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Sujet : [Fic] Tome IV, Evanescence

News culture
La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume - la révolution simienne est en marche !
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_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
20 avril 2014 à 22:41:49

-Je n’en crois pas mes yeux, souffla Vurgaam.
-Je ne pensais pas que ce village pouvait détenir de si grands vestiges…
-Dans ma tête, continua Lucrétia, cela paraissait plus… Primitif.
-Syderibuus n’est pas un mystère pour rien, répondit Anima. Voici le résultat de tout son frauduleux passé. Et ce n’est pas fini.
-Cette église rutilante que l’on voit là-bas, observa Vurgaam, elle était déjà présente quand tu as quitté ce lieu ?

La dragonne hocha la tête et ne prononça pas un mot.

-Incroyable, ajouta simplement le mâle noir.
-Comment faisons-nous pour nous annoncer ? Demanda Aoflir. Je ne pense pas que voler au-dessus soit une bonne idée.
-En effet.
-D’ailleurs, intervint Lucrétia, les humains ne peuvent pas entrer, puisqu’il ne semble pas y avoir de chemin pour eux. En bateau, peut-être ?
-Pas vraiment non, et en répondant à la question d’Aoflir, expliqua la poétesse, je répondrai à la tienne. Ils savent déjà que nous sommes là.
-Comment ? Posa Aoflir sur un ton méfiant.

Des sons irréels flottèrent jusqu’aux oreilles du dragon aux écailles d’émeraudes. On aurait dit des tonalités bien précises qui formaient un ensemble harmonieux, pas totalement qualifiable de mélodie ; les sons étaient beaucoup trop abstraits, trop étrangers à la conscience d’Aoflir, et même à celle de tout individu étant dotés de la reconnaissance de soi. A la suite de cela, des plateformes se matérialisèrent à la surface de l’eau. Elles sortaient de leur invisibilité pour apparaitre aux yeux du groupe, mais pas totalement ; Le sol restait assez transparent pour qu’à travers ce qui devait être la pierre passe l’eau. Ces plateformes fantomatiques s’assemblèrent les unes aux autres et des piliers apparurent à leur tour : des fondations carrées et assez mince, de deux mètres de hauteur. Ces colonnes ne supportaient aucun toit, et le tout ainsi joint forma un pont d’apparence banal, mais son aspect spectral le rendait fantastique.

Aoflir en restait bouche bée. Larktrisfia lui avait bien dit que Syderibuus était reconnu aujourd’hui pour sa magie, cependant le héros n’aurait jamais pensé qu’elle puisse être aussi importante et puissante. Le dragon aux écailles d’émeraude se maudit de ne pas craindre plus que ça les forces que possédaient le village.

Personne n’osait bouger, beaucoup trop absorbé – Même envouté – par la terrible démonstration de pouvoir et de grâce de cette magie qu’aucun membre du groupe n’avait rencontré jusqu’alors. Tous restèrent immobiles, sauf Anima qui avança d’un pas tranquille en direction du pont immatériel. D’un regard, elle concilia l’équipe à la suivre, non sans peur. La poétesse arriva sur le passage, et… A la surprise de tous, ses pattes rencontrèrent matière. Elle ne passa pas à travers les pierres spectrales du pont.

-C’est fou, commenta Vurgaam d’un ton modestement impressionné. Aoflir trouvait même sa voix empreint d’un sentiment de dégout.

Plus confiant quant à la sécurité de ce pont, les trois autres dragons suivirent sans mots. Un silence de mort régnait, et le héros ne parvenait pas à entendre ne serait-ce qu’un murmure provenant du village, ce qui était souvent le cas à cause des brouhahas incessants de tous les habitants ; dans un hameau quelconque, en tout cas…

Au milieu de leur traversée, de fines gouttes d’eau se déchargèrent sur le groupe. Aoflir leva la tête. Aucun nuage n’était présent, et le soleil gouvernait de sa lumineuse présence. Comme si Anima, qui était juste devant, avait entendu l’étonnement du héros, elle expliqua :

-Une protection mise en place par le village. Cette pluie n’est aucunement naturelle, et totalement d’ordre magique. Elle s’infiltre dans les ports de votre peau et…
-Quoi ?! Cria Vurgaam. Est-ce du poison ? Répond ! Nous as-tu menés dans un piège, pauvre folle ?!
-Tais-toi et laisse-moi finir, grogna la poétesse. Cette pluie parvient à détecter votre essence magique. Mais le plus incroyable, c’est qu’en plus de voir qui contrôle la magie, cette pluie permet de savoir quels éléments sont privilégiés par votre flux. Pratique pour s’adapter contre des mages. On essaye de trouver quel type de magie l’attaquant utilise, et on réplique avec quelqu’un spécialisé dans une magie qui contre le type de l’adversaire. Cette pluie, si mes souvenirs sont bons, entoure tout le village.

Aoflir était pris de vertige rien qu’en essayant de songer au moyen dont on pouvait acquérir un tel niveau de protection et une si parfaite détection de la magie. Comment était-il possible de savoir quelle magie utilisait la cible ? Et comment pouvait-on la percevoir ? Tant de mystères rappelaient au héros qu’il était minuscule dans ce monde, et que la majeure partie des choses dont il s’était édifié n’étaient rien en comparaison de tout ce que la nature avait à offrir.

-Ils sont… Trop forts, laissa échapper Aoflir sans le vouloir. Personne n’entendit, mais le héros serra les crocs. Maintenant il comprenait pourquoi ce village n’avait toujours pas été incorporé au reste de la région. Pourquoi ils résistaient, et peut-être pourquoi les dirigeants semblaient avoir la main mise sur la population.

La pluie se stoppa à la fin du pont, et des remparts ressortirent des silhouettes de dragons. Ces murs étaient encore plus imposants de près. A tel point que la tête du groupe était presque à la verticale pour en voir le bout. Certaines de ces formes sautèrent et atterrirent en remuant leurs ailes de part et d’autres du groupe. Ce dernier était encerclé, et parmi la dizaine de mage qui les accueillait, trois ou quatre formèrent divers sorts. De son point de vue, Aoflir observa un dragon noir avec des traits dorés sur les rides du front et au dos tenir dans sa patte une courte lance qui rayonnait d’un pâle éclat rouge, ainsi qu’un compère aux écailles rouges bordeaux muni de dégradés plus clair aux pattes. Ce dernier, lui, était entouré d’un halo jaune qui, peut-être, le protégeait.

-Vous nous suivez. Le Rok tient à… Converser.

Le regard du héros se tourna immédiatement vers l’interlocuteur.

C’était un dragon d’un gris aussi sombre que les nuages lors d’une tempête. Ses yeux étaient jaunes et faisaient ressortir ses pupilles étrécies. Deux grandes cornes noires trônaient sur le haut de son crâne, avec à sa suite deux plus petites qui partaient davantage en arrière. Il y avait sous son menton et sous ses paupières de petites cornes blanches. Ses traits étaient étirés et lisses. Il était jeune. Le dragon possédait de courtes oreilles partant vers l’arrière. Pour le reste de son corps, il avait une échine sertie de piquants blancs d’au moins un demi-décimètre. Ces piques étaient espacés entre eux d’au moins deux longueurs de phalanges. Ses ailes repliées contre son corps semblaient plus petites que la normale. Par contre, la queue du dragon, elle, était impressionnante. Cette dernière était plutôt épaisse et longue. Sans doute avait-elle la force d’un maillet lorsque son possesseur frappait de toute ses forces avec. Sa marque était au niveau de la rotule de sa patte arrière gauche : Un bouclier jaune. Il trimbalait sur son corps moyennement développé un arc taillé dans un bois blanc et décoré avec des motifs que le héros ne parvenait pas à définir d’ici. Son arme était accrochée entre ses piquants qui servaient à empêcher l’arc de bouger. A son flanc pendait un carquois rempli de flèches. Elles se finissaient avec des plumes blanches et vertes.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
20 avril 2014 à 22:42:21

« Ce dragon utilise un arc ? S’étonna Aoflir. Non, ce doit-être pour un autre usage… »

Le groupe ne parla pas et se contenta de suivre le dragon, toujours entouré par d’autres de ses congénères. L’atmosphère était tendue. Autant pour l’équipe du héros que pour leurs hôtes. Vurgaam avait les lèvres retroussées et les crocs serrés, tandis que Lucrétia regardait activement dans toutes les directions que sa tête lui offrait. Aoflir ne pouvait pas voir Anima. Mais il sentait qu’elle était anxieuse de son sort, malgré ses pas mesurés et assurés.

Les portes principales de la ville étaient simples : D’énormes plaques de bois harnachées de fer pour une meilleure résistance. Mais Aoflir conjectura que ces défenses étaient enchantées, elles aussi.

Ils longèrent ensuite les rues. Ici, le sol était simple. En terre. Les dragons qui peuplaient le village résidaient dans des bâtisses toutes faites de pierre, sans aucune fenêtre. Ce n’était pas l’idée que ce faisait Aoflir du village. Des humains avaient-ils influencés ses habitants ?

Les rues n’étaient pas vides. Beaucoup de dragons de couleurs et de tailles différentes circulaient. Cependant, quand l’escorte de l’équipe passait, ceux sur le chemin s’écartaient et observaient sans rien dire. Il en était de même pour ceux dans les maisons, qui sortaient la tête de leur entrée pour observer la cohorte comme si c’était un spectacle ; une foire aux monstres. Tous prenaient un air dubitatif qui gênait le héros. Il préféra regarder droit devant lui, tâchant de ne pas faire attention aux dragons qui le dévisageaient.

Après maintes rues, ils arrivèrent devant un grand bâtiment. Ce dernier était composé de meurs blancs lisses, eux aussi de pierre. Il n’y avait aucune irrégularité dans sa forme, ce qui le rendait imposant mais simple. La façade qui constituait le toit était triangulaire, avec une longueur bien plus importante à sa base que pour ses arêtes. Le triangle qui constituait ce pan de mur s’enfonçait au fur et à mesure que l’on s’approchait du centre, à la manière d’un plafond à caisson sur différents niveaux. Et sur le dernier niveau, le triangle était coloré de rouge et de bleu. Une avancée sortait de l’entrée : de longues marches qui menaient jusqu’à la porte principale de l’édifice. Ils grimpèrent les marches mais ne franchirent pas les portes, car quelqu’un les attendait, en haut de cette ascension.

C’était un dragon dont on ne pouvait voir que la tête, parce que le reste de son corps (Ailes comprises) était caché par une sorte de couverture brune plutôt légère. Aucun vent ne venait la déranger. Elle restait collée au dos de son possesseur. Ses écailles n’étaient pas naturelles. Son visage était blanc, et des rectangles noirs avaient été dessinés sur ses joues et son front. Un dessin de flèche couleur de l’encre était aussi au milieu de son museau. Une odeur de peinture sèche depuis longtemps affluait du dragon. Tout ce peinturlurage masquait partiellement les rides qui témoignaient de son vieil âge. La marque – significative du village de Syderibuus – était sur son œil gauche dont ce dernier était le centre. Une étoile blanche, encore plus pale que celle de Lumina. Sa voix était forte et imposante.

