Mais cela s’est fait au détriment de la nature. Aujourd’hui, tout n’est que béton, et les œuvres de Dame Nature ne sont plus réduites qu’à de petites stalactites.

Il est là, devant moi. Ses eaux sombres ondulent sous la petite brise qui effleure sa surface. Il s’étend sous mes yeux, à l’infini, je ne peux en voir le bout. Je suis devant le plus grand des lacs au monde, je fais face au Baïkal. Je jette un dernier regard à cette merveille, il est temps de quitter Listvianka.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
12 décembre 2016 à 15:44:01

Jeudi 24 novembre

Enfin un peu d’action ! J’ai pris le bus ce matin en direction d’Arshan, pour quatre heures de route. Sauf que je n’étais pas dans le meilleur des états. Intestin et estomac dérangés, nausées, vraiment très difficile à supporter. Après seulement trois quarts d’heure, je n’en pouvais plus, j’ai demandé à ce que l’on arrête le mini van afin de sortir. Me voici donc en plein milieu des montagnes, ils m’ont déposé près d’une bâtisse, une habitation quelconque. À moi maintenant de me dégoter une voiture, ou peut-être un autre car, qui sait, afin de rentrer sur Irkoutsk. Il n’y aura donc pas d’Arshan, pas de montagnes, je vais rester deux jours au chaud, à récupérer et, tant qu’à faire, à bosser sur le carnet de route. C’est fort dommage, Arshan, ce sera pour une autre fois, tant pis.

Comme partout, en Russie, l’on croise tous types de gens. Hier, en revenant de Listvianka, dans le bus, c’était un jeune homme. Alex, barman, parlait très bien anglais. Nous avons tapé la conversation pendant près d’une heure. Ce matin au contraire, en montant dans le minibus, la vieille à côté de moi n’était pas du tout contente parce que j’avais des bagages. Elle gueulait, j’avais beau lui dire que je ne comprenais pas et que je ne parlais pas russe, elle n’en avait rien à foutre. Il y a également des personnes comme Andreï qui, me voyant sur le bord de la route au milieu de nulle part, s’est arrêté pour me prendre en stop. Mon premier stop en Russie, et je pense le seul et unique. Ce fut une très bonne expérience, Andreï avait la discussion très facile, nous avons beaucoup ri, même si je ne comprenais pas forcément tout ce qu’il me racontait. Nous avons parlé d’argent, de nos pays, de femmes, des enfants, les conversations habituelles. Il m’a déposé à quelques encablures d’Irkoutsk, un bus et j’y étais. Je lui ai laissé une carte postale bretonne, et j’ai perdu toutes les autres. J’ai dû les laisser dans sa voiture, malheureusement. Nouvel hostel, près de la gare, déniché par le biais du Lonely Planet. Je partage ma chambre avec un couple de parisiens, ils sont également en road-trip, et se dirigent tout comme moi vers la Mongolie, la Chine en ligne de mire. Je les ai informés tout comme moi de cette histoire de visa impossible à Oulan-Bator, ils étaient bien embêtés. Un quatrième français devrait arriver dans la journée, une chambrée 100% francophone, je vais bosser un maximum cet après-midi.

L’hostel est très sympa, une grande pièce commune, bien chauffé, calme. L’employée en charge, Eva, est jeune, sympa, la conversation facile et dort sur place. Lucie et Johann, mon couple parisien, ont pour destination finale le Japon. Nous avons beaucoup échangé, possibilités de trajet, aléas du voyage, ils partent demain matin pour l’île d’Oxlon, nous avons échangé numéro de téléphone et e-mail. Vu que nous serons en Mongolie en même temps, à voir si nous nous organisons une excursion commune, ou bien si nous nous retrouvons juste pour Noël. J’ai un peu bossé sur le journal de bord, mais pas autant que j’aurais voulu. Forcément, vu que j’ai passé mon après-midi à papoter. Le grand-père dans le Gobi a répondu négativement, il ne sera pas là le mois prochain.
Le matelas est super moelleux, il ne fait ni trop chaud ni trop froid dans la chambre, je sens que je vais dormir comme un bébé, la grasse matinée m’attend.

