Certains diront que Nintendo a fait une grosse entourloupe à Microsoft. Pourquoi ? Les mauvaises langues parlent déjà du départ imminent des frères Stamper, on peut lire dans la presse spécialisée de l'époque que le géant américain n'a acquis qu'une coquille vide et le portage des grandes licences de la N64, Perfect Dark et Banjo-Kazooie en tête, semble incertain. Une partie du staff technique, dont certains membres illustres, s'en est également allée. En sus de ceux cités un peu plus haut, nommons Ken Lobb, développeur, mais aussi chargé des relations entre Nintendo of America et Rareware. Estimé, le gaillard eut même la chance d'avoir une arme dédiée dans Goldeneye (le Klobb) et Perfect Dark (le KL01313). Suite au rachat de Rare, il annonça son départ de NOA pour... Rejoindre Microsoft. Coïncidence ? A vous de juger.

Autre questionnement : pourquoi Nintendo a-t-il cédé une entreprise qui, presque à elle seule, a su faire vivre une de ses consoles ? Plusieurs réponses peuvent être apportées. Le marché du jeu vidéo n'est plus le même et son « ennemi héréditaire », Sega, a désormais abandonné la fabrication de machines suite au relatif échec de la Dreamcast pour ne se consacrer qu'au développement de jeux. Les deux rivaux peuvent désormais travailler main dans la main. Mais la firme au hérisson bleu n'est pas la seule dans l'objectif de Nintendo. L'argent récolté grâce à la vente des parts de Rareware va servir à remplir les caisses du Fund Q. Entièrement supporté par Hiroshi Yamauchi, son rôle est d'aider financièrement les petits développeurs travaillant pour Nintendo et n'ayant pas beaucoup de budget pour concevoir un jeu vidéo. C'est notamment avec l'argent de cette fondation que sera créé par Square-Enix « The Game Designers Studio », via lequel sera développé Final Fantasy : Crystal Chronicles. D'autres entreprises talentueuses sont également devenues first ou second party, comme Silicon Knights et Retro Studio, en apportant des titres de renom au Cube comme Metroid Prime et Eternal Darkness. Enfin, en 2002 la contribution financière de Rare ne s'élevait plus qu'à 1,5% des revenus de Nintendo alors que ce chiffre a flirté avec les 20% quelques années auparavant…

Certains en concluront alors que Nintendo s'est débarrassé volontairement de Rareware. Mais soyons réalistes. Ce rachat est avant tout un acte symbolique. En privant Big N d'un de ses partenaires les plus talentueux, la multinationale américaine a voulu frapper un grand coup. Nombres de fans ne s'en sont d'ailleurs pas vraiment remis, témoignant de l'image forte que dégageait Rare auprès du public de la N64. Fin 2002, il semblerait néanmoins que les lettres de noblesse de la société soient à présent derrière elle. C'est peut-être cela qui a poussé Nintendo à se séparer de son ancien partenaire et les années à venir nous diront si cette décision fut la bonne.