Oh faut pas s'inquiéter, c'est loin d'être le dernier chapitre

D'ailleurs le chapitre de ce soir marque la fin de la première partie de ma FIC, j'espère pouvoir poster le début de la deuxième partie rapidement, mais attendez-vous à du très juteux

GENIALISSIMENT GÉNIAL !!!

Ah ben merci bien

La suite demain, j'ai pas le temps d'écrire grand chose aujourd'hui malheureusement

prend ton temps

+1000

Salut Thana, petit message de soutien pour te dire de ne rien lâcher, car je me doute que d'avoir deux lecteurs comme Darth et Over peut être démoralisant, surtout n'abandonne pas.

Je compte d'ailleurs lire le chapitre 3 ce week-end si j'ai le temps, pour te faire un petit pavé argumentatif !

Merci à vous les loulous

Je m'accorde la soirée pour planifier et peaufiner la suite (entre 2 révisions de partiels ), vous devriez pas être déçus demain

Sweet

[DEUXIEME PARTIE] : Héritages Chaotiques

CHAPITRE 16 : LES RÔDEURS MORTS
[ Nord du Lithlad, Nurnen ]

Le val des Ombres Ailées portait bien son nom. Situé à l’extrême Nord-Est du Mordor, séparé du plateau de Gorgoroth et des vastes plaines de Nurnen par un éperon de hautes collines, c’était une des régions les plus dangereuses du monde, et pour cause. C’est là que les terrifiantes créatures qu’on appelait Ombres Ailées, des abominations semblant avoir été créées en dérision de la nature, naissaient et se reproduisaient. Le simple fait d’imaginer que les Nazgûl, ces êtres légendaires peuplant des livres d’histoire de plus en plus relégués au rang de fiction, étaient capables de chevaucher ces choses, donnait au plus endurci des Orques des frissons de terreur. Aucune armée, aucun Uruk Noir n’osait s’aventurer en ces lieux. Et c’était tout à fait au goût d’Andunion et de ses compagnons.

Tirant sur sa longue pipe en bois, il regardait les soldats autour de lui graisser leurs épées, panser une blessure reçue au hasard d’une embuscade ou tout simplement discuter autour d’un morceau de viande. Il était impressionné de voir que la guerre leur semblait être devenue une tâche quotidienne. Ils sortaient de l’immense caverne qui leur servait de refuge, parfois pour plusieurs semaines, interceptaient des patrouilles Uruks, des convois d’armes ou de nourriture, ou même des raids vers les paysans Nurniags au Sud, avant de revenir. Après tout, il n’y avait pas d’autre moyen de livrer une guerre à un ennemi en terrain conquis.
Aujourd’hui ils avaient perdu huit des leurs. Andunion avait beau parvenir à parfois recruter quelques volontaires parmi les hommes de Nurnen, leurs nombres continuaient de s’amenuiser. Il y a encore 3 mois, ils étaient près de cinq cent. A présent, moins de la moitié étaient encore en vie … Andunion ne savait pas combien de temps ils pourraient encore lutter de la sorte. Il se gratta machinalement la barbe, qu’il arborait maintenant mi-longue.

Voilà trop longtemps qu’ils étaient ici, prisonniers du territoire ennemi. Il faudrait un miracle pour déverrouiller la situation.

Cela faisait à présent plus de deux ans que la Bataille des Monts Cendrés avait eu lieu, et que l’ignominieuse défaite de la grande armée du Gondor avait permis à Durbrod, le Roi Uruk, d’entamer des raids impunis sur les Nurniags et les Orientaux, sans discrimination. Le Roi Elendur, son père, avait pris sur lui de venger la « mort » d’Andunion et d’entrer en guerre totale contre les Uruks Noirs, mais les ennemis semblaient se multiplier, et les Montagnes au Nord du Mordor semblait vomir un flot incessant d’Orques, qui faisait patauger les meilleurs stratèges du Gondor.

