[???]

Sur le sommet d'une colline, la silhouette cachée par le Soleil, une ombre se leva juste derrière Cynthia. Il entama une course rapide et fulgurante à une vitesse proche de la lumière tant il était vif et imprévisible. Il enfila ses bras autour du cou de l'épée des MJ, s'élançant vers l'avant pour la faire chuter avec lui, enfonçant sa tête dans le sol. Il se releva ensuite, écartant les bras avec une prestance indéfini, plus grande que n'importe quel souverain, marquant le champ de bataille de sa prestance divine et affichant ses muscles soyeux et huilés. L'homme mystérieux qui ne portait qu'un slip en guide d'armure de combat s'éclipsa ensuite, courant vers le Soleil levant.

[Anri]

La chevalière haletait, émerveillée par sa propre attaque. Son regard se posa sur son épée, dont la lame était toujours radieuse. Elle avait pourfendu les ténèbres du champ de bataille en un instant, faisant honneur à sa légende et à celle de son ancien porteur.

- Je ferai perpétuer votre héritage... Sire Artorius.

Le visage déterminé, Anri entama la marche pour Tir Edessa, suivant Alric en brandissant Excalibur. Dans les rangs de soldats, elle était suivie par Siegfried, qui semblait indifférent vis-à-vis de l'issue de la bataille.

[Uriel]

Son offensive mise en déroute par l'Étranger, il replia ses ailes sur lui-même pour encaisser la vague de ténèbres, qu'il n'aurait pas le temps d'esquiver. La peau de ses ailes sombres se désagrégèrent, consumés par cette énergie noire qui l'avait propulsé plus loin dans la salle.

Il fut ensuite assailli par Estella, qui le déchiqueta de toute part, accompagné de son chevalier spirituel. Chaque coup d'épée laissait une empreinte sur son corps, qui se faisait tranché à chaque instant. Quasi mort, il était à peine capable de tenir debout, accablé à la fois par les lourdes blessures qu'il endurait et son affaiblissement causé par la lame maudite de Mankar, qui se rua sur lui pour lui porter le coup de grâce.

Arrivant tel un véritable missile, le Haut-Elfe lui infligea un ultime coup d'épée, traversant sa cage thoracique, et séparant son buste du reste de son corps. Avant de perdre connaissance, ses yeux se posèrent sur l'Étranger. Son regard trahissait une profonde incompréhension, qui laissait place à un immense questionnement.

- Le... pardon... ?

Son cadavre disparut, tombant depuis le trou qui avait été formé dans un des murs de la tour. Lorsque Mankar tendit la tête pour l'observer, Uriel était d'ores et déjà devenu imperceptible.

[Myriel]

Devenu une tornade ambulante, apportant le fer et les flammes dans son sillage, Myriel enchainait les parades et les bottes contre ses multiples adversaires, eux-mêmes ayant leurs lames enduites d'un feu sacré grâce à la bénédiction d'un ancien dieu elfique, invoqué par Ildarion.

L'ancien monde se dressait contre le nouvel ordre apporté par Myriel, et la rencontre de ces deux réalités inconciliables produisait une tempête de magie au sein-même de l'endroit le plus sacré de tout Thurinian.

Il déjouait tour à tour les assauts de Blade, du Stech, d'Ildarion et d'Octavia, le tout en maintenant un rythme effréné, donnant ses dernières forces dans la bataille. Au croisement d'une parade et d'une offensive, son regard se perdit sur Uriel, vaincu, son corps disparaissant dans une crevasse.

- C'en est fini de toi, prêtre. lui asséna Ildarion, alors que Mankar et le sabreur inconnu approchaient pour se joindre à leurs alliés.
- Fini ? Non, pauvres fous... Si je meurs en ce lieu, mon trépas précèdera une apocalypse sans précédent. Vos actions, quelles qu'elles soient... sont vouées à l'échec.

Et il repartit à l'attaque, peu lui importait le nombre en face de lui.

[Red Moon]

Profitant de leur victoire, les protagonistes reprirent le temps de respirer quelques instants. Desmond posa ses yeux sur le dragon doré, impressionné mais aussi fasciné. Revoir Alric avec une telle confiance lui fit esquisser un léger sourire.

"- Un dragon, hein ? Quel frimeur." Dit-il, s'essuyant la bouche.

Le kossith rangea son épée colossale sur son dos, croisant les bras. Il était couvert de marques et de blessures, bien que superficiels, tout comme Desmond. Izumi rappliqua pour prodiguer les soins à ses alliés, pendant que Héléna était assise au sol, exténuée. Elle prit même le temps de s'allumer une cigarette, appréciant une victoire bien méritée. Johan, de son côté, toisait des yeux le champ de bataille avec une once de honte. Tous ces combats l'accablaient, mais malgré les apparences, il était suffisamment mature pour comprendre les enjeux. Il s'approcha de sa coéquipière pour lui tendre la main et l'aider à se relever.

"- On s'en est bien sorti. Mais on aurait probablement pu éviter plus de mort si Viktor avait été avec nous." Fit le scientifique, regrettant d'avoir laissé derrière lui le divisionnaire.
"- Ne t'en fais pas. On retournera le chercher... A moins qu'il vienne à nous directement. Mais avant ça, on a une capitale à libérer et j'ai un bureau à ranger." Finit-elle, jetant sa cigarette, avant de suivre le groupe.

Ils étaient suivit de près par les hors-la-loi d'Avalon qui avaient été remit d'aplomb. Izumi bondit sur Arkhan pour s'assoir sur son épaule, lui permettant d'avoir une meilleure vue sur l'horizon, par dessus la tête des unités de soldats qui marchaient vers la ville.

"- J'espère qu'on arrive à temps... Cette obscurité qui recouvre la ville ne me dit rien qui vaille" Fit Izumi, regardant au loin.
"- Alors j'espère au moins qu'en nous attendant, ils nous ont fait chauffé le café." Conclu Desmond, esquissant un sourire.

[Estella]

Après avoir vaincu Uriel, la chevalière savait qu'il n'était pas encore le temps venu de se reposer. Elle rejoignit ses alliés pour les épauler dans le combat contre Myriel.

[Blade]

Du sang coulait depuis la mâchoire de Blade, mêlant le sien à celui de Myriel après qu'il ait planté ses crocs dans sa chair. La victoire était à porté de main. Uriel avait été vaincu, et il comptait bien faire subir le même sort au héraut de la Lune Noire.

Bondissant une ultime fois, il arriva au-dessus de Myriel, faisant abattre son espadon de tout son poids.

[Octavia]

- Pasharaa, meurs et débarrasse donc cet Empire de l'une de ses tumeurs interminables. Ebost asala, bas.

Intona-t-il d'une voix gelée, ses armes s'abattant avec une violence implacable en direction de Myriel. À ses côtés, l'épéiste anonyme s'était positionné dans une posture offensive, son épée ayant perdu tout éclat magique pour redevenir un morceau de métal banal - mais mortellement efficace.