Vendredi 25 novembre

Je suis content de ma journée, mais reste néanmoins insatisfait de moi-même. Je ne suis pas sorti, si ce n’est pour refaire le plein de paquets de mouchoirs, pour parer à mon gros rhume. J’avais prévu de bosser sur le carnet de route. Oui alors ça, j’ai l’impression de le dire tous les jours. Que je vais avancer, rattraper le retard, mais au final, je ne progresse pas, à cause de X ou Y raison. Aujourd’hui, j’avais ma journée entière de libre à l’hostel, seul. Enfin, avec Eva, mais elle ne m’a pas dérangé plus que cela. Je pouvais donc en profiter pour enfin regagner les dix jours de retard que j’ai dans le journal de bord. Je n’en ai au final fait que cinq. Pourquoi ? Plusieurs raisons. J’ai pas mal trainé sur JVC et les sites d’infos, pour ne rien y faire, pour glander et fuir ma page Word. J’ai également joué, à un jeu que je n’avais pas ouvert depuis plusieurs années, et que je ne pensais pas encore avoir sur mon ordinateur. Je l’ai redécouvert le week-end dernier, dans le train, en errant dans mes différents fichiers. PlantsVSZombies était là, quelque part, caché dans mes dossiers. C’est un jeu à la con, où il faut empêcher les morts-vivants d’envahir ta maison en semant des plantes aux pouvoirs divers dans ton jardin. Un jeu tout con, mais addictif. J’y ai fait plusieurs allers-retours, en me disant à chaque fois : « Juste cinq minutes ! » « Encore un niveau ! », pour y final y gaspiller deux heures de mon temps. De plus, la musique est envahissante et ne quitte plus mon esprit. Au final, je n’ai donc toujours pas recouvré ce retard, je ne sais pas si je vais y arriver un jour. Quant au carnet papier, je n’y crois plus, je n’ai plus d’espoir. Mais cela me fait réfléchir, peut-être, la prochaine fois, il n’y aura pas de carnet papier. C’est dommage, ce sont des artefacts que j’aime bien. Ou alors il y en aura un, mais je n’écrirai pas dedans. J’y mettrai seulement mes dessins, mes cartes, les mots des gens que j’ai rencontrés. Mais je n’écrirai pas toute cette aventure, tout du moins, si j’ai un ordinateur avec moi. Mais là c’est le cas, et vu que tout est sur fichier Word, je ne vois pas trop l’intérêt de l’avoir sur papier. Surtout que ma calligraphie n’est pas mirobolante. Enfin bref, celui-ci est plein de trous, il va falloir que je les remplisse à un moment ou à un autre, peut-être au Kirghizistan, si j’en trouve le temps. Ou peut-être en Mongolie, si je reste coincé trente jours dans la capitale. Je n’en sais rien. Toujours est-il que c’est quelque chose qui me plombe un petit peu mon moral, que je garde néanmoins au beau fixe.
Malgré cette déception de ne pas avoir atteint mon objectif aujourd’hui, j’étais content de ne pas bouger. Content de ne pas avoir à choper un bus, à aller voir cette église, à visiter ce musée, ça fait du bien de se poser. Je me fais peut-être trop vieux pour être tout le temps sur les routes, je ne sais pas. Ou alors c’est un autre type de voyage qui me plait plus. Parce qu’à Miass, j’ai vraiment aimé, c’était cool, c’était bien, mais être sans arrêt à vagabonder, c’est fatiguant. En Amérique latine, cela m’était arrivé au bout de six mois. Là, ça fait quinze jours. Je rêve déjà de me poser au Kirghizistan, c’est dire. Voilà, encore de nombreuses minutes ajoutées sur mon dictaphone, qui se transformeront, peut-être, un jour, en lignes sur mon fichier Word. Bonne nuit.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
12 décembre 2016 à 15:45:20

