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Test Hexen II
Profil de Vaetrem,  Jeuxvideo.com
Vaetrem - Journaliste jeuxvideo.com

Après un Necrodome qui n'a pas soulevé des vagues d'enthousiasme, Raven Software revient en 1997 à des valeurs sûres en développant une suite à son hit de 1995, Hexen : Beyond Heretic. Le jeu, sobrement nommé Hexen II, sera le dernier épisode de la série à prendre la forme d'un FPS et offrira également une conclusion à ce que l'on appelle désormais la trilogie des chevaucheurs de serpent – Heretic II, un jeu d'action-aventure, étant considéré comme un peu à part par les fans. Une nouvelle fois fruit de la collaboration traditionnelle avec id Software, qui met ici à disposition le moteur de Quake, Hexen II se révèle-t-il à la hauteur de ses prédécesseurs ? Eléments de réponse.

Hexen II

Les défaites de D'Sparil et Koax, respectivement survenues dans Heretic et Hexen, ont libéré les plans d'une lourde menace. Mais le pire est encore à venir. Eidolon, l’aîné et le plus puissant de nos Némésis, a jeté son dévolu sur Thyrion, monde qu'il conquiert aisément grâce à l'aide de ses lieutenants. Ceux-ci, les quatre cavaliers de l'apocalypse, ont chacun envahi l'un des continents du monde de Thyrion. Charge nous est donnée de libérer ce monde, qui ressemble d'ailleurs fort à notre chère planète Terre, et d'en finir pour de bon avec le mal.

La prégnance de l'aspect RPG encore rehaussée

Hexen II
La fiche de personnage vous renseignera sur vos possessions, vos statistiques et vos capacités spéciales.
Vous choisirez en début de partie le héros que vous souhaitez incarner parmi quatre classes de personnages. Les classes et caractéristiques étant différentes de celles présentes dans Hexen, nous allons nous attarder un moment là-dessus. Vos quatre choix sont le paladin (gros dégâts au corps-à-corps), le croisé (corps-à-corps également mais plus orienté sur la défense), le nécromancien (lourds dégâts à distance) et l'assassin (furtivité et attaques fourbes). Chacun d'entre eux est ainsi doté de spécificités qui lui sont propres, tant au niveau de l'armement et des capacités spéciales que du développement du personnage. Votre personnage est défini par une fiche de personnage répertoriant six caractéristiques : intelligence, sagesse, dextérité, force, et points de mana et de santé. Ces caractéristiques (dont le seuil de départ est calculé de façon aléatoire mais conditionné plus ou moins positivement suivant la classe choisie) seront amenées à évoluer au cours de la partie par le biais d'une montée en niveau effectuée par obtention de points d’expérience. S'il vous sera impossible de répartir les points à votre guise, comme on le ferait dans un jeu de rôle à l'occidentale, l'accès à certains niveaux vous accordera des capacités spéciales en adéquation avec votre classe qui auront une forte influence sur la manière dont le joueur appréhendera les affrontements. L’assassin par exemple obtiendra dans un premier temps la possibilité de progresser de manière furtive, puis recevra un bonus passif aux dégâts dans le dos, tandis que le nécromancien obtiendra à terme une capacité de vol de vie avec son arme de base.

Hexen II
Les armes du Nécromancien sont parmi les plus jouissives du titre.
Parlons-en, des armes et de l’équipement. Au nombre de quatre par personnage, elles peuvent être soit de corps-à-corps, soit de distance et sont agréablement variées, notamment lorsque l'on passe d'un personnage à l'autre. On retrouve l'arme de base dont l'utilisation ne consomme aucune mana, l'arme secondaire qui use la mana bleue, une troisième qui use la mana verte, plus rare, et enfin l'arme ultime qui consomme les deux types d'énergie. Les différentes classes sont donc plus variées, plus nombreuses et plus marquées que précédemment, et participent à l'élaboration d'une forte rejouabilité pour le titre. En marge de cela, on retrouve l'inventaire qui a beaucoup contribué au succès de la série. On disposera ici de 24 objets, contre 18 dans l'opus précédent, dont certains indissociables de la série (l'objet qui permet de voler, de se rendre invisible…) mais aussi des nouveautés (comme un anneau renvoyant les projectiles), des retours attendus (le vénéré tome of power) et, bien entendu, l'objet humoristique propre à chaque épisode. Enfin, on notera qu'à l'instar de Hexen, on retrouve des objets dont l'effet différera selon la classe de notre personnage. Un point fort de plus pour un titre qui n'en finit pas d'enrichir le socle de la série et de varier l’expérience de jeu.

