S'il est une série capable d'inciter les jeunes filles à pénétrer dans le monde brutal des jeux vidéo, c'est bien celle-ci. Avec Alexandra Ledermann, Lexis Numérique a trouvé le moyen de les attirer comme des mouches autour de leur PC, tout en comblant une vraie lacune dans le domaine des titres sportifs : l'équitation. Malgré un parcours en dents de scie, la série semble tout de même relever la tête avec ce sixième volet.
Même si la série des Alexandra Ledermann n'a jamais eu la chance de connaître les éloges de la critique, elle a néanmoins pu compter sur un engouement aveugle de la part des joueurs, ou plutôt des joueuses, ce qui lui a permis de connaître un vrai succès commercial. Ainsi en est-on arrivé au sixième épisode sur PC, avec tout récemment une première incursion sur la GBA, et il est évident que bon nombre d'adolescentes attendent la sortie de ce titre les mains tremblantes. Ca tombe bien, car le développeur semble avoir clairement cerné son public en conférant à ce nouvel opus une atmosphère caractéristique des séries américaines dans la lignée de Buffy par exemple. Les ingrédients sont les suivants : vous prenez une bonne dose d'équitation pour appâter le chaland et vous y ajoutez un soupçon d'aventure avec des personnages aux caractères bien trempés pour lui permettre de prendre rapidement ses repères.
Dès l'introduction, on a le sentiment que les développeurs ont tout donné pour conférer à Alexandra Ledermann 6 l'apparence d'une production ambitieuse. Terminée l'ambiance mièvre et désuète des précédents volets, on joue maintenant dans la cour des grands, et même si la technique a du mal à suivre, on voit bien que tout a été mis en oeuvre pour qu'on prenne le titre au sérieux. Le jeu démarre sur un scène dramatique où l'héroïne que l'on incarne se retrouve investie d'une mission : sauver un étalon pris au piège dans un box en flammes. L'ambiance se fait oppressante, le tonnerre gronde, les éclairs déchirent le ciel et l'héroïne fait un mouvement de stupeur alors que le gardien apparaît subitement derrière elle tel un monstre de film d'horreur. L'atmosphère prête à sourire, mais on se dit que tout cela doit fonctionner à merveille auprès du jeune public. Les protagonistes ont tous dans les 18 ans, ils paradent avec leur visage de top-modèles et n'échappent pas aux clichés qu'on retrouve dans toute série télé pour adolescentes. Entre le beau gosse sympa mais ambitieux, le jeune rebelle susceptible, la fille austère qui refuse de vous parler et celle qui carbure à la musique, vous aurez droit à des conflits de personnalité perpétuels nourris par l'esprit de compétition.
Car Alexandra Ledermann 6 comporte une bonne part d'aventure en marge des épreuves d'équitation. Vous serez d'ailleurs entièrement libre d'organiser vos journées comme vous le désirez, en partageant le temps dédié aux activités sportives et les moments de détente entre amis. D'où la présence de nombreuses scènes de dialogues destinées à mieux connaître les membres de l'école que vous venez d'intégrer. Il faut même parfois remplir certaines missions en explorant les environnements du jeu en quête d'indices et d'énigmes simplistes à résoudre. Pour vous donner une idée, l'une des premières missions consiste à déjouer la vigilance des surveillants pour s'infiltrer de nuit dans les couloirs. Même si tout cela est loin d'être passionnant, on se rend vite compte que ces phases-là permettent de casser la routine qui voudrait qu'on enchaîne les compétitions les unes après les autres.
Ainsi, chacun est libre de privilégier les phases de jeu qu'il préfère, et c'est sans doute l'une des meilleures idées de ce sixième opus. Outre les dialogues permettant de faire avancer le scénario et les moments de détente au foyer, on a la possibilité de compulser les livres de la bibliothèque pour y chercher des informations utiles par la suite. L'entretien du cheval et de son box sont bien sûr inévitables, et vous serez récompensé du travail ingrat que vous aurez accompli par la possibilité de nouer un lien de plus en plus fort avec votre cheval. Vous devez alors observer ce dernier attentivement pour essayer de deviner quels sont ses besoin en fonction de son attitude. A-t-il faim, veut-il être félicité, ou bien recherche-t-il simplement une caresse ? Les liens que vous aurez noués avec lui ne seront pas inutiles puisqu'ils influeront sur ses réactions en compétition.