Samedi 26 novembre

Me voici encore dans un train, l’avant dernier. Un train de jour, car je souhaitais pouvoir observer le paysage. Voici que nous atteignons la pointe sud du lac Baïkal. Cerné par les montagnes, un minuscule village s’étend dans une petite vallée coincée entre les rives et les sommets enneigés couverts de forêts. Le train suit les courbes du relief, zigzaguant le long du littoral, empruntant parfois quelques longs tunnels. Le lac est toujours aussi majestueux, beau, il m’impressionne toujours autant. Nous allons le longer pendant une bonne centaine de kilomètres au moins, de quoi poursuivre un petit peu plus le rêve.
Depuis notre départ, j’ai relu ce que je j’avais tapé hier. Je vais persévérer en en faisant davantage et j’espère, avant ce soir, pouvoir dire que j’écris en direct dans ce fichu carnet de route. Mon repas de ce midi sera un peu différent. Au lieu du fromage et jambon habituel, j’ai déniché du pâté en boite. J’ai également trouvé de la confiture en sachet plastique avec bouchon, c’est bien plus pratique, et je peux me la trimballer pour le voyage. Un changement de régime auquel mon estomac ne dira pas non. J’arriverai à Oulan-Oude vers 17h30, Julia devrait me retrouver à la gare.

L’ordi a rendu l’âme, les prises électriques du wagon ne fonctionnent pas. Je suis néanmoins satisfait de ce que j’ai réalisé ce matin, mais il me reste tant à faire. Je m’occupe comme je peux, j’ai sorti l’un de mes livres pour enfant en russe, et ai commencé à le lire. Mais je ne sais pas encore si je dois l’annoter, le gribouiller, ou si je dois le conserver tel quel. Je vais y réfléchir. À présent, j’écoute la musique allongé. Je me perds dans mes pensées, je m’égare dans mon futur. Vu l’argent qu’il me reste, je me vois déjà rentré dès le mois de Juin, pour le mariage de Tania. Et après ? Aller en Italie ? Au Pays-Bas ? Retourner à Dublin ? Ou bien rester à la maison et tenter d’aider ma famille de sang ? Ma sœur n’y sera peut-être plus, ça dépendra des études supérieures qu’elle compte faire, si elle a besoin de partir sur Rennes, ou Nantes, peut-être Brest, elle ne sait pas encore ce qu’elle désire. Et si je reste sur Lorient, que pourrais-je y faire ? Retourner travailler en cantine ? Ça ne me dit franchement rien. J’aimerais pouvoir faire de nouvelles choses, évoluer. Je me vois bien dans ces mêmes écoles, mais en tant qu’intervenant extérieur, apportant des activités autour des langues et du voyage. Mais comment y arriver, c’est un grand mystère. Je me vois bien donner des cours particuliers de langue, le soir, quand les ados auront terminé les cours. Je me vois surtout aider ma sœur à sortir de sa coquille, à s’accepter ou à changer son corps. Je me vois surtout aider ma mère à avancer, à poursuivre bien qu’elle soit seule pour qu’elle ne regrette pas toutes ces années. Bref, je me perds dans mes pensées, je m’égare dans mon futur, il est peut-être encore trop tôt pour y réfléchir.

J’ai littéralement dévoré mon livre de science-fiction, il est vraiment passionnant. Au passage, je suis étonné que mon italien n’ait pas complètement disparu. Du coup, le trajet ne fut pas trop long, je ne l’ai pas vu passer, même s’il a duré huit heures. Nous serons à Oulan-Oude dans dix minutes, il fait déjà nuit, il ne neige plus alors que la tempête s’est déchainée toute la journée. J’espère passer une bonne soirée avec Julia et je suis certain de dormir profondément ce soir.