-Bien Davaï, tu peux disposer.

ninjaretsu48 ninjaretsu48
MP
Niveau 10
20 avril 2014 à 23:55:53

Super la suite là ^^. Ca se voit que tu as visualisé l'endroit avant d'écrire ce chapitre. Je trouve que le village est très bien décrit d'ailleurs.

Par contre, je trouve qu'ils sont entrés beaucoup trop facilement dans Syderibuus, ça sent le coup fourré à plein nez ! Et j'ai hâte d'en voir plus ^^.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
04 mai 2014 à 23:18:20

Le Rok s’était aperçu de l’égarement du héros et se permit d’en rajouter.

-Le temple des Murmures, demeure de l’éveil du grand Porteur où ses Chanteurs de murmures dressèrent avant qu’il ne monte dans les cieux insondables cette statue. Que de beauté et que d’histoire…

Même si l’endroit que décrivait le Rok avait été construit par des gens naïfs et crédules, il n’empêchait pas qu’il était d’une majesté incroyable. La grandeur du temple et le peu de meubles pour garnir ce cadre rendait le tout assez vide. Une impression d’être minuscule se dégageait de cet endroit ; un sentiment qui inquiétait le héros. Il comprenait maintenant : Tout était réellement fait pour convaincre les habitants du village qu’une puissance supérieure agissait malgré eux et décidait à leur place du futur. Aoflir serra les crocs lorsque le dragon peinturluré se retourna.

Ils montèrent sur l’estrade de l’autel, et le Rok tourna le dos à ce dernier.

-C’est en ce lieu saint que je daigne converser ; dans l’espoir qu’aucun blasphème n’y soit proféré. Vous êtes autant sous le bouclier de la justice du Porteur que moi, que vous soyez d’ici ou d’ailleurs.

Sans prêter foi à ce que lui racontait ce manipulateur, Aoflir hocha la tête.

-Je viens tout d’abord pour m’assurer que Célia n’est pas ici démarra Aoflir. Il y a peu de chances pour qu’elle le soit, mais il fallait que je sache.
-Je suis navré de vous dire que votre femelle ne se trouve pas à Syderibuus, répondit promptement le Rok. Si cela avait été le cas, nous l’aurions faite partir aussitôt qu’elle en aurait été capable. La sérénité de notre village nous tient beaucoup à cœur.
-Surtout depuis que l’on sait tout ce que vous cachez, Rok.

Le dernier mot avait été prononcé avec beaucoup de dédain. Le dragon se tourna vers Anima qui affichait une mine déterminée, agrémentée de colère.

-Anima. Sais-tu que tu manquais beaucoup à tes parents ?
-Manquais ? Répéta-t-elle, dubitative.
-Oui, car ils sont morts il y a de cela un an.

La poétesse tenta de garder son calme, Aoflir le savait. Pourtant, elle baissa un peu la tête et soupira.

-Toi et ta sœur, nous vous attendons toujours. Nous sommes prêts à oublier les rancœurs du passé, et…
-Pas un mot de plus, vil serpent ayant mon apparence, chimère du mensonge… Reviens donc à ton affaire, car je ne la suis pas !

Le Rok pesta, mais obéit et revint à Aoflir.

-Héros de Lavilnwa, votre venue ne s’est pas faite sans bruit. Mes gardes n’auraient jamais laissé passer votre groupe si vous et Anima n’avaient pas été avec eux. La moitié de mes gens sont très curieux de vous trouver ici et y voient une bénédiction du Porteur. D’autres y voient une menace, un mauvais présage…
-Schalk’tir est depuis bien longtemps sous mon contrôle, kroit, assura Aoflir.
-Rok, même pour toi, rétorqua le peinturluré. Pourquoi viens-tu, autrement ? Si je me souviens bien, tu as dit « tout d’abord ». Quels autres projets ourdis-tu dans ta tête ?
-Si Célia n’est pas là, je vous crois. Vous ne pourriez pas vous permettre de faire un scandale de plus. C’est pourquoi je vous demande de vous racheter en partie en m’aidant à la retrouver. J’aimerais l’aide de vos plus puissants mages pour localiser Célia.
-Impossible. Nous avons besoin de nos dragons toute la journée et toute la nuit, et ce que vous demandez requiert une magie colossale, même pour moi. Je refuse d’affaiblir – peut-être jusqu’à la mort – mon peuple.
-Pourtant vous devez m’aider ! Plaida le héros. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour rien !
-Il y aurait une autre solution, intervint Anima.

Tous les protagonistes se stoppèrent et scrutèrent la dragonne. Vurgaam et Lucrétia, qui étaient jusqu’à présent restés muets, se regardaient d’un air gêné. Aoflir comprenait que ces deux-là ne se sentaient pas à l’aise en ce lieu, dans une affaire qui ne les concernait pas. Peut-être se sentaient-ils perdus.

-Vous savez de quoi je parle, n’est-ce pas ? Demanda-t-elle au Rok.
-Je crois savoir. La magie démoniaque d’ajout.
-Ou Delirïa estero liar, précisa Anima.
-Qu’est-ce ? S’enquit Vurgaam dont la voix grave provoqua un écho dans le temple. Il semblait prudent.

-Il s’agit d’un apprentissage secrètement gardé par certains doyens de ce village précis, expliqua Anima, et d’autres très rares individus qui se sont échappés d’ici. Il remonte à l’époque où Schalk’tir a tenté d’asservir Karmhabor. Lors de sa « mort », le même incident que celui qui a fait des dragons prisonniers de Lavilnwa des dragons vampires s’est produit.

Aoflir se remémora la révélation faite par Sévédith, quelques ans auparavant. La révélation selon laquelle c’était la faute des radiations du joyau enfermant Schalk’tir que tous les prisonniers, dont la dragonne, furent transformés en dragons vampires assoiffés de sang et de pouvoirs.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
04 mai 2014 à 23:18:44

-Cependant, continua Anima, le mal ne se répandit pas de la même manière. Il conféra simplement à ceux qui avaient été touchés plus de puissance magique, mais ténébreuse. Cette puissance était beaucoup trop concentrée pour un seul être, et de nombreux humains et dragons en moururent, de ce mal aussi mortel que la peste.
-Anima, siffla le Rok d’une voix grondante, faisant comprendre que c’était un avertissement. La dragonne, pour seule réponse, détourna le regard.
-Par une envie de survie, de rares dragons s’isolèrent dans les terres du Nord-Est afin de contrôler cette puissance. Et une poignée réussit.

Anima s’avança pour se retrouver à la tête du groupe. Elle toisa alors le Rok avec sévérité.

-Ce savoir fut transmis de génération en génération. Parce qu’ils savaient que ce savoir était vital pour leurs progénitures. Ils devaient survivre à la terrible magie du démon qui finirait par les tuer. Devant vous se trouve l’un des deux enfants de ces dragons.
-Anima ! Cria le Rok, courroucé par les explications de la poétesse.

Comme seule réponse, la dragonne fit volte-face et observa Aoflir de son regard bleuté comme la glace.

-La maitrise de ce pouvoir te permettrait de sentir la magie de Schalk’tir. Et donc… Tu retrouverais sans problèmes ton frère, et Célia.

Des pensées inondèrent l’esprit d’Aoflir. Des images de Célia lui revinrent en tête, ravivées par les paroles d’Anima qu’il ne comprenait plus qu’en échos, comme si c’était en réalité un spectre qui lui parlait. Le héros tenait un moyen de retrouver sa compagne ! Sa folle quête trouvait un but, et une base fixe à laquelle s’accrocher. Son cœur battait la chamade et il souffla fort pour évacuer toutes ses émotions et reprendre son calme.

-Je refuse ! Rendit le Rok avec une telle exclamation que l’écho de sa voix se répercuta cinq fois dans le temple.

En un instant, un puissant frisson parcourut tout l’être d’Aoflir. Il se sentit brisé d’un seul coup. Des espoirs anéantis. Il savait que sans le consentement du Rok, il ne pourrait la retrouver, la câliner à nouveau… Lui dire qu’il l’aime. Il avait besoin de lui !

-C’est bien trop dangereux ! Continua le peinturluré. Ce que tu n’as pas dit, Anima, c’est qu’enseigner cette magie à des chances d’augmenter l’influence de Schalk’tir sur Aoflir vu qu’elle sert à intensifier sa puissance.
-Mais je suis prêt à courir le risque ! Assura Aoflir.

Ce dernier avait répondu sans hésiter. Par impétuosité ? Par folie ? Sans aucun doute. Pourtant, le héros était prêt à y risquer sa vie. Après tout, s’il ne survivait pas à cette épreuve, à quoi bon s’entêter plus dans les recherches ?

-Et pas moi ! Rétorqua le Rok.
-Sachez que ce dragon ferait tout pour… Commença Anima.
-Et je commence à en avoir plus qu’assez de ton insubordination. Je me suis montré clément envers toi et ta sœur.
-Je suis une bannie à votre sens ! Gronda la dragonne. Pour vous, je n’ai aucune valeur si ce n’est celle d’esclave ! Si je n’avais pas quitté le village de mon plein gré, je vous servirais bêtement, vil ancêtre !
-Suffit ! S’époumona le peinturluré. Gardes !

Comme sorti de l’ombre, une dizaine de dragons atterrirent promptement tout autour du groupe, certains se mettant devant le Rok afin de le protéger. Plusieurs sorts de natures différentes se chargèrent entre crocs et griffes et le cœur d’Aoflir rata un battement.

-Emparez-vous de la dragonne la plus grande. Envoyez-la dans un donjon le temps que je réfléchisse à son sort ! Personne n’a le droit de proférer de tels blasphèmes devant moi, et encore moins devant la maison de notre supérieur divin !

Deux gardes vinrent récupérer et pousser une Anima silencieuse. Elle ferma brièvement les yeux et affronta du regard le Rok tout en avançant avec un air de défi qu’Aoflir savait artificiel. Elle avait peur, et le héros ne tenait pas ses engagements. Il était en train de perdre son amie et ne pouvait rien faire !

-Quant aux autres étrangers, emmenez-les dans ma maison secondaire, et gardez-les !

Il s’adressa ensuite au groupe et se rapprocha de ce dernier. Il portait une moue lasse et antipathique. On pouvait même y distinguer de l’irritation.

-Je suis de bonne grâce en faisant cela, sachez-le. J’aurais pu faire bien pire. Je veux que vous partiez dès demain, sans plus vous retourner. Je jure de ne pas faire de mal à votre camarade, mais oubliez-la. Ne respectez rien de ce que je viens de vous ordonner et je prendrai les mesures nécessaires.

