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Sujet : [Roman] Six semaines en Allemagne

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Oppan Oppan
MP
Niveau 9
30 mars 2014 à 13:45:02

Bon, j'ai surmonté mon aversion pour les récits se situant en Allemagne, voici mon commentaire !

Donc déjà :

- Globalement :

C'est bon. J'ai bien aimé, franchement. On voit que cette histoire, c'est du vécu. Le récit est bien mit en place, l'action aussi, j'aime bien l'ambiance, et surtout, on voit qu'il est sincère. Je veux dire, on voit bien que c'est du vécu, ça a une âme, mais... ( Oui je sais qu'il y a un dicton qui dit : "Avant le "mais", tout ce que tu dis n'a pas d'importance", mais là c'est faux ! )

- Les défauts :
Ce côté sincère est dégradé par ton style. Il est bon, certes, mais certaines phrases sont lourdes et manquent de rythme. Certaines sont presque Proustienne en fait, elles manquent de ponctuation ! Le remède magique à ça, c'est de relire ton texte en respectant parfaitement la ponctuation. Tu verras tout de suite là où le rythme est mauvais.

D'un autre côté, certains passages sont mal choisis/amenés. Par exemple :
a luminosité des écrans publicitaires se mit à attaquer mes yeux fatigués. Chaque son s’incrustait violemment dans mes tympans. Les publicités, elles, brillaient par leur non-sens. J’étais désormais avalé dans une spirale absurde et sans limites.

« Il m’arrive de me sentir mal, parfois. Mais ça, c’était avant que je m’habille en R-Style ! La marque des VRAIS gangsters. Tu veux péter la gueule à tout ton bahu ? R-Style ! Tu veux raper bien fringué ? R-Style ! Tu veux devenir le plus stylé ? Habits-toi chez R-Style !! R-Style : Just fuck it. » / « Putain ! Gustav ! Nos soirées ne sont pas assez cool, que peut-on faire ? REDBOULE ! La boisson qui va te faire grave kiffer ! REDBOULE ! Mélange-là à tes alcools préférés. REDBOULE : Devient le PIMP de toutes tes soirées. » / « Olala Emilie, j’ai des problèmes. - Mais que se passe-t-il Natacha ? Mon string me fait mal ! – Ah ça ! C’est parce que tu n’as pas essayé le nouveau string WHORE. Grâce à sa nouvelle matière révolutionnaire, la ficelle se glisse tendrement dans ton cul et te donne le sentiment d’être fraîche toute la journée ! Oh mais c’est génial Emilie, merci !! - WHORE, achète-le tout simplement. »

Les publicités se mirent à défiler plus vite et de plus en plus forts. Les sons et images s’enchaînaient à vitesse exponentielle, à tel point que je ne comprenais plus que de simples bribes.

« Achète » / « Devient » / « Suit » / « Obéis » / « Détruit » / « Oublie » /....... "

Je trouve ce passage vraiment too-much. Je veux dire, la société de consommation, tout le monde connait, la manipulation par la pub, tout le monde connait. Si tu veux critiqué quelque chose comme ça, fait le de manière plus subtile, moins directe.

Chose qui m'a gêné aussi, c'est les mots en majuscules dans les dialogues, pour exprimer une voix forte/étonnement/indignation. A partir du moment où il y a un "!", on comprend que celui qui parle s'exclame/crie etc... Les majuscules, c'est un peu too-much encore une fois.

En conclusion, j'aime bien, c'est du bon boulot ! J'attends le chapitre suivant :ok:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
30 mars 2014 à 17:25:50

Ce passage est volontairement caricatural en fait, mais si tu ne l'as pas compris c'est que je l'ai mal amené. Je retiens donc que je dois faire passer plus en finesse certaines choses et moins faire dans le coup de poing. C'est noté !

Merci beaucoup pour ton commentaire Oppan. :)

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
10 avril 2014 à 22:32:55

Je me permets un petit up :-)

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
16 avril 2014 à 21:39:32

Chapitre 3 : 10%. :hap:

Pseudo supprimé
Niveau 26
24 avril 2014 à 18:22:40

Yo'.

J'ai relu toute l'histoire pour être sûr de tout comprendre (ouais, bon, deux chapitres). Toujours le même commentaire : j'aime bien.

