- Je l’ai entendu pour la première fois il y a quelques instants.

Après cette déclaration, le froncement de sourcille renouvelée qu’elle avait arrachée a Darok valait dix.

- Enchantée néanmoins de vous rencontré, ajoute Revan d’un ton neutre.

- Vu votre âge, mon ancienneté est de toute évidence supérieure à la vôtre, avança Darok, le visage désormais austère. Il avait opté pour affirmer sa préséance. À présent, si vous voulez bien me montrer ma cabine, je suis sûr que j’ai pas mal de pain sur la planche. Organisez le plus tôt possible une réunion stratégique.

Il attendit en se renfrognant pour la troisième fois, tandis que, de son côté, Revan, convaincu que Darok n’avait pas l’habitude de répéter ses ordres, soutenait son regard sans trahir aucune émotion ni faire mine d’obtempérer.

- Qui donc êtes-vous, commandant ?

- C’est le commandant Revan, colonel Darok, répondit Zolt dont on voyait, à son maintien, qu’elle avait elle aussi pris note de la tension.

- Revan ? Apparenté au héros, j’imagine ? Le visage de Darok affichait à présent l’expression grondeuse d’un père admonestant un enfant désobéissant. Nous sommes tous, bien entendu, redevables à Revan de l’exemple qu’il nous a donné, mais ça ne veut pas dire pour autant…

- Non, le coupa Revan. Je crains que vous ne vous mépreniez.

Darok s’assombrit davantage. Il semblait se rembrunir fréquemment, du moins quand ça ne se passait pas exactement comme il le souhaitait, et il n’était pas habitué non plus à ce qu’on lui coupât la parole.

- Je ne suis pas “apparenté”. Je suis Revan.

Darok changea de figure ; son masque se figea, adoptant celui d’un camarade de combat imbu de son autorité, et son regard chercha celui de Zolt, qui hocha la tête.

- Le commandant Revan n’est pas mort il y a trois siècles, lui déclara-t-elle comme si elle récitait un rapport. Cette flotte a trouvé sa capsule de survie alors qu’elle s’apprêtait à flancher, et elle a réussi à le ranimer.

- Revan ? L’information devait avoir sérieusement ébranlé Darok, dont le visage soigneusement composé exprimait à présent la confusion la plus totale. Revan opina.

- Mon ancienneté, comme vous le voyez, est légèrement supérieure à la vôtre, reprit-il sèchement. Pratiquement de trois siècles. Je ne vous remercie pas moins de votre empressement à servir la flotte comme l’exige la République.

Formule convenue datant de son époque et qu’on employait habituellement pour confier à quelqu’un une mission peu plaisante, mais qui, aujourd’hui, s’agissant de rabrouer respectueusement Darok, semblait particulièrement appropriée.

- En ma qualité d’officier supérieur le plus ancien en grade, et auquel, en outre, l’amiral Olmek a confié le commandement de la flotte avant sa mort, je continuerai donc de l’assumer.

Revan n’en restait pas moins partiellement sidéré. Combien de fois avait-il souhaité remettre ce commandement à un tiers ? Mais pas à cet homme. Pas seulement parce que Darok avait tenté de défier son autorité, se persuada-t-il. Darok donnait l’impression de consacrer davantage de temps à faire mine d’agir qu’à agir en connaissance de cause. Il se rendit compte que Moxla le dévisageait, sans doute en se rappelant les nombreuses fois où il lui avait promis de transmettre dès qu’il le pourrait le commandement à un autre. Mais il savait aussi ce qu’elle pensait des « héros ». Elle n’attendait sûrement pas de lui qu’il plaçât le destin de la flotte entre les mains d’un individu tel que Darok.

En tout cas l’annonce de son identité semblait l’avoir déstabilisé. Revan montra Zolt.

- Voila le capitaine Zolt qui commande le Gardien.

Darok hocha brièvement la tête, tandis que son regard se braquait sur Zolt. Instantanément, comme s’il lui avait fallu se concentrer d’abord sur quelque chose, son expression s’altéra et le masque du chef et camarade de combat reprit le dessus.

- C’est toujours un plaisir de rencontrer un vaillant officier de la flotte. Vous commandez de toute évidence à un vaisseau impeccable, capitaine Zolt.

- Merci, colonel Darok. Dit-elle poliment.

- Voici le docteur Rayla Moxla, notre médecin et officier politique.