Je suis arrivé sans encombre à Oulan-Oude, Julia est passé me prendre à la gare avant de m’emmener chez elle. Elle habite avec sa mère et un certain nombre de chats dans un appart au sud-est du centre. Nous avons mangé, sa mère était ravie de discuter en russe, même si ce n’était que basiquement, avec l’un de ses invités. Julia m’a proposé quelque chose. Je pouvais soit rester chez elle, soit dormir chez son père, qui habite le bâtiment d’à côté, et qui souhaitait dérouiller son français. J’ai choisi d’aller chez le papa. Il a vécu à Paris il y a de cela dix ans, il a plutôt de bons restes linguistiques je trouve. Nous avons passé la soirée avec sa fille autour d’un thé, à converser entre anglais, russe et français. Une fois partie, nous avons poursuivi sur la grammaire de l’Hexagone. Je vous invite à essayer d’expliquer à un étranger les différents usages du verbe passer. Passer le sel, passer un pont, une voiture qui passe, passer un vêtement… Les utilisations sont multiples et, pour éclaircir tout cela, ce ne fut pas simple. Il est 23h00, je vais faire dodo, je n’ai pas d’heure spécifique pour me lever ou quitter la maison demain, il m’a filé les clés. Je suis donc libre de m’organiser comme je veux, je pense essayer de me faire tous les musées demain. Et lundi matin, j’irais voir un des temples situé en dehors de la ville. Un programme qui s’annonce serré.

Dimanche 27 novembre

Le musée ethnographique d’Oulan-Oude s’étend dans un écrin exceptionnel. Situé en dehors de la ville, au pied des montagnes, il recouvre plusieurs kilomètres carrés de forêts et de prairies qui, à cette époque, sont enneigés. Le musée ethnographique, comme son nom nous l’indique, nous renseigne sur les populations locales. Déjà, à Irkoutsk, la morphologie des habitants changeait quelque peu. Mais alors ici, ils ressemblent bien davantage à des mongols qu’à des caucasiens. L’on peut trouver diverses populations réparties un peu partout dans l’est de la Sibérie. Certaines sont encore nomades et tentent de conserver leur mode de vie. Ce musée de plein-air présente leurs us et coutumes au travers de reconstructions ici rassemblées. On y trouve des pierres tombales, ou bien ces habitations typiques de l’ethnie Soyok, un tipi couvert d’écorces ou de peaux. Également de grandes églises en rondins, des maisons traditionnelles, je n’en suis qu’au début, mais je pense que cet endroit me réserve bien des surprises.

Je parcours les allées d’un petit parc zoologique regroupant une vingtaine d’espèces animales. Je suis à la fois ravi et triste de les observer. Ce sont toutes des espèces endémiques de la région, je suis donc ravi de pouvoir les découvrir. Chameaux, rennes, yaks, cerfs, ils ont tous leurs enclos en plein air. Les carnivores, en revanche, ne sont pas aussi bien lotis, confinés dans de petites cages. Les raton-laveur ont une queue courte, ne sont pas rayés et sont de couleur brune. Les renards eux, sont blonds ou noirs. Il y a également des loups, l’air tout triste, sans possibilité aucune de courir. Les deux tigres eux, font les cent pas, attendant le prochain repas. Quant à l’ours brun, au regard de chien battu, il me fait pitié. Bien qu’ils ne soient pas libres, je suis néanmoins content de les avoir vus en vrai.

J’y ai tout de même passé plus d’une heure et demie, c’est dire combien ce musée de plein air était intéressant. Il raconte des fragments d’histoire sibérienne au travers de l’architecture. Des habitations traditionnelles, mais également des maisons de bois ou des fermes, nombre d’endroits fort intéressants. Malheureusement, en hiver, tous les bâtiments sont fermés, mais rien que l’extérieur vaut déjà le coup. Et puis avec ce cadre, la neige, les montagnes couvertes de forêt aux alentours, c’est vraiment un très bel endroit qui mérite d’être vu. De plus, les nombreux panneaux explicatifs sont également traduits en anglais, chose exceptionnellement rare dans les environs. Je ne regrette donc pas d’être venu, ce fut une très belle visite qui aura su faire taire mon estomac jusqu’à maintenant. Mais il est déjà bien tard, je m’en vais retourner vers le centre, afin de déjeuner. J’avais également sur mon programme deux autres musées et le temple principal situé au nord de la ville, mais je ne sais pas si j’aurais réellement le temps de tout voir. Je vais peut-être devoir laisser tomber un ou deux musées. Je demanderai aux accueils s’il y des explications en anglais ou pas, cela ne peut que m’orienter dans mes choix de visite.