Cependant, dans le deuxième chapitre (ayant déjà fait des remarques sur le premier), je relève deux soucis non pas dans le fond mais dans la forme du texte. J'adore l'histoire, donc je ne dirais rien sur celle là, mais :

"Invraisemblablement, nous nous retrouvions piégés dans la sobriété d’une simple pièce. Je ne comprendrais rien."

:d) ...du conditionnel ? J'aurais mis de l'imparfait, perso ! ^^

et

"Sur les murs, apparurent, soudainement, des écrans de télévision allumés ainsi que de grands haut-parleurs sur les côtés."

:d) Oh mon dieu que cette phrase est difficile à lire. On ressent un malaise à cause des virgules qui n'ont rien à faire là. Enfin, je ressens, je sais pas pour les autres.
"Sur les murs apparurent soudainement [...]" etc et sans virgule, ça passage.
C'est vrai que dans mon premier comm' je disais qu'il fallait parfois rajouter des virgules, autant là il faut en retirer. :rire:

Sinon j'ai beaucoup aimé la fin. En même temps j'aime bien les petits sauts de ligne avec des phrases super énigmatiques et sw4g telles que "Si j'avais su...". C'est con mais ça me fait kiffer ma maman si je peux me permettre l'expression.

Je ne reviendrai pas sur tout ce qu'a dit Oppy' et les autres, j'acquiesce assez vivement dans leur commentaire. Surtout de lui de Martynounet; tu as ta patte mais tu t'en détournes parfois, c'est assez dommage au final. Parce qu'honnêtement j'aime beaucoup ton texte.

"Chapitre 3 : 10%."

Un chapitre tous les deux mois ? :tousse: :hap:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
24 avril 2014 à 20:33:42

Oh mon dieu, c'est quoi cette faute horrible ! Effectivement tu as raison, c'est "je ne COMPRENAIS rien" et pas "comprendrais". Alors là j'ai vraiment honte. :honte:

Je vais faire un effort sur les virgules. :hap:

Merci de ton commentaire c'est vraiment cool ! :-)

Sinon, au sujet des chapitres tous les deux mois, la raison est assez claire, en fait c'est

Pseudo supprimé
Niveau 26
24 avril 2014 à 21:44:33

Yep, je comprends cette raison. Ca m'arrive souvent. :hap: :noel:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
25 avril 2014 à 18:16:45

Ah toi aussi ? :noel:

Ces remarques sont pratiques, je vais pouvoir remanier certains passages.

Mais si ça peut rassurer, le chapitre 3 avance plus vite que le chapitre 2 au même stade. :hap:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
24 juin 2014 à 21:18:14

Saluuuuuuuuuuuuuuuuut !! :p)

Je passe en coup de vent pour annoncer que le chapitre 3 de Six semaines en Allemagne est terminé. Il sortira le... :

:d) Lundi 30 juin 2014, à 12h00 (midi).

Hâte d'avoir vos retours !

See ya' ! :ange:

Gimly- Gimly-
MP
Niveau 7
25 juin 2014 à 17:22:12

Oh, Oppan qui devient gentil...ça fait plaisir.

Pour ce qui est de ton texte je le lirais après et je mettrais pt-être un coms si je suis inspirée.

Gimly- Gimly-
MP
Niveau 7
25 juin 2014 à 17:32:01

"- Et depuis tout le monde m’appelle Jules au lieu de Julia ! "

Oh putain j'aurais pas aimé.

Oppan Oppan
MP
Niveau 9
25 juin 2014 à 17:43:58

Vu mon post, t'as deux mois de retards :-)))

Gimly- Gimly-
MP
Niveau 7
25 juin 2014 à 18:08:21

Ah alors c'était avant que tu deviennes méchant. :rire:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
26 juin 2014 à 07:14:54

Cool, merci Gimly. :)

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
30 juin 2014 à 12:01:49

Six semaines en Allemagne
_____

Chapitre 1 :

https://www.jeuxvideo.com/forums/1-58-221418-1-0-1-0-histoire-six-semaines-en-allemagne.htm#message_221419

Chapitre 2 :

https://www.jeuxvideo.com/forums/1-58-221418-1-0-1-0-histoire-six-semaines-en-allemagne.htm#message_254382
_____

