Bon après les relatives déceptions qu'ont été Le Kid et La Ruée Vers L'Or, Les Temps Modernes vient rehausser le niveau.
A la question " Peut-on rire de tout ? ", qu'on pourrait se poser devant Le Dictateur, on peut substituer - devant Les Temps Modernes - la suivante : " Doit-on rire de tout ? ". Pas d'éthique ici, plutôt la recherche d'une certaine efficacité du rire, du comique en général et de l'impact que ce dernier peut avoir sur son spectateur. On rit énormément devant Les Temps Modernes, le burlesque y atteint une force que seuls quelques génies du corps - Keaton, Jim Carrey, les Marx Brothers - seront capables de perpétuer au fil du temps. Surtout, on rit de sujets très graves comme la mécanisation de l'être humain, l'aliénation qu'impose le monde du travail sur ses ouvriers, la nature capitaliste et productive des entreprises et de leurs patrons.
Le personnage de Chaplin est paradoxal puisqu'il subit plus qu'il n'agit. C'est toujours par hasard qu'il se retrouve dans les situations les plus particulières ( la manifestation par exemple ), ce qui donne à son personnage un aspect " à côté de la plaque ", touchant, et aussi très lucide sur sa position au sein de la société : il n'a rien à y faire, et ce monde capitaliste n'est pas fait pour lui. Chaplin a beau prendre quelques décisions - dictées par l'instinct de survie et les beaux yeux de Paulette Goddard (
) - la conclusion du film est quand même très claire : le monde est trop cynique et dur pour les deux personnages, et c'est avec une évidente amertume que nous les voyons s'éloigner à la recherche d'une situation meilleure, d'une " petite maison " tranquille, qu'ils ne trouveront certainement jamais.
Il faudrait quand même qu'on m'explique le génie de Chaplin niveau mise en scène. Sûrement une affaire de simplicité, mais bon je demande ( tout à fait objectivement ). En revanche au niveau du rythme le film est un pur régal. Mais ça ne fait pas tout niveau mise en scène...
4/5