C’est sur ces paroles que les dragons commencèrent à pousser le groupe vers la sortie. Vurgaam regarda Aoflir, et ce dernier, en secouant la tête, indiqua de ne rien faire. Une larme jaillit de sa paupière lorsque les battants de la porte se refermèrent, signifiant qu’il avait perdu Anima de vue… Perdue pour toujours, et par sa faute, et seulement sa faute…

Les rêves peuvent-être accomplis. L’accomplissement est le début d’un idéal. Un idéal est une folie.

ninjaretsu48 ninjaretsu48
MP
Niveau 10
05 mai 2014 à 19:50:17

Hey ^^ j'ai lu et c'est une bonne suite ! Ptain les cons, ils vont quand même pas laisser Anima toute seule au fer avec ces dragons !

A mon avis, ça risque d'exploser dans pas longtemps cette histoire, et à ce moment-là, le Rok aura intérêt à se tenir loin d'Aoflir, que le Porteur existe ou pas ^^.

Et je trouve ça original cette petite phrase de fin de "conclusion", même si je ne suis pas sûr d'avoir saisi son lien avec le chapitre en lui-même^^ .
Bonne suite !

[Axel-_-] [Axel-_-]
MP
Niveau 50
05 mai 2014 à 20:18:15

Quand un mec fais une suite :

ninja : oua joli, j'adore l'ambiance ! Notre dragon préféré va bientot renaitre de ses cendres, j'adore ton nouveau style d'écriture ! A mon avis, ca petite amie fait parti des méchantes et va le trahir !

Quand je fais une suite :

Pas mal

.

.

.

:pf:

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
05 mai 2014 à 20:39:11

Merci beaucoup Ninja ! :noel:

Et Pholy, je trouve personnellement qu'un simple pas mal me satisferait :)

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
18 mai 2014 à 21:59:03

Chapitre 6 :

La tension dans la pièce était pénible, et Aoflir avait du mal à réfléchir proprement. Surtout à cause de Vurgaam.

-On ne va tout de même pas simplement les écouter comme ça ? Ils ne tiendront pas parole, et nous le savons tous ! Ils feront souffrir Anima s’ils ne la tuent pas. Je préfèrerai prendre le risque de tenter quelque chose, même si se serait se mettre ce maudit village à dos ! Et plus que tout, je déteste que l’on me dicte ainsi ce que j’ai à faire. Tu veux sauver Célia, toi aussi, Aoflir. Qu’attends-tu donc, assis comme ça, les yeux fermés, totalement immobile ? Répond ! Dit moi quelque chose !

Aoflir rouvrit son œil d’un vert clair par rapport à l’obscurité du lieu et observa Vurgaam avec un regard froid. Assez du moins pour que le dragon noir se taise. Cela lui permit par la même occasion d’examiner leur « prison » une nouvelle fois. Qu’avait-il de mieux à faire pendant qu’il réfléchissait, après tout ?

Du peu que le héros pouvait identifier à cause des ténèbres qui régnaient en ce lieu et de l’unique flamme qu’était son œil droit, Aoflir reconnaissait plusieurs poutres de bois qui soutenaient la toiture de la bâtisse. D’autres étaient accrochées au-dessus du groupe à la verticale. Un sofa sur lequel Lucrétia s’était avachie s’affichait, collé contre un mur. Le canapé possédait des coussins dans les tons sombres à en constater leur noirceur. Juste à côté figurait une porte qu’Aoflir avait tenté d’ouvrir. Fermée. A part le sofa, il n’y avait aucun meuble, et pas une seule toile d’araignée. Peut-être que le Rok faisait transporter tout son mobilier. Cela paraissait stupide pour Aoflir.

Sur les murs, il y avait des candélabres (Un par mur) enferrés dans des plaques d’un métal quelconque, impossible à identifier. Tout ce qui permettait à Aoflir de dire que c’était un métal, c’était la froideur de sa texture.

C’est grâce au sens du toucher que le dragon aux écailles d’émeraudes reconnut la froideur lisse d’un plancher parfaitement juxtaposé. Aoflir voyait au loin une seconde porte. Une aura blanche se dégageait à ses pieds. C’était la sortie… La porte qui menait à l’extérieur. On ne leur avait toujours pas fourni leur équipement. Le seul passage étranger qui fut accompli, ce fut pour donner à manger et à boire aux dragons. Un repas loin d’être misérable, bien qu’un peu mince.

-Calme-toi, Vurgaam. Je réfléchis.
-Tu réfléchis ?! S’offusqua-t-il. Au contraire, il nous faudrait rapidement passer à l’action !
-Et comment ? Tu es en colère, Vurgaam, et je le suis aussi. Seulement, foncer ne servira à rien. Ne l’as-tu pas appris par toi-même ? Je te croyais plus conservateur que cela.

Le dragon noir s’arrêta soudainement. Il resta silencieux et se détourna d’Aoflir. Ce changement d’attitude surprit ce dernier. Pourquoi la perte de la poétesse animait autant Vurgaam ? Quelle que fut la raison, il devait se concentrer.

-Je ne laisserai pas tomber une amie. Elle n’a rien mérité de ça, et je ne ferai aucun sacrifice, même pour…

L’image de sa compagne disparue le coupa dans son élan. Un mal indescriptible noua son ventre et un sentiment de regret monta en lui. D’un côté, et même s’il faisait tout pour penser que c’étaient des pensées parasites, il aurait aimé qu’Anima ait pu faire avancer ses recherches… Mais il n’en était rien, et le sacrifice de la dragonne était vain. Il ne pouvait pas laisser la poétesse dans cette situation. Il se sentait tellement… Mauvais.

-On va sortir d’ici et secourir Anima. Promis. Et j’ai un plan.

Le regard d’Aoflir se tourna vers Lucrétia. La dragonne n’avait pas parlé jusqu’ici parce qu’elle rêvait, son visage levé vers le plafond de l’endroit où ils étaient « retenus », examinant une poutre identique à toute les autres. Puis elle dévisagea Aoflir dans une expression d’incompréhension.

-Quoi ? Demanda-t-elle, gênée par le regard.

* * *

-Il nous faudrait encore de l’eau, s’il vous plait ! Quémanda Aoflir.
-Attention, avertit une voix provenant de l’extérieur, derrière la petite aura de lumière au pied de la porte, si vous buvez trop d’eau, vous ne pourrez jamais repartir d’ici.

Après un ricanement qui agaça Aoflir, la porte d’entrée s’ouvrit, dévoilant celui qui les gardait.

C’était un dragon de la même taille que le héros, et sous son armure semblable à celles qu’Aoflir avait déjà vu quelques heures plus tard se cachaient des écailles orangées mêlées d’un rouge cramoisi. Ce dégradé faisait penser à un feu figé, et soulignait bien les yeux gris de l’inconnu. Ses cornes partaient à l’avant et sa marque n’était pas visible. Probablement était-elle cachée sous l’une des pièces de sa cuirasse. Il s’avança vers le groupe.

-Il vous faut de l’eau, donc ?
-Oui.

Aoflir soutenait du mieux qu’il pouvait le regard de son interlocuteur, mais il ne pouvait s’empêcher de baisser les yeux par intermittences. La souris bleue à longue queue qui passait derrière le garde était dure à oublier. La supercherie était basée sur la vitesse, et semblait avoir marché, malgré la question du dragon sur une voix incertaine.

-Où est votre amie ? La dragonne bleue ?!
-Derrière-toi, rétorqua Vurgaam avec un sourire carnassier.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
18 mai 2014 à 21:59:19

Le garde n’eut même pas le temps de se retourner qu’une épaisse fumée blanche le recouvrait déjà. Aoflir et Vurgaam n’avancèrent pas dans ce brouillard, écoutant le seul cri étouffé de leur gardien. Lorsque le voile se dissipa, Lucrétia réapparut sous sa forme originelle, une patte posée sur le dos cuirassé d’un dragon à la gueule ouverte et couverte de bave.

Il n’était pas mort, et jamais le héros n’aurait voulu tuer qui que ce soit dans ce village. Ils n’avaient rien de criminels. Leur seule faute était de croire en des mensonges soulevés par un escroc. Peut-être que ce dernier était lui-même réellement convaincu de ses paroles sans sens.

Les trois dragons tirèrent leur congénère dans la bâtisse et le posèrent derrière le sofa. Cependant, tandis qu’ils s’apprêtaient à sortir de là, un dragon se posa en urgence devant l’entrée, bloquant la route du groupe. Ce dernier se mit en position, prêt à se battre. Ils avaient été faits prisonniers une fois, mais certainement pas deux. Au pire ils seraient tués, et Aoflir le savait. Néanmoins, le dragon en face d’eux, à la même allure brillante que tous les gardes de Syderibuus, n’esquissa aucun geste offensif. Au contraire, il semblait détendu. Ses traits lisses étaient bien visibles puisqu’il ne portait aucun casque. L’arc pendant à son échine rappela quelque chose à Aoflir. C’était le dragon qui les avait escorté jusqu’au Rok.

-Je comptais vous sauver de votre « captivité », mais je vois que vous vous en êtes bien sortis pour la première étape.
-Balivernes, soupira Vurgaam, les crocs en avant. Tu viens nous tuer ?
-Négatif. Je viens bien pour vous aider.
-Comment pouvons-nous te croire ? Cracha Aoflir.
-Vous n’avez pas d’autres choix, parce que moi seul connais les mécanismes de défenses du village, ainsi que la façon de penser de ce dernier. Nous sommes unis, ici. Vous pouvez choisir de partir sans moi. Mais vous verrez que vos efforts auront été vains.
-Tu ne connais pas notre force, lança Vurgaam avec dédain.
-Non, mais je connais celle du Rok. Il doit déjà être averti de votre tentative d’évasion.
-Comment ? S’enquit Aoflir.

Le dragon – Davaï, si le héros se souvenait bien – approcha, mettant davantage sur leurs appuis les dragons. Vurgaam grogna, mais le gris n’en eut cure et passa juste à sa droite sans même le regarder. Il tira automatiquement le dragon inconscient de sa cachette.

-Tu savais ?
-Oui et non. Tous les citoyens de Syderibuus sont entourés par un enchantement. Si du mal leur est fait, alors le Rok en est tout de suite averti. Etant le plus proche d’ici, il m’a demandé d’intervenir, mais je ne doute pas qu’il va envoyer plus de gardes pour s’assurer qu’il contrôle la situation.

Un soubresaut traversa Aoflir tandis qu’il écoutait les explications de Davaï. Si ce qu’il racontait était vrai, alors ils ne tarderaient pas à rencontrer de nouveaux problèmes. Il serra les crocs. Après tout, peut-être n’était-ce qu’une ruse pour les attirer plus facilement dans un piège. L’esprit du dragon aux écailles d’émeraudes allait dans tous les sens. Que devait-il faire ?