:d) Chapitre 3 : Il faut de tour pour faire un... (1/2) :g)

Les portes automatiques du bus s’ouvraient, accompagnés de leur bruit métallique de routine. En montant, je traversais son unique couloir, essayant de trouver de quoi tenir debout dans la jungle humaine. Les usagers s’encombraient dans ces véhicules surpeuplés tous les matins. Comme à chaque fois, je me perdais dans un flot de questions ; Pourquoi les cours commençaient si tôt ? De qui venaient ces odeurs de sueur ? N’avait-il pas de douches chez lui !? Ces questions me tourmentaient tellement, que je n’anticipai pas la suite des événements. Ejecté de mes plaintes intérieures, je sentis mon corps s’aplatir violemment contre la vitre du bus, sous une pluie de rires satisfaits.

Dans la douleur, je finis par chuter sur le sol. Afin de reconnaître mes agresseurs, je tournais légèrement la tête ; « Oh non ! Pas encore eux… », Chuchotais-je discrètement. Ils étaient là chaque matin, noyés dans des pantalons bien trop larges, des pulls sales, des casquettes de travers et le crâne rasé. Leurs portables crachaient de la musique agressive dont l’éventail de mots s’étendaient de « pute » à « nique ce pays ». Toujours en bande, ils se tenaient au milieu du bus, prêt à agir sur n’importe qui. Il y avait deux méthodes pour qu’ils vous laissent tranquille : subir ou rejoindre leur clan. Personnellement, je n’étais pas fan des casquettes. Je ne voulais pas me rasé la tête et je n’étais pas assez amoureux de mon pays pour vouloir le « baiser ».

Je ne savais pas si ma ville était particulière pour ça, mais ici, le statut se corrélait avec vos habits. Vous étiez ce que vous portiez. Les jeunes qui voulaient coucher avec leur pays, par exemple, étaient les chiens de garde de l’école. C’était eux qui imposaient leurs lois. Il ne fallait pas les regarder dans les yeux, au risque de se voir lancer un terrible « Qu’est-ce qu’t’u regarde bouffons !!? » à la figure. Dans l’optique d’éviter de me retrouver éclaffer sur une autre vitre, je préférais me relever et avancer vers l’avant du véhicule.

— Hey Florian ! Par ici !
— Ils t’ont fait mal !?
— Sûrement !

Ils étaient là, tous les trois, à me regarder bêtement. « Ma bande ». Des amis d’enfance avec qui j’avais fait les quatre-cent coups. Certains d’entre eux, avaient réussi à résister à cette vague de style qui s’était propagée sur notre école. Admirable. Surtout ici. Je m’assis, silencieux, sur un des sièges libre. Devant mon mutisme, l’un d’eux s’écria :

— Tu devrais devenir « Skater » ! Les « Skaters » te protégeraient.
— Tu parles ! Florian ne sait pas faire de « Ollie », ce qui est la baaaase pour être dans leur groupe.
— Les gothiques alors ? Ils font peur, EUX !
— Ah bah oui ! Suffit de s’habiller en noir et de croire en Satan. Flo ? Bonne idée ?

Et encore ce débat. Nous habitions dans une petite ville conservatrice, entourée aussi de villages ruraux, où il ne s’y passait pas grand-chose. Un endroit bien trop calme, qui me faisait demander, parfois, si les bruits de nos pas ne dérangeaient pas le repos des morts. Le passe-temps d’un adolescent local était de boire de l’alcool mélangé à du jus d’orange, jouer les caïds de notre petite cité ou même se sentir incompris dans un monde sans Satan. Ceux-ci me donnaient l’impression d’avoir un besoin insatiable pour les projecteurs. La gloire. La réputation. Et nous dans tout ça ? Nous ne participions pas à toute cette hystérie, ce qui posait un grave problème à cette communauté. Donc, puisqu’il fallait absolument être catégorisé, ils avaient finis par nous surnommer… « Les perdus ».