Les épreuves se partagent toujours entre le dressage, le saut d'obstacles et le cross. Aucune d'entre elles n'a vraiment évolué par rapport au dernier opus et le tout reste jouable sans pour autant que l'on prenne plaisir à y participer. Les animations ont encore pas mal de progrès à faire et on a toujours l'impression désagréable de ne pas pouvoir passer la troisième. Le dressage consiste simplement à adapter l'allure de son cheval en fonction des indications demandées, tout en suivant scrupuleusement le parcours tracé en pointillés. Progressivement, les épreuves se complexifient en intégrant des figures de dressage, du type "pirouette" ou "épaule en dedans", qui nécessitent une touche supplémentaire. Comme d'habitude, le gameplay reste très basique et surtout très accessible, la difficulté étant quasiment inexistante. La compétition de saut est tout aussi assistée puisqu'on vous indique précisément à quel moment vous devez amorcer votre saut à l'approche de l'obstacle. Le principe est identique en cross, si ce n'est que vous évoluez en plein air, au beau milieu de la nature. Ceux qui apprécient ce type d'épreuves n'hésiteront pas à se planifier quelques balades dans les sous-bois écossais ou en bord de mer, histoire de prendre quelques photos.
Reconnaissons que malgré son gameplay simpliste et ses lacunes techniques évidentes, Alexandra Ledermann 6 n'est pas avare de bonnes idées qui rendent le jeu beaucoup plus sympathique à découvrir que ses prédécesseurs. Certes, on est encore loin d'atteindre un résultat satisfaisant, mais les jeunes acheteurs ne se sentiront pas dupés pour une fois. Il manque certainement à l'équipe de production les moyens nécessaires pour relever le niveau en ce qui concerne l'aspect technique de la série, mais ils sont parvenus ici à trouver un bon compromis concernant le système de progression, notamment à travers l'idée du planning à gérer soi-même. En variant encore plus les phases de jeu et en donnant un peu de pêche aux scènes d'équitation, la série va peut-être finir par mériter le succès commercial qu'elle rencontre chaque année auprès du public. Et même s'il reste encore du chemin à faire, ce sixième opus constitue plutôt une agréable surprise.
- Graphismes10/20
Il y a du mieux par rapport aux anciens opus, mais la réalisation demeure encore très perfectible. Les personnages n'ouvrent pas la bouche quand ils parlent et leur design est franchement caricatural.
- Jouabilité11/20
La lenteur des foulées et la faiblesse des animations ne permettent toujours pas de s'amuser en jouant, d'autant que la difficulté est inexistante. Le gameplay est certes accessible mais il demeure trop basique, et les phases d'exploration à pieds auraient été beaucoup plus jouables à la souris.
- Durée de vie12/20
Au niveau de l'équitation pure, le soft comporte 6 concours et 18 parcours différents, plus un certain nombre d'environnements destinés aux balades à cheval. Mais c'est surtout la variété des activités proposées qui donne envie d'aller jusqu'au bout.
- Bande son13/20
Un effort a été fait du côté sonore pour proposer des musiques assez immersives, et tous les dialogues sont doublés en français avec une certaine réussite.
- Scénario13/20
L'ambiance typique des séries américaines pour adolescentes ne fonctionnera qu'auprès du jeune public, mais le résultat est plutôt amusant. La progression constante du scénario n'empêche pas de bénéficier d'une liberté totale de décision pour ce qui est de la gestion du planning.
Avec ce sixième volet, la série des Alexandra Ledermann commence à prendre enfin ses marques. Il y a certes encore beaucoup de choses à améliorer, aussi bien au niveau technique qu'en ce qui concerne la crédibilité des phases d'équitation, mais le titre se rattrape en permettant au joueur d'organiser lui-même ses activités pour qu'il puisse privilégier les phases de jeu qu'il préfère. Espérons que ce système de progression soit conservé par la suite.