Durvil, l’aide de camp d’Andunion, s’éloigna du feu de camp auprès duquel ses compagnons se réchauffaient, et alla à la rencontre de son commandant.
- Seigneur Andunion, dit-il en s’inclinant légèrement.
- Quelles nouvelles de nos amis Nurniags ?
- Le Roi de Nurnen a envoyé un message vers le Khand il y a deux semaines. Etant donné les trois derniers affrontements des Uruks avec les forces du Gondor, il va probablement demander de l’aide aux Variags.
- Taben est désespéré à ce point ?
- Son royaume est doucement en train de s’effondrer. Ses provinces les plus au nord sont pillées sans relâche par les Orques.

Les deux hommes hochèrent gravement la tête. Grâce à quelques agents bien placés, Andunion savait qu’à Thörband, la capitale du Royaume de Nurnen, l’inquiétude régnait autant qu’au Gondor. Le Roi Taben ne commandait que peu d’armées, le Royaume de Nurnen ne comptant que peu d’âmes humaines. Il choisissait soigneusement les batailles auxquelles les soldats Nurniags participaient, et ne visait que les patrouilles et les convois ennemis les plus vulnérables.
Taben avait pour lui d’être un tacticien hors pair, au point que certains dans sa propre armée se demandaient s’il n’avait pas le don de double vue, ou quelque pouvoir elfique. Dans les premiers mois de la Guerre Noire, il était parvenu à coordonner les efforts de ses troupes avec ceux des armées du Gondor avec une efficacité redoutable.

Cependant, les Uruks étaient des adversaires redoutables et impitoyables dans leurs assauts. Les rôdeurs secrets d’Andunion aidaient à harceler l’ennemi, et à l’empêcher de consolider leur avantage sur les soldats de Thörband, mais après deux longues années de lent affaiblissement, Nurnen n’avait à présent plus que l’ombre de sa force.

Andunion se leva, décidant qu’il était temps pour lui de prendre son tour de garde. Dans un geste de camaraderie il serra de sa main l’épaule de Durvil, puis sortit de leur caverne.

L’air frais le frappa immédiatement comme une claque en plein visage. A l’intérieur, les feux de camps des hommes maintenaient une chaleur bienvenue. Dès qu’il sortait, il se rappelait qu’ils étaient au Mordor, dans une région encore désolée et glacée, et que le printemps peinait à amener un véritable souffle d’air chaud. L’air plat et morne résonnait des longs cris lointains poussés par une Ombre Ailée. Sans doute en train d’appeler une comparse.

Leur refuge était habilement dissimulé au milieu d’un dédale rocailleux dont on ne pouvait émerger qu’après plusieurs minutes de marche et d’escalade. La lumière émanant des feux était ainsi masquée par les amoncellements de rochers, et empêchait les Ombres Ailées, ou un Uruk particulièrement aventureux, de trouver l’endroit.
Andunion se hissa au sommet de la formation naturelle de roche, et vint relayer un des veilleurs. Trois autres étaient présents, observant les plaines avec silence. La nuit progressait lentement, et le silence était ponctué par les battements de gigantesques ailes de cuir appartenant aux Ombres Ailées, et parfois par de brutales bourrasques qui faisaient siffler les oreilles d’Andunion. Il se demandait si son père parviendrait à défaire les armées incessantes de l’ennemi.

Après la débâcle des Monts Cendrés, Andunion et les quelques centaines de soldats qui avaient miraculeusement survécus s’étaient échappés en passant un col étroit dans les Montagnes qui les amenèrent au Sud, dans le Mordor. Ils savaient que c’était le dernier endroit où Durbrod s’attendrait à ce que des survivants aillent, et savaient également qu’il leur faudrait combattre de manière moins régimentée, à présent que les Uruks avaient le champ libre pour piller les terres de Nurnen.