Cette fois, Darok se retourna pour donner acte d’une lente et courtoise inclinaison de la tête. Moxla lui rendit son signe de tête, le visage aussi impavide qu’officiel. À la lueur qui brillait dans son oeil, Revan vit qu’elle n’aimait pas du tout Darok et se demanda ce qu’elle savait de lui. Il se rendit brusquement compte que cet homme avait couvert une collègue de compliments, probablement hypocrites puisqu’il ne pouvait en aucune manière savoir Zolt vaillante ni son vaisseau impeccable, mais qu’il s’était en revanche comporté bien plus froidement envers un officier politique. Il traitait Moxla en rivale, comprit-il brusquement. Quelqu’un qu’il faudrait affronter plutôt qu’un subordonné admiratif.

Zolt, qui n’était pas idiote, l’avait manifestement constaté aussi. Revan ne manqua pas de remarquer qu’elle plissait légèrement les yeux, mimique indiquant qu’elle n’était pas franchement heureuse qu’on crût pouvoir la circonvenir par de viles flatteries. La réponse de Moxla à Darok, pour sa part, manquait remarquablement de chaleur.

- Votre réputation vous précède, colonel Darok.

Il se demandait encore ce que cela signifiait quand, du coin de l’oeil, il remarqua la présence d’autres prisonniers récemment libérés. Une onde parcourait lentement leurs petits groupes et ils se retournaient pour le dévisager avec la même expression d’espoir et d’émerveillement que le lieutenant Riva. S’efforçant de ne pas réagir négativement, Revan remarqua que le colonel Darok avait trouvé une nouvelle occasion de se renfrogner.

« Il n’aime pas les voir me regarder ainsi. Mais pas pour la raison qui turlupine Moxla. Non, si j’ai bien jaugé Darok, il est jaloux de moi. »

- Colonel Darok, lieutenant Riva, les interpella-t-il poliment. Je dois régler certaines questions. L’équipage du capitaine Zolt se chargera de pourvoir à vos besoins, j’en suis sûr.

- Certaines questions ? Dit Darok intrigué.

- Une réunion, intervint adroitement Moxla. Le commandant Revan et moi devons prendre congé. Au nom du gouvernement de la République, je vous souhaite à tous la bienvenue dans la flotte, poursuivit-elle d’une voix qui portait dans tout le compartiment.

Une ovation décousue monta des ex-prisonniers tandis qu’elle le précédait hors de la soute des navettes. Pendant qu’ils en sortaient, Revan crut sentir le regard de Darok lui transpercer les omoplates.

Hum, ça sent la testostérone...

Que c'est beau la politique quand c'est bien fait ^^

Trop intense...

Revan contemplait le vide en buvant une tasse de café, il se trouvait dans sa cabine avec le docteur Moxla, et cette dernière affichait un air encore plus sinistre.

- Cet homme est dangereux.

- Je croyais que c’était moi le danger, fit-il remarquer.

- Vous êtes dangereux parce que vous êtes intelligent. Le colonel Darok, lui, incarne un tout autre danger.

- Inutile de vous dire que je ne sais rien de lui. Essayez-vous de me faire comprendre qu’il est stupide ?

Moxla balaya l’hypothèse d’un geste.

- Non. Reus, cette autre épine dans votre flanc, l’est, lui. De fait, il est si franchement obtus que je m’étonne même de ne pas lui connaître un horizon plus borné. Mais le colonel Darok est assez intelligent à sa manière.

- Connaissiez vous Darok avant sa capture ?

- De réputation seulement, un officier aussi ambitieux que charismatique qui réussissait à faire passer des bains de sang pour d’authentiques victoires. Il lui arrivait aussi de déclarer que nous ne pourrions vaincre les
Sith qu’en renonçant à une démocratie prétendument inefficace au profit d’un gouvernement autocratique semblable au leur.

- Un soldat qui se mêle de politique ? fit remarqué Revan étonné, Un gouvernement autocratique dans lequel, j’imagine, le Colonel Darok jouerait un rôle prépondérant ? Pourquoi le gouvernement ne l’a-t-il pas saqué pour avoir tenu de tels propos ?