C’était pour cela que les débats d’adhésion à un clan étaient fréquents. Ce surnom faisait pression. Il fallait toujours convaincre ces derniers que nous n’en n’avions pas besoin. Une routine fatigante. Eux aussi, semblaient peu à peu perdre pied. Je fermais les yeux car c’était de bons amis. Je m’en étais persuadé. C’est parce qu’ils m’entouraient d’ailleurs, que j’arrivais encore à me lever le matin, malgré cette sensation de malaise qui m’habitait ces derniers temps. J’avais encore ce cauchemar en tête, avec les mots de cette vieille femme, cet endroit énigmatique et ce gouffre dans lequel j’étais tombé. Je n’avais que le temps d’y penser brièvement. Mes amis me fixaient tous, attendant une réaction de ma part. Face à leurs remarques, je souris, en rétorquant :

— Gothique !? Non j’ai parlé à Satan et il n’aime pas les jeux-vidéos, c’est mort.

Le bus s’arrêtait enfin devant notre école. Pour s’y rendre, il suffisait de se laisser porter par le raz-de-marée humain, s’échappant des portes du véhicule. Mes camarades s’évacuèrent chacun dans leur classe respective. Je faisais de même, en rejoignant cette place du fond de la salle, qui m’était attribuée. A peine installé, je pouvais, comme à chaque fois, admirer le spectacle ahurissant qui s’offrait à moi. C’était la guerre ! Des avions fragiles volaient à basse altitude, essayant d’échapper aux boulettes agressives de papier. Les filles apeurées criaient et se cachaient sous leur bureau, attendant qu’un vaillant baiseur de pays ou faiseur de « Ollie » aille les sauver. Mais ces courageux soldats préféraient se consacrer à l’art de se sauter dessus, en usant de la technique habile du gorille enragé. Certains buvaient même de l’alcool sans jus d’orange, dopant de guerre très connu, pour impressionner cette fille, occupée à reconstituer sa trousse dont les cadavres de stylos jonchaient cruellement la salle de cours et…

— MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE BORDEL !? A vos places ! MAINTENANT !

Un professeur apparu par surprise, furieux. Devant son regard sévère, les élèves s’assirent à leur place, d’une politesse venue d’ailleurs. Le champ de bataille d’il y a quelques secondes s’était soudain transformé en couvent vertueux. D’une voix autoritaire, celui-ci nous annonça fièrement :

— Bien. J’ai une grande annonce à vous faire en ce dernier jour d’école. Nous avons reçu les résultats d’aptitudes de la région ! Devinez quoi ? Notre ville fait partie des meilleures ! Aaah ! Et ces autres villes qui nous faisaient la leçon, pff ! Ils font moins les malins ! Heureusement qu’il y a des gens comme nous, avec de la terre aux souliers, pour remonter le niveau !

Ah oui, j’allais oublier. C’était propre à ma région. Une volonté intarissable d’ajouter de la difficulté, injustifiée, dans l’éducation. La stratégie avait tellement déplu, dans les villes alentours, que certaines écoles se plaignaient de perdre des étudiants au profit de nos établissements. Concrètement, les cours allaient plus loin que les autres et les corrections étaient plus rudes. Le résultat ? Une fierté micro-régional, mais à part ça, pas grand-chose. Personne ne connaissait vraiment les noms de nos écoles ailleurs et je ne comprenais pas vraiment ce qu’ils recherchaient dans cette politique scolaire. Surtout qu’à cause de ça, j’avais malheureusement raté mon année.

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
30 juin 2014 à 12:03:17

:d) Chapitre 3 : Il faut de tour pour faire un... (2/2) :g)

Dans une ambiance monastère donc, le professeur continuait de faire l’éloge de notre région rurale et de ses élèves, tout en marchant vers le fond de la classe. Arrivé à ma hauteur, il s’arrêta aussitôt. Nos regards se croisèrent quelques instants, laissant passer de longues secondes. Ses lèvres s’entre-ouvrirent alors, pour laisser échapper un cinglant :

— Vous savez que vous devez rester ce soir !?