Andunion s’était également assuré que nul au Gondor ne sache qu’ils étaient encore en vie. Il avait encore des doutes sur la sécurité de son identité, et préférait que tous le croient mort, même s’il regrettait de laisser son père en deuil.
Pendant son enfance, avant qu’Araglas ne vienne au monde, Andunion avait compris les risques qu’être de sang royal impliquait. Les intentions de chaque homme à son égard avaient été ambitieuses et carnassières, voire hostiles. Nul n’avait jamais eu le cran d’attenter à sa vie mais par deux fois des rançonneurs avaient failli réussir à le kidnapper avant ses dix ans. Aujourd’hui encore, il n’était pas totalement certain qu’il ne restait plus personne au Gondor qui connaissait sa véritable identité.

Andunion tira à nouveau sur sa pipe, puis jeta un long regard en arc de cercle autour de lui, observant la vallée en contrebas sur laquelle un brouillard nocturne s’était déposée, tel un nuage de coton.

Il se figea alors, son regard se fit alerte. Au loin, de l’autre côté de la vallée, il distinguait du mouvement. Trop grand pour être un chien sauvage, mais bien trop petit pour être une Ombre Ailée. Quoique fut la chose, elle se déplaçait.
Un rayon de lumière perça alors les nuages au-dessus d’eux, et la vallée fut faiblement éclairée par le Lune. Andunion plissa les paupières, et distingua un homme, juché sur le dos d’un cheval. Se déplaçant doucement au pied du versant Sud des Monts Cendrés, le cavalier semblait chercher quelque chose.

Andunion ouvrit la bouche, s’apprêtant à alerter ses compagnons, mais il aperçut à ce moment précis le plastron du cheval, orné d’une barde de protection métallique de couleur bronze. Semblable à celles qu’utilisent les Cataphractes Orientaux. L’espace d’une seconde, Andunion fut convaincu que le cavalier le fixait du regard.

Il se retourna alors pour demander aux autres veilleurs s’ils avaient vu l’étrange apparition, mais lorsque ceux-ci lui jetèrent un regard alerté, Andunion regarda à nouveau au Nord, et se rendit compte que le cheval et son cavalier avaient disparus.
Il était intrigué. Que faisait un Oriental au Mordor, et à plus forte raison dans ce val ? Pour une raison qui lui échappait, Kanshaar refusait de s’impliquer contre les Uruks, et les armées du Rhûn laissaient libre cours aux hordes de Durbrod, qui pillaient parfois les terres les plus au sud des Orientaux.
Ce cavalier était-il un éclaireur de Kanshaar ? Venait-il observer les déplacements de l’Ennemi sur les terres du Mordor ?
Ou venait-il au contraire dénicher les soldats « maquisards » qui harcelaient les patrouilles de Durbrod et le rendaient aveugle sur ses propres terres ?

Au même moment il entendit quelqu’un grimper vers leur position depuis le refuge. Les quatre veilleurs se tournèrent vers la pente, et virent Durvil arriver, le souffle court. Celui-ci arborait un grand sourire, et quand il eut calmé sa respiration, il siffla :
- Commandant, l’escouade de Carantur est revenue !

J'ai pas de mot... J'ai gaspillé toutes mes expressions pour dire que c'est génial

Pourquoi pas "extraordinaire" ? Ou encore "fabuleux" ?

g pa lu lel

Chui encore chapitre 10

Atta ... je me chie dessus à écrire cette FIC en même temps que mes révisions de fin de semestre, et toi, tu ... ne ... lis pas ?
Mais je vais te fouetter espèce d'enfant

Le 05 mai 2017 à 22:46:11 Thanator1 a écrit :
Atta ... je me chie dessus à écrire cette FIC en même temps que mes révisions de fin de semestre, et toi, tu ... ne ... lis pas ?
Mais je vais te fouetter espèce d'enfant

Bah ouais, prends ton temps au pire les révisions avant tout
Faut pas te mettre la pression pour te dépêcher d'écrire la fic, surtout si tu as des exams ou que tu en as un peu marre (je précise qu'aucun rapport avec mon retard hein, ça c'est juste que j'ai pas encore lu et j'ai pas d'excuses )

Je viens de comprendre !

