Adapté d’un jeu de cartes physique sorti en 2010 par Fantasy Flight Games et développé par le nouveau studio Fantasy Flight Interactive, The Lord of the Rings Living Card Game s’oriente vers un rythme plutôt posé dans lequel votre objectif est d’avancer pas à pas vers les terres du Mordor face à des ennemis de plus en plus terrifiants. L’originalité de ce free-to-play édité par Asmodee Digitial vient de votre adversaire, qui dans le mode campagne sera toujours Sauron. S’il peut placer des cartes chaque tour, vous obligeant à combattre de façon classique, vous devez aussi constamment veiller à votre niveau de Threat, qui dépend initialement des héros que vous utilisez et qui augmente chaque tour. S’il atteint 50, vous avez perdu la partie.

Vous l’avez compris, c’est une sorte de course contre la montre qui s’engage, les moyens de faire baisser le niveau de Threat étant particulièrement rares. Votre objectif, dans les quêtes que nous avons pu voir, était de s’échapper en choisissant entre deux directions, ce qui se fait en utilisant le Willpower, une caractéristique qui fonctionne comme des points d’attaque, mais qui ne s’utilise que pour les objectifs.

Le reste de la partie est relativement classique dans le format : on pose des créatures, on joue des enchantements ou armes pour les améliorer et on s’attaque aux créatures adverses. Bien évidemment, il existe de nombreuses subtilités comme les effets qui se déclenchent à la mort d’un personnage ou dans des conditions spécifiques, ou les créatures qui ont des effets passifs comme « Sentinel », qui fonctionne exactement comme les cartes Provocation de HearthStone. Comme toujours dans les jeux du genre, chaque action a une importance capitale : sans réflexion antérieure, vous mordrez la poussière en un rien de temps, même en mode normal, une difficulté ardue qui pourrait d’ailleurs être légèrement revue à la baisse d’ici la sortie du jeu courant de l’hiver d’après Timothy Gerritsen.

Quoi qu’il en soit, nul doute qu’on retrouve un concept à l'ancienne, avec un rythme très lent qui convient aux joueurs fans de lore. C’est plutôt étonnant quand on sait qu’on commence directement chaque quête avec nos héros (qui sont sur le plateau comme n’importe quelle carte alliée/ennemie) et que la gestion des ressources pour jouer les cartes (3 ressources par tour, possibilités de cumuler) permet de rapidement poser des alliés imposants. Le titre semble d’office viser les joueurs patients, ce que sont d’habitude les amateurs de jeux de plateaux et de JDR. Il faut dire que, sans être trop complexe, The Lord of the Rings Living Card Game s’approche plus d’un Magic the Gathering que d’un Hearthstone pour citer des exemples connus, avec une phase d'Upkeep (entretien) sur laquelle beaucoup de cartes influent avec des effets spécifiques. Bonne chose, il est à noter qu’un mode coop (pour la campagne) sera aussi disponible même si nous n’avons pas pu le voir en action.

Il y a toutefois une chose qui semble manquer jusqu’ici à The Lord of the Rings Living Card Game, c’est une bonne direction artistique. En effet, l’ensemble est morose et manque diablement d’idées de design. Bien qu’un doublage nous introduit rapidement la situation avant une quête, les combats entre les cartes, les « sorts » et le plateau de jeu ne donnent pas lieu à des animations très poussées là où, avec un background aussi profond et suivi que celui de LotR, on pouvait s’attendre à de belles choses. Si la production value s’explique par les petits moyens du studio, le résultat est malheureusement très plat ce qui ne facilite pas l’immersion.

Afin d'avancer dans la campagne, le joueur devra faire cinq quêtes, elles-mêmes subdivisées en plusieurs rounds. La possibilité de choisir entre deux directions à la fin de chaque round montre un peu de diversité dans le déroulement de l’aventure, d’autant que si des ennemis avec l’effet « Pursuit » sont présents à la fin d’un round, il sera présent sur le plateau au début du suivant. Bref, chacune de vos actions a des conséquences sur l’ensemble de la quête et foncer vers la sortie n’est sans doute pas la bonne solution, si c’est pour se retrouver avec une palanquée de bestioles devant vous à la fin.

Pour parvenir à vos fins, il vous faut donc un deck particulièrement bien conçu. C’est ici que l’art du deck building, cher aux jeux de ce type, devient important. Le principe est le suivant : vous choisissez trois héros pour fonder votre Communauté. Ces héros ont chacun un type, dont dépend une sphère. Chaque carte n’étant accessible dans votre deck que si vous possédez un certain nombre de sphères, c’est ce mix de héros qui déterminera votre « classe ». Un système souple plutôt intéressant qui vous laisse choisir entre un deck varié, mais avec des cartes éclectiques, ou un deck spécialisé qui utilise des cartes nécessitant trois sphères d’une même couleur, très puissant dans leur domaine, mais qui manquent sans doute de finesse. Nous n’avons pas pu voir si des cartes demandaient plusieurs sphères de couleurs différentes, mais ce sera sans doute une voie à suivre pour le futur.

Les héros que nous avons pu voir en action étaient Aragorn, Arwen, Gimli et Frodo, mais quatre autres héros sont disponibles à l’achat (monnaie du jeu ou vrai argent) avec des personnages comme Eowyn, par exemple. En parlant de boutique, précisons d’ailleurs un fait plutôt rare pour les jeux du genre : il n’y a pas de boosters aléatoires. Avec la monnaie du jeu, on peut acheter les cartes que l’on veut à l’unité, en plus des héros qui débarquent chacun avec quatre cartes adaptées à leur jeu. Un système bien plus intéressant pour les joueurs qui n’ont pas à compter sur la chance pour créer leur deck. Même si l'on ne sait pas encore le rapport entre le coût des cartes et les gains de monnaie ingame, on part sous de bons augures. En matière de développement, Fantasy Flight Interactive prévoit déjà 16 héros disponibles dès la sortie du jeu (prévue pour cet hiver sans plus de précision) et deux campagnes complètes, avec pour ambition de rajouter cartes, campagnes et héros à chaque fin de saison, tous les trois mois.