Que propose-t-il donc ce diable de jeu de billard ? Des modes à foison dans lesquels on pourra se lancer avec vigueur ! En partie rapide contre l'ordinateur, à deux joueurs sur le même PC, en tournoi contre une I.A. à la compétence adaptable sans oublier le traditionnel mode entraînement dans lequel vous êtes livré à vous-même et l'étrange Slam qui se joue uniquement à la main. D'emblée, pour un novice, on aurait souhaité que l'initiation se fasse autrement qu'au moyen de textes rébarbatifs et pas forcément évidents à dénicher. Les autres en revanche, pourront s'adonner à des parties 8-ball américain ou européen, de 9-ball, de Snooker, de Speed Ball pendant laquelle votre vitesse sera bien évidemment déterminante et enfin de Killer anglais et américain, qui ne permettent aucune erreur. Sachez d'ailleurs que tous ces modes sont largement paramétrables afin de satisfaire les besoins du joueur.

Le concept le plus étonnant de cette simulation de billard vient sans doute de la présence de 8 salons virtuels, sortes de vrais faux chats dans lesquels des joueurs en carton discutent, se défient, se prennent à partie à l'aide de phrases prédéfinies. Rien ne vous empêche de vous glisser dans un de ces salons et de défier d'autres joueurs, au profil complet et précis et aux pseudos tendancieux, tout comme certains de leurs propos. Il faut reconnaître que ce système est assez bluffant pendant deux ou trois minutes, mais l'absence de langage sms nuit beaucoup à sa crédibilité... Quant à l'intérêt de la chose, il m'échappe un peu. Est-ce pour combler l'absence d'un mode multijoueur pourtant annoncé sur la jaquette et qui constituerait sans doute le principal intérêt d'un tel titre ? Mais en l'état, votre humble serviteur reste perplexe.

Mais revenons au jeu et étalons-le sur le billard pour mieux le disséquer. On pourra certes se féliciter de disposer d'un grand nombre de modes différents pour une durée de vie conséquente, mais ce n'est pas là l'essentiel. Le jeu adopte une vue de dessus, il ne sera donc pas question de gérer un véritable avatar ou d'observer des joueurs se concentrer sur le jeu. Nos seuls partenaires seront donc les queues et les différents modèles de tapis de jeu, configurables à volonté. L'art du billard lui-même est donc placé comme sur une sorte de piédestal, presque déifié, au risque de se rendre trop sobre pour les néophytes. Quoi qu'il en soit, le jeu est donc affaire de précision, et l'angle de vue adopté transforme un peu le billard en jeu de calcul aseptisé. D'autant qu'on ne pourra jamais en changer ! On ne tourne pas autour de la table, on ne tâtonne pas, tout est là, sous nos yeux. A mon sens, on s'éloigne un peu de l'essence même du billard en voulant le rendre si clairement lisible. D'autres diront sans doute que c'est mieux ainsi mais reste que l'impossibilité de toucher à la caméra est extrêmement dommageable.

Heureusement que Bulldog n'a pas commis l'erreur de symboliser la trajectoire de votre boule à l'aide de traits de couleur, comme ce fut autrefois le cas dans les autres versions du soft. Tout juste verra-t-on une ligne qui vous permettra d'estimer avec plus ou moins de précision la façon dont la belle blanche ira heurter votre première cible, mais c'est à vous qu'il incombera d'estimer les rebonds, de jouer avec les bandes et de gêner un éventuel adversaire. Il y aura ainsi de la place pour l'apprentissage, même si comme je le suggérais précédemment, le jeu n'est pas foncièrement très difficile. Tout n'est donc pas rose au royaume des billes, avec notamment la gestion de la force de vos coups qui demeure très basique, de même que la zone d'impact de la queue sur la bille qui ne semble pas avoir trop d'influence. Même l'inclinaison de votre canne de luxe ne semble pas avoir beaucoup d'importance. Testeur de l'impossible, je pousse le soft dans ses derniers retranchements en tentant par exemple de frapper la bille à puissance maximale et sur la partie inférieure, celle-ci ne décollera pas pour autant du tapis. De fait, même si les lignes de trajectoires ont disparu, on se sent tout de même un petit peu assisté.

La réalisation forcément très limitée du soft, qui ne se borne en fait qu'aux différents motifs des tapis et des bordures de tables, vous gratifiera également d'une musique exécrable et de quelques bruitages corrects mais pas transcendants. Tout juste verra-t-on quelques changements de lumière mais on ne se prendra jamais vraiment pour un véritable joueur au centre d'une salle enfumée et vivante. Cet International Cue Club laisse finalement un arrière-goût d'étrangeté et évoque un peu une simulation de billard sur portable, avec beaucoup plus d'options sans doute, mais avec la même froideur. Préférez-lui une véritable partie avec des potes, voire un des vieux World Snooker Championship.