Se faire sa place dans le royaume du CCG n’est pas une mince affaire, encore moins quand on est un jeu payant à l’acquisition. C’est le cas de "Le Seigneur des Anneaux : Jeu de Cartes Evolutif", développé par le studio Asmodee Digital. Le concept est proche de celui du jeu physique : avancer dans l’univers LOTR, sous l’oeil toujours aussi implacable de Sauron. Non seulement il faut affronter des ennemis belliqueux, mais il faut aussi veiller à ne pas attirer l’attention de l’entité maléfique, sans quoi vous perdez immédiatement la partie.

Dans la pratique, vous construisez un deck à partir d'un, de deux ou de trois héros, chacun vous octroyant la possibilité d’ajouter des cartes de sa propre couleur. Si prendre trois héros de couleurs différentes vous permet d’être plus éclectique dans vos choix, certaines cartes nécessitent plusieurs héros de la même couleur pour être jouées. On vous laisse donc le choix entre variété et spécialisation, ce qui ajouté au fait que vous savez ce que vous allez affronter, tend vers une grande souplesse très appréciable. Cela dit, vous êtes en droit de vous demander « mais pourquoi diable ne prendrais-je qu'un ou deux héros au lieu des trois maximum ? ». C’est là que l’Oeil de Sauron intervient : il est représenté par une jauge sur la droite qui se remplit au fur et à mesure de la partie. La valeur de base de cette jauge correspond à la « menace » cumulée de vos héros, entre 8 et 11 selon leurs capacités. Avec seulement un héros, vous commencerez donc plus bas dans la jauge, mais aurez fatalement plus de difficulté à inclure des cartes dans votre deck et à vous imposer sur le plateau. Ingénieux, et directement adapté du jeu physique.

Le déroulement des parties diffère des CCG virtuels du moment. Il n’existe que deux phases : d’abord, il y a la phase d’entretien pendant laquelle on pioche deux cartes, récupère trois « manas » supplémentaires et effectue les actions de début de tour. La phase d’aventure, quant à elle, voit le joueur et Sauron faire une action chacun leur tour, que ce soit jouer une carte ou attaquer. Il faut donc faire attention à chacun de vos mouvements, notamment l’ordre dans lequel vous les effectuez. Chaque partie de quête dispose d’un objectif différent, ce qui permet de varier les situations. Les fois où il s’agît juste d'annihiler tous vous ennemis restent rares : souvent, il faut ouvrir la voie en utilisant la stat de Willpower de vos héros et alliés (équivalent des « créatures » de Magic). Toutefois, si vous pensiez filer vers la victoire sans combattre, sachez que foncer tête baissée n’est jamais une bonne idée. Non seulement tous les ennemis qui n'ont pas encore agi pendant ce tour vous attaquent au moment où vous vous dirigez vers la sortie, mais chaque « témoin » restant fait monter d’un cran la jauge de Sauron. C’est d’autant plus inquiétant quand on sait que cette jauge dispose de palier : chaque fois que vous en passez un, quelque chose de peu souhaitable se déclenchera.

Dans l’état, tout est question de prise de décision, entre vous atteler à l’objectif ou faire le ménage. Sachez toutefois que vous avez un autre avantage de votre côté. Grâce au Willpower de chacune de vos unités, vous pouvez remplir une jauge de Fate qui, semblable à la jauge de Sauron, dispose de palier que vous pouvez déclencher pour des effets bénéfiques, voire indispensables. Une donnée supplémentaire à gérer qui peut drastiquement changer le déroulement d’une partie. Dans son ensemble, le système de jeu s’avère prometteur et surtout, très encré dans l’univers LoTR. On suit les affres de Bilbo avec ses copines arachnides, la rencontre avec Smeagol et d’autres événements que vous découvrirez par vous-mêmes.

Si la transposition du jeu de cartes physique en modèle virtuel s’avère efficace, bien que simplifiée, le titre d’Asmodee Digital pêche sur bien d’autres points, malheureusement. Le plus sensible est son modèle économique. Non seulement LSdA : JCE est payant, mais il faut débourser des sous (virtuels ou réels) pour débloquer du contenu supplémentaire, à commencer par de nouvelles quêtes. A l’heure actuelle, vous n’avez accès qu’à cinq quêtes, ce qui ne correspond qu’à cinq heures de jeu, le reste du jeu étant encore indisponible. Même la coopération est marquée d’un simple Coming Soon. Alors oui, c’est une early access, mais comprenez que pour le moment, le contenu s’avère rachitique. Au niveau des cartes à récupérer, on note la présence de packs dont le contenu est connu avant l’achat, ce qui s’ajoute à l’achat de carte à l’unité. Pas d’aléatoire donc, même si l’obtention de Palantir Views permet d’obtenir une carte au hasard. Un autre système qui nous rappelle qu’une partie de l’intérêt du jeu sur le long terme consiste à refaire les mêmes quêtes avec de nouveaux héros pour débloquer de la monnaie virtuelle et ces fameux Palantir Views. Sympa pour l’aspect deck building, mais quelque peu répétitif, pour le moment.