- Les plans sont des choses fragiles, et la vie aime terrasser les prévisions.
Déclara-t-il tout en attaquant Myriel avec une lueur de défi dans ses yeux.

Octavia, elle, gardait le silence, une femme de peu de mots mais d'actions concrètes. Son esprit bouillonnait d'imagination cruelle, réfléchissant aux diverses manières dont elle pourrait réduire le héraut de la Lune Noire à un objet d'ornement, à accrocher à l'entrée d'un manoir ou à étendre comme un tapis. Sa hallebarde dansait dans l'air, chacun de ses coups tranchant l'espace avec une précision mortelle.

Plus loin, presque en marge du conflit, Circé paraissait épuisée, un écho lointain d'elle-même. Les voix inquiétantes de l'Abysse murmuraient à son oreille, des murmures vénéneux qui l'exhortaient à tuer tout le monde présent et à se délecter de leur sang. Pourtant, résistant à l'appel tentateur de la noirceur, elle lança un cri d'encouragement aux guerriers d'Avalon. Son visage était marqué par la fatigue, mais dans ses yeux brillait une lueur d'innocence.

[Myriel]

"RAAAAAAAAAAH !"

Criant une dernière fois, Myriel tenta d'envoyer son épée trancher Ildarion en deux, mais la lame de Blade s'enfonça dans son épaule, la disloquant totalement. L'épéiste sans nom lui perforait le torse. La hallebarde d'Octavia s'abattait impitoyablement. Les lames du Stech le tranchaient. Et l'épée d'Ildarion porta une estocade supplémentaire.

Poignardé de part et d'autre, Myriel était à genoux, contemplant ses multiples bourreaux. Il sourit alors, et un sang abondant et ocre coula depuis ses lèvres sur les dalles sacrées.

- Ah, chère Mère... Je vous vois... Je vous quitte quand vous revenez... Mais... Nous régnerons... Ensemble.

L'esprit de Myriel sembla hurler, assaillir les pensées de ses bourreaux. Ils furent momentanément transportés dans de vieux souvenirs.

L'enfant à la peau grise et émaciée, aux cornes de démon, rôdait dans les bas quartiers d'une ville obscure, cherchant à se nourrir. À sa vue, les villageois le pourchassaient, persuadés d'avoir affaire à une créature des abysses.

Assailli par des meutes de chiens, des hordes d'hommes armés, par tout ce qui respirait, le jeune Myriel gardait malgré tout espoir. Au milieu de ces ténèbres, du rejet et de la haine qu'il inspirait, une présence, lointaine, mais chaleureuse, le visitait chaque soir. Sa mère lui murmurait à l'oreille, lui promettant qu'elle serait bientôt de retour... Bientôt, il n'aurait plus à fuir. Les hommes trembleraient devant lui, se délecteraient de ses paroles. Les paroles de sa Mère, de la Lune Noire.

Assaillis par ces tristes visions, les membres d'Avalon revinrent à eux, contemplant le cadavre rabougri de Myriel. Son expression était figée dans un sourire insondable, alors que des flots de sang coulaient de ses multiples plaies. Ils avaient gagné. L'emprise du Héraut avait disparu, les clameurs à l'extérieur se multipliant dans ce sens.

Puis une présence terrifiante, écrasante, divine sans équivoque, se manifesta, écrasant tout. Une ombre terrifiante apparut, à l'embrasure de la Tour. Elle était là. Voilée de ténèbres, magnifique de gloire et de majesté, exerçant une pression terrible. Istar, la Reine Céleste.

[Octavia]

Des gouttelettes de sueur festonnaient le front d'Octavia, chaque perle une miniature miroitante de son inquiétude intérieure. Bien que son visage soit une parure de stoïcisme, un tumulte d'émotions y faisait naufrage. La silhouette qui se tenait devant elle n'évoquait pas seulement les statues des Cités Perdues; elle était une réplique vivante, une divinité en chair et en os. Elle ne ressemblait pas aux flammes éphémères invoquées par Miyu, ni même à l'influence nébuleuse de la Peste qu'elle avait déjà sentie. Non, c'était une authentique déesse.

Un sourire fugace vint orner ses lèvres lorsqu'elle se prit à imaginer la réaction de Soma. Quelque chose dans l'idée de "Putain, quelle bonnasse la Déesse de la Lune Noire". Mais ce sourire s'évapora presque instantanément, car la Faucheuse elle-même semblait poser sur elle son regard glacé.

- Aah... Et puis merde. J'ai fait face à l'Adversaire dans l'Abysse.

Lâcha Octavia, avançant lentement, sa hallebarde brandie, indifférente au prix que serait le sien, en vie ou en mort.
Le Stech, lui, cachait sa surprise, ne crachant que ces mots :

- Par les doigts de pieds d'Aenelion. Meravaas, si Koslun l'a voulu ainsi.

Il demeura inflexible, résolu face à l'inconnu qui les attendait tous.
L'épéiste sans nom, lui, se rangea alors aux côtés d'Octavia.

- C'est elle, Istar, la Reine Céleste, divinité oubliée de la Lune Noire. La voici qui foule le sol de notre monde.

Annonça-t-il d'une voix froide et posée. Nulle surprise dans son timbre, comme si, en un seul regard, il avait reconnu la divinité incarnée.

[Unzan]

Le moine sarjuk fut extirpé de son profond sommeil lorsqu'il sentit une présence exceptionnelle engloutir l'espace, écarquillant les yeux. Gisant au sol près d'un pilier, il se redressa tout doucement avant de se mettre debout, tenant son flanc droit étant donné que ses côtes avaient été fracturées dû à la riposte de l'ange de la mort Uriel.

Il releva la tête et fut soudainement captivé parce celle qui se présentait devant ses yeux, le temps semblait s'être figé alors qu'il observait attentivement la Déesse lunaire. En dépit de son apparence démoniaque, elle possédait une beauté surnaturelle comme nullement aperçue ailleurs.
Presque instinctivement, le félin ploya un genou au sol, son esprit était vidé de toutes pensées, son coeur chantait l'amour pour la Mère et son âme était entièrement conquise. Il avait inconsciemment cédé à son écrasant charme.
Sans dire un mot, il baissa la tête et puis tendit sa main en avant pour recevoir la grâce éternelle mais également pour prêter allégeance. L'anneau d'Avalon enfilé à son doigt, légué par le Prince Rianon, se brisa en morceaux, signe que son cœur était désormais corrompu, déchu de son titre de héros.

- Ô Mère de tout, je vous dédie ma vie.

Lorsqu'il releva la tête, ses iris luisaient désormais d'une énergie rougeâtre maléfique, colorés d'un jaune intense, et son pelage blanc et pur se teint d'un gris foncé alors que ses cornes autrefois coupées, poussèrent à nouveau, déchirant sa capuche.