Sur le trajet du minibus qui me ramenait vers le centre, j’ai pu observer les constructions récentes. Je ne suis pas un réel fan de tout ce qui est architecture moderne. Mais il faut dire qu’ici, les russes ont su garder une certaine classe. Alors que chez nous, l’on pond des formes qui ne ressemblent à rien et qui partent dans tous les sens, prétextant la créativité de l’artiste, ici l’on reste dans les choses que l’on connait. Une immense tour surmontée d’une pyramide à l’égyptienne par exemple. Ou bien un bâtiment de forme elliptique surmonté d’une soucoupe volante. Ils détonnent parmi les édifices staliniens, mais j’aime bien.
Au cœur de la place centrale d’Oulan-Oude trône la plus grosse tête de Lénine au monde. Ce doit être la seule d’ailleurs. Elle est tout de même impressionnante, plusieurs mètres de haut. Juste devant fourmille un véritable chantier. Des dizaines d’ouvriers sont en train de bâtir ce qui sera, je pense, un palais de glace. Ils y vont carrément à la tronçonneuse pour mouler les formes désirées. Mais ils n’en sont qu’au début, je ne verrai donc pas à quoi cela ressemble une fois achevé. Bon, il est plus que temps d’aller remplir ma panse.

C’est un soleil rouge qui se couche sur Oulan-Oude. Il est baigné de flou, perçant à travers les nuages qui déversent leur neige sur la cité. Il disparait derrière les montagnes qui se découpent au loin, sur un horizon orangé. À mes pieds s’étend la capitale de la Bouriatie, le fleuve, et sur le flanc de cette colline, des centaines de maisons aux toits poudrés de blanc. Derrière moi, le datsan. Il y en avait jadis bien plus, mais le communisme est passé par là. Pendant de nombreuses années, Staline a fait interdire le bouddhisme, les temples avaient tous fermé, quand ils n’étaient pas rasés, leurs moines exécutés. Celui-ci est donc récent, c’est le plus proche du centre-ville. Datsan, c’est le nom donné aux temples de la religion qui domine ici et en Mongolie, le bouddhisme. Arrivé ici au XVIIIème siècle il s’est développé jusqu’à devenir la religion principale. Le temple étire donc ses dômes ocres devant moi. C’est une architecture qui m’est nouvelle, difficile à décrire. Le jaune est une couleur sacrée, c’est pour cela qu’on la retrouve énormément dans ce type d’édifices. Deux gros bâtiments surmontés d’un dôme et d’une espèce de pointe à rayures gardent l’entrée. Plusieurs stupas renferment des statues de Bouddha derrière une petite vitre. Des lions grotesques encadrent les escaliers qui mènent au temple lui-même. Celui n’a rien de forcément fantastique. De l’extérieur, ce sont des briques rouges, quelques décorations et surtout un toit à la chinoise. Pyramidal, les coins un peu courbés, ornés, si je ne m’abuse, de têtes de dragons. Quelques peintures au-dessus de la porte d’entrée, marquée par des colonnes rouges. Il me reste difficile de décrire tout cela avec mon français limité, des photos dépeignent bien mieux que des mots. Je vais y pénétrer et voir ce que l’intérieur me réserve.