Comme si Davaï l’avait entendu, ce dernier ajouta :

-Je ne suis pas dupe ! Je suis peut-être un peu fou, mais pas au point de croire leurs foutaises. Ma marque m’indiquait une richesse grâce à la protection que j’offrais aux gens, et pourtant j’ai tué !

Le dragon se mit à rire dans ce qui semblait être un excès de folie qui fit frémir Aoflir.

-J’ai tué… Pour protéger ? Je ne crois pas.

Puis son ton redevint normal, comme si de rien n’était, comme si aucune démence ne le frappait. Et pourtant, Aoflir en avait été témoins. Son regard malsain, son rire, et sa voix si rauque, si grave…

-Il me faut quitter ce village, et je n’y parviendrai pas sans votre aide. Donnant donnant. Qu’en dites-vous ?

Le héros tortura sa pensée, interrogea sa raison et persuada son instinct pour trouver la meilleure solution. Il pourrait partir sans prendre en compte les remarques. S’il mentait, alors il n’y aurait presque aucun grabuge. Cependant, si la vérité sortait de sa gueule, c’était peine perdue. De l’autre côté, dans la condition que le dragon aux écailles d’émeraude fasse confiance à Davaï, ils pourraient bénéficier d’une bonne aide. Il prit sa décision. Si jamais le dragon devenait fou ou tentait quelque chose contre Aoflir ou le reste de son groupe, alors ils feraient comme pour le garde qui se trouvait assommé dans la pièce.

-C’est d’accord, déclara le héros.
-Quoi ?! S’offusqua le dragon noir. On le laisse nous guider par sa simple parole ? Tu es si naïf, Aoflir !
-Tu as quelque chose de mieux à proposer ? Réprima le héros. Si on ne lui fait pas confiance, peut-être ne reverra-t-on jamais Anima. Est-ce bien ce que tu veux ?

Vurgaam considéra longuement d’un regard assassin Davaï avant d’émettre un long grondement.

-Si une seule bêtise est faite, je le tuerai moi-même.
-Super, conclut le dragon gris. Il faudrait forcer le Rok à se montrer aux autres.
-Pourquoi ça ? Posa Aoflir.
-Si vous lui parlez alors qu’il est seul, jamais il ne vous écoutera et acceptera vos conditions. En fait, si vous le menez devant son peuple, il n’aura d’autres choix que de s’en remettre au jugement du Porteur, et non au sien. S’il faisait la deuxième solution, c’est tout son dogme qui serait révolu. Vous comprenez ?
-Oui, intelligent, assura Aoflir. Il ne faudrait pas que le Rok n’écoute pas ses propres mensonges. Mais comment allons-nous faire en sorte de le sortir de sa cachette ?
-On va se faire prendre.
-Je le savais ! Hurla Vurgaam.
-Silence, plaida Aoflir.
-Merci, continua Davaï. Si un soldat se fait prendre pour trahison, il doit se faire congédier immédiatement, et tout le monde le sait. Le Rok ne doit pas retarder l’échéance et sera obligé de se rendre sur le lieu de ma capture. Je prendrai un endroit fréquenté, et ainsi, le Rok sera pris au piège de sa propre voix.

Ils cheminèrent entre des rues étroites afin d’éviter gardes et citoyens, avec à la tête du groupe Davaï. Ce dernier n’avait pas dit un mot de plus depuis qu’ils avaient convenu d’un plan. Aoflir le voyait parfois avec des pattes tremblantes. Des gloussements sortaient de temps en temps, ce qui opprimait le héros.

Leur plan se mit en place petit à petit. Ils arrivèrent à l’embouchure d’une grande place par le biais d’une ruelle sombre, et Aoflir examina le nouveau lieu.

C’était une place de base pour un village comme celui-ci. Au milieu de maisons en bois disposées autour du centre en cercle se trouvait un puits de taille modeste. Aucun dragon n’aurait pu tomber dedans, à part des dragonnets. Accrochés à certaines maisons, des échoppes étaient installées, recouvrant de leurs bâches poussiéreuses une mince partie du domaine. Le sol était de terre, tout simplement. Jamais on n’aurait pu dire que ce village était magique en voyant cette place.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
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18 mai 2014 à 21:59:42

Davaï se posta là, stoïque, avec Aoflir et les autres à ses côtés. Des gardes ne tardèrent pas à se joindre à eux. Une patrouille de cinq gardes hauts en couleurs et plus grands que le héros.

-Bien joué Davaï.
-Tu es l’élu du Porteur, ajouta un autre garde.
-Pas vraiment. Je suis son ennemi.

Sur ces mots, le dragon gris chargea dans un cri tonitruant qui marqua la curiosité de tout le monde, des simples villageois jusqu’aux marchands. Il percuta de ses cornes l’un des gardes et enfonça sévèrement son armure. Même si le coup n’avait pas été mortel, le dragon devait avoir senti le choc. Il tomba un mètre plus loin, le dos au sol.

Cela ne sembla pas convenir à Davaï. D’un mouvement de dos, son arc se décrocha de son échine et prit de l’altitude suite à l’impulsion, tout en restant au-dessus du dragon. Durant ce même laps de temps, Davaï se mit sur deux pattes d’une poussée de ses membres avant. Il se laissa ensuite tomber en arrière et sa queue s’enroula sur elle-même juste derrière lui. Alors qu’il était un peu plus incliné que la verticale, il se bloqua grâce au tas qu’était sa queue et récupéra habilement de ses pattes avant l’arc qui lui retomba dessus. Il encocha promptement une flèche, tendit la corde et tira dans la même seconde. La flèche alla se loger directement dans la gorge non protégée du garde à terre. Il mourut dans d’atroces grognements et spasmes.

-Je n’étais pas obligé de le tuer, confia-t-il à Aoflir dans un sourire malsain.

Comme prévu, Davaï ne tenta plus rien et se fit rapidement maîtriser par les autres gardes qui l’injurièrent et le traitèrent d’infidèle, de traitre et d’hérétique. Le groupe fut lui aussi maitrisé et bousculé par les gardes restants.

Le Rok arriva après des minutes que le héros aurait pu compter comme des heures. Ce dernier était toujours aussi couvert et indéchiffrable sous sa peinture.

-Davaï, tu as offensé le Porteur, et tu mérites donc de quitter l’ordre des gardes immédiatement. Qu’on lui retire son armure et ses armes !

Comme un coup de tonnerre, l’ordre fut exécuté. Le dragon gris se retrouva sans protection et couché au sol par deux gardes bien bâtis.

-Quant à vous, étrangers…

Le Rok serra les crocs au point d’en faire trembler sa mâchoire.

-Vous avez essayé de vous échapper, et donc de jouer avec un avenir défini. C’est un sacrilège que d’aller contre la volonté du Porteur ! Votre acte mérite…
-Attendez ! L’interrompit Aoflir.
-Non, jamais plus !
-Je connais vos lois, et je réclame d’être jugé par le Porteur lui-même au cours d’une épreuve du Temps.
-Quoi ?! S’interloqua le Rok. Davaï ! Comment as-tu pu ?! Je t’exécuterai pour ça !

Le concerné se mit simplement à rire. Aoflir continua.

-Si je gagne, c’est que le Porteur est derrière moi, et que mes actions relèvent de sa bonne foi ! Si je perds, alors vous avez raison, et vous m’exécuterez.

La foule s’anima tout d’un coup. Des paroles s’élevèrent d’un coin et d’un autre de l’assemblée qui s’était formée en cercle autour de l’évènement. Le plan fonctionnait, semblait-il. Le Rok ne parla qu’après un long temps de réflexion et un grognement de désappointement.

-Soit, le Porteur est miséricordieux mes amis, et nous le savons ! C’est pourquoi ce dragon devra montrer s’il est digne du Porteur au cours d’un combat à mort contre l’un de nos plus puissants soldats !

Le cœur d’Aoflir battit à tout rompre. Cette épreuve allait peut-être le tuer, mais il ne devait pas renoncer. Pas maintenant. Il allait gagner, pour Anima, pour Syderibuus, et surtout, pour Célia.

ninjaretsu48 ninjaretsu48
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01 juin 2014 à 18:05:40

J'aime bien cette suite. Il va falloir du courage à Aoflir pour surmonter ces épreuves, mais ça tombe bien, il en a ^^.

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08 juin 2014 à 19:35:44

Chapitre 7 :

Tout fut organisé précairement tant les événements étaient inattendus. Le lieu du combat se déroulerait sur la place même où Aoflir et ses compagnons s'étaient constitués prisonniers. La foule – Encore plus grandie par le temps – formait un vrai cercle autour du héros, à vingt mètres de rayon au moins et alimentait sans discontinuer rumeurs, surprises et scandales de manière tonitruante. Parmi eux, un peu plus en retrait, se trouvaient Vurgaam et Lucrétia. Ces derniers avaient été plaqués au sol par les gardes qui se tenaient à côté d'eux, le regard perçant et à l’affût du moindre mouvement suspect. Davaï était introuvable. Seul son armure et son arc gisaient au sol, près des pattes des amis d'Aoflir.

Le dragon aux écailles d’émeraudes ne bougeait aucunement. Il tenait un regard stoïque face à l'assemblée d'en face qui parlait aux autres tout en le contemplant. Le héros attendait patiemment que le Rok revienne. Ce dernier était parti chercher l'adversaire qu'affronterait le dragon aux écailles d'émeraudes dans un duel à mort.

Le héros déglutit péniblement et tourna la tête. Il percevait des piaillements de dragonnets. Ces derniers se trouvaient sur les dos de leurs pères, et certains autres se tenaient en haut des toits de leur habitation. On aurait dit que tout le monde s'attroupait pour assister à un spectacle. Aoflir en frémit.

« Un spectacle sordide en temps réel, pensa-t-il. Ils pourraient écarter les plus petits... Moi qui pensais les habitants de ce village plus vertueux. Que vous a donc fait ce tyran ? »

Aoflir eut envie de poser la question à voix haute. Il voulait savoir pourquoi la populace était aussi crédule. Pourquoi n'arrivait-elle pas à ouvrir les yeux ? Des questions que le héros tut. Il ne souhaitait pas s'attirer la foudre de tout un public à cause d'une parole blasphématoire quelconque et peu propice. Il se tint donc là, toujours aussi impassible.

De fines gouttelettes se mirent à tomber. La première parterre, puis Aoflir en sentit une sur le haut de sa tête, entre ses deux cornes, ainsi qu'une autre sur le bout de son museau, et une pluie démarra. Heureusement, ce n'étaient que de minces gouttes, et aucun vent ne venait violenter davantage ce caprice des cieux. Le héros songea néanmoins au terrain de l'affrontement. Si la pluie perdurait, la terre sèche qui tenait office de sol se transformerait en boue glissante sous peu. Le dragon aux écailles d'émeraude émit un grondement sourd en songeant à cela.