[Blade]

Alors qu'il pensait enfin avoir obtenu la victoire, ce sentiment disparut vite pour laisser place à une terreur profonde. Un genou à terre, il lâcha son épée, épuisé. Cette sensation, cette aura ténébreuse que dégageait la divinité... dans un sens, elle était aussi envahissante que celle de Vehk, à leur rencontre au donjon d'Astora. Deux êtres qui avaient atteint le sommet, mais qui étaient pourtant en totale opposition.

En voyant Unzan se soumettre à la déesse de la Lune Noire, Blade resta abasourdi un instant, avant de serrer les dents avec une rage animale apparente.

- Petit fils de pute, après que nous ayons vaincu et combattu ensemble, tu nous tournes le dos aussi facilement ?! La vue de cette poufiasse céleste te suffit à nous trahir ?! Espèce de misérable...

Il voulut se relever et empoigner son arme pour l'attaquer, mais s'écroula à la place, trop marqué et vidé par l'affrontement contre Myriel.

- Unzan... tu le regretteras...

[Ildarion]

Le prince elfe resta coi devant l'apparition, sublime et terrifiante, de la déesse de la Lune Noire. Croisant le regard froid de la divinité, il lutta de toutes ses forces pour rester inflexible devant elle. Cependant, un autre avait cédé avant lui : le Sarjuk, Unzan, tout juste remis du combat, lui offrait son allégeance, devant un groupe de témoins stupéfaits.

- Saloperie de matou... Par Ghoul, qu'est-ce qu'on va faire... murmurait tout bas Mankar, lui-même déboussolé.

Istar posa alors son regard sur le Sarjuk, et sans rien dire, tendit sa main pour le bénir, regénérant ses cornes et le métamorphosant d'un simple toucher. Puis elle fit un pas en avant, et en un clignement d'oeil, elle était arrivée au milieu d'eux, les repoussant tous de sa simple aura divine.

Elle contemplait le corps tout flétri de Myriel avec une émotion non contenue, se désolant avec sincérité de son sort.

- Mon tendre enfant... Tu as tant souffert pour notre cause, et ta dévotion a été absolue jusqu'à la fin... Sois en paix, Myriel. Je suis là.

Elle se tournait à présent vers les membres d'Avalon, les dévisageant avec une colère froide, qui congela le sang de Mankar et d'Ildarion.

- Avalon... Vous vivrez chaque nuit dans la crainte, désormais. La Lune s'élèvera sous vos yeux impuissants, mes légions anéantiront vos foyers, et à chaque pas que vous ferez... Vous sentirez mon souffle contre votre nuque, prêt à vous pousser dans l'Abysse. C'est une promesse que je vous fais là, nous nous reverrons.

Un rugissement retentit soudain de l'extérieur, celui du triomphant Alcanor, arrivant avec Alric. Le prince arriva devant l'embrasure de la porte, contemplant la scène d'un air médusé. Croisant le regard de la déesse, le prince retint son souffle.

Istar se fendit d'un sourire dominateur, avant de se téléporter à la hauteur d'Unzan.

- Un fils... pour un fils. Relève-toi, mon enfant, et suis-moi. Thurinian vivra dans la crainte du prochain assaut de la Lune Noire. Les protégés d'Aenelion finiront dans les oubliettes de l'Histoire à leur tour. Tremblez, mortels, et souvenez-vous. Vous n'êtes pas en sécurité. Vous ne le serez jamais.

Un portail s'ouvrit alors, et elle s'y engouffra en portant le corps de Myriel, avec Unzan à sa suite.

[Red Moon]

Marchant derrière le Prince, les membres du groupe d'anciens chasseurs de primes entrèrent dans la Tour Céleste pour constater de leurs yeux les dégâts causés par les combats, mais plus important encore... La seule chose que Desmond put percevoir était cette femme qui se volatilisa avec un Sarjuk à travers un portail dimensionnel. Il s'avança, posant son épée sur son épaule, l'air à la fois intrigué et inquiet.

"- On arrive un peu tard, non ?" Remarqua-t-il.

Il n'avait pas réussi à identifier la nature de l'étrange sorcière, mais elle dégageait une aura sombre qui éveillait son côté démoniaque en ébullition. Toisant des yeux les lieux, il pouvait reconnaître plusieurs visages d'Avalon, dont Blade, en passant par Octavia, puis...

"- Estella ?" Fit-il, surprit.

Son appel interpella la chevalière qui s'était retourné pour apercevoir les renforts arrivés, revenant triomphant de la bataille contre les armées de la Lune Noire. A son tour, elle haussa aussi les sourcils, surprise de revoir ses amis.

"- Desmond ?"

Son sourire se dessina et son visage s'ouvrit complètement en voyant l'épeiste, alors qu'elle s'avança auprès d'eux. Izumi sauta de l'épaule du kossith géant, enthousiaste de revoir cette jeune femme avec qui elle avait partagée un repas dans la forêt angélique.

"- Contente de te revoir ! Comment vas-tu ?!" Parla-t-elle, lui saisissant les bras.
"- J-je vais bien ! Je suis étonnée de vous revoir ici... Vous avez participé à la bataille ?" Questionna la chevalière, gênée par le tact de la renarde.
"- Oui, toi aussi... Alors tu as réussi à retrouver les autres membres d'Avalon." Fit le semi démon, regardant la bague autour de son cou qu'il lui avait donné.
"- Oui, c'est grâce à vous. Qu'en est-il de votre quête ? Avez vous réussi ?"

Le métis démon secoua la tête doucement, regardant Estella avec un regard grave et déçu.

"- Nous avons échoué à le vaincre... Malheureusement, nous risquons d'en subir les conséquences bientôt."
"- Que veux-tu dire ?" Demanda-t-elle, inquiète.
"- Nous aurons du temps pour nous préparer d'ici la ! Pour l'instant, ne nous préoccupons pas de ça. L'Empire doit d'abord se remettre de cette bataille et préparer la succession au trône." Dit la kitsune.
"- Tu as sûrement raison. Nous en reviendrons une fois là." Conclut Desmond.

La chevalière leva les yeux pour regarder la Main du Diable qui était taiseux, comme à son habitude.

"- Je suis contente de te revoir aussi, Arkhan." Fit-elle, avec une pointe d'humour.

Le kossith posa ses yeux luisant sur elle, se raclant la gorge avant de prendre la parole.

"- Vous êtes parvenu à reprendre la ville et la Tour Céleste en petit nombre... Je dois avouer que c'est plutôt impressionnant."
"- Un compliment d'Arkhan ? Tu ferais mieux de le capturer en haute définition dans ta mémoire, car ça arrive pas souvent." Répondit Desmond, lui faisant un clin d'oeil.
"- Peuh... !"

Ils prirent un petit temps pour se relaxer et profiter de la fin du combat qui avait été éprouvant des deux côtés. L'important dorénavant, était de se tourner vers le futur et de se préparer pour les évènements à venir.

[Narration]

La mort de Myriel avait brisé l'envoutement dont étaient victimes les habitants de Tir Edessa, bien que des milliers de sacrifices avaient déjà été accomplis.

