Fort Boyard : Le Jeu, ça ne sonne pas franchement comme une invitation au voyage, même si la dernière incursion du Père Fouras dans le jeu vidéo avait fait belle figure en 2000. Cette fois, pas de surprises, Mindscape, devenu spécialiste des adaptations d'émissions télé, nous fait cadeau d'une belle atrocité estivale. On commence très fort avec un jeu dont la résolution est bloquée à quelque chose avoisinant les 800*600, à l'heure où le moindre PC de supérette est vendu avec un écran LCD 17 pouces. Rien que ça, c'est déjà du vol. Mais le pire c'est que le bouzin se permet de ramer sur une configuration qui avale du F.E.A.R. au petit déj'. Voilà donc qu'un tas de pixels qui n'a qu'un lointain rapport avec une oeuvre expressionniste se met à me bouillonner sous le pif, donnant vie à quelques corps vaguement anthropomorphiques. Vaguement parce que ce qui est très drôle, c'est que si le jeu n'a apparemment pas le droit d'utiliser la tronche d'Olivier Minne, il semble qu'il ne puisse pas non plus faire figurer de véritables êtres humains dans le fort, seule explication possible au fait que les candidats aient les bras qui leur tombent presque au niveau des genoux et qu'ils courent (sans exagération aucune) comme des chimpanzés au zoo à l'heure du repas. Vive la motion capture. Une curiosité de l'évolution qu'on a tout loisir d'observer lors des cut-scenes en split-screens qui doivent tourner à 15 images secondes par temps clair.

Fort Boyard : Le Jeu est donc laid à s'en étouffer de rire, mais c'est là son moindre défaut. Tremblez visiteurs du fort. Ici, en fait de gameplay, on nous propose une suite de mini-jeux visant, comme dans le poste de télé, à récupérer des clefs dans un temps imparti. Une limite temporelle qui ne nous sera indiquée que par nos compères brayant à l'extérieur de la cellule. L'ennui, c'est que ça ne les dérange pas de beugler "c'est bon t'as le temps" juste avant de lancer "sors, sors". Et encore, quand ils y pensent, ce qui n'est pas toujours le cas. De plus, le timing qui vous est accordé est parfois si étroit qu'il en devient ridicule, ne collant pas du tout avec l'épreuve. Crispant. Et parlons-en, tiens, des épreuves.

Plus idiot tu meurs. On trouve de tout, mais rien de bon. En synthèse, la plupart consistent à utiliser deux touches qu'on frappera alternativement. En théorie, le jeu vous indique un rythme à suivre pour, par exemple, avancer sur une rampe suspendue à une manivelle ou battre l'Homme Fort. Inutile de le suivre, ce rythme ne tient pas la route et n'a aucun effet si ce n'est de vous laisser en plan. Alors on martèle les touches comme une brute, en essayant de ne pas perdre toute son endurance et surtout de ne pas bâiller. En marge, d'autres épreuves vous demanderont de reproduire des suites de touches sans que l'on comprenne le rapport avec le but de l'exercice (extraire une épée de son socle ? En faisant une chorégraphie ? Gné ?) ou bien d'en utiliser une au moment opportun (indiqué à l'écran) afin de frapper avec force ou d'éviter un obstacle. Autant de mini-jeux qui, non contents de n'avoir aucun intérêt, souffrent de commandes qui réagissent horriblement mal. Entre ces problèmes et celui du temps trop court, il n'est pas rare de quitter la pièce sans clef, voire, si vos camarades vous aiguillent mal, chose fréquente, de se retrouver prisonnier. A cela il faut encore ajouter d'autres types de jeux qui ne font pas mieux. A titre d'exemple, longer une tige de métal avec un anneau sans toucher la susdite tige. C'est pas compliqué ? Eh bien dans Fort Boyard si, parce que la caméra ne suit vos mouvements que si elle en a envie, du coup, on se retrouve à ne plus voir que la tranche de l'anneau, c'est fin ça, et comment on fait pour savoir si on va toucher le biniou ? Ben on fait pas, on se débrouille pendant que la communauté du Boyard beugle ses "Attention, la clepsydre est aux trois-quarts vide !!"

Et encore, je ne vous parle pas des épreuves d'équilibre qu'il faut maintenir en bougeant la souris, prévoyez un grand tapis à mulot ou un bureau assez large, parce qu'il va vous falloir de l'amplitude. A éviter au boulot, à moins que vous n'en fassiez une astuce bien lourde pour aller caresser la mimine de la fille canon qui bosse à 2m de votre poste. Par contre, le grossier juron qui va suivre votre douzième chute ne vas pas aider à vous faire passer pour un être fin et subtil (bon en même temps si vous vous servez de Fort Boyard pour draguer, vous êtes déjà mal parti). De A à Z, tout est injouable. Même les énigmes du vieux fou dans sa tour. Passons sur les questions qui ont le mérite d'être parfois un peu ardues, mais on ne fera pas l'impasse sur le fait que l'on doive cliquer nos réponses sur un clavier virtuel ! Mais bon sang il sort sur PC votre jeu, on a un VRAI clavier sous les mains ! Et des doigts en état de fonctionner. Finalement il n'y a guère que le taquin en début de partie qui tienne le route, en même temps pour foirer un taquin, faut quand même en vouloir.