
Après avoir apporté un vent d'originalité sur le Xbox Live Arcade, Braid étend son lyrisme pictural sur PC. Frais, intelligent et poétique, le titre de Jonathan Blow nous invite à reconstituer un puzzle géant, perdu dans les méandres du temps.

Méfiez-vous jeunes gens, Braid est fourbe, Braid aime à tromper son monde, Braid aime surprendre et s'aventurer avec hardiesse hors des sentiers battus. Ainsi, si la création lumineuse de Jonathan Blow se donne d'abord des airs de jeu de plates-formes classique, ce n'est que pour mieux nous fourvoyer. La douce nature de Braid ne transparaît véritablement qu'après quelques minutes de jeu, lorsqu'après avoir gambadé gaiement dans des tableaux qui évoquent de très jolies aquarelles, une petite énigme finit par se dresser sur votre chemin. Cependant, avant de remettre en fonctionnement nos petits neurones atrophiés, habitués aux frags et aux virages serrés, il convient tout d'abord de s'intéresser au contexte de cette drôle d'aventure. Braid nous fait faire la connaissance de Tim, petit bonhomme en costume dont les souvenirs se sont perdus, éparpillés aux quatre vents dans des mondes féeriques où le temps s'adonne aux plus étranges cabrioles, comme une feuille morte ballottée par une bourrasque automnale. Dans l'esprit du héros cependant, une unique et sinistre certitude subsiste : sa princesse a disparu parce que lui, pauvre bougre, a commis une erreur. Une erreur dont la nature ne nous sera révélée qu'à l'issue du sixième monde. Ne reste plus alors pour notre gentleman qu'à partir récolter les pièces du puzzle que forme sa mémoire défaillante avec au coeur, l'espoir de retrouver sa belle. L'histoire de Braid, attachante et mélancolique, se dévoile par le biais de petits volumes consultables dans l'antichambre de chaque monde. Sans trop en dévoiler, disons que le ton surprend, tout comme le final, qui comme nous l'évoquions plus haut, ne se contente pas de lieux communs.
- Graphismes15/20
Oui, techniquement, le jeu est loin d'être un étalon. Cependant, l'ensemble du jeu profite d'une dimension artistique extrêmement marquée. Les décors sont superbes et donnent l'impression d'évoluer dans une gigantesque aquarelle. Les tons sont bien choisis, oscillent de l'ocre au vert et passent dans un blanc cotonneux associé aux rêves. Les ombres vacillent et donnent vie aux tableaux les plus sombres. L'ensemble, que l'on doit au dessinateur David Hellman, se dote ainsi d'une forte identité et d'une ambiance unique.
- Jouabilité17/20
Braid constitue une véritable leçon de level-design. Tout y est maîtrisé, réglé au millimètre et le joueur n'éprouvera donc aucune difficulté à se glisser dans cet univers. Le contrôle du temps permet d'envisager chaque énigme sous un jour totalement différent. La seule difficulté viendra de votre capacité à tirer profit du pouvoir de héros.
- Durée de vie10/20
Tout dépend de votre facilité à résoudre les énigmes. Quoi qu'il en soit, les 6 mondes de Braid ne sont malheureusement pas très longs. Et une fois le soft terminé une première fois, la plupart des joueurs ne se trouveront plus de raisons d'y retourner. D'autres cependant ne manqueront pas de se replonger dans ce monde féerique, pour les succès, ou tout simplement pour se livrer à une relecture attentive de la curieuse histoire de Tim. N'oubliez pas également qu'un patch devrait bientôt rendre disponible un éditeur de niveaux qu'on espère simple d'accès. Dans tous les cas, si la communauté franchit le pas, la longévité de Braid pourrait bien atteindre le sommet.
- Bande son16/20
La musique, dominée par les violoncelles, participe grandement à l'ambiance envoûtante de Braid. Les thèmes, souvent lyriques, s'accordent parfaitement aux différents environnements offerts. De l'ensemble se dégage d'ailleurs beaucoup de mélancolie. Ne vous attendez donc pas à une musique guillerette, dans la lignée des Mario et autres jeux de plates-formes.
- Scénario15/20
La quête de Tim pour retrouver sa princesse profite d'une narration adulte et s'avère en fait, bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. L'histoire accumule souvent les ambiguïtés et rend hommage à certains jeux bien connus, tout en les égratignant doucement au passage. Là encore, Braid se démarque de la concurrence et nous offre une bonne bouffée d'originalité.
Braid est un titre envoûtant, unique et poétique. L'aventure qu'il propose est parfaitement maîtrisée quel que soit le point de vue adopté. Le gameplay est millimétré, intelligent et ne souffre d'aucun véritable défaut. Braid sollicite les neurones bien plus que les réflexes, mais il le fait avec brio, sans jamais sombrer dans le piège d'une difficulté outrancière ou d'une facilité condescendante. Braid est un titre mature, qui ne plaira pas à tout le monde, ne serait-ce que par la mélancolie qui se dégage de ses différents tableaux et de sa musique. Enfin, même si le soft est brillant, son originalité, sa faible durée de vie et son prix une petit peu trop élevé (mais incontestablement justifié) l'empêcheront sans doute d'atteindre un large public. Mais il est évident que ceux qui feront le pas après avoir téléchargé la démo ne le regretteront pas.