Sortie de sa torpeur, la populace avait massacré les prêtres de la Lune Noire, ne comprenant que trop tard qu'ils étaient eux-mêmes sacrifiés par leur déesse, ayant sciemment choisi de les laisser sur place plutôt que de les emmener avec elle.

Alors que le chaos et la panique envahissaient la foule, l'armée impériale était intervenue pour disperser tout malentendu, ramenant l'ordre dans la cité, parfois au prix du sang versé.

Après cette folle journée, Alric et ses forces avaient pleinement investi la ville. L'immense majorité des forces loyalistes s'était rendue, et il avait promulgué une loi d'amnistie pour les prisonniers de guerre, y compris pour les grands seigneurs, à quelques exceptions.

L'heure de pourchasser les restes de Valengaard et des loyalistes sonnerait bientôt, mais Alric devait d'abord légitimer son pouvoir auprès de tout Thurinian. Pour cela, il avait rapidement fait appel aux prêtres d'Ethena, pour qu'ils organisent la cérémonie de son couronnement.

Le jour idoine, deux semaines après la prise de pouvoir, tout était en place. Alcanor survola la ville, déclenchant des scènes de liesse à sa vue. Car sa venue marquait également celle d'Alric, qui avait choisi d'apparaitre à ses sujets de cette façon symbolique et puissante.

https://www.youtube.com/watch?v=j34Xa6DGi4s

Alcanor atterrit fièrement au centre de la place servant d'esplanade à la Tour céleste. Ce qui était encore quelques jours plus tôt une scène de cauchemar et de sang, avait été nettoyé de fond en comble. Les habitants, pressés en masse autour de la place, étaient maintenus à distance par des rangées de gardes, laissant le centre de la place vide pour que le majestueux dragon puisse s'y poser.

Faisant fièrement miroiter ses écailles d'or, s'illuminant de plus belle sous le soleil, il poussa un cri fier, puissant, alors qu'Alric apparaissait, en tenue de sacre. Levant sa main, il s'arrêta quelques instants pour saluer la foule, avant de se retourner vers son destin.

L'intérieur de la Tour Céleste avait été aménagé, plusieurs rangées de bancs étant présentes afin que les personnages les plus importants de l'empire puissent assister à la cérémonie. Des nobles, prêtres, chevaliers, personnages importants venus d'Atalide, de Skaeling, de Faernion... Toutes les provinces de Thurinian étaient représentées dans cette formidable mosaïque, baignant sous la lumière du soleil transperçant les vitraux de la Tour.

Le silence s'empara de la grande salle lorsqu'Alric fit son entrée. Tous se levèrent et se tournèrent vers lui. Des regards respectueux, craintifs, dédaigneux, méfiants, joyeux... Les opinions étaient évidemment multiples à son sujet, lui qui sortait pour ainsi dire de nulle part.

Les bienveillants prêtres d'Ethena arrivèrent alors en rang, se courbant devant lui, avant de le guider vers l'autel. Sur son chemin, Alric laissa ses yeux se balader de visage en visage, apercevant les présences familières des membres d'Avalon à des rangs avancés. Il profitait en même temps de cette explosion de couleurs et de lumière, savourant ce dont il avait été privé de trop longues années.

Aux premiers rangs trônaient les Pairs, les seigneurs les plus importants de l'empire, chacun à la tête d'une province. Dû aux récents événements, nombre de ces Pairs avaient reçu cette distinction honorifique tout récemment. Les deux plus anciens étaient la reine Galatea, et le primarque Thucydias, représentant des Galatéens. Les seigneurs humains avaient tous été nommés à la pairie tout récemment, comme le seigneur Athaulf de Dolinberg, remplaçant le félon Siegmund Ermanner, recherché pour ses crimes, ou Julie d'Armagnac, à qui la Pairie de la Léonie royale échut.

Enfin, aux marches de l'autel, on pouvait admirer une poignée d'hommes et femmes, revêtant des armures d'apparat somptueuses, étincelantes et parsemées de motifs décoratifs et dorures en tout genres. Hjalmar, Blade, Estella, Octavia et Anri représentaient désormais la fine fleur de la chevalerie impériale, répondant désormais au nom prestigieux d'Ordre du Dragon d'or. Sur leur épaule, accrochant leurs capes pourpres, une épingle sculptée en forme de pie, animal des armoiries du regretté Comte de Lothian, rendait hommage à celui qu'ils considéreraient comme leur premier membre honorifique et fondateur : Hector.

Arrivant devant eux, Alric sourit nerveusement, avant de s'agenouiller. C'était le premier des trois rites de la cérémonie, le rite de l'adoubement rituel. En tant qu'empereur de Thurinian, Alric en devenait aussi le premier chevalier, de manière symbolique. Anri apposa la lame sainte d'Excalibur sur ses épaules, tandis qu'Octavia lui faisait réciter le serment de chevalier, et que Hjalmar lui apportait, dans un magnifique fourreau orné de joailleries, l'épée cérémonielle d'Uther Rianon.

Dégainant son épée, Alric la montra à l'assemblée, avant de s'entailler légèrement la paume comme le voulait la coutume, afin de s'assurer de son tranchant. Puis il avança au niveau de l'autel, pour performer le second acte rituel : le couronnement en lui-même.

La somptueuse couronne de Duncan le Grand, ornée de mille bijoux, était posée sur un linge écarlate, attendant d'être soulevée.

S'agenouillant une seconde fois devant les prêtres d'Ethena, Alric jura de faire régner la justice en Thurinian, et d'accomplir la volonté des dieux.

- Qu'Ethena m'apporte le discernement... Qu'Hélia m'enseigne la patience. Que Tyrnal me confère l'équité, que Serosh me donne la force. Que mon vénérable ancêtre Pendrag protège mon règne sous ses bienveillants auspices. Qu'Aenelion-Mandros fasse briller le soleil sur Thurinian, aujourd'hui et jusqu'à la fin du temps !

La couronne posée sur son front, Alric remarqua qu'elle était bien plus lourde qu'escompté. Peut-être était-ce dû à la masse de l'or plaqué, à moins qu'il ne ressente déjà le poids du pouvoir sur ses jeunes épaules. Il se leva, et toute l'assemblée s'agenouilla, tandis que le grand prêtre d'Ethena clamait haut et fort :

- Longue vie à Alric Rianon, premier du nom, Seigneur des Hommes, des Elfes et des Ataléens, protecteur de la Tour Céleste, lieutenant d'Aenelion/Mandros sur Eos, Roi des dragons, Empereur de Thurinian !
- Longue vie à Alric Rianon !!!

Tant de cris, d'acclamations, de bruits, de lumières, tous ces regards braqués sur lui eurent un effet d'abord euphorisant pour Alric, puis étourdissant. Alors qu'il avançait vers la sortie en saluant ses sujets, l'empereur se sentait mal à l'aise.

- Ne doute point, Alric... Nous avons de grands projets à accomplir... Ensemble, nous sauverons Thurinian.
- ... Dame Ethena ?
- Tu es sur la bonne voie.