On est les derniers fils de l'ombre... Nous sommes les derniers à lire la fic !

Ps : à chaque fois que je vois le titre de la fic je ne peux m'empecher de lire "Les derniers fils de pu**"

Exactement

La suite arrivera en début d'aprèm !
(P.S.: Bâtard )

D'accord avec Darth, je trouve le titre vraiment trop juste, on peut l'interpréter de cette manière aussi.

Je rigole... La qualité ne prévaut pas la quantité et ta fic en ait un parfait exemple... Perso je pleins celles et ceux qui n'ont pas la chance de lire ta fic ( ou qui ont la flemme )

[DEUXIÈME PARTIE] : Héritages Chaotiques

CHAPITRE 17 : LA SÉDUCTION DE LA VIOLENCE
[Tarkhesh, côte du Bellakar]

Des millénaires auparavant, les Numenorréens Noirs régnaient encore sur tous les domaines bordant la Grande Mer au sud du fleuve Harnen, du Royaume d’Umbar jusqu’au dernier cap au sud du continent du Harad. Le Royaume du Bellakar, au sud d'Umbar, ne faisait pas exception, et même après l'Ultime Alliance les Hommes du Roi ont dominé leurs politiques pendant tout le premier quart du Troisième Âge, jusqu’à ce que leur parti soit frappé au cœur par de sanglantes guerres civiles. Il était devenu de plus en plus difficile pour les lignées Adûnaî diminuées de maintenir l’équilibre des pouvoirs traditionnels, quand une classe moyenne en pleine expansion de citoyens au sang-mêlé demi-Numenorréens et de riches hommes locaux leur faisait obstacle.

Des révolutions sociales ont fini par ruiner toutes les anciennes colonies Numenorréennes de la Baie de Belfalas jusqu’à la Baie de Tûlwang, ouvrant la voie à des concepts politiques novateurs. Ainsi, au Bellakar une de ces familles au sang-mêlé, les Tumakvêh, se servirent de la notoriété qu’ils avaient acquis lors des grandes guerres de la fin du Deuxième Âge pour créer un modèle monarchique, et en l'an 340 du Troisième Âge placèrent la première Couronne du Bellakar sur la tête de l’un d’entre eux, Zimrêbal Main de Fer.
Cet arrangement était perçu comme bénéficiant à tous, car étant demi-Numenorréen le Roi Zimrêbal avait été capable de satisfaire les demandes des Adûnaî de plus en plus ostracisés, tout en restant proche du peuple et de la majorité des grandes maisons, qui étaient toutes devenues sang-mêlées après mille ans de colonisation Dunedain. La lignée des Tumakvêh était ainsi devenue comparable aux héritiers d'Elendil au Nord, jouissant d'un prestige sans égal et de l'amour inconditionnel du peuple Bellakaraîm.

Mais certains clans indigènes du Bellakar avaient toujours refusé la proximité des Numenorréens, qu’ils voyaient comme des envahisseurs, et s’étaient réfugiés dans des havres où ils vivaient entre eux, en autarcie. La ville de Tarkhesh, nichée sur le cap de la petite Baie des Coraux, au sud-ouest du Bellakar, abritait des Haradrim purs, où ne vivaient presque que des clans non-intégrés au reste du Royaume.
Contrairement à la Cour et au reste des citoyens Bellakaraîm, qui avaient adopté depuis longtemps une langue bâtarde mélangée de l’Adûnaîque et de langues locales, ces clans « Bellarod » à la peau sombre ne parlaient que leurs propres dialectes.

Aujourd’hui cependant, deux individus vêtus de riches habits et à la peau claire comme le sable marchaient dans les rues nauséabondes de Tarkhesh, parlant une langue étrange du Nord, s’attirant des regards étonnés des indigènes. Tous deux portaient des masques ne laissant paraître que leurs yeux.