Des graphismes exceptionnels et un level design impressionnant…

Hexen II
Un passage secret se cache sur cet écran, saurez vous le trouver ?
En effet, en plus des ajouts fort intéressants effectués au niveau du gameplay, on apprécie également la perpétuation d'une des qualités révérées de la série, à savoir son level design particulièrement travaillé pour un jeu du genre. On retrouve ainsi une structure similaire à celle du premier Hexen, c'est-à-dire basée sur un système de hub à explorer et de puzzle à résoudre pour progresser. En arpentant les niveaux composant le hub (en moyenne 5 à 7 par hub), on récolte des éléments qui nous permettront de résoudre ces puzzles. On constate avec plaisir que les niveaux sont toujours vastes, pleins de secrets et ouverts à l'exploration. Ils le sont même parfois à l'excès tant certains indices nécessaires à la complétion des hubs sont vicieusement cachés. Si l'on apprécie cette volonté de nous faire explorer minutieusement les niveaux, on comprend aussi la lassitude que cela peut induire pour certains, notamment lorsqu'il s'agit de faire des allers-retours dans des zones déjà vidées de tout monstre. Chacun des hubs principaux, au nombre de quatre, se conclut par un combat épique et particulièrement impressionnant contre l'un des cavaliers d'Eidolon.

Hexen II
La profusion graphique saute aux yeux durant les combats de boss. Ici, Pestilence, maître du hub égyptien.
Il s'agit ici du passage à la 3D de la série, et l'on peut dire que le virage est parfaitement opéré. Le jeu profite en effet des toutes dernières technologies graphiques de l’époque. Doté d'un rendu exceptionnel, grâce à l'utilisation, et à l'optimisation, du moteur révolutionnaire de Quake, Hexen II est indéniablement l'un des FPS les plus impressionnants à sa sortie, surtout compte tenu de son ouverture et de sa variété. Cela est permis par le support, encore rare à l’époque, des technologies 3dfx et open GL. Les cartes graphiques 3D, et particulièrement les Voodoo devenues légendaires pour nombre de gamers les ayant connues, sont exploitées à leur maximum et assurent un rendu tout simplement magnifique au titre. Les décors interactifs et souvent destructibles viennent également accentuer une immersion déjà très forte. La grande majorité de ses concurrents directs, tels que Blood ou Shadow Warrior, bien qu'étant parfaitement excellents, sont clairement en retard sur le plan technique. Finalement, les véritables concurrents techniques de Hexen II (Turok, Golden Eye) se trouvent alors sur consoles, avec des gameplays et des ambiances bien différents.

…qui contribuent à une direction artistique variée et parfaitement maîtrisée

Hexen II
Le hub américain est doté d'une ambiance particulièrement réussie.
Cette réussite technique est soutenue par une direction artistique tout simplement géniale, plus variée et pourtant plus sombre que jamais dans la série. En effet, Hexen II quitte la seule dark fantasy typique des deux premiers épisodes et adopte un profil plus varié en nous proposant plus d'ambiances qui sont également plus travaillées. Les quatre hubs principaux nous rappellent ainsi fortement des civilisations de notre planète à nous. Le premier se déroule dans une atmosphère médiévale occidentale crépusculaire tandis que le second nous propose un environnement méso-américain particulièrement réussi. Le suivant nous fera évoluer dans un univers au thème égyptien antique débouchant enfin sur un monde gréco-romain. En marge de cela, on trouve également d'autres types d'environnements, tels que la tour du magicien des ténèbres ou la splendide cathédrale, mais ceux-ci seront divisés en bien moins de zones et ne proposeront pas de cavaliers à affronter. Tout cela aboutit à un ensemble extrêmement enthousiasmant, bien plus varié qu'à l'accoutumée dans la série mais parvenant à conserver ce qui en fait le sel : une ambiance lourde, sombre et crépusculaire, rendant l'exploration à la fois émouvante et oppressante.