Cette intervention divine le galvanisa soudainement. Oubliant ses doutes et ses peurs, Alric sortit devant le parvis de la Tour céleste, ceignant sa couronne à la vue du peuple. Il accomplissait ainsi le troisième et dernier rite : l'acclamation du peuple. Tir Edessa, devant ce spectacle d'une magnificence sans pareille, explosa en applaudissements, en cris. Des couronnes fleuries étaient jetées dans les airs, des feux d'artifice tirés depuis les collines en hauteur de la ville. Alcanor couvrit le vacarme de la foule en rugissant lui aussi, scellant la reconnaissance d'Alric comme un authentique Rianon.

En cette journée de fête, après des mois de troubles, le soleil rayonnait sur Tir Edessa. Rien ne semblait pouvoir l'obscurcir, rien ne semblait pouvoir arrêter l'ascension d'Alric. Sauf peut-être une chose. Un astre ténébreux, aussi radiant et vorace que le soleil d'Aenelion. La Lune Noire.

[Soma]

https://www.youtube.com/watch?v=S45wEsQCmXo&ab_channel=InonZur

Les choses avaient changé, dans l'Empire. Alric, le sauveur, mais potentiel tyran, avait fait ses preuves, et avec son retour était le retour d'Avalon. Nombreux des guerriers d'Avalon étaient entièrement à ses côtés.
Deux années passèrent, des années étranges, des années de changement, calmes. Nous n'avions pas eu de nouvelles de Yamato, avant la fin de ces deux années, nous ne savions même pas si Miyu était encore en vie. A son retour, elle était... Différente. Sa première arrivée en Thurinian était en tant que Samurai, mais sa seconde venue fut en tant que Seigneur. Elle avait monté dans les échelons de la noblesse de Yamato. Son corps, lui, affichait les marques de batailles sanglantes.
Elle n'arriva cependant pas seule cette fois, mais avec un autre seigneur, et une cohorte de Samurai, ainsi qu'un monstre. Même l'Empereur ne pouvait nier cela.

...Et après ces deux années, les Kossith n'étaient toujours pas partis. Ils insistaient sur le fait qu'ils "attendaient leurs navires", mais certains d'entre nous savaient la vérité.

[Miyu]

L'arrivée majestueuse du navire Yamato sur les côtes de Tir Edessa résonna en une cacophonie tonitruante. Un écho du passé retentit alors que des samurais foulaient de nouveau cette terre, rappelant un incident diplomatique qui avait fait couler l'encre et le sang il y a deux ans à peine. Mais cette fois, la transgressrice n'était pas seule, et plus de deux ans avaient passé depuis cet épisode.

La Daimyo du clan Ikeda, déléguée par l'ordre d'Oda Hidetada, avait franchi les mers jusqu'en Thurinian. La guerre appelait l'Emprise du Lion, et le moment était venu pour Julie d'Armagnac de déployer ses chevaliers courageux pour affronter l'armée du Dieu de la Guerre.

Lorsque Miyu posa pied à terre, elle n'était pas seule. À ses côtés se tenait un autre seigneur, le Dragon Borgne d'Oshu, Date Masamune, paré de son armure sombre et coiffé d'un croissant de lune.

Les suivant de près, une cohorte de samurais du clan Date portant des offrandes pour l'Empereur au Sang de Dragon. Mais parmi les étrangers, une figure intrigante capturait l'attention et suscitait des murmures d'horreur parmi les spectateurs. C'était Kinukohime, mi-femme mi-araignée, conseillère occulte du Sei-i Taishogun. Sa présence mystérieuse ne découlait pas d'un ordre du Shogun, mais plutôt d'une promesse personnelle faite par Ikeda : celle de parcourir le monde à ses côtés.

Malgré le spectacle qu'elle offrait, Kinukohime jouissait d'une immunité diplomatique, la protégeant des réactions hostiles. Son assurance était renforcée par l'arme qu'elle portait, un grand Nagamaki octroyé par Hidetada lui-même.

Miyu, en revanche, était vêtue de sa nouvelle armure étincelante, celle dans laquelle elle avait affronté Kenshin. Son bras de métal, malgré sa lourdeur, était désormais familier, une extension de son être qu'elle avait apprivoisée au fil du temps. Réapprendre à se battre avec un bras en moins avait été une épreuve, mais elle avait relevé le défi avec courage et détermination.
Les rues de la ville semblaient avoir changé depuis sa dernière visite. Un sourire éclaira son visage, un sourire teinté de nostalgie et de réconfort à l'idée de retrouver cet endroit qu'elle avait quitté pour la guerre.

- Je peine à voir ce que Thurinian a de si spécial. Hormis le fait qu'ils ne soient pas en guerre. Les humains ont l'air aussi faibles et mous ici qu'à Yamato.

- Ils ont de plus gros yeux.
Répondit Miyu à Kinuko.

- Youhou. Je dois avouer que l'architecture est agréable, cependant.

- Une concession de la part de Kinuko ? Il va neiger.
Répondit Masamune, moqueur.

- Je ne suis pas tant de mauvaise foi, humain.

Miyu cilla à cette déclaration mais se tint silencieuse, intérieurement amusée.
Pendant que la cohorte s'installait temporairement près du port, Miyu avait un endroit qui l'attendait, son manoir. Durant son absence, ses amis comme Soma Morosini, Octavia ou Circé avaient veillé sur sa demeure, y apportant leur présence et leur soin.

Ainsi, Miyu, accompagnée de Masamune et de la mystérieuse Kinukohime, se dirigea vers sa résidence. L'entrée, en contrebas, était ouverte, et deux voix familières emplirent l'air.
Soma Morosini était manifestement consterné, sa voix portant la marque de l'exaspération face à une innocence obstinée.

- ... Poupée, fais moi une faveur je t'en supplie, arrête de prendre des raccourcis par les allées sombres du quartier gris toute seule la nuit.

Et Circé, innocente... :

- Oh, mais il ne m'est jamais rien arrivé, Soma. Il n'y a aucun danger.

- Ouais je sais. Ce "rien" me coûte une fortune! Et puis...

Soma leva le regard, apercevant une figure inattendue. Son exclamation trahissait un mélange de surprise et de nostalgie.

- Par la sainte hémorroïde d'Aenelion...

Circé, prise à son tour par la surprise, tourna la tête et ses yeux s'illuminèrent d'une joie sincère, partagée avec Miyu.

- Oooh ! Miyu ! Tu es revenue ?!

- Je vous avais dit que je reviendrais.
Répondit Ikeda, joyeuse. Circé courut vers elle et lui sauta presque dessus pour la serrer dans ses bras. L'étreinte chaleureuse de Circé était pleine de joie, un symbole palpable de leur retrouvailles. Soma, quant à lui, observait Miyu avec une lueur mélancolique dans les yeux, ses pensées allant au-delà des apparences.

