Les Allemands de Daedalic sont incontestablement devenus les nouveaux rois du point and click. Non seulement les titres sont de qualité, mais le studio s'impose aussi un rythme de production assez élevé avec toujours de nombreux softs en développement. En plus de Silence 2, de Fire, de Blackguards 2 (qui pour le coup est un jeu de rôle) et des portages et adaptations de Deponia, Daedalic trouve le temps de se lancer sur un tout nouveau projet : The Devil's Men.
Piraterie, monde fantastique, enquête policière… Les point and click ont leurs petites habitudes lorsqu'il s'agit d'installer un univers. The Devil's Men explore cependant un univers encore peu exploité, puisqu'il nous plonge dans un monde steampunk. L'aventure prend place en 1871, au cœur d'une tranquille ville anglaise soudainement secouée par une série de meurtres inexpliqués. Vingt années se sont écoulées depuis l'exposition universelle. Aujourd'hui, la ville est divisée en deux, d'un côté les quartiers riches, de l'autre le terrain de l'exposition désormais sous le joug de la Colonie, un gang de voleurs et de meurtriers qui gagne de l'influence jour après jour. Tout laisse à penser que la Colonie serait à l'origine des meurtres…
Deux héroïnes que tout oppose
The Devil's Men partage son affiche entre deux jeunes filles. Adelaide, la blonde, est la fille du célèbre détective Karol Spektor qui menait l'enquête sur la Colonie avant de disparaître mystérieusement. Vivant seule depuis son plus jeune âge, Adelaide vit cachée dans la peur constante d'être retrouvée par la Colonie. Elle espère pouvoir retrouver la trace de son père et terminer avec lui son enquête. Le second personnage se nomme Emily. Celle-ci se trouve être une dangereuse tueuse faisant justement partie de la Colonie. Par le hasard du scénario, Emily est également la seule personne à pouvoir aider Adelaide.
Des choix à faire
Au fil des ans, Daedalic s'est presque imposé comme le dernier gardien du temple point and click, en recyclant notamment le gameplay élémentaire du genre. A l'inverse, d'autres studios, comme Telltale, poussent les limites pour proposer des expériences plus novatrices parfois à la frontière entre jeu d'aventure et histoire interactive. Pour The Devil's Men, on se situe entre les deux puisque Daedalic garde les bases d'un point and click, en y greffant une grosse couche de dilemmes propres aux jeux Telltale. The Devil's Men ne touche donc pas vraiment aux fondamentaux, il est toujours question de pointer avec la souris et de cliquer sur l'écran, de ramasser et d'utiliser des objets et de parler avec les personnages. Cela dit, le jeu met aussi en avant des choix parfois cornéliens. Ainsi, nous aurons tout au long de l'aventure à choisir d'avantager l'une ou l'autre des héroïnes et d'après ce que l'on nous dit, la moindre décision donnera forcément un avantage à l'une mais pénalisera l'autre. Dans The Devil's Men, il n'y a jamais de bonne solution à même d'aider tout le monde, mais pas de voie sans issue non plus. L'aventure suivra constamment son cours quels que soient les choix, ce qui promet donc une bonne rejouabilité.
Pour illustrer son propos, Daedalic a choisi de montrer la même séquence jouée deux fois de manière différente. Nous avons donc pu constater que le jeu finit par retomber sur ses pattes assez rapidement, mais que l'attitude des personnages n'était pas la même entre les "prises". Dans la séquence, Adelaide se trouvait en possession de preuves accablant Emily d'un crime. Adelaide pouvait partager ses éléments avec la police, ou les cacher. Dans un second temps, Emily pouvait décider de confronter Adelaide, ou de récupérer les preuves avant que le mal ne soit fait. Dans ce cas-là, Emily pouvait soit défoncer la porte du coffre, avec le risque de laisser une porte brisée derrière elle, ou crocheter plus discrètement la serrure pour obtenir les preuves ni vu, ni connu. Chaque choix est invisible pour le joueur qui se contente finalement d'avancer dans l'histoire comme il le souhaite en se penchant sur ce qui lui semble logique de faire. Ce n'est peut-être qu'en jouant une seconde fois, qu'il trouvera les voies détournées qu'il aurait pu emprunter. De toute manière, le but n'est pas de faire miroiter de multiples options pour nous pousser à rejouer de nombreuses fois. Si le désir est là, tant mieux. Ceci dit, le studio souhaite avant tout proposer une aventure qui se suffise à elle-même dès la première fois. The Devil's Men sortira au printemps 2015 sur PC et Mac. Nous verrons à ce moment-là si les ambitions sont atteintes. En tout cas, c'est déjà très réussi artistiquement. The Devil's Men est tout simplement magnifique comme le laissent deviner les images sur cette page.
On le répète assez souvent, mais donner ses impressions sur un jeu après de courtes présentations est toujours un exercice délicat. Ceci dit, il faut se rendre à l'évidence, l'impression est plus que positive pour The Devil's Men. Déjà sublime artistiquement, le principe de jeu donne également très envie d'en voir plus en compagnie de ces deux héroïnes que nous pourrons choisir d'aider ou pas.