« Mon opposant aura l’avantage du terrain. Il sera sûrement entraîné à combattre par ces conditions. Bon sang, j'ai un mauvais pressentiment. »

Dans son esprit se projeta sa défaite face à son adversaire, et sa mort. Assez rapide, et pas trop douloureuse. Il pensa ensuite aux conséquences de son conjecturale échec, et le visage de Célia apparut devant lui, les yeux mauves et profonds, la fourrure lisse et tombante sur le côté gauche, ses cornes partant en arrière et symétriquement bien placées, son museau un peu plus long que celui du héros, mais moins large. Un hoquet de surprise le fit revenir à la réalité. Personne n'avait notifié son égarement. Célia... Qu'elle était belle, qu'il l'aimait...

« Je ne me laisserai pas avilir par le désespoir ! Jamais je n'abandonnerai. Je ferai ce qu'il faut jusqu'à mon dernier souffle, et je retrouverai Célia ! »

La nécessité de faire ressortir cette soudaine excitation fit rugir Aoflir. Un cri qui montrait détermination et ambition à la fois. Il sautilla quelques secondes sur ses pattes avant de finalement déclarer :

-Je t'attends, Rok, et je commence à m'impatienter !

Plus personne n'osa ne serait-ce que mimer un mot sur sa bouche. Les dragons lançaient des regards tantôt inquiets, tantôt impatients derrière eux.

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Niveau 10
08 juin 2014 à 19:36:31

« Non, se raisonna le héros. Ce n’est pas possible. Une magie, aussi forte soit-elle, n’est pas invincible. Mort doit avoir un point faible dans son armure charmée. »

Soudainement, une idée traversa l’esprit du dragon aux écailles d’émeraudes.

Aoflir fixa droit dans les yeux son adversaire, pour le tromper sur sa concentration qui n’était pas sur son opposant, mais sur la formation de son sort. Des enseignements de Larktrisfia montèrent dans la tête du héros : « Si tu montres que tu as l’esprit ailleurs à ton ennemi, ce dernier ne fera qu’une bouchée de toi. Méprends-toi. »

Une enveloppe magique revêtit Aoflir. Le charme semblait bouger à la manière du sang qui circule dans les veines, à l’exception près que le sort, lui, était d’un vert qui passait de l’émeraude à un teint plus foncé. Mort esquissa un sourire et gloussa avant d’ajouter sur des paroles moqueuses :

-Tu as trop peur de voir tes écailles partir une à une ? Ce n’est pas ce piètre sort qui te sauvera, hélas. Je vais abréger ce combat, parce qu’il est ridicule. Le Porteur sait qui récompenser…

Une vive lueur apparut juste au-dessus de la pointe de la queue de Mort. Cette lueur se matérialisa sous la forme d’un prisme au cœur et arrêtes très pointues. Le sort grossit au fur et à mesure qu’il apparaissait pour atteindre la taille d’une porte.

-… Et c’est moi qui le serais.

Aoflir sentait depuis sa position la puissante énergie qui émanait de ce qui semblait en effet être la conclusion de cette rixe à mort. Une question seulement restait en suspens : Le rescapé de cette tombée de rideaux.

« Je ne peux pas perdre ce combat… »

-Je ne peux pas perdre ce combat parce que Célia m’attend ! M’entendez-vous ? Célia m’attend !

Ces derniers mots hurlés, le héros donna une grande impulsion de ses ailes et plongea en piquet sur sa cible, nul sort chargé, si ce n’était que son bouclier qui semblait bien malheureux face à cet amas de puissance magique et dévastatrice.

Cet acte que l’on pouvait qualifier de kamikaze surprit au plus haut point le dragon noir et blanc. Ce dernier pourtant ne demanda pas davantage et il fit mouvoir sa queue comme un fouet à la gauche de sa tête. Le sort rencontra la tête du héros et après avoir vu la vive lueur du prisme devenir aussi blanche qu’un paradis, Aoflir et son opposant furent envahis par une explosion titanesque, suivi de sons forts et grinçants.

L’onde de choc se répercuta jusqu’en bas. De la terre se souleva, des bourrasques de vent manquèrent de faire trébucher les spectateurs au sol, et un peu de fumée fit tousser le public. Beaucoup allèrent se réfugier dans les maisons alentours, entrouvrant leurs volets de bois pour éviter de manquer une miette du spectacle, et surtout, son survivant. Plus aucun son n’émanait du village, à part le bruit de la pluie s’abattant sur les toitures des bâtisses, comme si tout le monde avait cessé d’exister, en même temps que l’explosion…

Les gardes qui comprimaient le petit groupe d’Aoflir avaient eux aussi cédé un peu de terrain et s’étaient aussi retranchés à l’embouchure d’une des nombreuses ruelles de la ville. Vurgaam essayait de se relever en poussant de terribles rugissements, mais les autres dragons appliquaient une telle pression que son corps et sa tête restaient cloués au sol.

-Lâchez-moi, donc, que j’aille écraser la vermine qui…

Tandis que Vurgaam vociférait, c’était le silence du côté de Lucrétia. Cette dernière avait la gueule grande ouverte et ses yeux brillaient. Une larme sortit et, d’un geste mécanique, elle essuya les autres pour ne pas être aveuglée par le chagrin. Elle n’osait dire mot ; néanmoins ses sentiments n’en étaient pas moins puissants. On pouvait le voir à sa manière de se mordre les lèvres jusqu’à les mettre en sang et ses griffes raclant sans relâche le sol de terre.

La fumée qui avait pris la totalité de la place s’estompa progressivement. Quelques maisons non loin du combat s’étaient écroulées de tout leur poids. Néanmoins, leurs habitants semblaient allaient bien, car le chef du village avait auparavant demandé l’évacuation des habitations proches. Il n’y avait aucune trace des deux dragons duellistes. Un garde se prononça pour aller jeter un œil, quand tout à coup, des débris bougèrent dans ce qui était auparavant l’enceinte d’une bâtisse. De lourdes poutrelles de bois et des gravats de pierre tombèrent, révélant un dos meurtri ; des fragments de bois, de pierre et de verre étaient plongés dans l’échine de la silhouette noire. Des ailes à la membrane partiellement arrachée se levèrent tandis que le dragon glissait à l’aide de ses pattes tremblantes – Et, par endroits, dépourvus d’écailles -. Il trébucha et roula par terre, produisant des toussotements longs et essoufflés, suivi d’un grognement qui exprimait de la douleur. Du sang coulait de sa gueule où sa langue pendait. Et malgré tout ceci, un petit rire rauque parcourut la place.

-Je l’ai battu. J’ai triomphé. Le Porteur a choisi…

Aoflir se tut et se mit à souffler d’un air grave. Sa tête tournait et tout devenait flou de par son seul œil. Il posa une patte sur celui qui était invalide et constata que son bandeau avait disparu. Sûrement s’était-il envolé avec l’explosion. Son œil, même après des mois de cicatrisation, ne devait pas être bien beau à voir. Pourtant il continua intérieurement à se languir de sa victoire.

« Peut-être qu’il était enchanté pour minimiser l’effet de mes sorts, mais, en y repensant, ses propres ataques avaient des effets sur son corps. Le vent chatouillait ses écailles quand il chargeait son orbe… Et pour sa dernière attaque, j’ai pu voir sa queue qui commençait à roussir. Alors, face à sa propre attaque à portée, qu’aurait-il pu bien faire, cet imbécile ? Même si je ne suis pas dans ma plus grande forme, j’ai triomphé, et je sauverai… Cé… »

L’œil d’Aoflir se referma sans même pouvoir prononcer le nom de sa compagne, et l’image de la dragonne pourpre céda sa place aux ténèbres. Une voix s’éleva aussi avant qu’il ne sombre complètement :

-Pathétique, héros… Tu as perdu.

ninjaretsu48 ninjaretsu48
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Niveau 10
13 juin 2014 à 22:08:10

Oh le joyeux bordel :noel: ! J'ai eu du mal à comprendre qui avait gagné contre qui à la fin xD. C'est une bonne suite bien dynamique

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
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22 juin 2014 à 17:33:40

Chapitre 8 :

Ténèbres et noirceur extrême. Aucune sortie, tout comme aucune entrée. Rien, à part un vide omniprésent et absent au même moment. Pas d’émotions, ni même un indice qu’elles eurent existé. Sourd et aveugle dans un espace intemporel.

Voici les conditions dans lesquelles se réveilla Aoflir, ses écailles et yeux verts étant la seule source de couleur apportée dans cet endroit. Le héros ne ressentait aucune douleur, et aucune blessure n’arpentait son maigre corps. Il tâta son œil gauche. Le dragon aux écailles d’émeraudes hoqueta de surprise. Son œil… Il était intact ! Son champ de vision était plus grand, et des sensations traversaient son œil anciennement mort. Il cligna des yeux plusieurs fois pour bien s’assurer que ce miracle était réel, et quand ce fut le cas… Il ne s’en montra somme toute pas plus heureux qu’avant. La surprise venait de passer, mais elle ne s’était pas changée en liesse. Tout ce qui en ressortait, c’était de l’impassibilité.

Le héros observa les alentours sereinement, et attendit tranquillement. Il avait une idée de l’endroit où il était. Sa seule question, c’était la cause de son apparition ici.

« Est-ce que je suis en plein rêve ? Ou bien Schalk’tir est-il en train de jouer ? Cela fait tellement longtemps que je n’ai pas entendu sa voix… Ou bien… »

Même si cette pensée ne lui faisait rien, il la redoutait terriblement. Il ne tremblait pas, ne pleurait pas, n’était pas triste, même s’il ressentait l’intense besoin d’assouvir chacune de ces réactions. Il voulait se sentir vivant…

« … Ou bien je suis mort… »

Comme pour lui répondre, une vive lueur teintée d’un bleu cyan apparut devant ses yeux. La lumière ne l’éblouit pas, mais il frémit en la voyant, et ses sensations revinrent petit à petit, comme si son corps, auparavant, avait été simplement engourdi. Il ressentait la chaleur de l’entité, et était apaisé. Cette dernière se matérialisa sous une autre forme, gardant son aura bleutée, seule éclairage du vice alentour.

Aoflir se montra surpris et en même temps indifférent à la dragonne qui se matérialisa devant lui. Le fait de voir le visage familier d’Anima le rassurait, et en même temps… La subjugation souleva son esprit. Que faisait-elle avec lui, dans cet espace ? Cette apparition révélait-elle sa mort, et par conséquent le sienne ?

-Ani… Débuta le héros.
-C’est bien moi, confirma la poétesse (Sa voix était plus mystique que d’habitude. Un écho et un ton impérieux la parcourait). Ou plutôt, une manifestation de mon esprit. En cherchant en toi, j’ai pu me raccrocher à une parcelle de ton âme encore en activité, et je m’y suis engouffrée pour te trouver.
-Dans quel but ? Demanda le héros après avoir analysé les paroles de son amie. Mais surtout, que t’est-il arrivé ? Es-tu… Sommes-nous… ?
-Non, répondit Anima. Tu es simplement dans le coma, et j’ai été libérée. Les autres m’ont tout expliqué. Tu as… Réussi ton épreuve.
-Ainsi… Mon adversaire est mort ?