Le bras manquant de Miyu n'échappa pas à son regard attentif. Soma pouvait seulement imaginer les événements qui avaient secoué Yamato pendant son absence. L'air nostalgique du moment fut rompu par la voix de l'écrivain.
Circé, elle, riva ses yeux sur Kinukohime, la regardant avec curiosité et intérêt. Ce regard fut réciproqué, car la Yokai sentait une énergie intense, magique et chaotique chez l'Elfe.

- Est-ce la sorcière dont tu parlais tant, Miyu ?

- En effet, l'une des mages les plus extraordinaires que j'ai eu l'honneur de côtoyer.

- Une fois, elle m'a raconté une histoire vraiment salace...!

Appuya Circé, hochant la tête frénétiquement, ce qui gêna un peu Ikeda, mais cette dernière posa ses mains sur ses hanches.

- Alors, quoi de neuf ?

- Merde alors, Miyu. Tu ta ramènes après deux ans, comme une fleur avec un bras sorti du cul d'un titan et tu nous lâches un "quoi de neuf ?" comme si tu revenais d'une semaine dans des thermes.

Lâcha Soma, amusé.

- Allons, Soma, ça aurait pu être pire, j'aurais pu me ramener avec un gosse. Tu t'imaginerais être le parrain ?

- Au lieu de ça, tu te ramènes avec un monstre qui a des meules comparables à la Reine de la Lune Noire -et elle en a des énormes-.

Kinukohime plissa simplement les yeux, laissant le commentaire passer, bien que Circé derrière semblait acquiescer les dires de Soma comme s'il déclarait une vérité absolue.

- ... Mais plus sérieusement, si ça peut t'intéresser, je suis occupé d'essayer de retrouver la trace de mon frère. Ce connard de Roméo. Et la rouquine enquête aussi de son côté pour savoir qui l'a vendue à Eldwyn auparavant. Ton aide serait la bienvenue, mais je ne vais pas te forcer.

- J'ai pas mal de temps devant moi en Thurinian, je serai heureuse de vous aider, et ça permettrait à ces deux là de découvrir un peu l'Empire.

Répondit Miyu, pointant Masamune et Kinuko de sa main fonctionnelle.

[Miyu]

Voguant vers le Palais Impérial, en quête de retrouvailles avec Octavia, Miyu et ses compagnons en profitèrent pour échanger les histoires de leurs aventures durant cette période séparée. Ikeda avait été plongée dans des batailles retentissantes durant la guerre en Yamato, les échos de ses rugissements résonnant encore dans l'air.

Le palais se dressa devant eux, une majestueuse silhouette s'élevant dans le ciel. Alors que Miyu s'apprêtait à s'approcher, la personne qu'elle cherchait fit son apparition. Octavia Victoriae, brandissant une hallebarde avec une grâce impérieuse. Sa splendide armure dorée étincelait telle une aurore, tandis que ses cheveux roux retombaient en flammes sur ses épaules, sa cape pourpre héroïque flottant comme un étendard de bravoure. Son visage, toujours marqué par les stigmates de la Peste Écarlate, s'illumina à la vue de celle qui lui avait jadis sauvé la vie.

- Miyu... ?

Un sifflement d'admiration échappa à Ikeda, son regard fixé sur Octavia, un sourire aux lèvres. La guerrière avait changé, cela était indéniable.

- T'as pas chômé, Octavia.

Lança Miyu d'un ton taquin, amusement dans les yeux. Pendant ce temps, la créature yokai qui les accompagnait observait Octavia avec une curiosité étrange, percevant les énergies divines maladives qui la rongeaient.
Un sourire rare s'étira sur les lèvres d'Octavia, mêlant la surprise et la joie.

- Je vois que toi non plus. J'avais entendu parler d'une potentielle arrivée de Samurai ici, et je me doutais que tu en ferais partie. J'aurais aimé pouvoir vous accueillir dans de meilleures conditions, mais...

Commença Octavia, sans pour autant terminer sa phrase, c'est Soma qui la continua.

- Disons que les tensions sont en train de monter en ce moment. Les Kossith se plaignent de plus en plus, et ils n'ont pas l'intention de partir.

Octavia acquiesça.

- Voilà. De plus, un "bon ami" nous met pas mal de bâtons dans les roues. Eldwyn se faisait discret à son retour d'Havrempire, mais cette tumeur humaine semble parler de vive voix, maintenant. Vu les artefacts qu'il possède, ce type est un véritable danger, mais il a énormément de nobles dans la poche, ce qui le rend presque intouchable.

- Je pourrais aller lui couper la tête, si tu as besoin d'un service.
Répondit Ikeda, avec nonchalance.

- Je préférerai éviter de risquer un incident diplomatique. De plus, nous avons déjà essayé de le faire assassiner. Il a beau faire le minet, il est très dangereux. J'essaie aussi de le pister, de mon côté, car j'ai bien l'intention de le faire s'étouffer avec ses propres entrailles avec ce qu'il m'a fait, mais j'aimerai aussi savoir qui a envoyé mon groupe au casse-pipe avec lui.

Miyu passa sa main dans ses cheveux sous son casque, pensive.

- Tu penses que tu as été vendue ?

- Assurément. Les choses ont changé à mon retour à la surface. C'est une longue histoire, cependant, et je suis supposée aller parler avec le Stech. Nous pourrions nous retrouver après ça ?

- Bonne idée, oui. On t'attendra devant son quartier.

Répondit Miyu. Octavia la salua et s'en alla vers le port. Une fois partie, Soma siffla, et Masamune fit un commentaire sur son apparence.

- Elle est... Grande. Et jolie armure.

- Son armure représente certaines des divinités Thuriniennes. Le genre à faire baver Hidetada.

Expliqua Miyu. Elle échangea un regard avec Soma, ce dernier soupirant.

- Je préférerai me faire poignarder que d'aller voir le Stech. Ce type me fout toujours autant les jetons. Et il a les nerfs, en ce moment.

- C'est à dire ?

- Je suppose que tu verras en temps et en heure, si Octavia lui glisse que tu es revenue, je suis sûr qu'il voudra te voir. T'es l'une des seules personnes à lui avoir laissé une bonne impression. Toi, et le Molosse, Blade.

[Miyu]

Le soleil fléchissait à l'horizon, son éclat rougeoyant se noyant lentement dans la mer tandis que les ombres s'étiraient sur les rues pavées. Le quartier du port était le même que toujours, un dédale labyrinthique de ruelles enchevêtrées et d'échoppes à demi-effondrées. Ici, la misère ne prenait jamais congé, elle s'installait comme une vieille tapisserie poussiéreuse aux murs des maisons décrépies. Miyu se tenait là, aussi immobile qu'une statue de pierre au milieu d'une fontaine asséchée, devant l'enclave Kossith, cet étrange ghetto qui avait su résister au poids des années.
Circé, elle, s'était retirée, comme à son habitude lorsque le groupe s'approchait de cet endroit, elle avait une certaine crainte des Kossith.