Il y a tellement à dire ! C’est mon premier temple bouddhiste, je dois dire que je suis plutôt impressionné. Il règne un calme absolu. Ce n’est pas silencieux, des clochettes tintent dans l’air, apaisant les esprits. À l’entrée, un homme se prosterne jusqu’à s’allonger par terre, une dizaine de fois. Beaucoup d’autre font le tour, s’inclinant devant chacune des statuettes et stupas. Je vais tenter de dépeindre au mieux ce que je vois, mais je risque de manquer de termes corrects en matière d’architecture bouddhiste. Le plan est le même que celui d’une église. Une longue nef, un chœur central et deux petites chapelles latérales. À l’entrée de la longue nef, des bancs, bas. Et, au centre, des gongs, des cors, des coussins, je suppose que c’est l’endroit où les moines prient. Au fond, Bouddha, immense, doré, il domine les fidèles de toute sa taille. Des petites fleurs, éclairées de manière artificielles, sont présentes à ses pieds. La décoration est très riche, beaucoup de peintures, beaucoup de couleurs, malheureusement pas très visibles en cette fin de journée gagnée par le crépuscule. Peu de fenêtres, il fait plutôt sombre, invitant au recueillement. Ma première expérience dans un temple, je dois l’avouer, ne me laisse pas indifférent.
Je ressors dans le froid, les derniers rayons de l’astre solaire s’évanouissent au loin. Il fait néanmoins encore assez jour pour pouvoir admirer les dizaines de milliers de mouchoirs attachés à des poteaux circonvoisins. Les gens y ont fixé leurs prières, inscrites sur des tissus verts, bleus jaunes ou blancs, formant un jardin coloré qui se détache sur cet hiver si terne. Le vent emporte ces pensées, les transportant vers les oreilles des Dieux. Les moulins à prières ont la même fonction, et sont répartis autour du lieu de culte en un circuit qui doit se suivre dans le sens des aiguilles d’une montre. L’ensemble est très joli, l’atmosphère laisse place à la contemplation, à la réflexion, C’est très calme, je ne regrette pas d’être venu.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
12 décembre 2016 à 15:45:52

Lundi 28 novembre

J’ai encore une fois très bien dormi, et je pense que je ferai de même ce soir. J’ai dit au revoir au père de Julia ce matin, je ne le reverrai pas cet après-midi. C’est un homme très sympa, mais c’était tout de même un peu ennuyeux de lui faire la leçon de français en permanence. Surtout que son niveau n’est pas très élevé, c’était parfois un peu long… J’ai avancé un peu sur la frappe hier soir, mais pas plus que cela. J’essaierai d’en faire davantage dans le train. Je m’apprête à partir pour visiter un autre temple bouddhiste, en dehors de la ville, celui d’Ingolski.