Le héros fut pris de soubresauts. Même si son opposant avait souhaité sa mort, et que c’était pour Célia que le héros avait dû se battre, il ressentait du remord – Bien qu’amoindri par la méconnaissance de la victime -. Maintenant que l’acte avait été commis, il ne pouvait revenir en arrière, mais le dragon aux écailles d’émeraudes regrettait d’avoir eu à tuer quelqu’un qui était, qui plus est, sous l’emprise d’un dogme, et donc pas en possession de ses vrais moyens. Le héros pesta.

-Maudit Porteur…
-Tu comprends maintenant cette cage dans laquelle vivent les habitants de Syderibuus depuis bien trop longtemps.

Une petite pause s’ensuivit, rapidement interrompue par le héros.

-Le reste de la situation ?
-Tu es victorieux, mais en piteux état, avoua Anima (De l’inquiétude trahissait son ton absolu). Néanmoins, tu n’es plus en danger de mort, grâce à un médecin de Syderibuus. Il te faudra juste du temps pour te requinquer.
-Tu as une idée du temps ? S’enquit le héros.
-Le soigneur parle d’un mois, minimum.

Le héros invectiva et jura, avant de frapper le sol invisible de sa patte antérieure gauche.

-Je perds mon temps, et j’en perds trop…
-Relativise, rassura Anima. Le Rok n’a pas eu d’autres choix –Grâce à votre stratagème – que de t’accorder l’enseignement du Delirïa estero liar. Il attendra ton rétablissement. Aoflir, tu sais tout comme moi que la patience…
-Mais les ravisseurs de ma compagne n’en ont pas ! Ragea le héros. Il baissa la tête et eut une voix plus pâle. Strenth n’en a pas…
-Dans ce cas, abandonne tout de suite.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
22 juin 2014 à 17:33:51

La voix froide d’Anima ne manqua pas de surprendre Aoflir. Ce dernier la fixa comme si elle venait de lui infliger un grand mal. Il sentit son corps se geler, et, en même temps, une brûlante douleur serpentait sur son cœur.

-Tu as bien entendu. Abandonne tout espoir de retrouver ta compagne, si tu penses que le temps ne joue plus. Réfléchit donc ! Pourquoi ce dragon que j’ai devant moi, pourquoi ce personnage empli de courage et de volonté, pourquoi il accomplirait une quête insensée pour retrouver sa compagne déjà disparue depuis deux mois, avec des probabilités de survie très limitée ? Si tu es devenu un être absurde, Aoflir, abandonne une entreprise à moitié accomplie, parce qu’elle n’est pas terminée. Ta vie n’est pas terminée, bon sang !

Le héros resta figé face à cette tirade puissante de la dragonne. Il ferma les yeux et grogna, avant de lancer un puissant rugissement qui, avec l’écho de l’espace dans lequel il se trouvait, multiplia son intensité. Il déploya promptement ses ailes, et une aura verte comme ses écailles l’entoura, le réchauffant encore plus que la lueur de Lumina qui devenait médiocre face à la sienne. Dans un dégradé ressemblant à celui de la fumée, des couleurs vinrent se mélanger au noir, créant au fur et à mesure que le temps passait un paysage de plaine verte et luxuriante, avec au loin des arbres qui entouraient l’endroit. Un ciel bleu se confondit avec le vert, et un point jaune forma le soleil, dernière parcelle de noirceur avant qu’il n’apparaisse. Cependant, ce paysage fut tout aussi vite remplacé par une lueur blanche et aveuglante, et, malgré que ce ne soit qu’un rêve, le blanc qui envahissait son esprit aveugla le héros, avant que tout ne s’évanouisse pour redevenir noir.

Aoflir n’ouvrit pas l’œil dès son réveil. La lumière du jour qui passait par une fenêtre à laquelle il faisait face l’aveuglait. Il se tourna pour se retrouver couché sur le flanc droit, et, après un certain temps où son œil s’ouvrit timidement, les couleurs se chargèrent et des silhouettes assez grandes s’identifièrent, cachant même une bonne partie de l’arrière-plan tant elles étaient proches.

Il reconnut en premier lieu Anima, ses écailles bleutées couvrant le fond de bois foncé aux lattes également tranchée et associée. Sa patte touchait le front du héros, mais lorsqu’elle vit les yeux verts du dragon aux écailles d’émeraudes, elle poussa une exclamation et retira son membre. Aoflir vit aussi Lucrétia afficher un grand sourire qui ne cessait de grandir en voyant le blessé retrouver la vie. Elle poussa un grand cri de joie qui manqua le héros de le rendre sourd, avant de se retirer dans un angle sur lequel le dragon ne pouvait porter aucun regard. La dernière ombre était celle, toute couverte, du Rok qui montrait à travers ses yeux un grand étonnement.

Aoflir ne dit rien, mais, à l’intérieur de lui, il était frustré. La vision avec laquelle il s’était habitué pendant deux mois était revenu. Son œil gauche recouvré n’était bien qu’une idylle. Les articulations de ses pattes et de son torse lui faisaient mal, et à chaque respiration un pincement de douleur le comprimait. Sa tête tournait un peu, et il sentait son dos le brûler faiblement. Quelle étrange sensation. Lui avait-on appliqué de l’alcool sur le dos ?

-Nous sommes soulagés que tu n’abandonnes pas, Aoflir, confia Anima dans un soupir conciliant.
-J’ai mal partout, mais je crois que je suis aussi soulagé… Exprima le dragon avec un ton pâle.
-Pas le temps pour ces bavardages, coupa le Rok. Aoflir, tu m’as humilié avec ce combat, et je suis obligé de t’accorder le bénéfice du doute du Porteur.
-Qu’est-il arrivé à Davaï ?
-Emprisonné, mais ce n’est pas notre affaire. Ceci est mon ultimatum. Si tu choisis l’entrainement que tu quémandes tant, ce ne sera pas sans risques. Il faudra que tu te dépasses, parfois pour faire des choses insensées, et, plus que tout, tu risques à la suite de ton entrainement de perdre le contrôle pour le donner à Schalk’tir, car cet entrainement vise à « cohabiter » avec ton démon. Alors, de ce fait, je te pose la question une ultime fois, Aoflir, héros de Lavilnwa : Es-tu prêt ?

Aoflir déglutit, et afficha un faible rictus qui surpris autant Anima que le Rok. Le dragon aux écailles d’émeraudes articula bien les mots, même si les muscles qui lui permettaient la parole l’affligeaient.

-Je suis prêt.

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MP
Niveau 10
08 juillet 2014 à 01:57:52

Chapitre 9 :

Aoflir ne sut pas pourquoi ; peut-être était-ce grâce à sa volonté nouvellement reformée par les espoirs infondés d’Anima. Ou bien était-ce grâce à lui-même qui avait recouvré un défi à surmonter ? Toujours était-il que d’une manière ou d’une autre, la guérison du dragon aux écailles d’émeraudes prit moins de temps que l’avait prescrit le soigneur du village de Syderibuus. Chacune de ses plaies avaient cicatrisées avec perfection, ne laissant que de minces marques protégées par les nouvelles écailles du héros qui avaient recouvert son corps. Quelques passages chez des spécialistes du squelette permirent aux os du dragon de revenir à une situation à peu près normale, ce qui était un grand avancement pour Aoflir, puisqu’après cela, le dragon pouvait à nouveau inspirer profondément sans souffrir au niveau du poitrail, là où sa cage thoracique avait été enfoncée. Les membranes des ailes du héros s’étaient à nouveau formées et fortifiées pour redonner la belle toile verte qui affrontait le vent.

Aoflir n’avait pas attendu son rétablissement complet dans l’oisiveté. Il étirait ses muscles et, dès qu’il avait pu sortir de l’endroit où on le soignait, il avait commencé à grimper à des murs sans l’aide de ses ailes pour se muscler. Il avait travaillé aussi sa souplesse par quelques exercices qui l’avaient fait souffrir les premières fois. A la fin de cela, le héros s’était senti plus fort et vigoureux, et avec ça, une brûlante ambition grandissait. Cette ambition lui faisait croire qu’il pourrait combattre n’importe quel individu lui-même, parce que son envie d’aller de l’avant était beaucoup plus forte qu’aucun obstacle concret.

Au bout d’un mois, Aoflir était de nouveau capable d’effectuer les mouvements les plus compliqués, autant à terre qu’en vol. Il se sentait revivre et, physiquement, une seule chose lui manquait : Son œil gauche. Bien évidemment, Aoflir avait à l’occasion demandé à l’un des soigneurs en charge de lui si leur magie était capable du miracle qu’était la restauration complète de sa vision. Ses espoirs avaient été rapidement mis en déroute, puisque les dragons lui avaient indiqués que la magie était peut-être un don qu’a voulu le Porteur, mais pas les pouvoirs divins du Porteur lui-même. Les tissus musculaires de son œil avaient été endommagés à un point qu’un bout du nerf optique était manquant. De ce fait, plus rien n’était possible. « La magie peut réparer des tissus endommagés du corps, et parfois même les raccorder, quitte à les rendre plus courts, mais en aucun cas la magie ne peut reconstruire le vivant. »

Vint donc ensuite l’instant de vérité. Le début de son apprentissage du Delirïa estero liar. Ce commencement rendait Aoflir à la fois impatient et soucieux. Qu’allait-il devoir accomplir pour acquérir une souffreteuse maîtrise de son démon maintenant endormi depuis deux ans : Après les évènements qui confrontèrent le héros aux Darah Naga, dans les montagnes du Nord, non loin d’ici, quand Aoflir y repensait… Mais il avait abandonné ses pensées et s’était concentré. Il avait du mal à imaginer devoir risquer sa vie pour une sorte de rite séculier. Ce ne semblait rien, et le dragon aux écailles d’émeraudes avait une impression de vide dans son être, comme s’il ne comprenait rien de ce qui allait se jouer, et sûrement était-ce le cas. Son état d’esprit était tel qu’il ne pouvait envisager un mauvais côté de l’apprentissage de pouvoirs somme toutes sombres. La réalité l’avait rattrapé rapidement lorsqu’une parole du Rok toucha son esprit : « Perdre le contrôle pour le donner à Schalk’tir ».

« Où ais-je la tête ? Bien sûr que non, ces techniques ne seront pas douces. Il se peut qu’après tant d’années enfermé dans mon corps, Schalk’tir refasse surface, et ainsi, Karmhabor et le reste du monde serait en danger… Par ma faute ».