- La République, à l’époque, aspirait aussi désespérément qu’aujourd’hui à des héros, et le colonel Darok avait réussi à cultiver l’amitié d’assez nombreux sénateurs pour se gagner leur protection. Il jouissait aussi d’une très grande popularité. Vous l’avez vu tout à l’heure. Il pourrait charmer un serpent au point de l’inciter à se dépouiller de sa mue. Le conseil a craint un scandale public suite à son renvoi. Mais sa chance a fini par tourner et il s’est perdu dans l’espace avec un trop grand nombre de nos vaisseaux. Alors que la flotte pleurait sa perte pour des raisons que je n’ai toujours pas comprises, puisqu’il avait tué plus de soldats et de matelots de la République que les Sith eux-mêmes, le gouvernement ne s’en est pas affligé outre mesure, même s’il a publiquement exprimé son chagrin.

Revan but une autre gorgée de son café.
- Et maintenant il est de retour. Fit-il songeur. J’ai plus ou moins compris pourquoi la flotte l’appréciait tant. Il fait partie de ces gens qui peuvent vous planter un couteau dans le dos en vous laissant croire qu’ils vous font une faveur.

- J’ai dit qu’il était charismatique, non ?

- Trop pour la paix de mon esprit. Je regrette déjà de ne pas disposer d’une excuse pour le rendre aux Sith.

- Si jamais j’en trouve une, je vous en ferai part.

Elle observa le silence puis ajouta gravement.

- Darok fera tout pour vous contester le commandement de la flotte.

- J’ai une ancienneté d’au moins trois cent ans.

- Il l’a plutôt mal pris.

- Oui je l’ai remarqué, et pardonnez moi si j’en tire un certain plaisir.

- Mais il tentera de vous arracher le commandement de cette flotte en dépit du règlement, commandant. Si vous trouviez déjà dangereux Reus et ses alliés, ce danger s’est désormais démesurément accru.

- Parfois je me demande ce que Den aurait fait.

- Den ?

- Mon frère, un maître Jedi.

- Eh bien qu’aurait-il fait ?

- Pour être honnête je ne sais pas, il aurait sûrement posé la même question sur ce que j’aurais fais moi.

- Dans ce cas trouvez la réponse.

- Merci, docteur Moxla.

Après son départ, il consacra quelques instants à consulter les comptes rendus des combats livrés par le colonel Darok. En les repassant sur le simulateur, il constata que le jugement qu’elle avait porté sur lui était parfaitement exact. Les pertes consécutives à ses prétendues victoires étaient étourdissantes, et plus d’une de ses défaites étaient due à de grossières erreurs. Darok le Battant, hein ? Curieux que ce Battant ait survécu à autant de combats quand tant d’autres commandants de la République trouvaient la mort.

Le dossier contenait aussi des discours et des métrages d’actualités, montrant un Darok nettement plus jeune subjuguant les foules par sa rhétorique tonitruante, aux accents d’une absolue sincérité. Revan se surprit à se demander s’il ne l’aurait pas mal jugé, puis il prêta une plus grande attention à la teneur de ses exhortations. Il entendit exactement, révulsé, ce qu’en avait dit Moxla : Darok faisait porter la responsabilité du traité de Coruscant à la politique gouvernementale et menait ouvertement campagne pour le rôle de leader suprême.

« Pas étonnant que le docteur Moxla se soit si fort effarouchée quand j’ai endossé le commandement. Elle m’a pris pour un émule de Darok. »

Zolt ne connaissait Darok que de réputation. Elle avait paru assez excitée au début puis avait déchanté quand il avait entrepris de contester l’autorité de Revan. Sa loyauté envers lui semblait proprement indéfectible. Il se demanda comment le reste de la flotte accueillerait l’arrivée de Darok. Surtout s’ils en venaient à rivaliser ouvertement pour son commandement.

« Je ne tiens pas à rester coincé aux commandes, mais je ne peux pas non plus remettre ce commandement à un homme qui a les états de service de Darok. Il la mènerait à sa perte puis donnerait une conférence de presse pour se targuer d’une grande victoire. Et, s’il parvenait malgré tout à la ramener dans l’espace de la République, il représenterait pour son gouvernement la menace même que redoute Moxla. »

Oh, un accident est si vite arrivé... "oups, les fixations de ce conteneur étaient usées, dommage..."

tu le ferais tué toi ?

Ça dépend uniquement de lui.

S'il garde la mentalité qu'il avait avant, il est un grave danger pour tout le monde : ses camarades, la flotte, la République. Dans ce cas, la survie du plus grand nombre importe plus que la survie d'un seul individu.