Wowowowow, ça fait beaucoup à vous raconter d’un coup. Le monastère d’Ingolski est en réalité un complexe religieux entier. On y trouve de multiples temples, l’un d’entre eux est même en construction. Également de nombreuses maisons de bois, sans doute l'hébergement des moines. Les haut-parleurs d’un des datsans émettaient de la musique. Je m’y suis rendu et y ai pénétré. Il est fort dommage que photos et vidéos y soient interdites, car le dépaysement aurait été pour vous total. C’est l’heure de la prière. Une grande salle carrée, aux murs de bois clair ornés de tableaux représentant plusieurs divinités. Une douzaine de colonnes supportent le plafond en coffrage. Ce dernier est orné de tapisseries tissées. Au pied des deux murs latéraux, des bancs, où sont assis les fidèles. Au centre, une trentaine de moines sont en prière. Tambours, cymbales, ils psalmodient une mélodie envoûtante. Ce sont toujours les mêmes paroles, qu’ils lisent sur de petits papiers devant leurs yeux. Je m’assieds un instant, tente de saisir un maximum de détails. Les moines sont tous chauves, de type asiatique, sauf un. Ils sont habillés de tuniques bordeaux, l’un d’entre eux porte une écharpe jaune, sans doute une distinction particulière. Ils ont tous leur place, près d’un gong, de clochettes, ou bien d’un cor. Ces derniers résonnent alors soudainement, remplissant la salle de leurs notes puissantes. Je ferme les yeux, me concentre un instant. J’ai l’impression d’être au Tibet, ou au Népal, c’est impressionnant. Pour ressortir, il faut faire le tour dans le sens des aiguilles d’une montre, et ne jamais tourner le dos à Bouddha. Alors que je franchis la porte d’entrée, tous les instruments se mettent à vibrer de concert, la mélodie change. Je retrouve le dehors et l’air glacé, les temples colorés. Les haut-parleurs émettent toujours cette douce musique qui m’emmène vers d’autres horizons.
La monastère possède une histoire bien particulière. Car c’est Staline, le même qui avait fait raser quelques années plus tôt tout les lieux de culte, qui permet l’établissement de ce datsan. Afin de remercier les bouriates pour leur engagement lors de la Grande Guerre Patriotique, le pouvoir communiste décida de fournir un terrain aux fidèles. Mais au lieu de choisir un endroit sacré, c’est un bout de steppe aride qui leur fut offert. Aujourd’hui, le complexe est vaste, et en expansion permanente. Il est surtout connu pour son douzième Hambo Lama. En 1927, voyant sa fin approcher, ce dernier entra en semi-médiation dans la position du lotus après avoir donné de rigoureuses instructions à ses moines. Ils devaient l’enterrer tel quel, et l’exhumer trente ans plus tard. Son souhait fut suivi, et quelle ne fut pas la surprise des religieux de sortir de terre un corps ne présentant aucun signe de décomposition. De peur que le pouvoir soviétique n’ait vent de ce miracle, ils l’enfouirent à nouveau. Mais la légende du Hambo Lama ne fut pas oubliée. En 2002, plus sept décades après sa mort, il fut de nouveau exhumé. Un corps parfaitement conservé, alors qu’il n’avait été ni momifié, ni embaumé. Certains scientifiques affirment même que les cheveux poussent toujours ! Un mystère pour la science, aujourd’hui vénéré par les fidèles, auxquels il est présenté six fois par an, donnant lieu à de grandes fêtes.
Ma visite s’achève déjà. Je serais bien resté plus longtemps, mais comme qui dirait, j’ai un train à prendre.

Eh bien dis-donc, c’est ce qu’on appelle prendre un train de justesse ! Le bus a mis une éternité à rentrer du monastère, j’ai cru ne jamais y arriver. Mon train était à 15h50, j’étais à la maison à 15h00. Un petit coup de stress donc, quand je voyais ma marshroutka coincée dans les bouchons. J’ai finalement réussi à choper le train à cinq minutes près, en ayant en plus pu profiter du wifi de la gare pour envoyer un mail à l’hostel d’Oulan-Bator, ils viennent me chercher gratuitement. C’était ma dernière journée en Russie, une journée absolument fantastique que je ne suis pas prêt d’oublier. Ce moment de communion avec les moines fut particulièrement intense. Après trois mois donc, et de nombreuses aventures, je quitte la Russie.
J’y aurais découvert un pays que je n’imaginais pas. L’on m’avait conté que les russes étaient froids, distants, qu’il était difficile de les aborder. J’ai découvert tout le contraire. Les russes sont aimables, très curieux, sont venus me parler directement dans la rue, et n’ont pas hésité à me venir en aide lorsque j’en avais besoin. Un peuple qui, comme j’ai pu le découvrir au fil des discussions, est composé de gens fiers. Fiers d’être russe. Fiers d’avoir défait Napoléon en 1812. Fiers d’avoir vaincu Hitler lors de la Grande Guerre Patriotique de 1941 à 1945. Fiers de faire partie de cet immense pays. Un pays infini, où il semblerait que le soleil ne se couche presque jamais. Un pays que j’ai presque traversé de part en part, depuis les côtes de la Baltique jusqu’au Baïkal. Je ne suis pas allé sur les côtes Pacifique, peut-être la prochaine fois. J’ai découvert en chemin des lieux tellement différents. Saint-Pétersbourg, à l’heure européenne. Moscou, immense capitale dont le cœur ne s’arrête jamais. L’Oural, et la tranquillité de ses montagnes. Les plaines de Sibérie et de vieux postes avancés oubliés, comme Tobolsk. Le plateau sibérien, son climat extrême, Tomsk à son pied. Le lac Baïkal, légendaire, mythique. Et puis enfin la Bouriatie, une nation qui n’hésite pas à mettre en avant ses origines, mais qui, au final, n’a pas honte d’être partie intégrante de la Russie. J’ai vu tant de paysages, visité tant de musées, pénétré tant d’églises, qu’il me sera difficile de ne rien oublier. Les photos sont là pour ça, le carnet de route aussi. Mais comme à chaque fois, je quitte un pays, en laissant derrière moi des souvenirs. En laissant derrière moi des impressions. En laissant derrière moi des gens. Je ne peux m’empêcher d’avoir une pensée pour ma famille de cœur russe, à Miass, et pour toutes les autres familles de cœur que j’ai de par le monde. Les filles à Dublin, ma famille équatoriennes, à Puyo, mon forum Écriture, dispatché un peu partout. Et puis tous ces sœurs et frères de cœur qui voyagent avec moi, Kris et Andres, Coralie, Céline. J’ai également une pensée pour ma famille de sang, très loin, à des milliers de kilomètres. Je commence à me faire à l’idée d’y être pour le mois de Juin. Et pourquoi pas leur faire la surprise de mon arrivée. Mais je ne sais pas, rien n’est encore défini. Je ne sais pas ce que le futur me réserve, il est plus que flou, surtout pour le mois à venir.
Je suis dans le train qui me mène à Oulan-Bator, capitale de la Mongolie. Je regarde défiler les dernières maisons d’Oulan-Oude sous les ultimes rayons du soleil couchant. La Russie c’est fini, voici venir la Mongolie.

