Lorsque Jen-Hsun Huang a fait l’annonce de la nouvelle Shield TV, nous étions nombreux à nous demander si cette console allait pouvoir afficher suffisamment de différences techniques avec sa grande sœur pour justifier son adjectif de « nouvelle ». Offrons-nous donc un petit tour de l’objet, afin d’y voir plus clair.

Première chose : avant de faire un point sur les nouveautés apportées, peut-être ne serait-il pas inutile de prendre quelques lignes pour revenir sur ce qu’est exactement la Shield TV. Il s’agit d’un boitier que l’on nommera aussi console par facilité, et qui viendra se brancher sur votre TV, afin de lui apporter un certain nombre de services. Ces services seront regroupés sous une interface, Android TV, déclinaison de celle que l’on trouve désormais sur de nombreux smartphones et tablettes, mais conçue pour pouvoir être pilotée grâce à une manette ou une télécommande. Quant aux services que cette console pourra fournir, ils seront multiples, et disponibles sous forme d’applications : lecture vidéo et audio, et gestion de contenus multimédias d’une manière générale, jeu en local en profitant du catalogue Android, streaming de jeux depuis un PC connecté au réseau local, ou depuis un service de Cloud Gaming, retrogaming (émulation de vieilles consoles) ou diffusion de programmes en direct (TV, Twitch, etc…). En résumé, la console entend centraliser toutes les activités que vous avez l’habitude de pratiquer devant votre TV.

Maintenant, si la Shield TV « nouvelle génération » propose quelques ajustements techniques par rapport à sa grande sœur, son cœur, ou en tout cas, les composants qui le constitueront, n’a subi aucune modification : la console reste donc animée par un SoC Tegra X1 (8 cœurs 64-bit ARM côté CPU, 256 cœurs CUDA sur architecture Maxwell côté GPU) accompagné de 3 Go de mémoire RAM. On pourrait bien entendu voir la chose comme une stagnation. Toutefois, on pourra aussi s’en réjouir : d’une part, ce statu quo correspondra à une expérience d’utilisation toujours solide, comme nous allons le voir, et d’autre part, elle permettra une compatibilité quasi totale des nouvelles fonctionnalités avec la précédente version de la console. Ainsi, ceux qui possédaient déjà une Shield TV n’auront qu’à racheter le nouveau contrôleur (la seule pièce à comporter des modifications liées à de nouvelles fonctions, 70€ en France) pour disposer d’un équipement à jour.

Quant aux ajustements techniques auxquels nous faisions référence quelques lignes plus haut, ils consisteront principalement en des opérations de rationalisation, dirons-nous, qui auront autant pour but de supprimer des éléments dispensables (selon NVIDIA), que de réduire les coûts de la machine, afin que celle-ci continue d’afficher un tarif compétitif (229€, pour mémoire) pour un package complet : la console, avec sa manette et sa télécommande. Première modification notable : la nouvelle Shield affiche une taille de guêpe par rapport à sa grande sœur : 98 mm en hauteur, 159 mm en largeur, et 26 mm en épaisseur… Pas beaucoup plus qu’un disque dur externe. Évidemment, ce gain d’encombrement ne sera pas sans contrepartie. Tandis que la Shield TV originale disposait d’une connectivité assez complète, un port Ethernet, un port HDMI 2.0, un port micro-USB, 2 ports USB 3.0, un récepteur IR, et un logement microSD, la nouvelle Shield TV doit se passer du port micro-USB et du logement microSD.

Parallèlement, la télécommande perdra également ses finitions métalliques pour adopter une robe tout plastique, même si elle gagnera l’intégration d’une interface IR, afin de piloter le volume et la mise en route ou l’arrêt d’une télévision. Elle conservera aussi sa bande tactile dédiée au contrôle sonore. On notera dans ce même esprit de rationalisation que la télécommande ne disposera plus d'entrée audio, et ne sera plus rechargeable : en remplacement, un tiroir à pile pourra s'ouvrir sur sa tranche inférieure, un système qui affichera une autonomie estimée par le fabricant à un an.

Quant à la manette Shield, c’est sans doute elle qui aura connu les changements les plus profonds : son design a ainsi été entièrement revu afin qu’elle soit moins volumineuse. Elle se dote aussi d’un nouveau système de retour haptique, ainsi que d’une interface de commande vocale, afin de pouvoir piloter la console via Google Home. Et la surface tactile présente sur la première version de la manette tire sa révérence. L’émulation du fonctionnement d’une souris (parfois utile sous GameStream) se fera désormais grâce au stick droit et aux boutons A et B. Ce nouvel équilibre proposé par NVIDIA, avec des fonctionnalités ou des entrées / sorties qui disparaissent, pour laisser la place à d’autres, est-il bien ou mieux trouvé ? Sur notre grosse semaine d’expérience, nous dirions globalement que l’ensemble reste cohérent… La nouvelle manette est ainsi plus agréable à prendre en main, et moins lourde que la précédente. On pourra certes regretter la disparition du lecteur de carte SD, mais les disques externes sont aujourd’hui si peu chers, et l’utilisation d’espace cloud si commune (OneDrive, Google Drive via ES Explorer), que ce retrait nous est finalement apparu comme plutôt trivial, tout comme celui du port microUSB. La console propose en effet un accès à son système de stockage via le réseau local si besoin.

On notera que s’il en est qui estiment avoir besoin d’une console plus riche en connecteurs, ils pourront toujours se tourner vers la version Pro, qui reprendra alors à la lettre le design de la Shield TV première génération (la manette et la télécommande qui l’accompagneront seront cependant au nouveau format). Cette possibilité sera néanmoins facturée plus chère, 349€, sachant que la version Pro intégrera en son sein un disque dur de 500 Go de capacité. Considérant cela, on comprend rapidement que tout l’intérêt de la nouvelle console ne sera pas dans sa fiche technique, finalement tout aussi convaincante que celle de la première itération. Non… La véritable avancée est à chercher ailleurs, dans la partie logicielle, que nous allons maintenant décortiquer.