S'il s'améliore, s'il reconnait ses erreurs et accepte de coopérer avec Revan dans l'intérêt de tous et non dans son propre intérêt, alors il peut survivre.

Tout dépend de ce que tu as prévu pour lui : sera-t-il un égocentrique narcissique ou bien simplement un homme ?

Très bonne suite mais bon je ne vais pas marqué sa après chaque publication donc j'attend un peu . Mais bon moi je vois déjà une alliance Reus et Darok qui se profile a l'horizon, si il doit s'en débarrasser il en profitera pour se débarrasser des 3 en même temps je pense.La suite^^

Pareil que mon VDD, Darok trouvera l'appui de Reus, Revan va prendre tarif mais je pense que l'élimination se profilera bien assez vite. Ou pas ^^ ! Tant que Sheva va bien, tout va bien !

Très bonne suite.
Sinon vous avez oubliez que Darok est quand même vu comme un héros donc si il meurt il devient un martyr et Reus pourrai utiliser ça à son avantage.

Justement Eralm ! Tout ne sera pas rose pour notre héros.

Mais après peut être que Darok a un destin différent de Reus vu que lui va normalement subir une relégation par Revan.

la suite est pour bientôt, pardon pour le retard mais le jeune n'aide pas a écrire lol. mais la suite vous plaira j'en suis sur

Normalement, le jeune est une période qui n'est pas seulement jeune alimentaire, mais aussi une période de réflexion et de remise en question.

Donc pas d'excuse !

...ok, je sors... et en courant... ^^

tu as parfaitement raison mon ami, et je t'en remercie,par ailler voila la suite, elle est courte mais la suite de cette suite sera plus longue.

Zolt était nerveuse, et comment ne le serait-elle pas ? Le commandant l’avait prié de passer chez lui, et elle ajusta son uniforme et regarda plusieurs fois son reflet dans le hublot, bon sang ! Elle avait le visage trop pale et il n’est pas question que Revan la regarde dans cet état. Elle ajusta sa coiffure puis hésita avant d’annoncer son arrivé par Com, retenant sa respiration elle se présenta par son grade et curieusement, la voix de Revan demeurait douce et sereine.

- Entrez capitaine Zolt.

Une fois a l’intérieur, elle le trouva debout entrain d’observer l’espace par le hublot, il lui montra un siège et attendit qu’elle prit place, dans une posture si rigide qu’elle donnait l’impression d’être au garde-à-vous.

- J’aimerais connaître votre opinion sincère sur le colonel Darok, Sheva.

Zolt hésita.

- Techniquement, le colonel Darok est mon supérieur par son grade.

- Oui, mais il ne commandera pas cette flotte.

Elle parut légèrement se détendre.

- Je l’ai d’abord connu de réputation, commandant, par les récits d’officiers plus anciens.

- J’ai cru comprendre qu’il était bien considéré.

- Oui, comme peut l’être un héros défunt. On voyait en lui un modèle, une source d’inspiration.

Zolt fit la grimace.

- Vous voulez que je vous parle franchement, commandant ? »

Revan opina.

- Si Lisa Hesse passait pour la déesse de la flotte, alors Darok le Battant passait pour une sorte de demi-dieu. Des officiers à qui j’ai parlé racontaient des histoires qui portaient aux nues sa combativité et son comportement en général.

- On voit toujours en lui un bon commandant ?

Zolt réfléchit quelques secondes.

- Si un autre que vous avait pris le commandement cette flotte, le colonel Darok aurait probablement fini par le remplacer.

- Qu’en diriez-vous ? Demande Revan amusé.

Elle fit la moue.

- À un moment donné… je me suis habituée à travailler avec un commandant en chef qui ne cherche pas à se concilier ma voix dans les réunions stratégiques, capitaine. Si vous vous rappelez, vous m’avez fait quelques éloges quand nous étions au hangar, et ils ont beaucoup compté à mes yeux parce que vous étiez effectivement en position de porter un jugement sur moi-même et sur mon vaisseau. Quand le colonel Darok, lui, m’a complimentée… je savais que ce n’était pas mérité. Le contraste sautait aux yeux : d’un côté un commandant qui respectait mon travail, de l’autre un ambitieux qui croyait pouvoir me manipuler par la flatterie.

- Avez-vous eu d’autres impressions ?

Elle hésita.