Hexen II
Le bestiaire est varié et tire profit des diverses mythologies affiliées aux niveaux traversés. Ici, une Gorgonne.
D'autant que le bestiaire se révèle lui aussi à la hauteur, tant en termes de quantité que de qualité. On retrouve ainsi un pack de 11 monstres, dont plusieurs se verront déclinés en différentes variantes de puissance fluctuante (Golem de bronze, pierre, ou fer par exemple). Certains seront régulièrement présentés tout au long de l'aventure tandis que d'autres, tels que les panthères et jaguars-garous, seront spécifiques à une époque donnée. Les affrontements contre ces différentes créatures feront appel à une certaine skill de votre part, tant certaines sont dotées de capacités surprenantes. Si les ennemis de base se contenteront de rester immobiles et de vous allumer, au fur et à mesure de votre avancée vous devrez vous frotter à des ennemis de plus en plus retors capables notamment d'esquiver vos attaques. Les combats de boss, notamment le final contre Eidolon, exigeront de votre part une grande mobilité et des réflexes importants tant les dégâts infligés sont colossaux. C'est dans ces situations de haute pression que l'on est heureux d'avoir conservé ses power-up en prévision de difficultés ! Précisons à ce propos que le jeu offre quatre niveaux de difficulté, qui sauront contenter les joueurs désireux d'une expérience fluide basée sur l'exploration autant que les joueurs plus techniques qui trouveront ici un challenge à leur mesure.

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Hexen II
Cette première rencontre avec un sorcier des os risque de vous surprendre.
Enfin, pour conclure sur la réalisation, comment ne pas évoquer les excellentes musiques de Kevin Shilder ? Le compositeur signe à n'en pas douter l'une de ses plus grandes réussites et la progression n'en est que plus plaisante. Les différentes atmosphères sont respectées mais ne prennent pas l'ascendant sur les sonorités atmosphériques et pleines de singularité typiques de la série. Si les thèmes ne sont ni excessivement nombreux ni extrêmement longs, leur répétitivité n'est pas problématique tant leur adéquation avec les niveaux témoigne d'un extrême souci du détail de la part des développeurs et d'une véritable entente avec le compositeur. On est loin de la musique discrète et souvent hors sujet qui caractérise certaines productions moins artisanales. Alors, certes, les fans de FPS plus agressifs, tels que Doom, regretteront peut-être le manque de dynamisme et d'entrain de la bande-son, mais les fans de titres plus atmosphériques, tels que Blood, seront indéniablement aux anges.

Un contenu plus qu'à la hauteur

Hexen II
A l'instar de ses prédécesseurs, Hexen II nous gratifie d'un très grand contenu. En plus des nombreux niveaux de base et d'un mode multi coopératif et compétitif, il convient de noter que nombre de moddeurs ont créé leurs propres contenus permettant de rallonger considérablement la durée de vie du jeu. De même, la libération du code source en 2000 a permis l'élaboration de ports aussi variés que Linux, Dreamcast ou Mac de Hexen II. Des mods permettent également de dégrossir le titre de nombre de ses aspérités pour le rendre plus adapté à nos configurations modernes. Mentionnons également l'excellente extension du titre, Portal of Praevus, qui nous offre un tout nouveau hub d'influence tibétaine, une nouvelle classe et nombre de nouveaux ennemis. Enfin, si cela ne suffisait pas encore, de nombreux cheat codes permettent d'atteindre aisément des niveaux précis et nous offrent des possibilités extrêmement jouissives. L’idéal pour appréhender rapidement toutes les possibilités d'un titre qui n'en finit pas de passionner les adorateurs de FPS à l'ancienne, fascinés par sa non-linéarité, son ouverture, et sa richesse tout bonnement exceptionnelle !

Points forts

  • Des graphismes somptueux
  • Une direction artistique variée mais fidèle à l'ADN de la série
  • Un gameplay dynamique, jouissif et très riche
  • Des musiques et une ambiance somptueuses
  • Des boss mémorables
  • L'ouverture et la cohérence de l'ensemble

Points faibles

  • Quatre armes par personnage
  • Certains indices trop vicieusement cachés ?

Heretic était un excellent jeu, Hexen, un monument, mais Hexen II, lui, est un chef-d'oeuvre du genre. En magnifiant toutes les bases, extrêmement populaires et solides, de la série, et en y apportant une réalisation, une richesse et un feeling général tout simplement génial, Raven Software apporte la preuve qu'il appartient à la cour des très grands du FPS. Hexen II est à n'en pas douter le point culminant de la série et symbolise en un sens l'apogée d'une époque pour le FPS, un genre qui s’apprête alors à prendre un grand virage avec les sorties prochaines de Half-Life ou de Rainbow Six.

Note de la rédaction

19
17.7

L'avis des lecteurs (7)

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