- Comment avez-vous obtenu du Roi Bellakaraîm qu’il vous donne ce titre de Baron ? demanda Zigûrun en plissant les yeux et en fronçant le nez avec dégoût face à la puanteur émanant de la rue qu’ils traversaient.
Tarkhesh n’avait pas été fondée par les colons Numenorréens, contrairement à la majorité des cités du Bellakar, et ne disposait pas des ingénieuses infrastructures apportées par les Hommes de l’Ouest, se distinguant clairement par l’absence d’un système d’égouts.

- Il y a de cela vingt-sept ans, j’ai tué de mes mains le précédent Baron ainsi que toute sa famille, répondit Lammen Gorthaur sur le ton de la conversation. Il ne venait de toute façon jamais à Erelond, et ne se servait de son titre que pour pouvoir se pavaner à la cour du Bellakar. C’était à mon avantage, car le père d’Îrpan y menait déjà des réunions d’hommes de pouvoir venus de toute la Terre du Milieu.

Zigûrun renifla avec amusement. Au cours des deux années qu’il avait passé à apprendre les arts anciens des Hommes du Roi, leurs techniques de combat, mais aussi la diplomatie et la politique auprès de son mentor, il en était venu à mépriser les hommes ordinaires de la Terre du Milieu. Aveugles, sans réflexion ni jugement, incapables de se projeter dans l’avenir, enchaînés au présent par leur suffisance, leur avarice et leur faiblesse.

- J’ai ensuite infiltré la cour du Roi Bêlzagar, et en dénonçant des « espions » du Sultan Haradrim de l’Est, j’ai gagné sa confiance. Je l’ai manipulé pendant six longues années, pendant lesquelles Îrpan et son père étaient les régents de l’île jusqu’à ce qu’il m’anoblisse et me nomme Baron de l’Île d’Erelond.
- N’auriez-vous pas pu demander davantage, maître ?
- Bien sûr que si ! répondit la Bouche en riant. En vérité Bêlzagar voulait me donner la grande citadelle de Nârik-Zadan, à la frontière des terres du Gondor.

Aujourd’hui ils s’entraînaient à passer inaperçus au milieu d'une foule, et s’étaient donnés un clair désavantage en tentant d’infiltrer une des plus pauvres cités du Royaume avec d’aussi riches vêtements. Mais ils se dirigeaient à présent vers le quartier des marchands, où de nombreux vendeurs d’étoffes rares tentaient d’escroquer des citoyens du Royaume de passage.
Une des grandes distinctions qui caractérisaient le système féodal du Bellakar, est que la citoyenneté Bellakaraîm était accordée aux seuls individus présentant au moins un héritage mixte, avec du sang Numenorréen en eux. Par conséquent les Haradrim Bellarod de Tarkhesh n’avaient pas de voix dans le Royaume, et se contentaient de vivre au jour le jour sous l’œil du Roi.

- Bêlzagar était encore plus facile à manipuler que je ne le pensais. Mais je voulais Erelond depuis le début. Nul ne prête plus la moindre attention à ce tas de cailloux au milieu de la Grande Mer. Pour tous les peuples – Gondoriens, Haradrim, Bellakaraîm – c’est une terre morte d’un autre âge, et personne ne voit d’intérêt à y mettre les pieds. Mais pour ceux à qui une partie de la vérité a été révélée, Erelond est le rendez-vous de nos serviteurs.

Zigûrun hochait la tête en écoutant attentivement la Bouche de Sauron parler. La voix de Lammen Gorthaur était comme une brise, se glissant doucement sur les épaules du jeune homme avant de filtrer jusqu’à lui, mais en même temps rocailleuse et perçante, comme un silex qu’on frottait contre une vitre.