- Il a très belle prestance, commandant. Je trouvais l’amiral Olmek très bien, mais il était loin d’avoir autant de classe. Et j’ai eu le temps de m’entretenir brièvement avec le lieutenant Riva, à une ou deux reprises. Lui et les autres prisonniers libérés le croient profondément dévoué à la République. Dans ce camp de travail, il s’est échiné à remonter le moral de tout le monde en affirmant que la victoire de la République ne tarderait plus. Selon Riva, sans son exemple, de nombreux prisonniers auraient perdu tout espoir et se seraient laissés mourir.

« Tout serait beaucoup plus simple si Darok n’était soucieux que de sa propre gloriole. Mais c’est un chef qui sait inspirer ses hommes, et la République lui tient à coeur. Hélas, la conception qu’il se fait de son salut risque d’en faire une pâle copie de l’empire Sith. Puissent la force nous préserver de ceux qui, au nom de la défense des valeurs, seraient prêts à anéantir tout ce qui vaut la peine qu’on se batte pour elle. »

- C’est… c’est la flotte de la République.

- Exactement, je ne combattrais dans la mesure du possible que là que quand je l’aurais choisi.

- Vous êtes censément Revan !

- Je suis Revan, et je ne gaspillerais ni les vaisseaux, ni la vie des matelots de cette flotte.

Sur les traits de Darok, la stupeur céda la place à l’entêtement borné.

- Incroyable ! Quand les capitaines de vaisseau voteront…

- La stratégie de ma flotte n’est soumise à aucun scrutin, colonel.

Ce gars ne fait que foncer tête baissé sur un nid de Sarlacc, il utilise ses talents à se positionner sur l’échiquier politique de façon à contrôler l’issue de ces scrutins plutôt qu’à se mettre au service de la stratégie ou des tactiques militaires. Ses plus grandes victoires avaient sans doute été remportées lors de telles réunions stratégiques et non sur le champ de bataille.

- La tradition exige que la sagacité et l’expérience communes de tous les commandants de vaisseaux de la flotte jouent leur rôle dans les prises de décision concernant sa ligne d’action, fit remarquer Darok lentement, comme pour s’assurer que Revan comprendrait bien ses paroles.

- La tradition ! Il me semble en savoir un peu plus long que vous sur la manière dont se comportait cette flotte. Essayez déjà le règlement. L’ordre, la discipline et le commandement unique. Je suis le commandant en chef de cette flotte, colonel Darok. J’écoute les conseils et je reste ouvert aux suggestions, mais je déciderai seul de ce qu’elle fera ou ne fera pas.

- Vous devez témoigner aux commandants de cette flotte tout le respect qui leur est dû !

- Je respecte profondément les officiers qui servent sous mes ordres, ainsi que les traditions de la flotte. Je suis également contraint de remplir mes devoirs comme je les comprends, en fonction des règles et règlements de la flotte. J’ai pris la peine de vérifier et ils ne disent strictement rien de scrutins destinés à avaliser les décisions du commandement.

Darok affichait un orgueil têtu et refusait de céder. Il avait sans doute livré ses batailles de la même façon, se rendit compte Revan : en refusant d’admettre ou de s’avouer que tel ou tel assaut frontal ne pouvait qu’échouer. Assez curieusement, il avait l’air sincère ; il croyait réellement que c’était la meilleure façon de procéder.

- Il ne s’agit pas d’adhérer aveuglément à des règles qui, face à la menace que nous affrontons, pourraient fort bien être caduques, déclara Darok.

- Pour le meilleur et pour le pire je continue à respecter ces règles caduques, et j’insiste pour que la flotte s’y plie aussi.

Darok avait l’air partagé entre stupéfaction et fureur.

- J’ai entendu dire que vous aviez épargné des Sith prisonniers, mais je ne vous croyais pas à ce point laxiste.

- “Laxiste” ? Fit Revan amusé. Combattre des soldats ennemis ne me pose aucun problème de conscience. Si vous avez réellement eu vent de ce qu’il est advenu de la flottille Sith à Jaguada, vous devez vous en rendre compte. Quant à ces prisonniers, j’aurais cru que vos deux décennies d’emprisonnement vous auraient à tout le moins enseigné les vertus d’un traitement en accord avec les lois de la guerre. »

Il s’interrompit, sachant qu’il ne servirait à rien d’ergoter davantage avec Darok, mais pressentant que l’autre sauterait sur le premier signe de faiblesse qu’il percevrait.

