Soft de stratégie au tour par tour mâtiné de RPG tactique, Paradise Cracked n'interpelle pas seulement par son gameplay particulier mais aussi par son univers cyberpunk résolument adulte. Mais profitons plutôt de cette pré-version pour voir ce que les développeurs russes de Buka nous réservent dans ce Paradise Cracked.
Avant d'en venir aux aspects techniques et ludiques de la chose, arrêtons-nous brièvement sur l'atmosphère qui caractérise Paradise Cracked. Loin de constituer une simple toile de fond au déroulement du jeu, l'univers qui est dépeint dans Paradise Cracked permet à lui-seul de mieux comprendre l'orientation choisie par les développeurs en termes de gameplay. A mi-chemin entre un Blade Runner et un Ghost in the Shell, deux oeuvres qui ont sensiblement influencé les programmeurs du jeu, Paradise Cracked se situe dans un univers futuriste rongé par la pollution et la surpopulation. Dans ce cadre de vie désastreux, les humains en sont venus peu à peu à se désintéresser du monde réel pour se plonger corps et âme dans les réseaux informatiques, entraînant à la fois la dégénérescence et l'anéantissement programmé de la race humaine.
C'est dans ce contexte peu glorieux que l'on est projeté, et plus précisément dans la peau d'un jeune hacker introduit dans le cyberespace. Première chose qui fâche, le jeu est sombre, très sombre, et pas très joli. L'interface ne facilite pas l'exploration de cet univers futuriste hostile, d'autant que le gameplay semble tout faire pour alourdir inutilement les conditions de jeu. D'abord seul puis épaulé par divers autres personnages du jeu qu'il pourra contrôler, le joueur se retrouve lâché sans véritable but dans un monde où il se passe des choses auxquelles il aura bien du mal à donner un sens. Tout cela est dû au fait que le déroulement du jeu est sans arrêt interrompu par une succession de chargements et d'écrans fixes qui caractérisent les phases d'action des protagonistes que le joueur ne contrôle pas. Logique, me direz-vous, puisque le gameplay se déroule au tour par tour, mais dans le meilleur des cas, c'est-à-dire lorsque l'action n'est pas complètement masquée, il est impossible de recadrer l'écran pour obtenir une lisibilité correcte de l'action. La plupart du temps on ne voit ni la cible ni les dommages reçus, sans compter que l'image ne se recentre jamais automatiquement sur le personnage sélectionné. Autant dire que la jouabilité frôle le désastre.
Plus concrètement, à chaque tour de jeu les personnages contrôlés par le joueur disposent d'un certain nombre de AP qui leur permettent d'effectuer différentes actions, comme se déplacer d'un certain nombre de cases, se mettre en position de tir, ouvrir le feu ou engager un dialogue. Résultat, il faut un temps fou pour atteindre une cible, surtout lorsque l'action échoue lamentablement à plusieurs reprises. Bien sûr, les stats de chaque personnage évoluent à mesure qu'ils acquièrent de l'expérience et l'on peut gérer intégralement l'équipement de chacun de ses hommes, mais la dimension role play ne suffit pas à compenser l'extrême lourdeur du gameplay au tour par tour. Tout cela peut paraître un peu dur pour une preview, mais dans l'état actuel des choses, la progression s'avère beaucoup trop laborieuse pour déceler dans ce titre un intérêt qui ne soit pas juste fantomatique. L'absence de scénario et la liberté totale qui est offerte d'entrée de jeu permettent de parcourir le soft à sa guise, en se lançant dans les quêtes de son choix ou en faisant simplement évoluer ses personnages en explorant les différents environnements. Autant dire que ce n'est pas le meilleur moyen de rendre la progression passionnante. Paradise Cracked devra encore largement faire ses preuves pour nous convaincre au moment du test, prévu pour fin octobre.