Il est plus de 23h30, nous venons d’en terminer avec les formalités administratives. L’ensemble aura pris pas moins de trois heures. Tout d’abord côté russe, avec contrôle du passeport, tampon, fouille complète de la douane. Puis même chose côté mongol. L’avantage, c’est que je n’ai pas eu à bouger du train, j’ai pu rester dans mon compartiment. Ce train-ci, qui relie la Russie et la Chine, ne comporte que deux classes, je suis dans la deuxième, les couchettes sont par box de quatre. Il y a très peu de passagers, j’ai donc ma cabine personnelle. Ce qui est en soi une grande satisfaction. Les couchettes sont plus longues, plus larges, je peux moi-même allumer ou éteindre la lumière. Ça parait anodin comme cela, mais lorsque le wagon est commun, on ne choisit pas les heures où l’on fait dodo. En gros, que des avantages, si ce n’est que les prises électriques situés à l’extérieur ne fonctionnent pas, pour changer. Après avoir tapé un peu plus de deux heures les enregistrements du dictaphone, l’ordi a rendu l’âme. J’avais pris des photos de mon fichier Word afin de pouvoir recopier dans le carnet papier lorsque le train serait à l’arrêt. Au final, je n’ai fait qu’une seule page. Je ne sais même pas si je pourrais achever ce carnet papier avant mon retour à la maison. Je vais devoir repenser cela avant mon prochain périple. J’ai fermé les volets, je suis prêt pour ma nuit et je compte bien faire une grasse matinée. Je me réveillerai avec le soleil mongol, bonne nuit.

Mandoulis Mandoulis
MP
Niveau 26
12 décembre 2016 à 15:47:57

Bon, pour la suite mongole, je ne sais pas quand est-ce que ça viendra... J'ai des cartes à faire dans la carnet papier, mais pour savoir à quel endroit, faudrait que je recopie avec mon bic tout ce que j'ai déjà posté sur ce topic. :snif:
De plus, je dois préparer mon trajet pour les prochains pays, car il me faut des dates pour les visas, et certains sont très difficiles à obtenir (Turkménistan et Iran).
Donc, la suite, c'est pas pour tout de suite... :noel: :-(

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