Masamune, le guerrier d'exception, fixait les rues délabrées avec un mélange de surprise et de dégoût. Kinukohime, elle, souriait furtivement, comme si l'ombre et la décrépitude étaient des choses qui l'enchantent.
Miyu, comme une statue, attendait le retour d'Octavia, et lorsque les deux Kossith gardant la cour déplacèrent leurs lances, ce fut pour laisser passer la guerrière dorée.

https://www.youtube.com/watch?v=wttGNtDHLMQ&ab_channel=SurfieExtends

Son visage pestiféré était grave, elle fixait Miyu, prenant la parole.

- Il souhaite te voir.

Déclara t-elle, disparaissant à nouveau dans l'ombre de la cour. Miyu hocha la tête, et avec son groupe, suivit Octavia dans cette cour intérieure sordide, où trônait le Stech, tel un roi déchu dans son château ruiné.

Les yeux glacés du Stech se fixèrent sur Miyu.

- Seigneur Ikeda.

Prononça-t-il d'une voix profonde et impassible. Masamune, jamais en reste, chuchota à Miyu :

- Un ami à toi ?

- Ami de personne.

Répondit Miyu avec un grand sérieux.
Le Stech fit un signe de sa main immense, invitant Miyu à s'approcher.

- Lors de notre dernière rencontre, je ne connaissais pas votre nom. Je n'y voyais aucun intérêt. Durant ces deux années, vous avez changé votre fortune, en Yamato. Les Kossith, non. Je vous fais donc une courtoisie, Ikeda : Quelqu'un a volé ce qu'il pense être la recette pour le Nelaras, notre poudre explosive. Il serait avisé de votre part de retrouver ce voleur.

Miyu cligna des yeux, un peu décontenancé. Cette information, si précieuse et dangereuse, lui était offerte aussi facilement?

- Sauf votre respect, ça sonne comme un grand accomplissement.

- Ceci a été permis. La formule volée était un leurre. Du Qamek, un gaz toxique, non de la poudre explosive. En petite dose, il est dangereux pour vous, les humains. Mais en grande quantité, et dans les mains d'un nain assez insensé pour vouloir le commercialiser...
Expliqua le Stech, sa voix profonde résonnait dans le silence lourd qui avait enveloppé la cour. Il laissa sa phrase en suspens, les implications claires comme de l'eau de roche.

Soma, ses yeux s'élargissant comme des soucoupes, éclata.

- Ro... Roméo ?
Demanda Soma.

- Serait-il prudent, ou succomberait-il à l'avarice et essaierait d'en faire assez pour menacer un quartier entier ? Une courtoisie : vous voulez le traquer.

Reprit le Stech, une lueur de calcul froid dans son regard.
Miyu sentit une goutte de sueur glisser le long de sa tempe. Elle tourna son regard vers Soma, dont le visage était un masque d'anxiété et de questionnements moraux. Elle-même rêvait de voir le nain répondre de ses crimes, mais à quel prix ? Elle affronta à nouveau le Stech, la tension dans sa voix à peine contenue.

- A quel point ce poison est-il dangereux ?

- Il ne représente aucun danger pour les Kossith, mais pour les Humains et les Elfes, il est aussi dangereux que ceux qui l'inhalent.

- Et sans les charades ?
Intervint Soma, perplexe.

- Le gaz tue, mais d'abord, il retourne alliés contre les leurs dans une rage aveugle. En conséquence : Plus compétents sont ceux envoyés contre nous, plus ils deviennent dangereux pour leur propre camp.

Expliqua le Stech, son visage aussi impassible que la pierre.
Miyu posa une main sur son front, réajustant son cache-oeil.

- Et vous trouviez que c'était une bonne idée ?

S'exaspéra la Samurai.

- Ce n'est plus notre problème.

Miyu soupira, réajustant les doigts de son bras métallique.

- Il y a quelques années de cela, vous aviez déjà énormément de choses à dire à propos de votre haine contre cet Empire et sa capitale. Pourquoi me prévenir ?

- Je ne considère personne en Thurinian comme un allié, ni même comme un adversaire digne. Mais vous, Ikeda, vous avez montré de la compétence. Le jour viendra où le Triumvirat réclamera des comptes. En attendant, j'offre du respect à ceux qui le méritent.

Miyu acquiesça simplement, elle pouvait sentir que le Stech devait en avoir absolument marre de rester planter là, jusqu'à élaborer ce genre de stratégies.

- Et sinon, vous aviez juste laissé le leurre trainer là ?

- Nous n'avons pas rendu la tâche facile. Trois Kossith sont morts en défendant la formule. Assez pour lui donner de la valeur. Si la véritable formule était en danger, la Triandria demanderait que nous la défendions jusqu'au dernier d'entre nous.

- J'ai du mal à imaginer le nabot tuer des Kossith. Et puis, ça lui aura pris du temps, presque trois ans. Êtes vous sûr que c'était lui ?

- D'autres ont demandé à avoir le Nelaras, mais seul lui s'est menti à lui-même au-delà du "non". Trois années sont-elles si longues aux yeux d'un gnome amer ? Je ne saurais comprendre une telle faiblesse. Son crime semble évident, et s'attarder à trouver plus de preuves signifierait la mort de nombreuses personnes. Je n'attendrais pas, si j'étais vous.

- Merci de m'avoir confié ça. Je verrai ce que je peux faire.

- J'ai longtemps pensé que cette cité se détruirait elle-même, cela ne ferait qu'accélérer l'inévitable. Panahedan, Ikeda. J'espère que vous ne mourrez pas.

Finit-il. Miyu commença à se retirer, perplexe. Octavia malgré son silence, semblait alarmée, à la vue du danger qui régnait sous sa garde.

- Eh ben... Merde.
Cracha Soma.

[Siegfried]

https://www.youtube.com/watch?v=OSuMgId9204

Deux années s'étaient écoulées depuis le couronnement du nouvel empereur en Thurinian. Deux longues années durant lesquels la fourrure du lion de saphir avait été inondé de sang à travers de multiple bataille. A la recherche d'un plus grand pouvoir, il avait participé à de nombreux combats, reprenant ses activités de mercenaire. Pendant la reprise de son périple, il avait croisé le chemin d'une magicienne, qui était devenue sa nouvelle compagne de route. Nommée Artémis, elle semblait anormalement talentueuse pour son jeune âge, capable de prouesses inexplicables, comme si ses capacités prodigieuses cachaient une sombre origine.

Après un long trajet, le duo finit par arriver aux portes d'Edo, capitale de Yamato. C'était ici que les étoiles avaient guidé Siegfried, lisant dans les astres une fois la nuit tombée. Alors traversant les rues de la ville, le duo était loin de passer inaperçu. Qu'il s'agisse de leur tenues différant des styles vestimentaires de Yamato ou de l'aura impressionnante qu'ils dégageaient, c'était évident qu'ils attiraient les regards des citoyens.

Toutefois, Siegfried semblait s'en moquer. Marqué au fer rouge par la perte de ses compagnons il y a deux ans, seul son but et sa haine pour une certaine personne le faisait continuer à aller de l'avant.
Puisqu'il avait perdu un oeil lors de la bataille contre Caedwyn, il portait un cache-oeil le recouvrant, renforçant son air menaçant naturel. Les épais cernes dessinés en-dessous du second n'aidaient pas non plus, témoignant une fatigue évidente.