Tout semblait le ramener à son égoïsme, et Aoflir s’en rendait compte : L’amour est un sentiment égoïste. L’amour suppose à ne privilégier que le bonheur d’une personne à défaut de celui d’une communauté. Alors, que devait-il faire en ce moment, tandis qu’il en avait encore le temps ? Le héros devait-il abandonner son idée folle de retrouver sa compagne, ou bien persévérer et risquer de tuer la terre qui l’a vu naître ? Aoflir avait toujours entendu de la part d’autrui qu’il était un dragon sage et prudent, et le héros croyait à cela. Mais qu’en restait-il à l’instant ? De la prudence et la sagesse ? L’a-t-il vraiment été un jour ? Ces questionnements le rongèrent.

Et l’Amour triompha.

Aoflir ne pouvait pas l’abandonner. Il voulait, il le voulait beaucoup, pour ne plus causer aucun dommage, pour ne plus rien risquer, pour la paix. Hélas, cette paix était extérieure à lui, et même s’il désirait plus que tout de l’ordre, il ne pouvait s’en contenter sans posséder de l’ordre dans son propre esprit. Le monde serait sain, et lui fou. Il se porterait bien, tandis que ce dragon vert se rendrait malade, petit à petit… Il ne pouvait pas l’abandonner. Pas Célia.

Ainsi avait débuté son initiation. Le Rok l’emmena en dehors du village, dans une plaine gigantesque avec pour seule construction une maison de taille plutôt imposante aux coins et à l’armature de pierre. Les façades étaient de bois, cerclant proprement quelques fenêtres sur les côtés de l’habitation. Le Rok avait expliqué que c’était ici qu’il allait vivre le temps de son initiation, avec son nouveau maître. L’ermitage était –Selon le Rok- nécessaire pour que rien ne vienne perturber l’entrainement du dragon aux écailles d’émeraudes, car, de ce qu’avait précisé son maître, l’apprentissage se concentrerait beaucoup sur l’esprit. Cet aspect de l’entraînement avait rebuté Aoflir. Il allait devoir s’écarter de ses amis. Il ne pourrait pas partager avec eux ses craintes et ses évolutions au fur et à mesure que les jours passaient. Il n’aurait plus personne à qui se confier, si ce n’était son maître auquel il n’accordait que peu de confiance. Les visages de ses compagnons n’avaient pas manqué de lui venir en tête pendant qu’il s’entraînait.
La question des épreuves que le héros devait traverser avait vite été soulevée. Durant les premiers jours, le Rok avait accompagné son élève dans une purge de sa magie. Le concept en était plutôt simple : éviter que la magie d’Aoflir soit reliée à ses sentiments les plus négatifs comme la colère et la peur, parce que ces sentiments-là pouvaient soient perturber les sorts du héros, soient les décupler, mais par la même occasion décupler les chances de Schalk’tir de contrôler son hôte. Cela expliquait le gain de puissance qu’avaient parfois pris les enchantements d’Aoflir dans certains cas désespérés. L’épisode du Draktos Lutil, lorsque lui et son équipe eurent à se battre dans des grottes contre d’étranges créatures lui était revenu particulièrement.
Cette première étape n’avait rien d’ardu pour Aoflir, car, ayant eu un mentor qui l’avait amené loin dans l’apprentissage de la magie, le dragon aux écailles d’émeraudes savait plus ou moins comment manœuvrer.

Ce fut la suite de l’entraînement qui perturba Aoflir. Le Rok avait exigé de lui de se défaire de ses sentiments. En bref, le héros ne devait plus ressentir la peur, le désespoir, la colère, la haine, la joie et la passion. Cela n’avait pas manqué de faire intervenir avec véhémence le dragon aux écailles d’émeraudes. Comment le Rok pouvait-il demander à Aoflir d’oublier tout ce qui le caractérisait ? Oublier les émotions, et donc son âme. S’il procédait ainsi, il perdait ce qui faisait de lui un être vivant et pensant. Le héros avait refusé de continuer sur ce chemin, puisque cet exercice rendait son but nul. Pourquoi persévérer à acquérir du pouvoir pour retrouver sa compagne alors qu’au final il ne l’aimerait plus s’il la retrouvait ? Il ne pleurerait même pas sa mort, tout comme il ne s’illuminerait pas de bonheur en la retrouvant.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
08 juillet 2014 à 01:58:22

Paradoxalement à ce dont s’attendait Aoflir, le Rok n’avait pas laissé son élève abandonner sans réagir. Au contraire, il lui avait expliqué plus en détail la raison de cette opération et quelques closes qui lui étaient associés :

« -Si tu réussis à passer par-dessus tes émotions, tu ne seras que beaucoup plus résistant face aux tentatives de Schalk’tir pour te contrôler. Il est important de savoir que la puissance d’un démon quand il est dans un hôte, c’est les sentiments de ce dernier. Schalk’tir joue sur la colère et la peur et puise dans ces puissantes émotions pour te posséder.
-Dans ce cas, il suffirait de me fermer à la colère et la peur. Pourquoi dois-je aussi oublier les bons sentiments ?
-Parce que si le démon rencontre des difficultés à utiliser ta haine ou ton anxiété, Schalk’tir se rabattra automatiquement sur d’autres sentiments tout aussi intenses. Bien qu’il ne maîtrise pas la joie, il serait capable de passer par là pour t’avoir, et c’est un risque à éviter. Cependant, ne crois pas que tu deviendras aussi stoïque qu’un arbre. Je ne te demanderai pas d’effectuer cette opération dans le cadre d’une vie quotidienne. Bien que cette option soit la meilleure car il évite totalement que tes émotions te submergent.
-Alors que me demandez-vous ?
-Tu n’es pas le premier à refuser cet enseignement, et c’est pourquoi un de tes prédécesseurs a imaginé un moyen de se vider de toute émotion pendant les combats seulement. La pratique est plus difficile et à toujours des risques de t’exposer à Schalk’tir si par malheur tu perds le contrôle de ce que je vais t’apprendre. Es-tu donc bien sûr de ce que tu veux faire ? »

La réponse, Aoflir l’avait sorti automatiquement. De ce fait, les deux dragons pratiquèrent un entrainement visant à éliminer les émotions du héros pendant qu’il combattait. Ceci se fit en deux étapes. La première avait été éprouvante mentalement. Il s’agissait de lire les pensées du Rok. Ce dernier avait élevé quelques défenses mentales pour corser l’exercice. Cependant, là n’était pas la difficulté, parce qu’Aoflir n’avait aucun mal à lire quelques pensées anodines. Non, le problème, c’était que son corps devait aussi être en activité. Pendant que le héros tentait de percer les maigres défenses de son maître, il devait en plus éviter les sorts que lançait le dragon peinturluré. Ce n’était pas lui qui bougeait, mais bien le héros. Ainsi, le dragon aux écailles d’émeraudes devait garder un maximum de concentration mentale tout en gardant à l’esprit les obstacles qui se dressaient au fur et à mesure devant lui. Aoflir avait compris le but de cet exercice après avoir enchaîné une dizaine d’échecs où il se retrouvait touché par un des sorts du Rok – Cela laissait une douloureuse sensation, comme si un petit piquant s’était planté profondément dans sa chair. Après une minute, la douleur repartait -. L’exaspération et la frustration avaient commencé à envahir le dragon qui avait fait à cause de cela plus d’erreur, emporté par la lassitude et l’envie absolue de finir plus vite. Il fallut une pause pour qu’Aoflir, sous la tutelle du Rok, comprenne qu’il ne devait pas laisser sa colère dicter ses actions, et garder une sérénité qui lui permettait ainsi de garder un esprit lucide. Bien entendu, la technique n’était pas venue immédiatement. Il fallut encore un grand nombre d’essais avant que le héros ne se sente approché du but. Et ce sentiment s’était intensifié de jour en jour, pour finalement se concrétiser une semaine plus tard.

La deuxième étape, elle, avait visé plutôt la joie, la passion, et même l’amour. Pour cela, le Rok avait mis en place une solution pragmatique, mais insoutenable pour le héros. Le dragon peinturluré avait endormi son élève afin de simuler dans l’esprit de ce dernier un puissant combat contre sa pire phobie. L’épouvante du héros avait été totale lorsqu’il s’était rendu compte qu’il devait se battre contre une Célia métamorphosé, haineuse et sans pitié. Tel était la phobie d’Aoflir : Retrouver sa compagne sans qu’elle ne puisse jamais le pardonner de ne pas l’avoir secouru. Le spectre du remord en personne. Un allié avait été créé par le maître pour ajouter en difficulté : Manah. A chaque fois que la dragonne aux écailles de bronze se retrouvait expulsée par un sort de Célia, le cœur d’Aoflir en prenait un coup. Et la situation réciproque engendrait le même ressenti, sinon pire. Au premier échec d’Aoflir, qui s’était résolu par la « mort » de Manah et du héros, ce dernier avait reçu un gros choc émotionnel, et ne voulait plus jamais retenter cette expérience. Il avait refusé avec véhémence les souhaits du Rok pour qu’il réessaye.

Trois jours durant, il resta enfermé dans sa résidence provisoire, à l’abri de quiconque, même de son maître. Aoflir tremblait de peur, et son esprit était hanté des cris de douleurs de Manah, puis Célia. Elles ne le quittaient pas, et ce harcèlement le rendait fou. Il se frappait parfois la tête dans l’espoir d’être libéré de tels tourments, mais rien n’y faisait. Son sommeil ne venait pas, la fatigue s’accumulait, et bientôt il vit des représentations étranges de ses camarades devant lui. Ils ne disaient rien, ne faisaient rien, mais le héros les sentait vivant et, lui, leur parlait et répondait… Il riait, il riait seul.

Le Rok prit place parmi ses hallucinations. Mais ce dragon-là semblait plus concret pour Aoflir. Il entendit une voix posée et calme sortant de sa gueule :

-Cet exercice est une horrible expérience, je le sais, Aoflir. Il nécessite un moral énorme. Pourtant, il faut combattre ses peurs, celles qui sont infondées. Personne n’a réussi au premier essai, Aoflir.
-T-t-t-taisez-vous ! Lui intima le dragon aux écailles d’émeraudes, les yeux rongés par l’inquiétude.
-Tu n’es pas toi-même. Tu dois le combattre, ton esprit. Parce qu’il veut te protéger des images choquantes, de ce qui te blesserait… Brise cet écu, Aoflir ! Brise-le ! Si tu ne le fais pas, tu ne sauras jamais si la Célia que tu as combattue sera celle que tu verras. Tout te ment ici. Même moi, je te mens !
-C-C-Célia…

Le héros se mit à pleurer.

-Pourquoi t’en voudrait-elle ? Est-ce vraiment de ta faute ? Si tu as peur de ce que sera le résultat, tu n’avanceras jamais. Tu ne retrouveras jamais…

-FERMEZ-LA !

Le héros tomba à plat ventre sur son lit. Un petit sommier dans lequel Aoflir ne pouvait y caser tout son corps, aux draps verts pomme et au squelette de bois doré.