- J’ai reçu une formation qui s’est perdue depuis, colonel Darok, sans que nul ne puisse en être tenu responsable. J’ai rapporté cet entraînement du passé avec moi, pour aider la flotte à mieux combattre. En même temps qu’un comportement et des attitudes qu’on pourrait juger archaïques aujourd’hui, mais auxquels je me fie. Je les crois capables de la renforcer.

Bon dieu, quel échange ! Ce Darok ne me plaît pas du tout !

Rian Darok n'est pas comme Reus, il vit dans ses illusions et se croit le sauveur de la république, comme quoi le danger ne vient pas seulement des Sith, la république aussi a ses démons a affronter, la suite de l'échange est pour bientôt

pardon pour le retard, mais la suite se fera aprés demain, c'est promis.

Darok se pencha plus près en affichant le sourire d’un frère d’armes et en brandissant un index péremptoire :

- Quand cette flotte retrouvera l’espace de la République, ses chefs seront en mesure de décider eux-mêmes de son avenir. Vous le savez. Nous jouirons d’une occasion historique d’orienter la poursuite de cette guerre et d’écrire la feuille de route de la République. Nous pourrions en profiter pour créer les conditions d’une victoire définitive. Vous aurez besoin à vos côtés de quelqu’un qui connaîtra le terrain. Qui vous aidera à contrer ces politiques qui ont fait tout leur possible pour la conduire à sa ruine et la mettre à la merci des Sith.

Revan se contenta de le regarder sans trahir ses sentiments.

« Avec moi ? Pourquoi suis-je persuadé que, dès que nous aurons rallié Coruscant, le colonel Darok enverra des dépêches à la presse, saluant le grand succès qu’il aura remporté en ramenant cette flotte indemne, et me décrivant au mieux comme une potiche ? »

- Vous êtes resté interné pendant deux décennies dans un camp de travail Sith, colonel. Votre “connaissance du terrain” personnelle est formidablement périmée.

Le sourire de Darok, maintenant plein d’assurance, était empreint de l’aplomb du conspirateur.

- J’ai des amis qui sauront me remettre au courant. Après tout, j’ai plusieurs décennies d’avance sur vous, pas vrai ?

- J’apprécie toujours les suggestions utiles. Néanmoins, mon rôle se limite à ramener cette flotte chez elle. Une fois là-bas, il se réduira à la remettre au gouvernement élu du sénat, sans considération de la sagesse de ses décisions ni de ce que j’en pense moi même. Si elles ne me reviennent pas, en toute conscience, il ne me restera plus qu’à donner ma démission.

- Le salut de la République prévaut sur les prérogatives des politiques, affirma péremptoirement Darok.

« Ce type est atteint du syndrome du messie. »

- Je ne m’occupe plus de politique, mon rôle comme je l’ai précisé, consiste à remettre cette flotte au gouvernement, rien de plus.

- Je vois, dit Darok froidement, Une hibernation prolongée peut affecter l’esprit. Fausser le jugement.

- Et le vôtre ne serait pas faussé ? S’enquit en souriant. N’avez-vous jamais fait d’erreurs, colonel Darok ? Jamais ?
Darok le fixa méchamment.

- Sans doute me suis-je parfois un peu trop fié à des subalternes, mais, personnellement, j’ai toujours réussi à éviter les erreurs grossières. Raison pour laquelle, d’ailleurs, je devrais commander cette flotte, tant et si bien que je vais m’efforcer d’en convaincre mes camarades.

- Colonel Darok !

Ce dernier fonça les sourcilles en regardant les yeux sombres de Revan, il arborait un air si sinistre que Darok en resta bouche bée.

- Vous savez ? Poursuit Revan d’une voix de ténor, l’espace que vous voyez dehors, les étoiles, les planètes, les nébuleuses, et même la position d’un soleil sur son écliptique. Tout ça ! N’est qu’un pâle exemple de ce je contrôle dans mon monde. J’ai une tache a accomplir, et je prends cela très au sérieux, et vous colonel ! Si jamais vous tentez de saper mon autorité ou de vous y opposer, je vous le ferai regretter.

Darok soutint encore son regard quelques secondes puis, pivotant sur un talon, s’apprêta à prendre congé.

- Colonel Darok !

L’homme se pétrifia, hésitant, intimidé par le ton de Revan.