Tandis qu'il lâchait un regard indifférent, Artémis, elle, semblait émerveillée par ce qui l'entourait. Son regard oscillait entre les différentes maisons et bâtisses. Même les armes et armures dans l'échoppe d'un forgeron l'intriguèrent, elle qui n'était en temps normal jamais intéressée par cela.

- C'est comme me le disait mon professeur... Les artisans de Yamato font preuve d'un raffinement extrême à tous les niveaux, c'est impressionnant. Regarde, là-bas. Il y a une massue à pic. Si je ne me trompe pas, on appelle ça un Kanabo !
- Je n'en ai pas besoin, j'ai ce qu'il me faut.
- Ah oui ? Dommage, je t'aurais bien imaginé en utiliser un. Ce serait bien ton genre.

Le duo poursuivit son chemin jusqu'à arriver au palais où résidait le Shogun. Deux gardes à l'entrée s'avancèrent pour leur faire face. Immédiatement, Artémis prit la parole pour justifier leur droit de passage.

- Bonjour, messires Samurai. Je m'appelle Artémis, magicienne diplômée de l'académie de Bharatavarsa. Mon compagnon est un grand mercenaire de Thurinian, le "Lion de saphir". Vous en avez peut-être déjà entendu parlé. Pourriez-vous nous laisser rencontrer le Seigneur Hidetada ?

Les gardes firent un hochement de tête simultané, avant de se dégager pour les laisser passer.

- Entendu. Les visiteurs se font rares, en cette période. Allez-y.

La magicienne s'inclina légèrement pour les remercier, tandis que Siegfried s'avança simplement, sans la moindre réaction. Une fois un peu plus loin, il l'interpella, intrigué.

- Pas de sort pour les tromper, cette fois ?
- Hidetada adore la culture Thurinienne, dit-on. En particulier leurs guerriers, et tu entres dans les deux cases.
- On dirait bien que les rumeurs sont fondées. Les Samurai sont de fiers combattants à la détermination d'acier, et ils n'ont eu aucune réticence à nous laisser le rencontrer.

Ils se déplacèrent au sein du palais, dont la jeune fille admirait l'architecture, jusqu'à se trouver en face de la salle où se trouvait le Shogun. Sans hésitation, Siegfried poussa la porte, entrant en démontrant un respect peu prononcé, contrairement à sa partenaire de voyage.

[Oda Hidetada]

https://www.youtube.com/watch?v=7_FBaJJrKVQ&ab_channel=YamatoEnsemble-Topic

Les murs épais de la grande salle du Palais Impérial d'Edo étaient imprégnés des murmures des siècles, où chaque pierre et chaque motif sculpté racontaient des histoires de triomphes, de trahisons et de sacrifices. Au cœur de cette grandeur, le Shogun Oda Hidetada régnait en maître. Sous les dorures majestueuses du plafond, l'homme, bien qu'en chair et en os, sans pouvoirs surhumains ni magie, était celui menaçant les Dieux eux-mêmes. Sa tenue Thurinienne, riche en couleurs et en détails, témoignait de la richesse et du pouvoir qu'il souhaiterait pour Yamato et contrastait nettement avec l'austérité du décor.

A ses côtés, l'immense silhouette de Yasuke, un Samurai étranger venant du continent sud qui avait juré fidélité à Hidetada, se tenait droite comme une lance. Son opposé, Rinkah, une femme sauvage et fière, flanquait l'autre côté du Shogun, sa musculature tribale racontant des histoires d'honneur et de batailles.
Se tenant un peu à l'écart, mais toujours au centre de l'attention, était Honda Tadakatsu, l'un des généraux du Shijigokuo. Chaque pièce de son armure noire luisait, et son casque, orné d'une effrayante tête de démon, semblait presque vivant. Ses yeux, dégageaient une intensité qui aurait pu faire trembler n'importe quel adversaire, le regard vieux et avisé d'un maître des armes et de la guerre.
Il semblait que le Shogun était occupé de discuter avec son général, à ce moment même.

- Hah. Je serais heureux de disparaître de ce monde si un tel jour arrivait.

Déclara le Shogun d'une voix forte, mais non sans une pointe d'amusement.

- Et laisser notre cher Empereur se délecter de votre absence ?
Rétorqua le Daimyo en armure noire.

- J'ai peut-être parlé un peu trop vite. Oh.
Fit Hidetada, son regard se posant sur les deux arrivants dans la pièce. Ils n'étaient clairement pas de Yamato. A vrai dire, l'oeil avisé d'Hidetada reconnaissait la tenue du guerrier borgne. Ikeda était partie il y a peu, c'était bien trop tôt pour que cela soit l'un des Chevaliers du Lion, mais cet homme était clairement de Thurinian.

Honda Tadakatsu se tourna vers eux à son tour, remarquant le cache-oeil de l'homme.

- Vous attirez les borgnes.

- ... Il semblerait.
Répondit-il en se levant gracieusement de son trône. Ses pas étaient silencieux, mais chacun d'eux résonnait de puissance alors qu'il s'approchait des étrangers.

- Vous êtes bien loin de chez vous, quels sont vos noms ?
Demanda le Shogun avec un intérêt palpable. La stature du guerrier l'intéressait grandement, et puis... Il était bien à court de borgnes avec Miyu et Masamune absents.

[Siegfried]

Siegfried était resté silencieux, observant avec un intérêt certain le Shogun. Il pouvait le sentir, cet homme était... tout à fait ordinaire. Ce n'était ni un guerrier légendaire, ni un mage exceptionnel. Pourtant, Hidetada dégageait une aura étrange, particulièrement imposante. Siegfried prit quelques instants avant de le saisir parfaitement, mais lorsqu'il réalisa de quoi il s'agissait, il comprit ce qui avait rallié à lui les nombreux généraux et guerriers de renom à ses ordres.

Cet homme disposait d'un charisme incommensurable et inégalé.

C'est donc lui que Miyu Ikeda sert avec tant de respect. Intéressant.

Voyant que Siegfried dévisageait le seigneur de Yamato, la magicienne prit la parole en première, se présentant en effectuant une révérence. Celle-ci avait affiché un léger sourire à la vue du style vestimentaire du Shogun.

- Je me prénomme Artémis, magicienne de l'académie de Bharatavarsa. Votre ouverture d'esprit fait honneur à votre réputation, Votre Majesté.

Le regard du mercenaire se posa sur les gardes du corps du souverain. Lorsqu'il croisa Rinkah, Siegfried sentit la marque sur sa nuque luire discrètement, attirant son attention.
Il éleva ensuite la voix, se présentant à son tour, les bras croisés sous sa fourrure qui dissimulait l'arme se trouvant sur son dos.

- Siegfried, le "Lion de saphir", répondit-il avec simplicité.