Dead Nation, Alienation, Resogun… autant de titres qui ont fait la réputation du studio Housemarque, notamment en tant que spécialiste du top-down shooter. En s’offrant le savoir-faire d'Eugene Jarvis, grand nom et pionnier du jeu d’arcade (Robotron : 2084, Defender, Smash T.V...), les Finlandais ont décidé de dépoussiérer une vieille formule qui sent bon la rouille des machines d'arcade pour concevoir Nex Machina, leur dernière production. Le casting offre de belles promesses : des crédits, votre personnage et son flingue face à une nuée de robots enragés crachant une pluie de boulettes mortellement dangereuses, des effets dans tous les sens, le tout bien entendu sur fond d’une playlist électrique et survoltée. Une recette toujours aussi efficace ?
Trailer de lancement de Nex Machina
Old Machina
Quand Housemarque décide de rendre honneur aux jeux d'arcade d'il y a une vingtaine d'années, le studio ne fait pas les choses à moitié et pousse l'hommage jusque dans le scénario, pire qu'anecdotique. Dans le cas présent, on parle du traditionnel futur alternatif dans lequel les machines se rebellent contre l'humanité, complètement aliénée par la technologie et les écrans qui l'entourent. Un contexte aussi générique que la direction artistique du titre, mais propice à un déferlement d'ennemis robotiques qui ne demandent qu'à se faire exploser en une myriade de voxels. Sans aucune forme d'introduction, le joueur qui se lance dans le mode Arcade est directement placé dans une arène, dans laquelle il comprend vite son but : nettoyer l'écran de tout ce qui bouge façon twin stick shooter sans se prendre la tête, afin d'être projeté dans le tableau suivant, le tout avec une animation du plus bel effet qui, sans casser la fluidité exemplaire du jeu, renforce sa frénésie.
Modèle d'instantanéité, Nex Machina brille par sa simplicité et sa nervosité qui nous prend aux tripes dès les premiers instants. Un stick pour naviguer entre des flots d'ennemis apparaissant à la chaîne, le second pour tirer, une gâchette pour faire un dash, dont il vous faudra rapidement maîtriser le délai de rafraîchissement, et l'autre pour utiliser une arme secondaire : avec des contrôles aussi simples, il affiche une technicité à se casser les pouces demandant une réelle phase d'apprentissage, notamment des patterns ennemis. Triple ruée, bouclier, lance-roquettes, méga-laser et autres power-ups à ramasser par terre seront ainsi vos meilleurs alliés pour rester à l'abri de la moindre boulette, fatale pour votre courageux petit soldat du futur.
Fort d'une difficulté exponentielle, le jeu attaque en douceur mais rassurez-vous : les araignées robotiques basiques du début sont vite remplacées par des tours, des scies mobiles et autres bizarerries robotiques, sans oublier les boss. Ces derniers interviennent environ tous les quinze tableaux dans chacun des cinq mondes, et s'affichent comme la plus grande menace capable de diminuer votre nombre de vies, vous faisant à chaque fois recommencer le micro-niveau en cours, ainsi que de réduire votre score et vos crédits à zero. Cela deviendra à n'en pas douter votre pire hantise si vous décidez d'oublier le mode Normal et son nombre d'essais infini pour vous lancer un véritable défi.
Human Lost
Avec ses leaderboards mondiaux et sa liste d'achievements longue comme un bras, Nex Machina est clairement un titre destiné aux joueurs les plus perfectionnistes, ceux qui aiment se lancer des défis personnels. S'il ne vous faudra sans doute qu'une poignée d'heures pour venir à bout de la centaine de micro-niveaux dans le mode de difficulté la plus facile, les plus avides de gloire virtuelle auront de quoi satisfaire leur soif de scoring. Chaque niveau regorge de son lot de secrets, entre salles alternatives accessibles derrière des éléments destructibles, balises cachées à réduire en poussière et humains en détresse à sauver sans temps mort pour conserver un facteur combo. Une tâche à priori simpliste qui suffit à hausser le stress d'un cran.
Maintenir son multiplicateur au chiffre le plus élevé possible est ainsi un défi de tous les instants, sachant que mourir le fait réduire amplement, tout en abandonnant au sol l'une de vos améliorations durement glanées. Il y a ainsi un fort aspect de mémorisation des niveaux, afin de trouver l'équilibre parfait entre rapidité et survie en maîtrisant le terrain de jeu à votre disposition. Les choses deviennent réellement corsées en mode Vétéran ou Expert : votre nombre de crédits est drastiquement réduit et les ennemis sont plus mobiles et innondent toujours plus votre écran de lasers rose vif.
Orgie visuelle
Si la direction artistique globale et l'enrobage de Nex Machina font clairement rétro, les graphismes en eux-mêmes nous emmènent réellement dans le futur. Dans un style bullet hell, les yeux du joueur sont constamment soumis à un spectacle pyrotechnique à base de projectiles et d'explosions dans tous les sens à s'en retourner le cerveau. L'orgie a également lieu dans nos oreilles, les compositions électriques du finlandais Ari Pulkkinen rythmant avec merveille le génocide robotique se déroulant sous nos yeux, tout en permettant de conserver une forme de tension permanente.
Rester concentré sur son personnage pour savoir en permanence dans quelle direction aller et tirer devient alors primordial, mais le jeu accuse de sérieux problèmes de lisibilité, notamment lorsqu'un deuxième joueur se joint à la fête en local. À ce sujet, quelle déception de voir que Housemarque n'a pas pris la peine de proposer une jouabilité en ligne, comme c'était le cas sur leurs précédents titres.
Cela aurait pu sauver de la lassitude les joueurs blasés par le manque d'identité de ce Nex Machina ou par son contenu finalement rachitique, sachant que des DLC devraient rapidement arriver. Un mode arène vient toutefois pimenter l'expérience en proposant de redécouvrir chaque monde en vitesse accélérée ou en les terminant le plus vite possible afin d'améliorer son rang de joueur. Finalement, votre satisfaction vis-à-vis de ce jeu dépendra de votre motivation à recommencer sans cesse les mêmes niveaux afin de vous surpasser et de viser les sommets.
Points forts
- Toutes les qualités du twin-stick shooter réussi : précis, fluide, nerveux et skillé
- Des effets visuels qui pètent dans tous les sens…
- Un jeu en coop local à deux, c’est très bien…
- La bande son de Ari Pulkkinen (Trine, Dead Nation…) et le sound design
- Simple et addictif
Points faibles
- Direction artistique générique
- … mais qui peuvent rendre l’action illisible et frustrer, surtout à deux
- … avec un mode online en parallèle, ça serait mieux
- Si vous cherchez un jeu riche et varié, passez votre chemin
Dans une marée de twin stick shooters médiocres inondant le marché, et à l'ère des mondes ouverts et des niveaux générés procéduralement, Nex Machina nous emmène dans une expérience régressive qui saura séduire les amateurs de scoring ainsi que les joueurs plutôt en quête d'un jeu restreint en contenu mais à maîtriser sur le bout des doigts. Housemarque propose ici un défouloir jouissif, certes répétitif et sans aucune originalité mais qui emprunte aux références du twin stick shooter pour nous servir une bonne dose de challenge, seul ou à deux en local uniquement. À déconseiller aux épiléptiques qui ne survivraient pas à sa réalisation.