- Ne l’oubliez pas, Zigûrun, poursuivit le Baron alors qu’ils passaient sur une arche qui surplombait la fosse du bazar de la ville. Ces hommes qui viennent jusqu’à nous chaque année nous doivent tout. Ils nous doivent leur influence, leur richesse, leur vie elle-même. Ils reviennent à l’Île à chaque mort de l’été parce que nous l’avons exigé.
- Nous modelons cette terre selon notre volonté, et sauvons les Hommes de la nuit éternelle, paraphrasa Zigûrun en récitant de mémoire les écrits d’Ar-Pharazôn. En compensation, les Hommes de la Terre du Milieu nous honorent en nous servant.
- En instillant doucement les graines du chaos partout en Terre du Milieu, ils accomplissent notre volonté. Car la pourriture des Dunedain du Nord ne peut pas être simplement guérie. Elle doit être réduite en cendres par un feu purificateur. Le Gondor doit être détruit pour que nous puissions le reconstruire à notre image. Voilà pourquoi ces agents du chaos nous servent. Ils sont notre main de l’ombre, et en nous aidant, ils sont sans le savoir des Régaliens eux aussi.

- Même ceux qui se croient capables de rivaliser avec nous ? demanda le jeune homme.
- Vous pensez à Ivic de Tûlwang, répondit le Baron en souriant.
- Le Conseil des Cités Libres pourrait devenir suffisamment gênant pour ralentir vos projets. Il sera peut-être nécessaire de l’apaiser.
- Non, Zigûrun. Il faut lui faire comprendre qu’il est remplaçable. Qu’à tous moments nous pouvons placer un autre que lui sur son petit trône.

Le prince déchu sourit à son tour. Pouvoir décider du destin de gouvernements entiers était l’une des choses les plus enivrantes qu’il ait imaginé. L’adrénaline qu’il ressentait lorsqu’il dirigeait les voleurs de Pelargir pendant son adolescence n’était rien à côté de la sensation de puissance qui était la sienne depuis qu’il observait Lammen Gorthaur avancer les puissants de ce monde comme des pions sur un échiquier.
- Il est inconséquent de toutes les manières, maître. Avec ou sans son aide, le Gondor sera à nous.

Zigûrun était revenu au Gondor seulement trois fois depuis sa « mort », et chacune de ses visites avaient été clandestines. La première était à Pelargir, où il était revenu au contact des Orphelins d’Uinen, et les avait réorganisés. Le groupe de voleurs était devenu un réseau d’informateurs, qui informerait le jeune homme de tous les faits et gestes de la haute société non plus seulement à Pelargir, mais dans tout le Lebennin.
Les deux autres visites avaient été à la cité de Linhir, le domaine de feu Sorontir, où il avait révélé sa « survie » à l’ancien trésorier de son père. Celui-ci, d’abord estomaqué par la révélation, se faisait une joie de pouvoir annoncer à Minas Tirith que le fils de Sorontir avait survécu, mais « Araglas » l’avait convaincu de garder secret le fait qu’il vivait encore. Le jeune Régalien avait manipulé le vieil homme en lui expliquant qu’il était convaincu que quelqu’un avait volontairement incendié le navire de Sorontir, et qu’afin d’éviter d’autres atteintes à son existence, nul, pas même le trône du Gondor, ne devait être au courant de sa survie.
Ensuite de quoi il avait commencé à puiser dans les richesses de Sorontir pour ses propres buts. Sa dernière visite remontait à il y a sept mois, lors de laquelle il s’était entretenu avec le vieux trésorier et avait fait en sorte, grâce à des manœuvres d’embourbement juridiques, de verrouiller la fortune de son père adoptif (sa fortune à présent), pour qu’elle ne soit jamais reversée au Royaume malgré la mort de tous les prétendants à cette richesse. Il pouvait se servir de cette richesse pour construire son propre royaume sans que nul au Gondor ne s'en aperçoive.

- Quand le temps viendra, déclara Lammen Gorthaur en jetant un regard mauvais sur la ville haute qui s’étendait devant eux, tout sera à nous.