J’acquiesçais silencieusement, dans le viseur de quarante pupilles amusées. Il faisait allusion à la convocation, reçu quelques jours plus tôt, à la réunion de ce soir. Au vu de mon année échouée, ma mère et moi-même devions nous présenter devant une armée de professeurs. Au programme : la grande discussion. Celle sur mes résultats scolaires. Celle qui émoustillait ce professeur depuis de nombreux mois. Elle se déroulait dans une salle austère qui accentuait la gravité que voulait probablement prendre le fonctionnaire. Il me détestait. J’entendais la haine trahir sa voix faussement bienveillante. Voilà le prix qu’il en coûtait, de ne pas participer au grand spectacle général. Ni acteur. Ni figurant. Ni bon élève. Ni dans un clan. Coupable de haute discrétion et timide récidiviste. C’était ce que j’imaginais.

Peu importe. Cela faisait de nombreuses années que je laissais l’entier de mon entourage décider de ma destinée. Je m’étais habitué à ne plus rien dire et suivre le mouvement. J’avais peur d’être différent. Non. J’avais peur que l’on remarque ma différence. Voilà. La réunion de ce soir n’était donc qu’un détail sur une route goudronnée d’avance, par eux, pour eux.

Le professeur me fit aussitôt volte-face, pour débuter sa dernière leçon d’allemand. Il tentait, comme à chaque semaine, de nous faire comprendre des exceptions grammaticales tirées par les cheveux. Je détestais ça. Cette langue. Ses sonorités agressives qui écorchent vos tympans. Ses tournures de phrases abominables. Je m’étais fait la promesse de ne jamais parler cet odieux langage.

Mon calvaire prit fin, après de longs quarts d’heure, lors du retentissement de la sonnerie. Le temps de prendre une pause et de rejoindre quelques amis dans la « cour des perdus ». Oui. Une petite fantaisie propre à l’établissement. L’école était composée de deux cours. Une devant l’entrée et une à l’intérieur. Respectant le système officieux de castes, la première était pour les clans et la seconde… Pour nous. Comme pour tout, nous avions finit par nous y habituer. Arrivé à l’intérieur, je ne reconnu qu’une personne. Elle attendait là, seule. Etrange, pensais-je, intrigué. En m’approchant, je lui lançai :

— Où sont les autres ?
— Oh, Salut Flo’.
— … Salut.
— Ils sont partis dans l’autre cour !
— Vraiment ?
— Oui, ils ne veulent plus être des « perdus ».
— … On avait dit qu’on s’en foutait pourtant.
— On est que deux dans ce cas, visiblement.

Nous nous regardions silencieusement. Puis, de façon synchronisée, nous décidions de courir vers la cour de l’entrée. Il fallait observer l’immersion de nos camarades dans le monde des autres. Quel cran ! C’était inhabituel. Malheureusement pour eux, avoir été un « perdu » ne permettait pas l’ascension sociale, visiblement.

— Mais regardez-moi ça. Des « perdus ».
— Ici !?
— Oui !
— Alors on s’est… perdu ? « les perdus » !?

Nos deux camarades étaient collés au mur, entouré de tous les élèves de la cour clanique. Un des chiens de garde s’avança vers l’un d’eux, en empoignant le haut de son T-shirt.

— A quel moment tu t’es dit que tu étais le bienvenu !!?
— C’est…qu…que…
— TA GUEULE !

Pour ponctuer chacune de ses insultes, celui qui voulait coucher avec son pays utilisait sa tête contre le thorax de mon camarade. L’entendre agoniser de douleur et le supplier d’arrêter, en ne pouvant rien faire, était insupportable. Les secondes avaient l’air de ne plus défiler. Jusqu’à qu’un professeur se décide enfin d’intervenir. Je fermais les poings, de toutes mes forces, en étouffant un inaudible « putain… ». Ces gens-là. Leurs vies étaient si faciles. Ils n’avaient qu’à se lever le matin et pénétrer dans un monde façonné pour eux. Ils vivaient heureux. En fait, je remarquais que finalement, ils s’étaient contentés de naître. Sans efforts particuliers, ils naviguaient sur le ruisseau tranquille de leurs vies. Sans omettre, bien sûr, d’opprimer ceux qui n’étaient pas dans leur cas. L’injustice dégoulinante qui traversait la cour, s’estompait, à travers les moqueries des clans. La sonnerie retentit.

En revenant dans ma classe, je décidai de passer le reste de la journée à me replonger dans mes pensées. J’étais blasé de ces scènes perpétuelles dans l’enceinte scolaire. Si seulement l’on pouvait changer. Illusions, croyais-je, dépité. Après ça, la journée se mit à défiler à toute vitesse, comme si elle était pressée de me vois assaillis, cette soirée-là.