- Vous pouvez disposer.

Revan ne voyait plus son visage, mais le cou de son collègue avait dangereusement viré au cramoisi. En se retirant, Revan poussa un soupir et regarda son chrono, une nouvelle réunion stratégique avec les autres capitaines de vaisseau, et elle risque d’être tendue

Nouvelle réunion à l’atmosphère tendue, car tous les commandants de vaisseau présents savaient que Revan comptait leur exposer sa ligne d’action. Bien entendu, hormis Revan lui-même, seule le capitaine Zolt était physiquement présente. L’absence du colonel Darok, elle, était une surprise relativement agréable, mais elle incita Revan à se demander ce qu’il mijotait. Darok n’avait pas l’air homme à renoncer facilement, et Revan aurait nettement préféré voir ses micmacs politiciens se dérouler sous ses yeux plutôt que dans l’obscurité et à son insu. Il balaya la table du regard, conscient qu’il allait essuyer un feu nourri et qu’il n’avait pas d’autre choix.

- Mesdames et messieurs, les Sith tissent un filet tout autour de nous. Les pièges que nous avons rencontrés dans ce système sont la preuve flagrante de leur aptitude à prévoir notre destination suivante avec assez de précision pour se préparer à nous recevoir. Comme vous le savez tous… (Ou comme vous devriez le savoir, songea-t-il à part soi) ils ont posté des unités légères à tous les points de saut de ce système. Quand l’image de notre irruption leur est parvenue, trois de ces vaisseaux ont effectué le saut. Ces routes permettent de gagner trois destinations différentes, et toutes seront désormais prévenues de notre probable arrivée imminente.

Il attendit les commentaires, mais il n’y en eut pas. Tous semblaient guetter sa proposition.

- J’ai examiné nos trois destinations possibles à partir de ces points de saut, ainsi que toutes les étoiles qu’ils nous permettraient d’atteindre ensuite, et il crève les yeux que les Sith seront en mesure de réduire progressivement nos choix jusqu’au moment où, quoi que nous fassions, ils pourront nous piéger avec des forces d’une grande supériorité numérique. Après avoir étudié la question, j’en suis venu à la conclusion qu’il existe peut-être une autre option, qui nous permettrait non seulement d’éviter ce piège mais encore de nous rapprocher de l’espace de la République.

De l’index, il traça une ligne à travers l’hologramme.

- Nous ramenons la flotte à notre point d’émergence. Non pas pour retourner à Ch’hodos mais pour sauter vers Malachor 5.

- Malachor 5 ? Éructa quelqu’un au bout de quelques secondes de silence. Qu’y a-t-il à Malachor 5 ?

- Rien. Pas même un nombre assez conséquent de cailloux pour avoir permis une colonisation très importante, et aujourd’hui complètement abandonnés. Explique Revan.

- Ce système nous rapproche de l’espace de la République certes. Dit le capitaine du Domination. Mais c’est un territoire Mandaloriens, et ces derniers sont alliés aux Sith. Nous fonçons tout droit vers le blocus.

- Un blocus ? S’enquit Revan intrigué.

- Les Mandaloriens ont placé un blocus le long de la Voie Hydienne, pour couper la République des mondes de la Bordure Extérieure qui fournissaient les matières premières dont dépendaient les Mondes du Noyau, ils compliquèrent grandement l'effort de guerre de la République et faillirent provoquer sa défaite. Explique le capitaine Dax.

- J’ai parcouru les archives, fit Revan en hochant la tête. Au cours de l'année que dura le blocus, la résistance des mondes de la Bordure Extérieure qui durait depuis plusieurs décennies commençait à faiblir tandis que la famine ravageait les bas quartiers de Coruscant, provoquant de violentes émeutes sur tout le monde-capitale.

Revan resta silencieux un moment puis regarda a nouveau les capitaines.

- Nous ne resteront pas longtemps a Malachor 5, delà nous sauterons directement sur Yavin 4.

- Yavin 4 ? Le capitaine Reus s’était finalement senti obligé de le défier de nouveau. Ça reviendrait à s’enfoncer encore plus profondément dans l’espace Sith.

- Exacte, fit Revan d’un ton paisible. Le tout est de contourner le blocus tout en évitant les Sith qui nous talonnent.

Cette fois tout le monde le regardait horrifiés, cette fois il aura du mal a les convaincre.