-Pitié…

Le héros, dans ce dernier mot, parvint enfin à trouver un doux sommeil dans lequel il se laissa emporter volontiers. Le Rok disparu, et les voix s’apaisèrent aussi. La paix.

Quand Aoflir se réveilla, il était couché sur son flanc gauche, sous le fin drap du lit de la cabane où il s’était isolé. Avant qu’il ne puisse voir le Rok, il entendit déjà sa voix.

-Parfait, tu es réveillé.
-Comment ? Demanda le héros, abasourdi. Où suis-je ?
-Toujours au même endroit. Cela fait un jour que tu dors. La folie t’avait gagné.

Les paroles du Rok étaient floues pour le héros. Il ne comprenait pas le sens de ses phrases. Il essaya de se remémorer tout ce qu’il lui était arrivé ces derniers jours, mais à part l’annonce du Rok qu’ils allaient pouvoir commencer l’exercice visant à supprimer la compassion, rien ne venait à l’esprit du dragon.
-Je ne me souviens de rien. Tout est noir dans ma tête, expliqua le héros.
-Ce n’est pas une si mauvaise chose. Nous allons retenter l’expérience, mais avant ça, je dois te dire une chose.
-Quoi donc ?

Le dragon peinturluré avança un peu plus, et sa voix s’adoucit, comme s’il était en train de parler à son fils, ou à son élève le plus assidu et en difficulté. Pour la première fois, Aoflir voyait dans les yeux de son tuteur une grande ambition, et une affection pour l’individu qu’il avait en face.

-Les choses que tu devras affronter pour parvenir à tes fins ne réfléchiront pas à leurs actions. Ici, rien ne sera réel, mais ne t’en rassure pas pour autant. Je te dis ça parce que si tu réussis maintenant, tu ne réussiras pas sur le terrain. Ton adversaire en face n’aura aucune pitié, et il en fera son point fort. Dans le feu de l’action, Aoflir, tu dois être comme ton opposant : Froid et imprévisible, que ce soit sur ton ennemi juré ou sur ton ami le plus proche.

_PseudAnonyme_ _PseudAnonyme_
MP
Niveau 10
08 juillet 2014 à 01:58:48

Tout revint alors au héros de jade tandis que son interlocuteur s’exprimait. Son esprit, le combat entre lui et Célia. Manah… Un frissonnement le parcourut et un maigre gémissement stoppa le Rok dans son explication.

-C’est impossible, intervint Aoflir. Les émotions sont trop fortes. C’est ma compagne que je combats !
-Exactement, et elle te veut du mal. Pourquoi pas toi ? L’amour n’est-il pas perdu si cet évènement venait à se produire ? Tu dois te libérer des choses qui ne sont plus. Si vous vous affrontez, elle sera ton ennemi, et il n’y a rien d’autre à penser.
-C’est impossible… Répéta le héros, déboussolé.

Le Rok resta figé, sans rien ajouter de plus. Puis un mince sourire éclaira son visage dessiné.

-On va changer de stratégie.

L’entrainement du héros reprit son cours, mais pas avec le même exercice. Le Rok avait décidé de suspendre le combat mental pour une autre performance. Le dragon noir et blanc avait demandé à Aoflir de s’installer dans l’amas d’arbres frontaliers à la grande plaine et de ne rien y faire. Simplement se détendre. L’idée avait surpris significativement le dragon aux écailles d’émeraudes qui avait demandé ce qui allait se passer, ou ce qu’il allait trouver là-bas. Le Rok était resté mystérieux sur ce sujet, lui promettant simplement que ce serait concluant pour l’apprentissage.

Aoflir avait donc exécuté les instructions de son maître, y trouvant au départ un brin de lassitude. Puis il s’était dit que cet entrainement avait été créé dans le but de contrôler sa patience. De ce fait, le dragon s’était laissé aller, trouvant dans ce calme qui était rare une sérénité qu’il n’avait jamais ressentie à ce point depuis que Célia avait disparu. D’une humeur à l’autre, l’image de Célia avait perturbé le héros qui avait rouvert subitement les yeux. Il n’avait pu s’empêcher d’émettre un grondement de lassitude. Même si c’était contre son gré, il devait arrêter de penser à elle. Arrêter cette obsession qui le rongeait.

Le héros avait appris plus tard que c’était le Rok qui perturbait les pensées d’Aoflir lorsqu’il était dans la forêt en lui transmettant des pensées pour sa compagne disparue. Le dragon aux écailles d’émeraudes avait continué sur cet exercice trois jours durant, avant de finalement pouvoir prétendre avoir réussi à méditer sans laisser une seule pensée égarée pour Célia. Cette conclusion l’avait attristé en un sens. Il avait l’impression qu’en faisant ça, il oubliait Célia. Pourtant, il avait continué, persuadé que c’était la meilleure solution pour la récupérer, si elle était encore en vie.

Les deux dragons étaient revenus à leur entrainement dans l’esprit d’Aoflir, et cette fois, l’exercice ne s’était pas déroulé de la même manière. Juste avant que le combat ne démarre, le héros avait éloigné tous ses sentiments positifs, comme il avait appris à le faire dans la forêt. Il en résulta le triomphe d’Aoflir et de Manah. Il avait remarqué ne laisser aucune émotion s’échapper de son corps. A chaque fois qu’il avait frappé Célia, il ne s’était posé aucune question, et quand Manah prenait un coup, il la protégeait, mais non par compassion. Simplement parce qu’elle était une alliée.

Le Rok, pour s’assurer que son apprenti avait bien assimilé la technique, le fit recommencer deux autres fois. Après cela, il lui annonça fièrement qu’ils allaient passer au final de cet apprentissage : L’accès aux pouvoirs du démon. Rien que la mention de cette épreuve avait fait frissonner le dragon. Pourtant, il s’y était attelé rapidement.

Aoflir avait dû se battre contre son mentor et apprendre à réveiller les pouvoirs de Schalk’tir sans en perdre le pouvoir. Le fait que le dragon aux écailles d’émeraudes ait auparavant appris à ternir ses émotions l’aiderait considérablement. Après des heures de coups de queues, de cornes, de griffes et même de crocs, Aoflir n’était pas parvenu à évincer son adversaire. Ce dernier bougeait avec grâce et attaquait avec une grande fluidité. Quoi que tentait le héros, son mentor le déjouait toujours, et Aoflir avait remarqué que jamais il n’enlevait le manteau qui recouvrait son corps. Jamais le dragon vert n’avait pu voir ce dernier.

Mais là n’était pas le plus important. Tandis qu’Aoflir avait cru que la fatigue allait finir par l’emporter, la chaleur du corps du héros s’était intensifiée, et il avait senti son cœur battre plus vite. Il avait compris comment cela s’était produit : Aoflir avait puisé profondément en lui pour provoquer le démon dans son esprit. Ce dernier, pour la grande surprise du héros, avait répondu sans trainer, malgré le fait qu’il avait été inactif pendant maintenant 2 ans. Ensuite, le démon n’avait pu trouver aucun moyen de contrôler le héros puisque ses émotions étaient absentes, et le dragon aux écailles d’émeraude avait appris rapidement à en faire un grand avantage. Il avait renversé la situation, et il avait pu sentir que pour une fois, il avait possédé les pouvoirs de Schalk’tir tout en les contrôlant. Hélas, le Rok l’avait arrêté avant qu’il ne puisse les utiliser, et, en souriant, son mentor avait déclaré que l’entrainement était terminé.

Quand ils revinrent dans le village, Aoflir se sentait changé. Il ne pouvait dire en quoi, mais quelque chose en lui différait. Peut-être que cette épreuve lui donnait un excès de confiance quant au succès de la recherche de Célia. Il n’avait plus aucune peur à donner à son démon. Le héros en était maintenant certain : Plus jamais il n’aurait à craindre Schalk’tir.

Tout le village accueilli dans une liesse tonitruante son Rok, comme si c’était un grand héros qui revenait d’une guerre. Le prestige que possédait ce personnage impressionnait et dégoûtait Aoflir. Il était respecté, certes, mais grâce à des mensonges, et à une corruption générale. Néanmoins, il ne fut pas le seul personnage attendu. Sur un côté, aux premières loges de toute cette agitation attendaient Anima, Lucrétia et Vurgaam. Ces derniers étaient entourés de gardes de Syderibuus, les visages neutres. Le dragon noir poussa un rugissement de joie en voyant son ami vert de retour. Le héros se décala donc et alla trouver ses partenaires qui lui posèrent d’innombrables questions auxquelles il répondit aisément. Leur discussion se reporta plus tard, tandis que les dragons s’étaient isolés dans la bâtisse secondaire du Rok.

-Maintenant, reprit Lumina, tu es capable de dompter Schalk’tir, vraiment ?
-C’est une libération, confia Aoflir. Je ne me sens pas plus puissant ; juste rassuré de ne plus avoir à craindre sa folie.
-Tu dois tout de même te sentir prestigieux ! Exclama Vurgaam. La puissance d’un démon à ta portée !
-Je n’ai pas encore tout assimilé, plaida le dragon aux écailles d’émeraudes.

Ce fut à ce moment que le Rok entra, avec derrière lui deux gardes enveloppés de fonte grise. Le dirigeant leur demanda de rester à l’extérieur et s’approcha du groupe. Aoflir sentait une tension palpable. Tous décrivaient des regards de méfiance vers le Rok. Ce dernier n’en eut rien à faire et s’adressa directement au héros.

-Pas le temps pour souffler, Aoflir. Je te laisse ce soir pour trouver ta prochaine destination. Après cela, je vous veux parti dès le lendemain.
-Plaît-il ?
-Tu m’as entendu.
-Mais que dois-je faire avec ces pouvoirs ? Vous ne m’avez même pas laissé le temps de les voir concrètement !
-C’est très simple. Ayant acquis les pouvoirs de Schalk’tir, tu es capable de percevoir toute son énergie. Le démon procède ainsi pour connaître la position de tous ceux en possession – de près ou de loin – d’une once de lui-même.
-Vous voulais dire que maintenant je suis capable de pister Strenth ?

Le fait que le Rok était au courant que son frère possédait les pouvoirs de Schalk’tir ne l’étonna même pas. Il n’était pas devin, mais l’efficacité de ses colporteurs n’était pas à prouver. Très peu de gens étaient au courant que Strenth était le frère d’Aoflir, et son nom avait été oublié dans le complot des Darah naga.

-Exactement, confirma le dragon peinturluré. Je dois t’avouer que tu as été un bon élève. Hélas, je ne t’apprécie pas en tant que dragon. Tu nuis à mon autorité, et c’est pourquoi je ne veux plus rien avoir à faire avec toi par la suite.

Sans pérorer davantage, le Rok s’en alla, tournant le dos et refermant la porte à des dragons indécis. Tous, sauf un qui brûlait d’une immense ambition.

« Je me sens plus proche de toi maintenant, Célia… »

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