La sonnerie hurla pour la dernière fois. Je courrais vers l’extérieur pour dire au revoir à mes amis, avant d’entrer dans l’enfer qui m’attendait. « Attendez-moi », criais-je distinctement à leur attention. Ils s’éloignaient. De plus en plus. J’observais leurs silhouettes disparaître lorsque, soudain, le pointu d’un coude s’enfonça contre l’une de mes côtes. « Casse-toi le perdu », me crachait un élève, avec dédain. Je fis demi-tour, douloureusement, vers l’entrée de l’école. La main sur mon corps, les dents serrées, je regardais fixement l’établissement scolaire en faisant le constat suivant : il était temps d’y passer.

Deux heures plus tard, j’étais là, assis sur une chaise glaciale. Au bord d’une table noir et rectangulaire, j’observais le cortège de professeur qui parlait à ma mère. Chacun établissait son bilan, forcément négatif, à mon sujet. Je remarquais l’expression de ma mère devenir de plus en plus grave, au fil des remarques. Lorsque vint le tour de mon professeur d’allemand, celui-ci me fixa quelques secondes avant d’introduire un discours massacrant.

— Voyez-vous, Madame, je suis professeur dans cet établissement depuis plus de dix ans maintenant. Dix ans, c’est beaucoup, vous en conviendrez. Cela veut dire que j’ai beaucoup d’expérience. Votre fils, je l’ai observé. Je vais être honnête avec vous. Il n’est pas fait pour l’école. Avez-vous pensez à le placer dans un établissement … disons… heu… plus spécialisé ? Ou peut-être pensé à un apprentissage !? Quelque chose qui ne demande pas beaucoup de réflexion ? Jardinier ? Votre fils serait un parfait Jardinier ! Enfin ce n’est qu’un exemple.

Les autres professeurs se lancèrent des regards d’hésitation, devant les libertés que prenait le professeur d’allemand. Le remarquant, celui-ci tenta de se rattraper.

— Enfin, ce que je veux dire par là, c’est que d’expérience, je sais que les situations semblables à celle de votre fils se concluent souvent par un placement parallèle au système scolaire standard. Mais ce n’est pas un drame, Madame. Il faut de tout pour faire un mo…

Les fonctionnaires lui lancèrent, cette fois-ci, leur regard le plus appuyé.

— Heu… Enfin c’est juste que… Voilà… J’espère que vous m’avez compris.

Le juge avait donc tranché, j’étais un inadapté. Quelqu’un qui n’était pas fait pour vivre auprès des gens normaux. Comme les gens normaux. J’étais figé, comme une statue de pierre, subissant l’érosion de sa propre vie. Lorsque la réunion prit fin, les professeurs se levèrent pour nous serrer la main, puis partirent dans un cynique brouhaha d’indifférence.

Je me tenais ensuite là, avec ma mère, devant l’entrée de l’école. Celle habituellement interdite aux « perdus ». En levant le regard, je remarquais toute la sévérité dans sa façon de m’observer. Le vent crépusculaire jonchait alors les murs. Nous ébouriffant. Dansant avec les plis de nos vêtements. Puis, il s’envola, ailleurs, nous laissant seul, dans un silence crispé et glacial. Elle finit, tremblotante, pour me demander :

— Est-ce qu’ils ont raison !?

Mais… Je restai silencieux.

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
03 juillet 2014 à 23:20:53

Petit up de ninja. :hap:

Non-Lus Non-Lus
MP
Niveau 10
15 juillet 2014 à 22:38:59

J'ai écris une page du chapitre 4... :bave:

JesusCarlos JesusCarlos
MP
Niveau 8
04 août 2014 à 23:14:41

J'ai beaucoup aimé. C'est dommage qu'il y ai des fautes d'orthographe, ça torpille le texte je trouve. Et puis bon sang, niveau rigueur t'es pas très fort, 3 chapitres en un an :hum:

lisaline lisaline
MP
Niveau 9
06 août 2014 à 13:33:07

trop marrant le prof d'allemand, ce gros connard :rire:

sweet

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